Wim Wenders

En remontant ce fil je me rends compte que Wenders revient régulièrement à Peter Handke. C'est éclairant sur leurs univers respectifs. Quelque chose d'une même interrogation existentielle. Il faut que je revienne à l'un et à l 'autre.

Quelques images (en essayant de ne pas faire roman photo) :

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et si vous en voulez encore : clic la galerie de imcdb.org... pas représentative de tout le film mais tout orienté anecdote que ça puisse être ça fait une très belle galerie du film.

(et soit dit en passant, Wenders assure à mort avec les machines à roulettes dans ses films).

Revu Paris, Texas en restauré et sur grand écran. Peut-être trop grand ? C'est super beau et le résultat est impeccable mais je n'ai pas réussi à replonger comme lors de ma découverte (inattendue) du film et je suis un peu frustré de ma déception. Je dois reconnaitre aussi que ça ressemble bel et bien à un "film de festival".

Mais n'empêche c'est super beau et les arrangements de couleurs avec les fringues des personnages donnent une richesse à l'image qui fait la balance avec l'autre richesse des paysages, pas toujours si facile celle là. Et puis il y a le rythme au poil, les dialogues bien rendus et ce deux temps de l'ambiance entre le road movie terrrrriiiiiblement smooth et une tension beaucoup plus dure dans les personnages, plus révélée sur la fin mais présente en filigrane et pas que chez Travis. d'où (en partie) l'effet du dialogue final...

Et puis 1984 à faire sangloter Michael Mann sur la ville et les couleurs. Je me suis peut-être vengé sur des détails, je ne sais pas.

Je suis un peu déçu mais content quand même. Peut-être le temps d'incuber et je serai très content ?

animal a écrit:

Je suis un peu déçu mais content quand même. Peut-être le temps d'incuber et je serai très content ?

Il y a peut-être des films qui finissent par s'user quand on les a vus trop de fois ?

ce n'est que la deuxième !

je reverrai bien Paris Texas...1984, je bossais dans la region parisienne, on avait été le voir dans une salle à Paris, un beau film, bouleversant à l'époque, je ne sais quelles seraient mes impressions si je le revoyais....  

les impressions doivent pouvoir rester les mêmes ou presque. ce qui a du compté c'est que ma découverte de Wenders est relativement récente (voir page 3 du fil, Paris, Texas justement) et que mon rattrapage est lui aussi récent et que ça fait quand même quelques films, et des films avec certains éléments auxquels je suis peut-être réceptif. ceci dit je ne m'en souvenais pas, et bien que je la trouve trop courte, j'aime beaucoup la "promenade en rentrant de l'école" dans Paris, Texas.

merci j'ai lu les pages, et j'ai noté qu'à l'époque Ry Cooder avait participé à la musique du film, Ry Cooder c'est le gars qui a reconstitué le Buena Vista Social Club à Cuba, avant que ces grands musiciens tels Compay Segundo ou Ibrahim Ferrer ne disparaissent.....

Ouaip. Il a pas mal donné pour les musiques de films dans l'ensemble Ry Cooder (chez Walter Hill aussi !).

animal a écrit:

(chez Walter Hill aussi !).

(ça faisait longtemps !)


J'aimerais bien trouver le temps d'aller voir Paris, Texas restauré...

C'était "trop parfait", Animal, c'est ça ?

non non c'est trop smooth (et les acteurs trop vivants) pour avoir l'air trop parfait.

(ben ouais).

Le sel de la terre

Film documentaire sur le photographe Sebastião Salgado, co-réalisé avec Juliano Ribeiro Salgado (le fils). Du film de Wim Wenders, des photos de Sebastião Salgado et du film de Juliano Ribeiro Salgado auquel c'est joint en fait Wim Wenders sur les traces de son père en Sibérie, ainsi que quelques images d'archives.

Cependant l'introduction du film, avant de présenter l'homme de façon quasi-chronologique, rappelle la photographie par son étymologie. Et c'est avec cette impression qu'on débute ce parcours sur un rythme mesuré et régulier, qui va en prenant ça source en amont, pas dans l'invention de la photo mais dans un ailleurs qui reste indéfini, nous montrer "par le photographe" une deuxième partie du XXè siècle et de l'humanité. Beaucoup de noir et blanc mais aussi de la couleur, des images statiques qu'on a le temps de regarder en écoutant ces trois voix, et surtout celle de Sebastião Salgado, les ancrer dans une réalité.

L'économiste reconverti photographe a arpenté une bonne partie du globe, on ressent une puissante fascination pour les hommes qui vient et revient buter contre des drames humanitaires en Afrique. Des images très dures d'exodes et de famines, de morts, d'horreur par la main (ou la pensée) de l'homme. La photo entre la beauté de certaines et le témoignage, et avec le temps du documentaire.

Mais on retrouve par le Brésil et la ferme familiale un retournement de cette saturation, de ce dégoût. Reboisement, guérison, et après les photos des hommes celles de la nature. D'une certaine façon l'homme est là, encore, à nouveau possible.

Le drame humanitaire (plus) et le drame écologique (moins) à travers un regard et un temps, réunis sans discours, mais par une action pas impuissante et en contre (ça n'empêche pas les mots et une émotion vive) mais le fait de montrer, de révéler et d'aimer aussi (ou d'abord) quelque part ce qui est devant l'objectif.

Y compris quand ça devient surréaliste comme les feux de puits de pétrole du Koweït.

Pas grand fanatique de l'image numérique (une partie des photos de Sebastião Salgado ou le film en lui même) j'ai été capté par l'image quasiment de bout en bout. L'absence de remise en question de quoi que ce soit dans l'oeuvre ou le travail peut surprendre, surtout que la question du rapport entre l'esthétique ou l'artistique de la photo avec son sujet morbide, affreux, etc. n'est pas posée. On peut dire que le film y répond implicitement de façon malgré tout assez directe.

Drôle de film a l'air lisse et très homogène, renforcé par quelques effets musicaux assez discrets mais qui malgré tout se remarquent. Le parti pris humaniste positiviste, fraternel a un sens qui mérite d'être reconnu. Mais apparemment, à en croire les quelques départs de la salle en cours de projection, ça peut poser problème ou frustrer.

C'est captivant, hallucinant, édifiant, mais c'est aussi un drôle de truc dont l'émotion gardée fraîche est bien palpable, tout comme une distance que l'on peut ressentir malgré tout le mouvement dans un seul sens des 1h50 du film.

Au moins à tenter tout de même, un peu plus même, ou beaucoup plus.

Carrément à tenter, Le sel de la terre. Objet étrange certes, mais que j'ai trouvé convaincant. Salle très remplie, personne n'est pas parti pendant la séance et à la fin les gens réagissaient de façon audible qui indiquait une vraie adhésion. Pas très constructif comme commentaire, tant pis.

Un film d'une grande beauté sur le photographe brésilien Sebastiao Salgado. Humaniste. Artiste. Il a parcouru le monde. Jusqu'au désespoir devant les horreurs commises sur les hommes, par les hommes...
Il en est revenu, et depuis, parallèlement à un travail de plantation d'arbres sur la terre brésilienne familiale, œuvre d'espoir qui réussit, il photographie maintenant la terre préservée (Genesis) et lui rend hommage .
L'homme peut encore sauver la terre, il est encore temps, c'est son message.


Le parcours extraordinaire de cet artiste est retracé dans ce film signé par Wim Wenders et par le propre fils de Sébastiao Salgado.

Une merveille à ne pas rater!