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 Alberto Giacometti [sculpteur / peintre]

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MessageSujet: Alberto Giacometti [sculpteur / peintre]   alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] EmptyJeu 11 Aoû 2011 - 15:26

alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] Albert11

Alberto Giacometti photographié par Brassaï-1934



Né en octobre 1901 à Stampa en Suisse, d'un père peintre jouissant d'une reconnaissance institutionnelle et d'une mère inoubliable, Giacometti se rend à vingt ans à Venise où il fait l'expérience de la mort de son compagnon de voyage - scène primitive qui ne cessera dans sa maturité de revenir le hanter, justifiant son désir, de plus en plus aigu avec le temps, de ne vivre que dans le provisoire, voire dans la précarité.

Arrivé en janvier 1922 à Paris pour étudier la sculpture, Giacometti se lie avec Pierre Matisse, le fils du peintre, qui deviendra plus tard son marchand aux États-Unis, et sollicite les conseils d'Henri Laurens. En 1929, grâce à Jeanne Bucher qui l'expose dans sa galerie, il entre en contact avec Jean Cocteau, les Noailles et André Masson, qui vont l'introduire dans les milieux surréalistes. Le premier écrit suscité par l'œuvre de Giacometti, signé de Michel Leiris, paraît dans la revue de Georges Bataille, Documents. Commence alors une période faste de la vie et de la création de Giacometti : dessins, sculptures, textes aussi (qui paraissent dans Le Surréalisme au service de la révolution), puisent dans son imaginaire, empli de scènes de mort, de violence et de viols, et de cette inquiétante étrangeté qui fascine tant André Breton et Salvador Dali. Man Ray le présente au décorateur Jean-Michel Frank, pour lequel Giacometti conçoit des pièces de mobilier, dont le succès le conduit à s'attacher son frère, Diego, comme assistant, ce qu'il restera jusqu'à la fin. La mort du père des Giacometti, en 1933, marque la fin de cette période surréaliste et mondaine.

De 1933 à 1943, l'artiste entre dans une phase capitale de mutation, une période de doute et de solitude croissante, amplifiée par son expulsion en 1934 du groupe surréaliste, pour avoir pratiqué le portrait. Giacometti détruira presque toutes les œuvres faites pendant cette période ; elles visent, par une économie de moyens de plus en plus extrême, à aller vers un essentiel qui se dérobe toujours. Résolu à représenter exactement ce qu'il voit, il est confronté à un problème d'échelle, ses œuvres se réduisant au cours du travail au point de tenir dans une boîte d'allumettes. Il entre en contact à cette époque avec Sartre et Becket, Gruber et Derain, rapports qui se développeront par la suite. Pendant la guerre, où il s'est retiré en Suisse dans une petite chambre d'hôtel sordide, il rencontre l'éditeur Albert Skira, et celle qui deviendra son épouse et l'un de ses modèles favoris, Annette.

De retour à Paris fin 1945, Giacometti connaît un autre des épisodes initiatiques qui rythment sa vie : au sortir d'une séance de cinéma, par contraste avec la projection sur toile qu'il vient de voir, il a dans la rue la bouleversante révélation de la troisième dimension, c'est-à-dire de l'espace, du vide et du silence autour des êtres. Commence alors pour lui la deuxième partie de sa production, qui le voit à nouveau sculpter, dessiner, peindre, écrire, avec frénésie. Il a trouvé ce style particulier, intemporel, qui provoque chez le spectateur la fascination intimidée décrite par Genêt devant les grandes femmes debout : " Certaines statues de Giacometti (…) n'en finissent pas d'approcher et de reculer, dans une immobilité souveraine. Que mon regard essaye de les apprivoiser et (…)elles s'éloignent à perte de vue. " Or, ces formes hiératiques décrivent précisément ce que Giacometti voit quand il déshabille une prostituée : " Quand elle est dans ma chambre et toute nue, elle grandit et simultanément elle recule à une distance formidable " dit-il à Genêt en 1957. Mais en 1947, Giacometti ne trouve pas de galerie à Paris pour l'exposer. Finalement, l'épouse de Pierre Matisse convainc ce marchand de l'exposer à New York (où il avait eu une exposition dès 1934), en 1948 ; Sartre en écrit la préface, intitulée : " La recherche de l'absolu ". C'est grâce à ce soutien américain que Giacometti entre à la galerie Maeght, qui l'expose à Paris à partir de 1951, et avec laquelle il entretiendra des rapports fructueux jusqu'à l'inauguration, en 1964, de la Fondation à Saint-Paul de Vence, où son œuvre est très bien représentée.

Après 1951, Giacometti connaît une reconnaissance rapide, ponctuée de rétrospectives dès 1955, dans des musées à New York, Londres, et en Allemagne. L'année suivante, Giacometti, qui avait refusé de représenter la Suisse à la Biennale de Venise en 1950, expose au pavillon français. En 1962, il choisit d'y représenter à nouveau la France plutôt que la Suisse, et remporte le Grand prix de sculpture. C'est désormais un maître reconnu, recherché et coté, mais Giacometti s'entoure d'une pauvreté qui le protège, parce qu'elle tient à distance. Il vit et travaille dans l'atelier exigu et haut de plafond, sans aucun confort, dans lequel il avait emménagé en 1927, travaillant jusqu'à l'épuisement, couvert de plâtre. Comme le voyait déjà Genêt en 1957, " dans cet atelier un homme meurt lentement, se consume, et sous nos yeux se transforme en déesses. "

De fait, Giacometti mourra à 64 ans, en janvier 1966, miné par un cancer à l'estomac et par une santé trop longtemps négligée. L'année précédente, il avait reçu en France le Grand prix national des arts ; deux rétrospectives circulaient à Londres, Copenhague et New York. En 1969, la première rétrospective française de son œuvre se tient à l'Orangerie des Tuileries.

Sculpteur, peintre, dessinateur et poète, Giacometti a, par des textes donnés à des revues, ou le récit d'expériences livrées à des tiers pour publication, forgé peu à peu les étapes de sa mythologie personnelle. Pourtant, rien n'est plus révélateur que les lignes qu'il écrivit sur un autre artiste, André Derain, dont il a dit qu'il était le peintre qui lui avait le plus apporté et le plus appris depuis Cézanne : " Les qualités de Derain n'existent qu'au-delà du ratage, de l'échec, de la perdition possible, et je ne crois, il me semble, que dans ces qualités-là, au moins dans l'art moderne.(…) Derain était dans un lieu, dans un endroit qui le dépassait continuellement, effrayé par l'impossible et toute œuvre était pour lui échec avant même de l'entreprendre.(…) Et pourtant, il ne voulait peut-être que fixer un peu l'apparence des choses, l'apparence merveilleuse, attrayante et inconnue de tout ce qui l'entourait. "

Véronique Wiesinger
historienne d'art


(Source: http://www.culture.gouv.fr)

alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] L-homm10
Photographie par Henri Cartier-Bresson- 1961



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MessageSujet: Re: Alberto Giacometti [sculpteur / peintre]   alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] EmptyJeu 11 Aoû 2011 - 15:41

merci pour l'ouverture de ce fil, Théo, tu pourrais peut-être nous en dire plus sur ce que tu vois, toi, dans l'oeuvre du sculpteur ?
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MessageSujet: Re: Alberto Giacometti [sculpteur / peintre]   alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] EmptyJeu 11 Aoû 2011 - 15:44

oui oui j'ai pas fini... je me galère pour les photos mdr2
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MessageSujet: Re: Alberto Giacometti [sculpteur / peintre]   alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] EmptyJeu 11 Aoû 2011 - 15:46

ah super ! désolée ! pas de stress alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] 14946
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MessageSujet: Re: Alberto Giacometti [sculpteur / peintre]   alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] EmptyJeu 11 Aoû 2011 - 15:58

La plus connue, Homme qui marche
alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] Giaco_10




Homme qui chavire, 1950
alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] Hcb_c_10




Le nez, 1947
alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] Nez10


Boule suspendue, 1930-31
alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] Giac_310
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MessageSujet: Re: Alberto Giacometti [sculpteur / peintre]   alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] EmptyJeu 11 Aoû 2011 - 16:51

Et pour te répondre (j'arrête là avec les photos pour l'instant je craque!) :on a vu et revu ses sculptures, maintes fois utilisées comme illustrations parce que je pense qu'elles ont quelque chose d'universel.
Elles nous parlent de la solitude, de la mort, de notre fragilité humaine. Il a cherché obstinément à restituer ce qu'il voyait: comment rendre un visage? comment sculpter un homme? comment restituer esthétiquement ce que voyait son oeil?
Par exemple, il refaisait avec acharnement des bustes de son frère Diego. Et c'est ce que j'aime aussi chez lui: l'obsession artistique sans concession. C'était un homme humble loin du tralala qu'on peut voir aujourd'hui chez des artistes dont on ne sait plus s'ils mettent en scène eux ou leur oeuvre.
Enfin ce que j'aime aussi c'est le travail du bronze, les patines faites par son frère Diego sous sa direction. Voilà très difficile de parler de ce que l'on aime drunken

alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] Albert10


Giacometti parlant de ses débuts à Paris: http://www.ina.fr/media/entretiens/video/I00008269/alberto-giacometti-a-propos-de-sa-periode-surrealiste.fr.html

Il y aura prochainement une expo à la pinacothèque de Paris à partir du 16 septembre http://www.pinacotheque.com/fr/accueil/expositions/prochainement/giacometti-et-les-etrusques.html
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MessageSujet: Re: Alberto Giacometti [sculpteur / peintre]   alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] EmptyJeu 11 Aoû 2011 - 17:10

Un bel article de juin 2010 de Franz-Olivier Giesbert (le Point):

Giacometti, l'homme qui marchait vers la vérité


Les grands hommes ne le font pas exprès. Alberto Giacometti (1901-1966) n'a jamais rien fait pour devenir l'un des artistes les plus importants de son temps. Il a simplement laissé ses mains mener sa vie, de belles mains de travailleur manuel, qui ont réinventé le monde.

C'était un homme d'une humilité sidérante que j'ai souvent entendu dire des choses de ce genre, sans fausse modestie : "Moi, artiste ? Allons, c'est un bien grand mot. Je ne suis qu'un maniaque. Je peins et je sculpte ce que je vois parce que je ne sais rien faire d'autre. Je veux juste copier le modèle avec toute l'exactitude possible. Mais, bien entendu, il sera toujours vu par moi, par mon oeil. Personne ne voit les choses de la même manière."

Souvenirs

La première fois que je l'ai rencontré, j'avais dans les 15 ans. Avec quelques amis de mon lycée, à Elbeuf, en Normandie, j'avais fondé un journal, Le Crotale, dans le seul but d'aller le voir et de tirer un article de notre rencontre. Depuis des années, je relisais, sans me lasser, le portrait que James Lord lui avait consacré dans un vieux numéro de la revue L'OEil (15 janvier 1955), qui traînait dans le salon, chez mes parents. Tout me fascinait, chez Giacometti. L'oeuvre, d'abord, qui s'intéresse moins aux couleurs qu'au rapport de l'artiste avec la vérité du monde. Ensuite, son visage ascétique de reclus mystique qui semblait calciné par quelque chose à l'intérieur. Enfin, son atelier de la rue Hippolyte-Maindron, dans le 14e arrondissement de Paris, un grand foutoir où les murs et meubles semblaient dire : "Poussière, tu retourneras poussière."

C'est ainsi qu'un beau matin de printemps je me suis retrouvé devant la porte d'Alberto Giacometti, le coeur battant. Autant que je me souvienne, elle n'était pas fermée. Garçon poli, je lui avais adressé une lettre pour lui annoncer mon arrivée mais, apparemment, il ne l'avait pas ouverte ou reçue. Il m'accueillit pourtant comme s'il m'attendait et me proposa d'aller boire un café dans une brasserie de la rue d'Alésia qui lui tenait lieu de QG.

A peine assis, Giacometti alluma une cigarette, commanda un double express et commença à parler. J'avais préparé une batterie de questions, mais, avant d'y répondre, il avait quelque chose d'important à me dire :

"Cette nuit, c'est extraordinaire, j'ai failli y arriver.

- A quoi ?

- A faire des têtes vivantes."

Je l'ai souvent revu par la suite. C'était toujours le même scénario. Alberto Giacometti m'emmenait dans sa brasserie et m'annonçait qu'il était sur le point de réussir, qu'il suffirait de pas grand-chose, qu'il arriverait sans doute la nuit prochaine à faire, enfin, sa "tête vivante, avec un regard qui regarde". Tout cela en tournant sa cuillère dans son double express pour mélanger au café les cendres d'une des 80 cigarettes de la journée qui venaient de tomber dans la tasse.

En état de doute permanent, Giacometti pratiquait facilement la mortification et détruisait volontiers ses oeuvres."Chaque fois, je dois me rendre à l'évidence, me disait-il avec son sourire cassé.Je rate tout. Et alors ? L'histoire de l'art n'a aucun intérêt à côté d'un visage de jeune fille ou d'un corps de chat. Si, dans un incendie, j'avais à choisir entre le plus beau des Rembrandt et sauver un chat, je choisirais le chat. Une vie vaut toujours mieux qu'une oeuvre d'art."

Absolu

Il aimait la métaphore du chat et, comme tous ses visiteurs, j'y ai eu droit souvent. Malgré ça, Giacometti avait un projet surhumain. Il voulait comme Cézanne "donner l'image de ce que nous voyons en oubliant tout ce qui est apparu avant nous". Il ne songeait qu'à se dégager des influences qu'avaient pu exercer sur lui Giotto, Cimabue, le Tintoret et ses autres peintres préférés. "Mon effort, répétait-il,est de purifier ma perception, d'en écarter tout élément étranger."

Rien ne pouvait arrêter sa détermination en marche. Surtout pas sa pauvre carcasse, qu'il martyrisait à force de nuits blanches dans son atelier, les mains couvertes de plâtre ou de peinture, pour atteindre l'absolu. J'emploie ce mot à dessein parce que cet artiste obstiné ne recherchait pas vraiment la beauté ni l'harmonie. Sa démarche était d'abord métaphysique et c'est quand il croyait avoir atteint son but qu'il s'en éloignait soudain. Alberto Giacometti ou le mythe de Sisyphe...

Il me faisait penser à la philosophe Simone Weil qui, à l'époque, était déjà un de mes auteurs de chevet. Il avait dans les yeux le même vertige, la même lueur exaltée, sur fond de mélancolie. Il refusait les compromis, les vanités et les préjugés culturels. Il faisait de son oeuvre l'autel sur lequel il s'immolait. Il croyait comme elle que "la pureté est le pouvoir de contempler la souillure". Alberto Giacometti est un artiste philosophique, le Socrate de l'art moderne. Il ne restitue pas le genre humain, il le transperce. Chacune de ses oeuvres, peinture ou sculpture, nous met en face de nous-mêmes, au milieu du néant, tels que l'éternité nous fige : précaires et fantomatiques, tout juste de passage"



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MessageSujet: Re: Alberto Giacometti [sculpteur / peintre]   alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] EmptyJeu 11 Aoû 2011 - 18:44

Merci pour ce fil, j'adore Giacometti
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MessageSujet: Re: Alberto Giacometti [sculpteur / peintre]   alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] EmptyJeu 11 Aoû 2011 - 19:08

Merci pour ce fil, Théo !

Giacometti est un artiste génial. Le peintre autant que le sculpteur. je le mets sur meme plan que
le peintre Francis Bacon.

Et puis essayez de vous procurer Les Ecrits, un bequ livre de 610 pages édité par Hermann.
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MessageSujet: Re: Alberto Giacometti [sculpteur / peintre]   alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] EmptyLun 22 Aoû 2011 - 14:04

alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] A24
Tahar Ben Jelloun, Giacometti : La rue d'un seul suivi de Visite fantôme de l'atelier

Il existe dans la médina de Fès une rue si étroite qu’on l’appelle « la rue d’un seul ». Elle est la ligne d’entrée du labyrinthe, longue et sombre. Les murs des maisons ont l’air de se toucher vers le haut. On peut passer d’une terrasse à l’autre sans effort. Les fenêtres aussi se regardent et s’ouvrent mutuellement sur des intimités. Si une seule personne peut passer à la fois, il est bien sûr exclu que les ânes, surtout chargés, puissent y trouver passage.
Cette rue est dans ma mémoire ancrée comme un souvenir vif. J’en parle souvent même si elle est au fond insignifiante.
En observant les statues de Giacometti, j’ai su qu’elles ont été faites, minces et longues, pour traverser cette rue et même s’y croiser sans peine. Il me semble même les avoir rencontrées, alors enfant. Le chien en bronze, si long, si maigre, rasait les murs, comme on dit, avec son horizontalité rigide et interminable, pendant qu’un homme filiforme marchait, la tête dépassant les terrasses, éclairées par une lumière forte.
« La rue d’un seul » est devenue grâce à Giacometti, la rue pour plusieurs et les animaux pouvaient, paresseusement, la longer comme un fil entre deux points inconnus.


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MessageSujet: Re: Alberto Giacometti [sculpteur / peintre]   alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] EmptyLun 22 Aoû 2011 - 14:26

à propos de Giacometti, je me souviens des souvenirs de Jean Genet dans les années 50
GENET était célébré par tout le monde, notamment le petit univers littéraire Parisien, chose dont GENET n'avait que faire (même SARTRE avait écrit un essai sur lui !) - le seul Artiste qui Fascinait GENET c'était GIACOMETTI, il venait souvent dans son atelier des journées entières pour le simple plaisir de regarder cet homme travailler à son art
A vrai dire c'était l'un des seuls artistes qu'il respectait infiniment

GENET avait pour habitude quand il était invité dans des salons ou chez des particuliers, notables ou autre, de piquer des trucs de valeur, c'était presque plus fort que lui, mais il n'en avait aucun remord, il faisait cela avec un certain mépris mais l'une des seules grandes honte qu'il éprouva, c'est qu'un jour il ne put s'empêcher de voler également quelque chose à Giacometti

des années après il en parlait encore, comme si par son acte il avait franchit un tabou.. ce qui de la part de GENET est assez cocasse dentsblanches


Dernière édition par sylvain- le Mar 23 Aoû 2011 - 1:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Alberto Giacometti [sculpteur / peintre]   alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] EmptyLun 22 Aoû 2011 - 14:54

En 1991 j'ai vu la rétrospective Giacometti au musée d'art moderne de Paris et c'est un de mes souvenirs les plus forts en art contemporain. Que ce soient ces grandes sculptures mi-divinités mi-femmes, hiératiques, primitives, s'arrachant péniblement du sol pour tendre vers un ailleurs mystérieux, ou ces toutes petites figurines perdues dans des espaces trop vastes (celui d'un quadrilatère autour d'elles ou celui de la salle d'exposition elle-même), ces personnages qui se croisent sans se rencontrer, cet abîme béant dans le regard vide de ses dessins, ces animaux filiformes si émouvants. La vie dans toute sa fragilité et son mystère. Il y a de la peur, de l'étonnement et de la détermination en même temps dans toutes ces sculptures inachevées (selon Giacometti toujours insatisfait) et pourtant si puissantes. Tout était parfait dans cette exposition qui était bien plus réussie que celle de Beaubourg plus récemment.

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MessageSujet: Re: Alberto Giacometti [sculpteur / peintre]   alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] EmptyLun 22 Aoû 2011 - 15:01

merci pour l'extrait Kenavo sourire
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MessageSujet: Re: Alberto Giacometti [sculpteur / peintre]   alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] EmptyMar 23 Aoû 2011 - 15:40

alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] A653
La Place II, 1947-1948


La solitude a un visage travaillé par des mains très humaines, ce visage n’est pas un masque, il est cette tête où vit un regard au bout d’une tige qui se donne comme un corps détaché de tout, avec des jambes, si hautes, faites pour marcher éternellement jusqu’à rencontrer un autre visage dont l’expression est celle de la stupeur, une expression familière où les solitudes se reconnaissent sans se faire signe. C’est qu’elles proviennent toutes d’un même abîme, une blessure singulière, absolue, totale et sans la moindre compromission. Cela, c’est la beauté. Ce n’est ni l’harmonie, ni la régularité des traits et des humeurs, ni la complaisance à l’égard de la lumière et de l’apparence du bien-être. J’aurais tant aimé serrer les mains qui ont façonné ces êtres, non pas pour me transmettre le secret qui habite ces créatures – Giacometti lui-même ne doit pas le savoir – mais pour en mesurer l’épaisseur et la chaleur, car elles ont dû vaincre l’exil et la douleur, le bruit et la méchanceté.

extrait toujours de: Tahar Ben Jelloun, Giacometti, La rue d'un seul


alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] A655
La Place (Trois Figures, une Tête), 1950
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MessageSujet: Re: Alberto Giacometti [sculpteur / peintre]   alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] EmptyVen 26 Aoû 2011 - 9:46

alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] A703
L’homme qui chavire, 1947


La première fois que j’ai vu Samuel Beckett, c’était un hiver à Tanger. Le ciel était gris, couleur privilégié de Giacometti, et Beckett marchait en faisant de grands pas, les mains derrière le dos, sur la plage déserte de la ville. Je l’ai croisé et j’ai cru que c’était une vision. Cet homme seule arpentait les sables mouillés de Tanger, la tête dans les nuages gris, en silence et avec sérénité. Etait-ce lui ou l’un de ses personnages ? Etait-ce lui ou l’un de ses personnages ? Etait-ce lui ou l’une des statues de Giacometti qui aurait pris le large ?
Beckett m’a toujours fait penser à une sculpture de Giacometti qui se serait rebellée au point de lui échapper et de vivre hors de l’atelier ou du musée.
Peut-être est-ce une statue qui lui a donné trop de mal au point de l’abandonner dans un coin poussiéreux ou sous une table où il a entassé les visages ratés ou des morceaux de glaise livrés à eux-mêmes.


extrait toujours de: Tahar Ben Jelloun, Giacometti, La rue d'un seul



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MessageSujet: Re: Alberto Giacometti [sculpteur / peintre]   alberto - Alberto Giacometti [sculpteur / peintre] Empty

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