Richard II - Shakespeare

Richard II
Nouvelle traduction de Frédéric Boyer
Mis en scène par Jean-Baptiste Sastre
Denis Podalydes, Nathalie Richard, Jean-Baptiste Sastre, Bénédicte Guilbert


Vendredi dernier j'étais partie avec enthousiasme pour 2 h 40 de Shakespeare, en me disant que c'était vraiment un beau texte sur le pouvoir. Dans Richard II, le pouvoir et l'exercice du pouvoir sont examinés avec beaucoup de subtilité et de gravité. Richard II est un roi sensible et fragile que l'exercice du pouvoir écrase, déchire, divise. Il évoque d'ailleurs cette sorte de schyzophrénie puisque de part sa fonction il a une personne divine et une personne terrestre. Chaque décision est une torture, il finira par abdiquer et se fit assassiner. Le sujet est vraiment superbe, et la personnalité du roi est à la fois complexe et très touchante. Donc on part d'un thème interessant et d'un texte superbe (auquel la traduction de Boyer n'apporte pas grand chose d'ailleurs, on peut sûrement mieux faire - en voulant trop simplifier l'intensité s'en ressent).

Mais voilà, il manque tout le reste....La mise en scène de Sastre n'apporte rien au texte, vraiment dommage. Décor à minima, avec une immense poutre qui traverse la scène et sur laquelle les acteurs s'assoient ou sautillent, sur le côté gauche de la scène, une grande table, derrière laquelle un mannequin habillé en jeune fille blonde est assis (on ne sait pas à quoi ça sert ...ça fait une présence). Podalydès joue bien, vraiment bien et donne à ce roi une vraie dimension, un, côté fragile, intellectuel, dépressif. Pour les autres, ils se croient encore obligés de déclamer Shakespeare, comme il y a 50 ans, c'est d'un ennui mortel - peut-être d'ailleurs que c'est le metteur en scène qui leur a demandé de jouer ainsi. Mais quel dommage. La plupart sont affublés de costumes farfelus, Aumerle est déguisé en costume de toutes les couleurs folklorique balinais (enfin quelque chose comme ça). Difficile de ne pas rire aussi quand on voit la tante du roi (environ 25 ans) faire venir son fils (50 ans) sur ses genoux pour le réconforter... erreur de casting ? Encore une chose, peu de jeu de scène, de mouvements, les acteurs restent très statiques. Musique tonitruante entre chaque scène qui m'a fait sursauter à chaque fois.

Je serais bien sortie avant la fin, mais j'étais coincée ..... J'étais bien déçue, même sentiments de frustration pour les trois autres amis avec qui nous étions.

domreader a écrit:

Difficile de ne pas rire aussi quand on voit la tante du roi (environ 25 ans) faire venir son fils (50 ans) sur ses genoux pour le réconforter... erreur de casting ? Encore une chose, peu de jeu de scène, de mouvements, les acteurs restent très statiques. Musique tonitruante entre chaque scène qui m'a fait sursauter à chaque fois.

Je dirais que c'est pour être original à toute force...
Dommage, quand même, oui... Gâcher Shakespeare, c'est limite criminel...

Dommage oui...

Echo d'Avignon cet été:
Quelques huées pour le metteur en scène Jean-Baptiste Sastre et de tièdes applaudissements pour Denis Podalydès.

Vidéo: Richard II

Dommage pour ce spectacle! J'ai le souvenir d'un Richard II avec Terzieff à Paris qui m'avait enthousiasmé. Il y a une vingtaine d'années environ (déjà!). Je suis heureux de l'avoir vu sur scène (dans "Temps contre temps" aussi). J'ai du réprimer un fou rire au départ tellement son jeu a de l'emphase mais ensuite il était magistral. Il y avait aussi son fidèle et formidable Michel Etcheverry. C'est grâce à eux que j'ai découvert et aimé cette pièce que j'espère relire bientôt.

Eh oui ! Dommage, c'est un beau texte et un thème profond, mais il n'était servi ni par la mise en scène ni par les acteurs. Pour beaucoup d'entre eux, il était d'ailleurs difficile de les comprendre tant leur articulation était mauvaise, et leurs voix sourdes. Nous avons d'ailleurs remarqué avec nos amis que cela était devenu de plus en plus fréquent au théâtre. On apprend plus à poser sa voix....