Cabeza de VacaFilm issu des récits de
Álvar Núñez Cabeza de Vaca,
explorateur espagnol qui a traversé pendant huit ans de la Floride au Mexique le continent nord américain et non sans péripéties (quatre survivants).
Le film commence par un après naufrage, des radeaux la nuit sur une mer calme, très tableau mais surtout très proximité humaine et grandeur rustique dans une ambiance déclamatoire un peu hallucinée qui implique tout de suite le spectateur (en plus de la musique) tout en mettant sur des rails différents de ceux du simple récit historique. épopée en vue...
Après avoir touché terre nos aventuriers conquistadors sont vite en contact avec des tribus locales qui ont l'air hostiles (au moins autant que les naufragés d'un autre radeau). Ils sont fait prisonniers et Alvar se retrouve pris comme esclave par un duo de chamanes...
Ce qui frappe c'est l'isolement brutal et la désorientation du personnage, croyant il se rattache à sa foi et à son pays. Pourtant son désespoir et l'étrangeté magique de rencontres vont le faire s'ouvrir et renforcer sa résolution d'aider son prochain qu'il soit espagnol ou indien. Il restera emprisonné dans sa condition et son histoire mais sera aussi un autre plus proche de sa réalisation.
Très beau film, pas par la grandeur explosive de ses images bien que ce soit loin d'être moche, par toujours cette proximité humaine, cette incertitude, un mélange d'expectative et d'angoisse qui donne malgré lui les beaux choix. Et on se dit, waaaah, voilà du cinéma qui a du souffle. Les situations sont grandes, l'histoire et les personnages, leurs liens sont grands et le cinéma n'en rajoute pas. Belle sensation, beaux messages aussi et sans angélisme (le film est violent et a des moments partagés de cruauté tout de même). Le film n'est pas sans subtilité.
Et cet homme qui se détache entre deux mondes, dont on ne sait pas s'il parle vraiment la langue des indiens ou une autre à mi-chemin entre toutes.
En fait le film commence sur une vision d'esclaves auxquels on offre des habits propres, comme si on leur rendait leur humanité et l'un deux est pris d'un rire déchirant, il s'agit d'Alvar. Après vient le naufrage. (je crois).
Penser qu'il faut vingt ans pour avoir droit à un film comme celui-là est dérangeant. ça ne peut pas se rejeter pour des raisons formelles, ça ne peut pas réellement vieillir et en plus c'est un grand voyage.