| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
|
| Ilarie Voronca | |
| | |
Auteur | Message |
---|
Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Ilarie Voronca Mer 13 Juil 2011 - 19:08 | |
| dommage que le nouveau né , ne puisse parler, de l'avant naissance, que cela reste dans son inconscient.
mais ce secret est à imaginer et le poète le conte ! | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Ilarie Voronca Lun 18 Juil 2011 - 18:01 | |
| - Bédoulène a écrit:
- dommage que le nouveau né , ne puisse parler, de l'avant naissance, que cela reste dans son inconscient.
mais ce secret est à imaginer et le poète le conte ! Grâce aux progrès de l'échographie, pendant le sommeil paradoxal (phase du rêve), on peut observer les mouvements des yeux et des doigts du foetus dès la deuxième moitié de la gestation, mais l'image onirique n'est pas "encore" enrégistrable ... l'enrégistrement simultané du sommeil de la mère et de la mère indiquant qu'il n'y a pas d'influence réciproque, le foetus rêverait indépendamment de sa mère, Bédoulène ... | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Ilarie Voronca Jeu 11 Aoû 2011 - 20:44 | |
|
C’est quelque chose de lumineux, de doux, que je veux vous annoncer, A vous tous, hommes d’aujourd’hui et de demain. C’est pour cela qu’une fois encore j’ai pris les instruments du poète Car c’est au poète de dire la justice de l’avenir.
Il vient un temps nouveau. Voilà ce dont Quelques-uns seulement ont eu vent. On eût dit une voile Qui apparaissait loin au-dessus de l’océan. Un navire Chargé de tout ce qui manquait aux hommes : du pain, et une grande bonté, un grand amour.
Cette joie de coeur de battre non pas pour lui Mais pour le corps et l’esprit tout entier. Cette joie Du poète d’écrire non pas pour lui, mais pour une foule généreuse, Cette joie de l’homme de retrouver ses semblables.
Voilà donc ce que je veux vous annoncer: Le ciel, le printemps, les vacances dont on parlait dans les anciens Poèmes, seront pour tous dorénavant. Et la beauté, L’espérance, rendues aux hommes comme la vue aux aveugles.
(Extrait de La poésie commune (1936), in Poèmes choisis / Seghers)
Illustration : Portrait d'Ilarie Voronca (1924) par Victor Brauner | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Ilarie Voronca Sam 13 Aoû 2011 - 7:54 | |
| | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Ilarie Voronca Sam 13 Aoû 2011 - 16:20 | |
| Je lis que le poème est daté de 1936. Le Front Populaire, les congés payés, époque d' espérance
et qui avait bien commençé...
Cette espérance, beaucoup la partageaient, Voronca et pas mal d' écrvains et d' artistes venus
d' Europe et d' ailleurs.
Mais la Guerre d' Espagne allait les anéantir... | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Ilarie Voronca Mer 17 Aoû 2011 - 16:46 | |
| - bix229 a écrit:
- Je lis que le poème est daté de 1936. Le Front Populaire, les congés payés, époque d' espérance
et qui avait bien commençé...
Cette espérance, beaucoup la partageaient, Voronca et pas mal d' écrvains et d' artistes venus
d' Europe et d' ailleurs.
Mais la Guerre d' Espagne allait les anéantir... Certes, surtout chez les intellectuels, la guerre d'Espagne a largement entamé l'enthousiasme né de 1936, mais ce qui a sonné le glas des espérances du peuple français, c'est surtout la guerre de 39-45 qui ne s'est pas déclenchée sans l'assentiment, voire le soutien, du patronat français ... | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| | | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Ilarie Voronca Jeu 29 Déc 2011 - 9:03 | |
| contente de te retrouver avec Voronca Constance !
merci pour ces mains qui voient si clair ! | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Ilarie Voronca Jeu 29 Déc 2011 - 20:19 | |
| Bédoulène. | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Ilarie Voronca Ven 27 Jan 2012 - 14:01 | |
| La présence d’un mort
Parfois on reconnaît la présence d’un mort. Il n’a ni mains ni visage. Il est ce brouillard Qui enveloppe doucement les maisons, les objets, les visiteurs Réunis là. Il est peut-être cette lumière qui filtre de la chambre à côté.
Ni signes. Ni voix. Mais un espoir indéfini. Qui annonce un monde meilleur. Cette présence D’un mort bienveillant comme un nom qu’on voudrait dire Mais qu’on a oublié. Ou comme une écriture secrète qu’on ne sait plus faire réapparaître.
Non, il n’a que faire de nos sens. Invisible? Visible ? Mais il nous oblige à parler bas. Il nous approche Les uns des autres. « N’ayez pas peur ». Il se tient là Avec cette bonté immense dont il voudrait nous faire part.
Au lieu de l’oreille qui entend voudrais-tu être la chose entendue Et au lieu de l’œil qui voit, ce contour qui est vu ? Non pas le sens, mais l’arôme. Non pas La bouche, mais ce goût amer ou doux, ce goût d’herbes.
Il n’y a rien dans cette paume. Il n’y a rien Sous ce front. Non, il n’y a rien sous l’écorce De ces pieds immobiles. Le vivant, le mort Sont ailleurs. Ils ne sont jamais là, où nous croyons les voir.
Une brume douce. Une aube qui se lève. Et ce moment qui s’enfuit. Et cet appel Faible d’un oiseau. Très tard quand il fait jour On se rend compte qu’il a été là comme une aurore déjà lointaine.
« Rien de changé ? » Les miroirs, les objets nous retrouvent « Quelques cheveux gris aux tempes » mais ce n’est rien. Un sourire plus triste. Et néanmoins le visage a gardé une empreinte Comme sur les feuilles, une première rosée à peine visible.
C’est ainsi que parfois dans la rue il arrive Que l’on sente avoir rencontré quelqu’un. On le cherche Du regard au-dessus de la foule. Il n’y a personne. Et pourtant On est sûr qu’un ami est là. Et l’on éprouve tout à coup une gêne, une tristesse indéfinissable.
Qu’avait-il à nous dire, ce mort cher ? Quel navire Perdu loin sur les mers ? Quels peuples Nous faisaient signe par sa voix ? Mais les mailles De nos paroles furent trop larges pour retenir son silence.
Cette fumée qui plane au-dessus de nos têtes. Ce vol Comme un bruit qui s’efface. Et les ombres amicales Et ces hymnes pour saluer une terre libre. Cette douce protection, sans paroles, d’un mort.
Ne sont-ce pas les murs qui s’étendent comme des ailes ? N’est-ce pas cette chambre qui se donne au brouillard ? Et l’homme jeune sur l’épaule duquel le vieillard s’appuie Et le temps nouveau qui mène vers l’amour tous les mots anciens.
Nous allons tout à l’heure nous mêler nous aussi aux brumes, Au bruissement imperceptible de ce fantôme vaste, Et nous serons nous-mêmes la présence d’un mort Qui veillera près des hommes, heureux, de l’avenir.
(Extrait de "La poésie commune")
Illustration : Ilarie Voronca (1920) par Victor Brauner | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Ilarie Voronca Mer 10 Avr 2013 - 12:29 | |
|
Courtoisie de la fatigue
Saluons l'arbre, ô homme vertical, Ses feuilles ; ses cheveux au vent de la vie Mais l'homme couché est plus près de la terre Qui ne confie ses secrets qu'à l'oreille.
C'est pendant l'orage que l'arbre se plie Vers le sol, mais les nuages déchaînés L'empêchent d'entendre la voix de la terre, et quand la foudre Fait de lui un être horizontal il est trop tard.
Le songe ne visite pas le téméraire, l'homme debout, Et la mort demande une grande douceur. L'allongé Connait la noble courtoisie de la fatigue, Son corps est l'ornement à la mesure de la terre.
Quels sont donc ces bûchers, ces foulent qui se ruent, Ces bras, ces capitaines, tendus comme les mâts ? O conquérants aveugles que l'on accueille ainsi, L'orgueil leur fait à tous oublier la terre.
Mais les multitudes au repos, dominicales Formes étendues au bord du fleuve, La tête comme un coquillage, remplie de l'écho Qui vient des couches profondes où sont les ossements.
Les voici prêtes aux visions, les voici calmes. Le sommeil leur confie ses flûtes de cendre Car elles savent que ni la mer énorme ni la flamme Ne pourrait les soustraire aux ordres de la terre.
Vous rêveurs, vous hommes horizontaux qui attendez La femme à la beauté immuable, la mort, Salut à vous, couchés dans le sable ou la boue, Vous, gloire des navires au fond des océans.
Bientôt en vos bouches pleines de terre les paroles Seront ces touffes d'herbes transplantées avec le sol Quand les racines fines trouveront vos ancêtres Et les clés d'os ouvrant la porte des nuages.
(Poèmes inédits/ Seghers)
| |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Ilarie Voronca Mer 10 Avr 2013 - 15:06 | |
| La tête comme un coquillage, remplie de l'écho Qui vient des couches profondes où sont les ossements.
...............................................................
Bientôt en vos bouches pleines de terre les paroles Seront ces touffes d'herbes transplantées avec le sol Quand les racines fines trouveront vos ancêtres Et les clés d'os ouvrant la porte des nuages.
la boucle est close !
merci Constance
| |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Ilarie Voronca Mer 10 Avr 2013 - 16:11 | |
| Ecrivez aux éditeurs pour qu' on le réédite, Voronca ! | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Ilarie Voronca Jeu 11 Avr 2013 - 10:34 | |
| - Bédoulène a écrit:
- La tête comme un coquillage, remplie de l'écho
Qui vient des couches profondes où sont les ossements.
...............................................................
Bientôt en vos bouches pleines de terre les paroles Seront ces touffes d'herbes transplantées avec le sol Quand les racines fines trouveront vos ancêtres Et les clés d'os ouvrant la porte des nuages.
la boucle est close !
merci Constance
Un doux et lumineux Memento mori, Bédoulène. - bix229 a écrit:
- Ecrivez aux éditeurs pour qu' on le réédite, Voronca !
Pour ceux qui découvrent Voronca, il leur faudra hélas se contenter de l'ouvrage de Christophe Dauphin "Ilarie Voronca, le poète intégral, essai suivi d’un large choix de textes et de poèmes", aux éditions Rafael de Surtis/Editinter, 2011. | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Ilarie Voronca Ven 12 Avr 2013 - 14:20 | |
| Il est devant la porte ou devant la fenêtre. Mais l'a-t-on reconnu ? Il est venu peut-être Pour entendre nos voix et regarder nos yeux. Ces routes de la nuit mènent vers ses grands yeux. Il voudrait nous parler aussi ; mais nulle larme Ne lui est de secours. La mer brûle ses armes Et ses navires, ses aurores, ses couchants. Nous sommes là plusieurs à écouter son chant Et son souffle pareil aux orages de sable. Et tout devient plus beau. Nul contour haïssable, Nulle faim, nulle soif, pour tenir son amour. D'où revient-il ? Du Nord ? De l'Ouest ? Tous les jours Il rôdait là. Mais nul ne l'a su ... Nulle part un regret, dont il n'eût pas souffert : L'injustice, les lois méchantes, dans ses vers Passèrent comme la chenille par la feuille. Et tu y es aussi, lecteur, que tu le veuilles Ou non. Le sauras-tu ? Il te faudrait encor Te détacher de toi, tel un vaisseau des bords De l'océan. Ouvre ce livre. Mais peut-être Une ombre te fera deviner aux fenêtres Ou dans la chambre ainsi qu'un souffle (auras-tu peur ?) Ce voyant, ce proscrit, ce triste voyageur. Il me faudra ici te quitter ombre, frère, Je laisserai ces mots, ces chants inachevés. Le souffle est là tout près qui mélange les terres Et nos regards, nos mains et nos sommeils. Je vais Sans savoir où. Et toi, aussi, ombre, pareille Au souvenir, oiseau qui dans l'air se dissout Le soir est là tel un vaisseau qui appareille Nous séparant de tout ce qu'une fois fut « nous ».
(Extrait de Permis de Séjour, 1935) | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Ilarie Voronca | |
| |
| | | | Ilarie Voronca | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|