Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Emile Zola

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Marko
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Marko


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MessageSujet: Re: Emile Zola   zola - Emile Zola - Page 8 EmptyJeu 24 Sep 2009 - 20:27

moinonplus a écrit:
Oui oui Et c'est grâce à Kenavo, c'est à elle que revient le mérite.

C'est un excellent professeur quand on arrive bonjour
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kenavo
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MessageSujet: Re: Emile Zola   zola - Emile Zola - Page 8 EmptyJeu 24 Sep 2009 - 20:31

chut cela me fait plaisir d'aider un peu Very Happy
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moinonplus
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MessageSujet: Re: Emile Zola   zola - Emile Zola - Page 8 EmptyVen 9 Oct 2009 - 14:01

La Bête humaine. Emile Zola

Il y a quelques jours j’ai terminé la lecture du dix-septième roman du cycle des Rougon-Macquart, publié en 1890.
Zola avait écrit « Je voudrais, après le Rêve, faire un roman tout autre, d’abord dans le monde réel, puis sans description, sans art visible, sans effort, écrit d’une plume plus courante ; du récit simplement ; et comme sujet un drame violent à donner le cauchemar à tout Paris, quelque chose de pareil à Thérèse Raquin, avec un côté de mystère, l’au-delà, quelque chose qui ait l’air de sortir de la réalité ». Zola accentue l’idée en ajoutant qu’il veut que le roman soit « à la fois très vrai et fantomatique, avec une grandeur et comme une fureur poétique par-dessus. »

Dans le roman où le train est présenté comme le temps qui passe et ne s’arrête point, on le voit aussi comme un symbole de la mort. Il est bien l’emprunte du progrès industriel, pourtant ce progrès ne semble point améliorer les destinées humaines. L’homme nourrit par la folie meurtrière est dépossédé de tout raisonnement logique, ou d’une quelconque éducation. Au dessus de sa volonté, il devient la proie d’une violence qui agit contre sa raison. Zola reprochait en effet à Stendhal de ne pas donner aux éléments physiologiques de l’homme sa part d’intérêt dans ses romans. Hérédité, pulsion, généalogie sont les points principaux par lesquelles Zola trace ses idées.
On remarque quand même, que c’est un naturalisme différent que développe Zola par rapport aux publications précédentes. Il joue avec le mystère, le fantastique ; et peint presque dans la locomotive la Fatalité. Les chemins de fer n’ont plus cette caractéristique de progrès technique, ils évoquent des démons héréditaires et sociaux!

Ce moi, qui est poussé par l’atavisme, qui ne peut combattre son instinct héréditaire, fini par y céder, pour enfin apaiser son envie de voir la mort prendre sa victime. « Jacques s’étonna. Il entendait un reniflement de bête, grognement de sanglier, rugissement de lion ; il se tranquillisa, c’était lui qui soufflait ». Un moi qui n’a pas de valeurs morales, ni de conscience professionnelle, c’est la Bête humaine qui s’éveille chez Jacques Lantier, au près de tout contact sensuel. La sensualité n’est pas un thème nouveau. Les fleurs de mal de Baudelaire, Madame Bovary de Flaubert, avaient déjà ouvert la voie au thème de la sensualité ; mais Zola va plus loin, cette passion devient un rut, la bestialité de l’homme qui réduit son état normal ; il n’est plus maître de ses actions. « Il fixait sur Séverine ses yeux fous, il n’avait plus que le besoin de la jeter morte sur son dos, ainsi qu’une proie qu’on arrache aux autres ».
C’est le roman de l’instinct, de l’animalité, de la convoitise charnelle. Zola fait de son roman un miroir où se réfléchit l’inconscient de l’homme,-la Bête humaine-.

C'était une lecture fabuleuse.

content
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Marko
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Marko


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MessageSujet: Re: Emile Zola   zola - Emile Zola - Page 8 EmptyVen 9 Oct 2009 - 15:42

moinonplus a écrit:
La Bête humaine. Emile Zola
C'était une lecture fabuleuse. content

Beau commentaire. C'est le souvenir que j'en ai et l'impression que m'ont fait L'assommoir, Nana, L'oeuvre et La Terre plus récemment. On n'est pas un "classique" de ce niveau pour rien! J'attends toujours l'avis des détracteurs...
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moinonplus
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MessageSujet: Re: Emile Zola   zola - Emile Zola - Page 8 EmptySam 10 Oct 2009 - 11:44

Je devrais bientôt me lancer dans la lecture de L’oeuvre et de La Terre. Histoire de mieux connaître Zola. Very Happy
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Marko
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MessageSujet: Re: Emile Zola   zola - Emile Zola - Page 8 EmptyMar 2 Mar 2010 - 18:03

La faute de l'abbé Mouret
zola - Emile Zola - Page 8 97820710

Retour à mon cher Zola avec l'histoire de ce jeune prêtre partagé entre sa foi et son appel au plaisir des sens. L'abbé Mouret a choisi, après sa formation religieuse, de s'installer dans le petit village des Artaud, isolé et fermé sur lui-même, dans la campagne provençale. Il y découvre une population un peu archaïque où la consanguinité est la règle depuis des générations. Les moeurs y sont très libres malgré le regard désapprobateur du rigide frère Archangias pour lequel la femme est une créature maléfique qui voue l'homme à sa perte dans la plus pure tradition du pêché originel. L'abbé Mouret est troublé par cette atmosphère à la fois aride et sensuelle de la nature environnante et surtout par sa rencontre avec une jeune femme qui vit avec son oncle dans un étrange château en ruine. Ce trouble se métamorphose dans un premier temps en dévotion de plus en plus délirante envers la vierge Marie, aidé en cela par la fièvre typhoïde qui provoque des hallucinations. Il est conduit par le Docteur Pascal au château pour sa convalescence et il va découvrir l'amour et le plaisir dans une nature qui évoque une sorte de paradis originel (le domaine s'appelle d'ailleurs le "Paradou"). Après le principe de plaisir, c'est au principe de réalité de reprendre ses droits et la 3e partie correspond au renoncement à cette passion qui finit en tragédie.

La 1ere partie est extraordinaire et comporte comme dans tous les romans de Zola des scènes d'anthologie. Du lever du soleil à l'intérieur de l'église pendant la messe (des descriptions incroyables qui ont du fasciner Huysmans qui adorait ce roman) aux descriptions de la nature, de la visite du château isolé aux hallucinations de l'abbé... La manière dont Zola montre la contamination mentale de ce foisonnement sensuel de la nature et du trouble qu'elle génère est impressionnante. On atteint un paroxysme littéraire stupéfiant (dans tous les sens du terme) dans ces invocations mystiques à la vierge.

La 2nde partie dans le château avec ce jardin d'Eden peut paraître plus mièvre et un peu longue mais les descriptions de la nature y sont magnifiques et lyriques. Il faut se laisser bercer par ces phrases envoûtantes et profiter de ce moment de paix et de bonheur éphémères.

La 3e et dernière partie est plus dramatique et il montre la mort du désir en même temps qu'il tente de nous faire comprendre la nature et les causes de ce renoncement. Il y a des séquences très émouvantes.

On suit le mouvement des saisons et l'automne succède donc au printemps du début de ce roman et à l'été de la passion. Le sujet principal de ce livre étant cette fois la nature elle-même qui est un personnage à part entière dont il décrit tous les frémissements, les mutations. C'est d'une grande richesse littéraire. Son style a beaucoup de force.

Vivement le prochain...
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MessageSujet: Re: Emile Zola   zola - Emile Zola - Page 8 EmptyMar 2 Mar 2010 - 18:23

Merci pour ce beau commentaire! Ça me donne envie de le relire (c'est un de mes préférés). J'aime beaucoup quand l'écriture foisonnante de Zola prend ce ton onirique et fiévreux.
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Marko
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MessageSujet: Re: Emile Zola   zola - Emile Zola - Page 8 EmptyMar 2 Mar 2010 - 18:29

Nezumi a écrit:
Merci pour ce beau commentaire! Ça me donne envie de le relire (c'est un de mes préférés). J'aime beaucoup quand l'écriture foisonnante de Zola prend ce ton onirique et fiévreux.

Je le voyais jusqu'ici davantage dans un registre naturaliste et la poésie lui va bien! Quel talent!
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MessageSujet: Re: Emile Zola   zola - Emile Zola - Page 8 EmptyMar 2 Mar 2010 - 18:40

Oui, c'est ça qui est génial chez Zola, cette multitude de registres. La Bête humaine est à mi-chemin entre naturalisme et fantasme (là je crois que c'est mon préféré de tous).

Bonne lecture de autres! Very Happy
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coline
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MessageSujet: Re: Emile Zola   zola - Emile Zola - Page 8 EmptyMar 2 Mar 2010 - 19:10

Marko a écrit:


Je le voyais jusqu'ici davantage dans un registre naturaliste et la poésie lui va bien! Quel talent!

C'est aussi ce que je me suis dit...Ce roman est très largement poétique...Une veine que je ne connaissais pas vraiment chez Zola...Une découverte!
Je ferai aussi mon petit topo, j'ai terminé ma lecture hier ... content
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MessageSujet: Re: Emile Zola   zola - Emile Zola - Page 8 EmptyDim 11 Avr 2010 - 14:52

J'ai lu mon premier livre de Zola cette année , grâce à l'école ( je suis en seconde) . C'était "Au bonheur des Dames " . Pas un des meilleurs pour moi mais ça m'a donné envie de lire plus de livres de Zola . Ce que je n'ai pas tardé à faire : j'ai lu "Thérèse Raquin" - qui mais j'ai aussi entamé la lecture de l'oeuvre colossale des Rougon - Maquart , j'ai lu "Nana" , "Le Rêve" , et je viens juste de terminer "Une page d'amour" . Je trouve ces livres tout simplement magnifique , ils me transportent carrément, et si quelques fois les descriptions sont un peu longues ( c'est le propre du réalisme) , c'est pour mieux apprécier les moments d'action . Zola me fascine , et chaque livre que je termine me donne envie d'en commencer un nouveau . Mais selon les dicussion , "L'Assomoir" a l'air l'un des plus appréciés. Je vais donc me lancer dedans au plus vite ! zola - Emile Zola - Page 8 Icon_cheers
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Marko
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MessageSujet: Re: Emile Zola   zola - Emile Zola - Page 8 EmptyDim 11 Avr 2010 - 14:55

LunaStella a écrit:
Mais selon les dicussion , "L'Assomoir" a l'air l'un des plus appréciés. Je vais donc me lancer dedans au plus vite ! zola - Emile Zola - Page 8 Icon_cheers

Ah oui! C'est une bombe cet Assommoir! J'ai encore en tête chaque image qu'il a créée par la magie de son style.
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: Emile Zola   zola - Emile Zola - Page 8 EmptyDim 11 Avr 2010 - 19:11

J'ai lu souvent Zola, plus jeune (je devrais relire d'ailleurs) je me souviens de la faute de l'abbé Mouret mais pas assez pour des impressions de lecture.

merci Marko
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Steven
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MessageSujet: Re: Emile Zola   zola - Emile Zola - Page 8 EmptyLun 19 Avr 2010 - 22:54

Au bonheur des dames, je l'avais particulièrement apprécié. Chez Zola, LA curée, l'Argent, la joie de vivre... Bien d'autres encore. Mais pour rejoindre un peu Marko, c'est dans Le ventre de Paris que je retrouve toute la puissance poétique de Zola, lorsqu'il donne vie à ces entrailles chaudes et pleines de vie. Que des pages semblent émaner les odeurs et les couleurs des étals du marché.

Citation :
Mais Claude était monté debout sur le banc, d’enthousiasme. Il força son compagnon à admirer le jour se levant sur les légumes. C’était une
mer. Elle s’étendait de la pointe Saint-Eustache à la rue des Halles, entre les deux groupes de pavillons. Et, aux deux bouts, dans les deux carrefours,
le flot grandissait encore, les légumes submergeaient les pavés. Le jour se levait lentement, d’un gris très doux, lavant toutes choses d’une
teinte claire d’aquarelle. Ces tas moutonnants comme des flots pressés, ce fleuve de verdure qui semblait couler dans l’encaissement de la chaussée,
pareil à la débâcle des pluies d’automne, prenaient des ombres délicates et perlées, des violets attendris, des roses teintés de lait, des verts
noyés dans des jaunes, toutes les pâleurs qui font du ciel une soie changeante au lever du soleil ; et, à mesure que l’incendie du matin montait
en jets de flammes au fond de la rue Rambuteau, les légumes s’éveillaient davantage, sortaient du grand bleuissement traînant à terre.
Les salades, les laitues, les scaroles, les chicorées, ouvertes et grasses encore de terreau, montraient leurs coeurs éclatants ; les paquets
d’épinards, les paquets d’oseille, les bouquets d’artichauts, les entassements de haricots et de pois, les empilements de romaines, liées d’un
brin de paille, chantaient toute la gamme du vert, de la laque verte des cosses au gros vert des feuilles ; gamme soutenue qui allait en se mourant,
jusqu’aux panachures des pieds de céleris et des bottes de poireaux.
Mais les notes aiguës, ce qui chantait plus haut, c’étaient toujours les taches vives des carottes, les taches pures des navets, semées en quantité
prodigieuse le long du marché, l’éclairant du bariolage de leurs deux couleurs. Au carrefour de la rue des Halles, les choux faisaient des montagnes
; les énormes choux blancs, serrés et durs comme des boulets de métal pâle ; les choux frisés, dont les grandes feuilles ressemblaient à des
vasques de bronze ; les choux rouges, que l’aube changeait en des floraisons superbes, lie-de-vin, avec des meurtrissures de carmin et de
pourpre sombre. A l’autre bout, au carrefour de la pointe Saint-Eustache, l’ouverture de la rue Rambuteau était barrée par une barricade de potirons
orangés, sur deux rangs, s’étalant, élargissant leurs ventres. Et le vernis mordoré d’un panier d’oignons, le rouge saignant d’un tas de tomates,
l’effacement jaunâtre d’un lot de concombres, le violet sombre d’une grappe d’aubergines, çà et là, s’allumaient ; pendant que de gros
radis noirs, rangés en nappes de deuil, laissaient encore quelques trous de ténèbres au milieu des joies vibrantes du réveil.
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MessageSujet: Nana   zola - Emile Zola - Page 8 EmptyDim 25 Avr 2010 - 12:04

Nana

zola - Emile Zola - Page 8 97822510

« Nana » est le neuvième volume de la série « Les Rougon-Macquart ou l’histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire », fresque écrite entre 1871 et 1893 et qui regroupe vingt romans au total.

Publié en 1880, Émile Zola s’inspire de Blanche Dantigny pour son personnage principal, actrice médiocre mais courtisane et demi-mondaine des plus courues du Second Empire.

zola - Emile Zola - Page 8 Penite10

Nana est donc l’histoire d’une courtisane de dix-huit ans qui commence son ascension en interprétant – fort mal mais très joliment dévêtue – le rôle de Vénus au théâtre des Variétés de Paris. Si le talent lui manque, la rondeur de ses cuisses, son fameux coup de hanche, sa chevelure rousse flamboyante, sa petite bouche rouge et ses grands yeux d’un bleu très clair font le reste :
Citation :
« Nana était si blanche et si grasse, si nature dans ce personnage fort des hanches et de la gueule, que tout de suite elle gagna la salle entière.
[…]Dès ce second acte, tout lui fut permis, se tenir mal en scène, ne pas chanter une note juste, manquer de mémoire ; elle n’avait qu’à se tourner et à rire, pour enlever les bravos. Quand elle donnait son fameux coup de hanche, l’orchestre s’allumait, une chaleur montait de galerie en galerie jusqu’au cintre. Aussi fut-ce un triomphe, lorsqu’elle mena le bastringue. Elle était là chez elle, le poing à la taille, asseyant Vénus dans le ruisseau, au bord du trottoir. Et la musique semblait faite pour sa voix faubourienne, une musique de mirliton, un retour de foire de Saint-Cloud, avec des éternuements de clarinette et des gambades de petite flûte. »
Le public masculin est grisé et comme ensorcelé, et on ne compte plus les coups de sonnette à sa porte les jours qui suivent sa première représentation :
Citation :
« Trois fois, coup sur coup, la sonnerie avait tinté. Les appels du timbre se précipitaient.
Il y en avait de modestes, qui balbutiaient avec le tremblement d’un premier aveu ; de hardis, vibrant sous quelque doigt brutal ; de pressés, traversant l’air d’un frisson rapide. Un véritable carillon, comme disait Zoé, un carillon à révolutionner le quartier, toute une cohue d’hommes tapant à la file sur le bouton d’ivoire. Ce farceur de Bordenave avait vraiment donné l’adresse à trop de monde, toute la salle de la veille allait y passer. »
L’heure de gloire est enfin arrivée ! Nana passe de la gêne et des petites passes pour arrondir ses fins de mois aux hommes riches et célèbres dont Muffat, haut dignitaire de l’Empire et homme d’une grande piété réputé pour sa chasteté mais que Nana envoûtera et humiliera sans peine. Il ne sera pas le seul à y laisser ses plumes, d’autres hommes suivront ou s’intercaleront, c’est selon :
Citation :
« Ce fut l’époque de son existence où Nana éclaira Paris d’un redoublement de splendeur. Elle grandit encore à l’horizon du vice, elle domina la ville de l’insolence affichée de son luxe, de son mépris de l’argent, qui lui faisait fondre publiquement les fortunes. Dans son hôtel, il y avait comme un éclat de forge. Ses continuels désirs y flambaient, un petit souffle de ses lèvres changeait l’or en une cendre fine que le vent balayait à chaque heure. Jamais on n’avait vu une pareille rage de dépense. L’hôtel semblait bâti sur un gouffre, les hommes avec leurs biens, leurs corps, jusqu’à leurs noms, s’y engloutissaient, sans laisser la trace d’un peu de poussière. »

Si Nana peut sembler superficielle et vénale, conduisant ses amants à la ruine, au suicide, aux vols et escroqueries pour subvenir à ses besoins démentiels, ce n’est pas faute de les avoir repoussés en refusant sans cesse leur demande en mariage. Elle n’échappera d’ailleurs pas elle-même aux tourments et aux désillusions de l’amour, connaissant des revers douloureux qui la mèneront encore plus loin sur le sentier de la perdition.

Tout cela finira mal… forcément ! Si l’ascension et la gloire d’une capricieuse courtisane symbolisent la décadence et la corruption du Second Empire, la petite vérole dont sera atteinte Nana incarne quant à elle la fin de l'Empire.
Citation :
« Vénus se décomposait. Il semblait que le virus pris par elle dans les ruisseaux, sur les charognes tolérées, ce ferment dont elle avait empoisonné un peuple, venait de lui remonter au visage et l’avait pourri »
« Nana » de Emile Zola connaîtra un succès immense dès sa publication, succès qui ne sera jamais démenti dans la mesure où cette œuvre reste toujours de nos jours l’un des tomes les plus lus du cycle des Rougon-Macquart. Un régal de lecture qui m’a donnée envie de reprendre le cycle depuis le début, c’est dire !

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