Fabienne Swiatly est née d'un père polonais et d'une mère allemande, en 1960 à Amnéville (Moselle). Elle est poète, romancière, nouvelliste et essayiste.
Elle anime des ateliers d’écriture et participe au collectif remue.net.
Elle a publié : Boire (Éditions TerreNoire, 2007), Gagner sa vie (La Fosse aux Ours, 2006) et Sans voix (En Forêt, 2006).
Elle vit à Lyon.
Unité de vie La fosse aux ours (Août 2011)-110 pages
- Citation :
- Unité de vie, c'est le face-à-face entre deux femmes. La plus âgée vient d'entrer dans un établissement médical. Elle n'en sortira plus. Elle laisse une maison, une famille, dont les contours s'estompent peu à peu. La plus jeune, sa belle-fille, d'origine bosniaque, se débat entre une vie de couple qui s'étiole et un passé ravagé par la guerre. Entre la femme qui perd la mémoire et celle qui veut la conserver à travers la photographie s'est nouée une relation forte.
La fosse aux ours publie peu, mais toujours de qualité, et dans un registre qui ne manque pas d’originalité. J’avais il y a 4 ans beaucoup apprécié
Palermo solo de Philippe Fusaro .Ce roman est court, mais bourré de sensibilité et de tendresse, et ce, malgré le sujet douloureux de la mémoire. Tout au long de ces pages, c’est en effet de mémoire dont il est question ; d’un côté la mémoire qui fuit, et de l’autre la mémoire qu’il faut garder à tout prix pour préserver et transmettre.
C’est un roman de femmes. L’une s’en va, tout doucement, l’autre, depuis peu est sur une autre voie. Tout les oppose, et pourraient se détester. L’une est la belle-mère de l’autre.
La première perd la mémoire, et se voit "placée " comme on dit. La seconde est Bosniaque, réfugiée politique, a des difficultés dans son couple, et a un désir irrépressible de raconter pour ne pas se perdre. C’est la narratrice.
« Mon prénom qui se tient en équilibre sur l’incertain de sa mémoire et qu’elle prononce d’un coup avec l’urgence dans la voix. Mon soulagement de l’entendre me nommer car le jour viendra où je serai pour elle un visage sans importance. »A une époque où nous parlons de pus en plus de celles et ceux qui perdent la mémoire, et avouons le nous que cela nous fait atrocement peur, ce livre m’a apporté beaucoup de douceur et e tendresse. Il est si cruel de voir d’éteindre celles et ceux qui en souffre. S’en occuper au quotidien amène au découragement et à l’impuissance, épuise même.
Ce livre apporte une réflexion sur la manière d’appréhender le sujet et aider à une approche différente de ces personnes.
« Comment ne pas penser à son propre vieillissement, celui qui fait peur parce que non-conforme à celui dont tout le monde rêve. »Une question de la narratrice m’a énormément interpellée :
« Sans mémoire, le désir est-il encore possible ? »Au-delà d’une réponse qui à elle seule pourrait occuper des pages et des pages, c’est de la dignité de la personne âgée, et surtout de celle dont les fonctions cognitives sont amoindries dont il est question…….une question que je n’ai pas pu ne pas relier à mon quotidien professionnel….
Encore un exemple de la tendresse et de la douceur qui relient ces deux femmes :
« Mais non tu n’es pas morte. Tu ne peux mourir que dans mes bras. »
Ce livre qui montre une vieillesse comme on voudrait l’éviter à ses proches, et se l’éviter aussi, n’est pourtant pas triste du tout. Il est serein. Je l’ai vu comme une passerelle….un trait d’union, entre deux vies.
Osez aller à la rencontre de ce livre dont je ne connaissais pas l’auteur –juste l’éditeur- et que j’ai choisi seulement pour l’enthousiasme de ma libraire qui c’est vrai m’oriente toujours judicieusement.