Salman Rushdie [Inde]

Citation :

Maline a écrit:

topocl a écrit:

Joseph Anton, une autobiographie de Salman Rushdie, qui démarre sur les chapeausx de roues et me donne envie de relire les vieux Salman Rushdie! Quelle verve, quelle intelligence, quel humour!

Voici un livre de Salman Rushdie que j'ai eu plaisir de lire, mais comment as-tu apprécié qu'il parle de lui à la 3e personne ?

Je commence juste. je pense qu'il veut mettre une certaine distance, cela ne me gêne pas personnellement . Et puis peut-être aussi que cela lui permet de prendre quelques libertés avec la réalité, sans mentir musique ce n'est pas "je"(?)

J'avance dans ma lecture (qu'est ce qu'il est bavard!!!)
Je trouve qu'il a une façon sarcastique, voire moqueuse de parler de lui-même qui passe mieux avec le "il" qu'avec le "je".

J'avance dans ma lecture de ce livre géant, logorrhéique et jubilatoire.
Je vais me faire un week-end-lecture, bénissant le mauvais temps, renonçant à ma liste de choses à faire, trouvant de mauvaises excuses pour toute proposition de sortie.

Pour la question du "il", je crois finalement que Rushdie veut montrer par là que ce qu'il écrit n'est pas l'histoire de Salman Rushdie, l'homme qu'il aurait dû être, mais d'un autre homme (le fameux Joseph Anton) en qui il a été transformé par la fatwa qui a été jetée sur lui. Il revient souvent dans le livre sur cette idées qu'il vit une vie qui n’est pas la sienne.

Joseph Anton, une autobiographie

...ou… comment la réalité dépasse (et de loin) la fiction, nous rappelle que nous vivons dans un monde de dingues, de lâches et de courageux, où nous avons tort de dormir sur nos deux oreilles .

Vous n’avez rien compris à la fatwa lancée contre Salman Rushdie ? Vous saurez tout. Vous croyez tout en savoir ? Vous en saurez encore plus. Salman Rushdie a décidé de tout dire, de A à Z, de haut en bas, de gauche à droite, sans laisser passer un détail, sans oublier un nom, une anecdote ou une péripétie. Cela donne une impression de logorrhée obsessionnelle qui est assez jubilatoire, et curieusement, malgré 724 pages fort copieuses, on ne se lasse pas, on accroche à ce récit tout à fait passionnant. On a curieusement en même temps l’ impression que Salman Rushdie est à côté de nous pour nous raconter cette histoire, avec une vivacité qui évoque l’oralité, mais que c'est aussi formidablement écrit, avec un style époustouflant.

Salman Rushdie explique comment on vit, comment on aime (ses femmes, ses fils, ses amis…)ou déteste (quelques règlements de comptes affûtés), comment on écrit, publie, et surtout comment on se bat dans une situation aussi tragique, à la fois kafkaïenne et ubuesque et cela nous donne un récit palpitant, un thriller qu’on a du mal à lâcher, un roman d'aventures des temps modernes.

Mais il ne s'en tient pas la, c'est aussi une profonde réflexion sur qu’est ce écrire, qu'est-ce qu’exprimer sa liberté, qu’ est ce qui est acceptable et y a t’il des choses qui ne le sont pas, jusqu'où mener un combat, et en même temps un grand cri d'alarme face aux fondamentalistes terroristes, et donneurs de leçons en tous genres.

Et cela finit en apothéose, sur fond de 11 septembre, pour nous expliquer ce que la littérature a bien compris, que les hommes sont multiples, profonds, complexes, et que cette complexité même leur donne toujours la possibilité d'avoir quelque chose en commun, au contraire de ce que peuvent dire tous les nationalistes et extrémistes religieux, et que c'est pour ça que la littérature, ou l'art, doivent être protégés, parce qu’ils sont un pont entre les hommes et que sans eux, nous ne survivrons pas.

Salman Rushdie alias Joseph Anton dresse de lui-même un superbe portrait tout en complexité, alternativement humble et arrogant, généreux ou insupportable, adolescent ou réfléchi, un homme que le destin a malmené et dont il parle avec recul, intelligence, humour, sans complaisance aucune. Un homme qui n’a (presque) jamais cessé d’écrire :

Citation :

Il était très ému parce que l'achèvement du Dernier soupir du Maure, plus encore que celui de Haroun et la mer des histoires, était une victoire qu'il avait remportée sur les forces obscures. Même s’ils le tuaient maintenant ils ne pourraient pas le vaincre. Il n'avait pas été réduit au silence. Il avait continué d'écrire

…ni de se battre :

Citation :

Mais il savait qu'il devait continuer et qu'il allait le faire, calquant sa conduite sur celle de l'irrésistible Innommable de Beckett. Je ne peux pas continuer. Je continue

et qui se retourne sur son histoire en refusant qu'elle ne lui dicte sa vie :

Citation :

Ce ne serait pas comme avant mais ce serait bien

Je ne peux reprocher qu'une chose Salman Rushdie aujourd'hui, c’est qu’il m'a donné envie de relire tous ses livres dont on suit avec éblouissement l'élaboration.

Oui Topocl, je te crois sans problème? Je n'ai lu qu'une cinquantaine de pages et je peux déjà en apprécier la richesse, l'intelligence du point de vue.
SR ou JA pose ou suppose d'entrée de livre le pourquoi de son écriture dans laquelle à l'exemple de son père:

Citation :

"Rien n'était interdit, il n'y avait pas de tabou. Tout, y compris les Écritures saintes, pouvait être discuté et peut-être même amélioré"

Je me pose une question sur la couverture. Comment est ce qu'elle se justifie. Un graphiste qui passait par là et qui a dit "Ah ce serait joli", ou un sens caché qui m’échappe?

topocl a écrit:

Je me pose une question sur la couverture. Comment est ce qu'elle se justifie. Un graphiste qui passait par là et qui a dit "Ah ce serait joli", ou un sens caché qui m’échappe?

n'ayant pas lu le livre mais seulement le résumé et les commentaires que vous en avez faits sur ce fil, cela me donne l'idée de: la vie en tant que mosaïque? Et puisqu'il ne parle dans son livre que des ses "années noires", ce mosaïque ne représente pas toute sa vie.. mais une bonne partie.. et le lecteur va avoir droit à beaucoup de petits bouts...?

kenavo a écrit:

topocl a écrit:

Je me pose une question sur la couverture. Comment est ce qu'elle se justifie. Un graphiste qui passait par là et qui a dit "Ah ce serait joli", ou un sens caché qui m’échappe?

n'ayant pas lu le livre mais seulement le résumé et les commentaires que vous en avez faits sur ce fil, cela me donne l'idée de: la vie en tant que mosaïque? Et puisqu'il ne parle dans son livre que des ses "années noires", ce mosaïque ne représente pas toute sa vie.. mais une bonne partie.. et le lecteur va avoir droit à beaucoup de petits bouts...?

Je trouve plutôt qu'il montre une remarquable continuité, brisée par la tragédie,je ne trouve pas que sa vie soit une mosaïque. Remarque, elle est plutôt jolie, cette couverture, et c'est déjà ça!

topocl a écrit:

Remarque, elle est plutôt jolie, cette couverture, et c'est déjà ça!

très joli, oui

Je viens d'aller voir la couverture anglaise qui est encore plus sobre

La couverture (jaquette) fait du livre un objet visible.
Son choix intègre des paramètres plus commerciaux que signifiant quant au contenu (putain (on peut dire ça?) j'ai l'air d'un prof d'économie ou de chef de rayon de super marché (honte)).
Bref, elle me plait ou non. Celle là est pas mal...
Sinon j'aurais dit tout pareil que Kenavo: mosaïque éclatée tout comme les idées qui vont qui viennent et dont on voit le motif de plus haut.

Pour les anglais, ils l'ont limite déjà enterré.

Disons que je reste naïve et je me disais que si j'étais graphiste, je ferai une couverture qui fait vendre ET qui a du sens.

topocl a écrit:

Disons que je reste naïve et je me disais que si j'étais graphiste, je ferai une couverture qui fait vendre ET qui a du sens.

de moins en moins de couvertures font cette combinaison...

Autre particularité physique du livre c'est la finesse de ses pages.
Je me suis fié à son épaisseur lorsque je l'ai emprunté pensant qu'il serait rapidement lu. Et bien je me suis trompé.
Je suis embarqué pour plus de 700p! Et comme l'écriture de Rushdie n'est pas des plus facile, je suis amené à relire certains passages deux fois.
Je suis d'ailleurs toujours surpris se constater à quelle vitesse vous pliez vos lecture. Je dois être dans le genre tortue...

Fines les pages mais le épais le contenu! Comme l'a souligné Topocl, Rushdie donne une furieuse envie de relire ou de lire ses autres livres.
Dans Joseph Anton il donne des clefs pour ce qui aurait pu paraître difficile à comprendre dans ses livres (c'est mon cas). Du coup, j'ai rassemblé les ouvrages en ma possession pour rêver d'une relecture. Bien sûr, impossible de mettre la main sur mon favori: Les enfants de minuit.
(Un livre qu'on aime beaucoup, on le prête, en fait on le donne et quand on le recherche il n'est plus là...)
A propos de cette autobiographie et pour qui aime Rushdie, il me semble qu'il est indispensable de l'avoir parce quelle me parait essentielle pour se plonger dans son œuvre.
Un guide en quelque sorte!

Au passage, je relève une petite erreur qu'il commet deux fois dans l'Autobiographie. Pas bien grave mais quand même.
C'est au sujet de son père qui est atteint

Citation :

d'un myélome multiple, un cancer de la moelle épinière.

Et bien non. Il se trouve que je suis bien malgré moi spécialiste de cette affection et je me permet donc de corriger M. Rushdie en précisant qu'il s'agit non pas de la moelle épinière mais de la moelle osseuse. Et c'est bien différent. Demandez à votre hématologue...(clin d’œil)

Evidemment, j'avais noté ça aussi, Igor.(je m'étais dit que c'était le traducteur...)

Igor a écrit:

Au passage, je relève une petite erreur qu'il commet deux fois dans l'Autobiographie. Pas bien grave mais quand même.
C'est au sujet de son père qui est atteint

Citation :

d'un myélome multiple, un cancer de la moelle épinière.

Et bien non. Il se trouve que je suis bien malgré moi spécialiste de cette affection et je me permet donc de corriger M. Rushdie en précisant qu'il s'agit non pas de la moelle épinière mais de la moelle osseuse. Et c'est bien différent. Demandez à votre hématologue...(clin d’œil)

par eux fois au moins j'ai aussi souligné cela...mais j'ai préféré ne pas le mentionner dans mon billet....mais cela ne m'avait pas échappé !!!

topocl a écrit:

Evidemment, j'avais noté ça aussi, Igor.(je m'étais dit que c'était le traducteur...)

même réflexion que toi Topocl