Chloé Delaume

Je le connais pas du tout celui-là !

J'adore tout ce que cette phrase signifie :
« […] je n’entends que moi dans ma tête, simplement je suis beaucoup. C’est comme si chaque pensée avait son timbre à elle, son grain particulier et son argumentaire. Je ne peux pas agir ou prendre la parole avant que la discussion ait été menée à terme. »

Merci pour cette mise en bouche Pages!

Tu sais, Queenie, j'ai eu un mal de chien à sélectionner des citations. J'aurais pu tout citer tellement chaque paragraphe est fort !!!
Et j'imagine que voir le spectacle sur scène devait être une sacrée expérience.
En même temps, le livre tient la route. C'est un livre en soi, et pas juste une retranscription théâtrale. Pas de didascalies, pas de présentation du personnage.

Je suis en passe de devenir une inconditionnelle de Cholé Delaume (si ce n'est déjà fait).
Je suis delaumée, voilà tout.

J'avais un peu laissé Chloé Delaume de côté après avoir lu "J'habite dans la télévision" qui m'avait déçue. Mais alors là, j'ai envie de la relire après le commentaire de pages! Merci!

En parlant de "J'habite dans la télévision" je repense à sa performance faite pour Arte Radio. Elle y reprend les grands thèmes de "J'habite dans..." (c'est presque mieux que le livre )

Ici (durée = environ 4 minutes)

Citation :

Les corbeaux, le lavage de cerveau, Le Lay et la Star ac' : Chloé Delaume concentre le tir et ouvre les ailes. Une performance sans filet, un texte lu en une prise sur une musique de sa composition. Chloé Delaume est écrivain ('Certainement pas', éditions Verticales) et joueuse virtuelle.
Single : micro ouvert, liberté totale, pour la durée d'un 45-tours.

Li a écrit:

J'avais un peu laissé Chloé Delaume de côté après avoir lu "J'habite dans la télévision" qui m'avait déçue. Mais alors là, j'ai envie de la relire après le commentaire de pages! Merci!

En parlant de "J'habite dans la télévision" je repense à sa performance faite pour Arte Radio. Elle y reprend les grands thèmes de "J'habite dans..." (c'est presque mieux que le livre )

Ici (durée = environ 4 minutes)

Citation :

Les corbeaux, le lavage de cerveau, Le Lay et la Star ac' : Chloé Delaume concentre le tir et ouvre les ailes. Une performance sans filet, un texte lu en une prise sur une musique de sa composition. Chloé Delaume est écrivain ('Certainement pas', éditions Verticales) et joueuse virtuelle.
Single : micro ouvert, liberté totale, pour la durée d'un 45-tours.

Faut pas trop lire J'habite dans la télévision hors contexte... c'est vraiment du presque pur expérimental.
Comme Corpus Simsi, quoi.

Queenie a écrit:

Faut pas trop lire J'habite dans la télévision hors contexte... c'est vraiment du presque pur expérimental.

Qu'est-ce que tu veux dire, Queenie, par "hors contexte"?
Car même en sachant que c'est dans le contexte des déclarations de Le Lay, et que c'est un ouvrage expérimental/support pour des performances son, je le trouve tout de même décevant.

Je le trouve décevant aussi, je l'ai dit d'ailleurs.
Quand je veux dire hors contexte, je voulais dire hors son petit contexte personnel à elle, je pense qu'en fait c'est le genre de livre qui devrait limite restait pour soi... Et ne pas être publié. Bon, voilà c'est dit.

En tant que fan d'Indochine, je ne pouvais pas ne pas lire La dernière fille avant la guerre . J'avais déjà vu Chloé Delaume à la télé, et son côté "totalement barré" m'avait bien plu.

Je ne suis pas loin d'avoir terminé le livre, et je le trouve génial , plein de drôlerie, de moqueries gentilles à la fois liées au groupe et aux narratrices, puisque la narratrice se "dédouble", laissant ainsi place à la fois à Anne, la petite fille groupie d'Indo depuis 1983, et à Chloé, l'adulte, toujours fan mais qui a évolué.

Après, je pense qu'il faut connaître un minimum les chansons du groupe pour vraiment apprécier le bouquin, parce qu'il est truffé de références aux paroles, aux albums, etc. Donc tout cela n'en est que plus savoureux

Ah,oui, un truc qui m'a étonnée, c'est tout de même le style et les mots mis les uns à côté des autres qui, parfois, se semble pas avoir beaucoup de sens...Je crois avoir lu qu'elle écrivait des bouquins plutôt expérimentaux, donc ce n'est sans doute pas étonnant...

Citation :

Ah,oui, un truc qui m'a étonnée, c'est tout de même le style et les mots mis les uns à côté des autres qui, parfois, se semble pas avoir beaucoup de sens...Je crois avoir lu qu'elle écrivait des bouquins plutôt expérimentaux, donc ce n'est sans doute pas étonnant...

Absolument pas étonnant, en effet, j'ai d'ailleurs mis sur ce fil un exemple de ces bouts de texte où tout se mélange (mais avec un extrait d'un titre de Thiéfaine que j'affectionne beaucoup plus qu'Indochine)

Et contrairement à toi, je trouve que ça a souvent beaucoup de sens, de son et de corps. C'est comme ces petits trucs qu'on mettait petit dans la bouche et qui pétillaient avant de former un chewing gum compact et unique : les petite phrases qui "partent dans tous les sens" de Chloé Delaume, stun peu ça : ça pétille un peu partout, ça semble ne pas se rejoindre, ça explose d'un côté puis de l'autre, et pouf, à force de le garder en tête et en pensée, ça devient un vrai Tout.

Fantaisie héroïque a écrit:

[...]

Après, je pense qu'il faut
connaître un minimum les chansons du groupe pour vraiment apprécier le
bouquin, parce qu'il est truffé de références aux paroles, aux albums,
etc. Donc tout cela n'en est que plus savoureux

Je crois pas. J'ai pas lu ce livre, mais souvent même sans les références on s'en sort, justement pour ce truc de "ça pète partout" mais tout ensemble ça prend sens, et peut-être même un sens propre à Chloé Delaume.


(ça fait juste un peu trop longtemps que j'ai pas lu une ligne de Chloé Delaume alors jme lâche, "sur du vent" puisque j'ai même pas lu ce livre...)

Dans ma maison sous terre

quatrième de couverture a écrit:

C'est un cimetière.
Où Chloé tente d'écrire un livre de vengeance, un livre qui pourrait tuer. Sa cible, c'est la grand-mère, femme dénuée d'empathie, qui lui a révélé par le biais d'une tierce personne un secret de famille. De ces secrets qui dévastent et ruinent l'identité. Apparaît Théophile, un personnage étrange, grand habitué des lieux. A ses côtés Chloé va visiter les tombes, et entendre les morts un à un se confier.
Chacun a son histoire, sa musique, sa chanson. Et sa leçon, peut-être. Qui pourrait être utile à la reconstruction de ce Moi saccagé. Entrelaçant quête personnelle et voix des disparus, Dans ma maison sous terre est un roman qui interroge notre rapport à la mort, à la littérature et à la psychanalyse.

commentaire avant de remonter le fil.

Histoire personnelle et familiale et quelques autres choses et un peu d'humoir noir.

Petits chapitres aérés alternant fictions sur les tombes, histoires et morceaux de l'auteur. La forme et les sujets (parfois légers pour les plus marginaux) font qu'on lit parfois au dessus, parfois dedans, un peu comme en buvant la tasse. Je suppose qu'avec ce jeu de distances, et le recul doublé de second degré dont est capable l'auteur, que ça se lit facilement d'assez loin. Le texte pas vraiment dense favorise l'incertitude (qui est aussi une incertitude partagée, ça fait partie du but, crois-je pouvoir dire). Les quelques passages de revanche sur la grand-mère marquent beaucoup plus profondément par la douleur qu'ils expriment que par... leur "malveillance projetée" ?

On avance sans déplaisir et avec un peu de surprise et d'effroi (véritable) entre bricolages, idées vagues et petites pépites de vérité très dure, c'est assez étrange.... en tout cas ça a été suffisant pour que je ne bloque pas sur l'impression de légèreté de la forme visuelle du livre et d'une partie de son contenu. Et puis c'est assez juste, et il y a des arrangements farfelus qui ne le sont pas moins.

C'est noir, ça tourne autour d'un fond très dense et lucide. Avec une forme comme à la fois piège et échapatoire. Reste sans doute à voir où on va et jusqu'où on voudra bien aller...

J'ai eu d'autres idée au cours de la lecture, mais je ne sais pas où elles sont passées... je reste sur un sentiment de surface mais pas que, un peu sur ma faim... mais pas que. Et finalement Queenie, je t'encouragerai bien à tanter Blanchot ?

Pour conclure ce petit "avis" (la tournure est triste) en me concentrant sur l'exercice de la forme, je dirai pas aussi vide que ça pourrait se risquer à le faire croire (puisque c'est finalement parlant et efficace)... je tenterai bien autre chose un jour...

court extrait :

Citation :

Ma gorge me gratte, je racle méticuleusement. Je suis un peu déçue mais je n'en montre rien. La voix de Théophile blanchit de mot en mot. Il dit : j'aimerais vraiment vous faire plaisir. Rattraper mon silence avec des bouts de moi. J'ai quelque chose pour vous, tout du moins pour cette fois. Mais je ne promets rien, c'est si dur, tellement dur. J'ai un peu honte aussi. Je n'aime pas les miroirs parce que je m'y reflète et prendre la parole c'est risquer qu'ils se brisent.

il y a quelque chose de l'ensemble dans tout ce dialogue avec Théophile et l'évolution de ce qui s'y passe...

Hé... mais son style est vraiment différent là ! Plus palpable, avec des phrases courtes et précises. Intéressant !

Pris un intérêt moyen à la lecture de "Dans ma maison sous la terre"( le thème refroidissant sans doute), mais de l'intérêt quand même , surtout pour un certain usage de la langue parfois un peu déconcertant mais inventif.

monilet a écrit:

Pris un intérêt moyen à la lecture de "Dans ma maison sous la terre"( le thème refroidissant sans doute), mais de l'intérêt quand même, surtout pour un certain usage de la langue parfois un peu déconcertant mais inventif.

ça me scie en deux par l'arrière du crâne de parler de Delaume avec tant de ... distance (?). ça m'en coupe la chique. Yoump.

Je n'arrive pas à franchir le pas pour cette auteure... Pourtant, je l'ai entendu à la radio dans plusieurs émissions et je l'ai trouvée fascinante.
Queen, tu me donnes un titre pour débuter ?

'Tain, ces flemmards qui lisent pas les fils... pfffrte...
(Les mouflettes d'Atropos ? Les juins ont tous la même peau ?- si t'aimes Boris Vian, ça peut inciter)