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| Alfred Kubin [Autriche] | |
| | Auteur | Message |
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Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Alfred Kubin [Autriche] Sam 5 Fév 2011 - 21:28 | |
| Alfred Kubin (1877-1959) Présentation copiée sur WikipédiaIl naît d'une mère pianiste et d'un père géomètre. Timide et de faible constitution, Kubin a du mal à se faire des amis parmi les enfants de son âge, les déménagements successifs de sa famille dus au travail du père ne lui rendant pas la vie plus facile, et il passe de longs moments seul à dessiner. En 1887, Kubin fait une première rencontre avec la mort : sa mère, malade de phtisie, meurt brutalement. La vision de son père, fou de chagrin, arpentant en tous sens la maison le cadavre de sa mère entre les bras, le marqua à jamais. Dans Le Meilleur Médecin, Kubin représente la Mort comme une femme vêtue de noir, une médaille autour du cou. Son visage ne comporte aucun trait. Son père, se remarie la même année avec la sœur de sa dernière épouse, qui mourut à son tour un an plus tard en donnant naissance à Rosalie, sa deuxième sœur. Son père devient hargneux et violent ; Alfred se replie encore un peu plus sur lui-même. Ses dessins se font un peu plus morbides, terrifiants, incarnation de la haine qu'il porte au monde extérieur. Il est pris de visions fantastiques qu'il s'empresse de mettre en dessin. Suite à de nombreux échecs scolaires, son père décide en 1891 de l'envoyer à l’École des arts appliqués de Salzbourg, mais malgré un début plutôt prometteur, Kubin est renvoyé l'année suivante en raison de ses mauvais résultats. Le frère de la troisième femme de son père (Irene Kühnel, avec qui il s'est remarié l'année précédente), photographe, finit par l'accepter auprès de lui en tant qu'apprenti. Mais il se brouille avec tout le monde, passe des soirées à boire, néglige son travail ; en 1896, il part se suicider devant la tombe de sa mère. Mais sa tentative échoue et il est renvoyé de nouveau. Il décide alors de s'engager dans l'armée, mais il fait une crise après trois semaines et passe trois mois à l'hôpital militaire de Graz. Durant l'année de 1899, Kubin entre à l'Akademie der Bildenden Künste München, dans la classe de Nikolaos Gysis mais il ne vient pas souvent en cours et est forcé d'abandonner ses études. Il découvre également les travaux de Max Klinger, notamment son cycle de gravures Un gant, qui le marquent profondément et provoquent chez lui une sorte de «frénésie créative». Il réalise durant cette période de très nombreux dessins et commence peu à peu à se faire connaître, en grande partie grâce à Hans von Weber qui lui voue une grande admiration. En 1902, Kubin réalise sa première exposition à Berlin. Il rencontre l'année suivante Emma Myer, dont il tombe aussitôt amoureux, mais qui meurt presque immédiatement du typhus. Il se remarie deux ans après avec Hedwig Gründler, sœur de l’écrivain Oscar A. H. Schmitz et s'installe avec elle à Zwickledt. En 1908, il écrit en espace d'un mois et demi L'Autre Côté, qu'il publie l'année suivante. Hermann Hesse déclarera plus tard qu'il s'agit là d'un livre majeur ; il influencera Franz Kafka, H. P. Lovecraft, Jünger et les surréalistes. Kubin entre à la Nouvelle Association des artistes munichois (Neue Künstlervereinigung München) en 1910, qu'il quitte la même année pour fonder avec Vassily Kandinsky, Franz Marc et Gabriele Münter l'association du Cavalier bleu (Der Blaue Reiter, d'après le nom d'un tableau de Franz Marc). Il rencontre également Paul Klee, avec qui il échange beaucoup jusqu'à l'arrivée de la Première Guerre mondiale. Jusqu'en 1914, la renommée de Kubin augmente rapidement, grâce à Paul Klee qui expose ses dessins et au journal Simplicissimus. En 1915, Kubin approfondit sa connaissance des travaux de Nietzsche et Schopenhauer. La découverte des doctrines des deux philosophes jouèrent un rôle déterminant sur son art. De 1920 à 1930, de nombreuses expositions lui sont consacrées, retraçant son travail depuis ses débuts. La venue de la guerre perturbe assez peu ses activités. En 1948, son épouse, Hedwig Gründler, décède. Il meurt à son tour le 20 août 1959 dans son château de Zwickledt, situé à Wernstein am Inn d'une maladie de la vessie, après avoir fait don de l'ensemble de son œuvre à l'Autriche. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Alfred Kubin [Autriche] Sam 5 Fév 2011 - 21:29 | |
| L’autre côté. Le narrateur reçoit une étrange visite. Et une étrange proposition. Un homme envoyé par un ancien condisciple d’école, Patera, qui l’avait plus que fortement marqué malgré la brièveté de leur relation, l’invite à venir au pays qu’il a fondé grâce à une fortune immense, l’Empire du Rêve. D’abord incrédule et réticent, notre narrateur succombe à l’appel, à cause de l’ennui de sa vie, et grâce à un portrait de Patera, qui exerce sur lui une grande fascination. Il arrive à convaincre sa femme, et les voilà partis dans un long voyage, payé par Patera, pour arriver quelque part en Asie et accéder au fameux Empire du Rêve. D’abord tout semble les attendre, un emploi se présente, ainsi qu’un appartement. Mais le fameux rêve devient vite plutôt cauchemar, les gens se comportent de façon étrange, il est difficile de dormir, les coutumes sont étranges. Et Patera semble impossible à rencontrer. Et le chemin de retour est fermé. Ce livre est quasiment impossible à résumer, c’est une sorte de rêve ou plutôt de cauchemar, mais un cauchemar rêvé avec l’accord du rêveur en quelque sorte, et donc en partie délectable. Sauf le démarrage, il n’y a pas d’action vraiment racontable, une suite d’événements ou d’épisodes, qui amène vers la fin certes, mais sans véritable intrigue. Mais d’une façon logique, même si c’est la logique des rêves, très différente de celle de la veille. Un étrange voyage donc, dans lequel il faut accepter de perdre ses repères, et de prendre les choses telles qu’elles se présentent, même si elles heurtent notre propre logique. Si on accepte de se laisser embarquer, nous avons droit à de magnifiques scènes oniriques, pleines de détails, d’éléments poétiques, inquiétants, d’autant plus que l’on y reconnaît des envies ou des angoisses qui nous traversent tous, ou attirants, attirants peut être parce qu’inquiétants. Impossible d’être plus claire, si vous vous voulez en savoir plus, il vous faut lire le livre…. Et j’ai oublié de préciser, des nombreux dessins de l’auteur sont présents dans l’ouvrage. . | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Alfred Kubin [Autriche] Sam 5 Fév 2011 - 21:42 | |
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| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Alfred Kubin [Autriche] Sam 5 Fév 2011 - 21:43 | |
| Je pense en effet que c'est vraiment pour toi Marko. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Alfred Kubin [Autriche] Sam 5 Fév 2011 - 21:52 | |
| son fil 'images' esst ici | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Alfred Kubin [Autriche] Sam 26 Fév 2011 - 21:26 | |
| Le Cabinet de curiosités et autres textes (91 pages), traduit de l'allemand par Christophe David. Editions Allia. Il s'agit d'un recueil de nouvelles publié sous le titre Der Guckkasten en 1925, et deux autres textes dans la même lignée : Le Cri qui venait des ténèbres, et Ali, l'étalon blanc. "Le dessinateur Alfred Kubin (1877-1959), souvent surnommé le Goya autrichien, est aussi un écrivain. On lui doit en particulier le roman-culte l'Autre Côté (1908). Si, comme le rappelle Ernst Jünger, on n'a pas manqué de faire le reproche « au dessinateur Kubin de travailler avec des moyens littéraires, on pourrait faire au poète le reproche inverse -à condition qu'une telle subtilité ait un sens ». Il n'y a qu'avec Le Cabinet de curiosités, recueil de huit textes courts publiés en 1925 [...] que cette subtilité peut prendre un sens." (pages 83-84), écrit Christophe David dans son petit texte "Une littérature panoramique", en fin d'ouvrage. Kubin explique la manière dont il a travaillé : - Citation :
- "J'ai seulement regardé un jour dans mes cartons, j'y ai prélevé au hasard huit croquis, je les ai finis et je n'ai écrit les texte qui correspondent aux dessins qu'après coup. On pourrait tout aussi bien interpréter ces dessins de cent autres façons et celui auquel mes histoires ne plaisent pas peut s'en inventer d'autres qui lui conviennent mieux" (page 84).
Ces textes ressemblent à des vignettes. Une petite histoire, un résumé rapide d'une vie, sans vraie chute. Par exemple Le Franchissement du col. - Citation :
- Près d'une ville de la province chinoise de Setchouan vivait un homme appelé Fang, calligraphe de renom. Il possédait une petite propriété, une maison située dans un pittoresque jardin laissé à l'abandon. Sa femme, Niang-Niang, qui avait été si belle dans sa jeunesse, était la fille du riche fermier d'un domaine impérial de la province voisine et ils vécurent heureux tous les deux. Fang peignait jour après jour ses calligraphies, le plus souvent des maximes destinées à des sanctuaires qu'il ornait de figures de dragons." (page 9)
Comment va-t-il être amené à franchir un col (titre de la nouvelle), et à se trouver nez-à-nez avec un serpent (voir le dessin ci-dessus) ? La nouvelle suivante, Le Sultan fatigué, lui ressemble dans le déroulement de l'histoire et la tonalité générale. Les autres nouvelles sont un peu différentes, mais quasiment toutes ont en commun un certain sens du fatalisme, et un goût prononcé pour l'exotisme. Les textes brassent des Chinois, des sultans, des vampires du Piémont... On rencontre des Juifs, des Polonais, des Tchèques, et aussi un vagabond, deux Anglaises de "La Ligue des amies anglaises de la paix" envoyées en mission en Allemagne... Au début de La Chasse au vampire, troisième nouvelle du recueil, on se rend compte que l'écrivain est bien là, il introduit l'histoire en établissant une transition avec le texte précédent, comme s'il nous passait ses dessins au fur et à mesure, les commentant, ou les introduisant. Du coup, le lecteur se met à chercher une unité, des renvois entre les nouvelles. Dans Un Pari, Kubin va encore plus loin dans la fusion texte/dessin, puisqu'il fait explicitement référence au dessin dans son texte, en nommant les différents personnages ("Que l'on compare (de gauche à droite) : Bullaug (assis), le Comte Frachenburg [...]", page 63). Mais c'est aussi la moins bonne nouvelle, qui relève de la farce. On a aussi la situation classique mais qui fonctionne toujours : - Citation :
- "Autour de la table, on racontait des histoires inquiétantes; Quand vint le tour du baron, il s'enfonça dans son fauteuil pour échapper à la lumière de la lampe et commença." (début de la nouvelle Le Cri qui venait des ténèbres, page 67).
Puis, on finit avec "Ali, l'étalon blanc. Destin d'un cheval tartare en 12 tableaux." Là, on est vraiment dans l'esquisse (ou l'épure ?) En voici le début : - Citation :
- I.
Ali, un poulain blanc qui avait vu le jour en Mandchourie, passa sa première jeunesse sous les yeux de sa mère.
II. Devenu grand, il préférait se tenir à l'écart du troupeau des cheveux. On le voyait souvent se baigner dans la rivière.
III. Plus tard, il rensontra une jeune jument et galopait joyeusement çà et là avec elle dans la nuit éclairée par la lune.
IV. La soif de liberté était le trait dominant du caractère de ce cheval. Toutes les tentatives pour le capturer restaient vaines." (page 79). "Ali", apprend-on dans le texte du traducteur qui sert de postface, est composé des initiales des trois prénoms de Kubin : Alfred, Leopold, Isidore. Kubin écrit d'ailleurs : "J'ai grandi à proximité de haras (des bêtes de race Pinzgaueur) et dans l'histoire d'Ali j'ai transposé ma propre nature pulsionnelle dans un être équin." (pages 90-91). Au final, c'est un petit recueil de nouvelles intéressant, bien écrit mais sans fioritures : tout est mis en place en quelques coups de crayons. Il ne faut pas s'attendre à des histoires remarquables, elles se lisent comme on regarde un dessin : il y a souvent une atmosphère liée à une absence de trop grande précision, du fatalisme, un monde fabuleux. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Alfred Kubin [Autriche] Dim 10 Avr 2011 - 9:40 | |
| L'autre côté Je n'ai pas réussi à entrer dans ce livre, je suis donc restée de l'autre côté. Pas d'empathie suffisante avec le narrateur, pas suffisamment d'élan pour prendre part activement à la lecture. Je suis passée au travers sans m'expliquer pourquoi. Tout est pourtant réuni pour créer une atmosphère onirique et terrifiante, mais je n'ai pas été happée. Quelques scènes sont formidables (en particulier à la fin du roman quand l'Empire du Rêve se délite et part à vau l'eau) mais dans l'ensemble je reste sur ma faim. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Alfred Kubin [Autriche] Dim 10 Avr 2011 - 11:35 | |
| Désolée que tu aies été déçue, comme le disait eXPie au sujet d'un autre livre de Kubin, cet auteur procède comme un dessinateur, crée des images, des moments plus qu'une véritable intrigue suivie, et cela peut rendre l'entrée dans son univers moins aisée pour certains lecteurs. Je crois vraiment qu'il faut le bon moment. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Alfred Kubin [Autriche] Dim 10 Avr 2011 - 20:42 | |
| Aucun problème, Arabella, le roman de Kubin rappelle par bien des aspects ceux de Meyrink qui ont toutes mes faveurs et j'ai trouvé le parallèle des lectures très intéressants. Là où Kubin garde une part de pragmatisme, voulant que son personnage conserve un minimum de maitrise sur sa vie, ceux de Meyrink plongent malgré eux dans un double fond souvent obscur. Là où Kubin renonce au surnaturel ou s'y laisse totalement immergé, Meyrink utilise les procédés inverses. Ces deux auteurs pourraient sembler à l'opposé l'un de l'autre, avec un Kubin plus réaliste, concevant tout un monde, un univers à part et Meyrink plus éostérique, mystique, décalé et pourtant ceratins passages se rejoignent, certaines scènes pourraient être de l'un comme de l'autre. Je reste fascinée par ces auteurs capables de prendre un lecteur dans le creux de leurs mains et de l'emmener là où jamais personne ne les a emmenés. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Alfred Kubin [Autriche] Mer 21 Mai 2014 - 20:52 | |
| Histoires burlesques et grotesques
Il s’agit d’un ensemble de courts récits, qui semblent avant tout autobiographiques, dont chacun est centré sur un épisode saillant, avec une charge humoristique. Mais il y a quelque chose de grinçant, de décalé, dans ces histoires. Ainsi dans le premier récit, l’auteur nous conte sa première émotion amoureuse, qu’il a ressenti pour une morte, une petite fille qui en vie le laissait indifférent, et une fois dans son cercueil, se met à le fasciner. Ce n’est pas réellement macabre, l’humour est vite présent et désamorce quelque chose qui aurait pu être malsain, mais il flotte comme une possibilité, une amorce, une vague inquiétude.
Ces nouvelles se situent dans un entre deux, d’un côté des souvenirs, surtout d’enfance et d’adolescence, plutôt anodins et amusants, et de l’autre une sorte d’image brouillée qui laisse entrevoir la possibilité d’un monde qui coexiste avec le monde banal du quotidien, un monde distordu et angoissant. Et un petit détail de tous les jours peut éventuellement être une porte d’entrée, de basculement. Mais dans ce livre, nous ne basculons pas, l’auteur nous suggère juste que cela pourrait peut être se produire.
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| | | silou Agilité postale
Messages : 601 Inscription le : 24/05/2012 Localisation : centre
| Sujet: Re: Alfred Kubin [Autriche] Mer 21 Mai 2014 - 21:10 | |
| Le numéro de mai de la revue Europe est consacré à Alfred Kubin et à Karl Kraus. (Le sommaire ici LIEN) | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Alfred Kubin [Autriche] Jeu 22 Mai 2014 - 8:40 | |
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| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Alfred Kubin [Autriche] | |
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| | | | Alfred Kubin [Autriche] | |
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