Alberto Giacometti [sculpteur / peintre]

Zen Littéraire Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007

Figure assise dans l'atelier, 1955

Ces lieux, dans lesquels je me trouve, et où Giacometti a travaillé toute sa vie, ne lui appartenaient pas. Une femme habite maintenant la pièce où il vivait avec Anette. Elle est locataire. Le propriétaire aurait pu en faire don à la ville, entretenir sans toutefois chasser la poussière chère à l’artiste. Il a préféré ne rein bouger, ou presque.
Partout, les murs sont gris, fatigués, portant la couleur du deuil, couleur du rien. Dessus, en quelques endroits des traces de dessins au crayon ou au fusain, des syllabes du temps qui a creusé des sillons dans cette sorte de caverne, de cave, de grenier ou simplement de trou rempli d’ombres. Il suffit de peu pour y voir apparaître soudain la silhouette de Giacometti qu’on devine penchée sur un tas de bronze, ses mains longues et larges travaillant la matière. On entend le bruit de la matière, le bruit du corps, la respiration et le souffle du corps. Tout ici est si exigu qu’on se demande comment il faisait, comment il s’arrangeait. Il devait sûrement ne pas bouger, se concentrer sur le travail et ne pas relever la tête.

extrait toujours de: Tahar Ben Jelloun, Giacometti, La rue d'un seul

Une évocation de Giacometti dans l'écriture ou la vie de Jorge Semprun :

Citation :: « […] jamais je ne pourrais contempler les figures de Giacometti sans me souvenir des étranges promeneurs de Buchenwald : cadavres ambulants dans la pénombre bleutée de la baraque des contagieux ; cohortes immémoriales autour du bâtiment des latrines du Petit Camp, trébuchant sur le sol caillouteux, boueux dès la première pluie, inondé à la fonte des neiges, se déplaçant à pas comptés –ô combien l’expression banale, toute faite, se glissant impromptu dans le texte, prend ici un sens, se chargeant d’inquiétude : compter les pas, en effet, les compter un par un pour ménager ses forces, pour ne pas faire un pas de trop, dont le prix serait lourd à payer ; mettre un peu dans l’autre en arrachant les galoches à la boue, à la pesanteur du monde qui vous tire par les jambes, qui vous englue dans le néant ! –se déplaçant à pas comptés vers le bâtiment des latrines du Petit Camp, lieu de rencontres possibles, de paroles échangées, lieu étrangement chaleureux malgré la buée répugnante des urines et des défécations, havre ultime de l’humain. »

Zen littéraire Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010

J'avais l'intention de copier des extraits de "Dans le secret des ateliers", du poète Georges Limbour, mais j'ai trouvé mieux, et surtout plus facile Very Happy

: ICI

Zen Littéraire Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007

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Alberto Giacometti
Dessins et aquarelles
28 février – 25 mai 2014
Zurich
site du Kunsthaus

Citation :: Cet ensemble intime et familial, entré au Kunsthaus Zürich en 2012 grâce au legs de Bruno Giacometti, est représentatif de toute la création d’Alberto Giacometti (1901–1966), des premières années à Stampa jusqu’à l’époque parisienne. Il comprend notamment des copies d’oeuvres de Dürer, Mantegna, Holbein et Hodler, que Giacometti réalisa entre sa douzième et sa quinzième année. Dans les années 1920, l’artiste exécuta une série d’études d’après des sculptures romanes et égyptiennes. Dans les années 1930, il s’intéressa à Matisse, Cézanne et Rodin, dont il proposa des interprétations très personnelles. L’exposition montre également de remarquables portraits des membres de la famille et divers autoportraits. Des représentations de paysages proches de Stampa et de Maloja ainsi que des vues d’atelier et de magistrales études de figures des années 1950 et 1960 complètent la sélection.