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| Nâzim Hikmet | |
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+8coline Orientale Marie colimasson kenavo bix229 Marko Constance 12 participants | |
Auteur | Message |
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Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Nâzim Hikmet Sam 19 Mar 2011 - 11:35 | |
| - Citation :
- Poète et dramaturge, Nâzim Hikmet est l’une des figures majeures de la littérature turque du XXe siècle. Né à Salonique dans une vieille famille de dignitaires ottomans, il poursuit ses études à Istanbul. En 1921, il rejoint les partisans de Mustafa Kemal en Anatolie et découvre l’intérieur du pays, source de son inspiration à venir. On le retrouve étudiant à Moscou en 1922, où il réside deux ans et devient communiste. De retour en Turquie en 1925, il est condamné à plusieurs reprises pour ses opinions politiques. Il écrit une grande partie de son œuvre au cours de sa longue incarcération, notamment Paysages humains de mon pays. Libéré en 1950 au terme d’une grève de la faim qui aura des retentissements dans le monde entier, il choisit de s’exiler en URSS en 1951 ; déchu de sa nationalité, il meurt à Moscou en 1963. Familier dès son enfance de la culture française, il entretint des rapports réguliers avec des artistes du monde entier et notamment quelques auteurs français (Tristan Tzara, Aragon), grâce à l’entremise de son ami Abidine Dino, peintre et écrivain turc établi à Paris. (Imec)
Livres disponibles en français :
Il neige dans la nuit et autres poèmes, traduction de Münevver Andaç et Guzine Dino, Poésie/Gallimard, Paris, 1999. Nostalgie de Nâzim Hikmet, trad. Münevver Andaç, Fata Morgana, Paris, 1989. Pourquoi Benerdji s'est-il suicidé ? Éditions de Minuit, Paris, 1980. C'est un dur métier que l'exil..., Le Temps des Cerises, Paris, 1999. La vie est belle mon vieux, coll. « Littératures étrangères », Parangon, Paris. Il neige dans la nuit, Parangon, Paris. De l'espoir à vous faire pleurer de rage, Parangon, Paris. Paysages humains, Parangon, Paris.
Son poème le plus célèbre et le plus souvent cité : Voilà
Je suis dans la clarté qui s'avance Mes mains sont toutes pleines de désir, le monde est beau.
Mes yeux ne se lassent pas de regarder les arbres les arbres si pleins d'espoir, les arbres si verts.
Un sentier ensoleillé s'en va à travers les mûriers. Je suis à la fenêtre de l'infirmerie.
Je ne sens pas l'odeur des médicaments. Les oeillets ont dû s'ouvrir quelque part.
Et voilà, mon amour, et voilà, être captif, là n'est pas la question, la question est de ne pas se rendre ...
(Extrait de Poèmes lyriques, in Il neige dans la nuit et autres poèmes/NRF/ Poésie/Gallimard)
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| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Nâzim Hikmet Sam 19 Mar 2011 - 12:06 | |
| J'aime beaucoup ce poète dont j'ai le recueil C'est un dur métier que l'exil. Tout ce qu'il a écrit sur l'enfermement et la façon de s'en évader par l'imaginaire est très beau. C'est qu'il a passé de nombreuses années en prison. | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Nâzim Hikmet Sam 19 Mar 2011 - 12:17 | |
| Oui, Hikmet est un grand parmi les grands ... ... Nous serons donc au moins deux "parfumés" à alimenter ce fil, Marko ... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| | | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Nâzim Hikmet Sam 19 Mar 2011 - 14:37 | |
| Merci pour ce fil dédié à Nazim Hikmet, Constance... Qui lutta toute sa vie pour la liberté des autres et le paya par des années de prison...
Et détrompe toi, nous sommes plus de deux à l' aimer. Je n' ai céssé de citer des poèmes de lui sur les Coups de coeur poétqiues. | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Nâzim Hikmet Mar 22 Mar 2011 - 11:49 | |
| - bix229 a écrit:
Et détrompe toi, nous sommes plus de deux à l' aimer. Je n' ai céssé de citer des poèmes de lui sur les Coups de coeur poétqiues. Aujourd'hui, un tantinet flemmarde, je ne me sens pas le courage de relire toutes les pages du fil "Coup de coeur poétique", alors peut-être as-tu déjà placé ceui-ci ...
La plus étrange des créatures
Comme le scorpion, mon frère, Tu es comme le scorpion Dans une nuit d’épouvante. Comme le moineau, mon frère, Tu es comme le moineau, dans ses menues inquiétudes. Comme la moule, mon frère, tu es comme la moule enfermée et tranquille. Tu es terrifiant, mon frère, comme la bouche d’un volcan éteint. Et tu n’es pas un, hélas, tu n’es pas cinq, tu es des millions. Tu es comme le mouton, mon frère, Quand le bourreau habillé de ta peau quand l'équarisseur lève son bâton tu te hâtes de rentrer dans le troupeau et tu vas à l’abattoir en courant, presque fier. Tu es la plus étrange des créatures, en somme, Plus drôle que le poisson qui vit dans la mer sans savoir la mer. Et s’il y a tant de misère sur terre c’est grâce à toi, mon frère, Si nous sommes affamés, épuisés, Si nous somme écorchés jusqu’au sang, Pressés comme la grappe pour donner notre vin, Irai-je jusqu’à dire que c’est de ta faute, non, Mais tu y es pour beaucoup, mon frère.
(1947)
(In C'est un dur métier que l'exil, Ed.Le temps des cerises)
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| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Nâzim Hikmet Mar 22 Mar 2011 - 12:00 | |
| Esprit logique, Kenavo ... | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Nâzim Hikmet Ven 1 Avr 2011 - 12:16 | |
| IBrahim Balaban (Mapushane Kapisi)
Sur un tableau d'Ibrahim Balaban
Six femmes étaient là, devant la porte de fer, L'une debout, cinq assisses par terre.
Huit enfants étaient là devant la porte de fer et leur bouche ignorait encore le sourire.
Six femmes étaient là, devant la porte de fer, tristesse aux mains, pieds patients comme la pierre.
Huit enfants étaient là, devant la porte de fer, les bébés au maillot regardent comme des djinns.
Six femmes étaient là, devant la porte de fer, leur voile très serré pour cacher leurs cheveux.
Huit enfants étaient là, devant la porte de fer, l'un deux gardait croisées les paumes de ses mains.
Un gendarme était là, devant la porte de fer, ni ami ni ennemi, la garde est longue, l'air chaud.
Un cheval était là, devant la porte de fer, sur le point de pleurer.
Un chien était là, devant la porte de fer, le museau noir, le poil jaune.
Il y avait dans les paniers des poivrons verts, du charbon dans les sacs, de l'ail et des oignons dans les besaces.
Six femmes étaient là, devant la porte de fer, et derrière la porte de fer, bon sang, il y avait cinq cents hommes !
Tu n'étais pas l'une de ces femmes, mais l'un de ces cinq cents hommes, c'était moi ...
(Prison de Bursa, 28/12/1949)
Extrait de "Poèmes lyriques", in "Il neige dans la nuit et autres poèmes" / NRF poésie Gallimard)
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| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Nâzim Hikmet Ven 1 Avr 2011 - 21:34 | |
| De la poésie qui ne me laisse pas insensible, pour une fois...
Merci Constance ! | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Nâzim Hikmet Sam 2 Avr 2011 - 1:51 | |
| La plus étrange des créatures, tu es comme le scorpion, a été mis en musique ( je ne sais pas par qui?) et interprété par Yves Montand. On peu l'entendre ici Et merci Constance pour ce beau souvenir! | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Nâzim Hikmet Sam 2 Avr 2011 - 14:22 | |
| - colimasson a écrit:
- De la poésie qui ne me laisse pas insensible, pour une fois...
Merci Constance ! Limpidité de la poésie de Nazim Hikmet, Odrey ... | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Nâzim Hikmet Sam 2 Avr 2011 - 14:22 | |
| - Marie a écrit:
- La plus étrange des créatures, tu es comme le scorpion, a été mis en musique ( je ne sais pas par qui?) et interprété par Yves Montand.
On peu l'entendre ici Et merci Constance pour ce beau souvenir! Merci pour l'écoute du poème, Marie ... | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Nâzim Hikmet Mar 26 Avr 2011 - 9:43 | |
| Angine de poitrine
Si la moitié de mon cœur est ici, docteur, L’autre moitié est en Chine, Dans l’armée qui descend vers le Fleuve Jaune.
Et puis tous les matins, docteur, Mon cœur est fusillé en Grèce.
Et puis, quand ici les prisonniers tombent dans le sommeil quand le calme revient dans l’infirmerie, Mon cœur s’en va, docteur, chaque nuit, il s’en va dans une vieille maison en bois à Tchamlidja Et puis voilà dix ans, docteur, que je n’ai rien dans les mains à offrir à mon pauvre peuple, rien qu’une pomme, une pomme rouge : mon cœur. Voilà pourquoi, docteur, et non à cause de l’artériosclérose, de la nicotine, de la prison, j’ai cette angine de poitrine.
Je regarde la nuit à travers les barreaux et malgré tous ces murs qui pèsent sur ma poitrine, Mon cœur bat avec l’étoile la plus lointaine.
1948
(Extrait de poèmes lyriques, in Il neige dans la nuit et autres poèmes, NRF Poésie Gallimard)
Illustration : Autoportrait | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Nâzim Hikmet Sam 14 Mai 2011 - 9:11 | |
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Sur la vie
La vie n’est pas une plaisanterie, Tu la prendras au sérieux, comme le fait un écureuil, par exemple, Sans rien attendre hors de la vie ni au-delà de la vie, C'est-à-dire : vivre sera tout ton souci. La vie n’est pas une plaisanterie, Tu la prendras au sérieux, Mais au sérieux à tel point, Que les mains liées, par exemple, dos au mur, Ou dans un laboratoire en blouse blanche, avec d'énormes lunettes, Tu mourras pour que vivent les hommes, Les hommes dont tu n’auras même pas vu le visage. Et tu mourras tout en sachant Que rien n’est plus beau, que rien n’est plus vrai que la vie. Tu la prendras au sérieux, Mais au sérieux à tel point Qu’à soixante-dix ans, par exemple, tu planteras des oliviers Non pour qu'en héritent tes enfants, non, Mais parce que tu ne croiras pas à la mort Tout en la redoutant, mais parce que la vie pèsera plus lourd dans la balance.
1947
(Extrait de Poèmes lyriques, in Il neige dans la nuit et autres poèmes / NRF / Poésie / Gallimard)
Illustration "Oliviers avec ciel jaune et soleil" (1889) de Vincent Van Gogh
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| Sujet: Re: Nâzim Hikmet | |
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| | | | Nâzim Hikmet | |
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