La planète des singes [Rupert Wyatt]

"Cesar is at home"

Extra! Dans un registre de cinéma d'action hollywoodien de qualité ce film est une formidable réussite. Rythmé à la perfection, sidérant de réalisme avec une avancée considérable des effets spéciaux (les singes sont hallucinants), constamment prenant. Le scénario est assez simple mais intelligent et le résultat est un divertissement jubilatoire. Il y aura des grincheux mais pour ma part j'attends la suite avec beaucoup d'impatience. Prix d'interprétation à Cesar et à l'Orang-Outan (mais James Franco est pas mal aussi).

Alors, je vais être un grincheux....
Plus sérieusement, le film est tout à fait honorable tant le pari pouvait sembler risqué : le scénario est efficace et cohérent jusqu'au bout, offrant des moments très intenses grâce à l'ampleur de la relation entre Will et César.
Cependant, la plupart des personnages secondaires sont inexistants et la mise en scène est au mieux fonctionnelle, ne parvenant pas à s'approprier les ambiguités que le récit tisse avec conviction. Et je reste perplexe face aux effets spéciaux....certes, ils sont impressionnants, mais à force de rechercher à "humaniser" les singes (dans la gestuelle et les regards), Rupert Wyatt provoque un simple renversement des rapports de force, bien trop schématique dans ses maladresses.

J'aime la facon dont il transforme le centre du film en transposition de huis clos carceral avec ses rapports de force et son Organisation hierarchique. la limite du film etant de suggerer que l'humanisation des singes libere aussi leur agressivite. Mais il y a plein de moments intenses. Ca reste un film d'action efficace!

Le huit clos est en effet très prenant, ce qui permet de repousser au maximum une explosion longtemps attendue. De ce point de vue, les changements de rythme sont souvent réussis.

J'allais y aller, pour voir, maintenant je suis franchement intriguée !

Marko a écrit:

"Cesar is at home"

Extra!

Sans aucun doute pour moi le pire moment de cinéma de l'année. J'aimerais qu'un jour un singe puisse nous dire la manière dont il voit les humains... Ce film est bourré de clichés sur notre propre manière d'humaniser les animaux, un antropomorphisme débilitant parce qu'il sous-entend que l'homme est nécessairement supérieur à l'animal. Ce dont je ne suis vraiment pas sûre... Un scénario sans surprise, c'est le moins que l'on puisse dire et personnellement je n'ai pas vu de singes mais de pseudo vision animale humanisée, ce qui est déprimant.

Effroyable !

shanidar a écrit:

Ce film est bourré de clichés sur notre propre manière d'humaniser les animaux, un antropomorphisme débilitant parce qu'il sous-entend que l'homme est nécessairement supérieur à l'animal. Ce dont je ne suis vraiment pas sûre... je n'ai pas vu de singes mais de pseudo vision animale humanisée, ce qui est déprimant.

Je ne te comprends pas bien. C'est tout le propos de ce film que de donner une tentative d'explication à ce qui a conduit au roman de Pierre Boulle (certes bien plus philosophique) et à son adaptation cinématographique avec "La planète des singes". Comment des singes en sont ils venus à accéder à l'intelligence adaptative et au pouvoir alors que les humains sont retournés à un état primitif et à l'esclavage? "Les origines" montre qu'un traitement inédit pour Alzheimer a permis à ces singes de développer leurs capacités d'interagir avec leur environnement (ce qu'on considère habituellement comme l'intelligence) puis à s'affranchir de l'asservissement des humains pour s'organiser entre eux (non pas pour prendre le pouvoir comme finalité mais seulement se donner les moyens de recouvrer leur liberté en retournant dans leur environnement naturel). Ils acquièrent une conscience qui leur donne une emprise plus grande sur leur environnement. Et contrairement à ce que tu suggères l'accès à une forme d"'humanité" ne correspond pas à une sorte de "supériorité" mais bien à une forme de violence et de capacité destructrice sur l'environnement qui par chance ne demeure que partielle chez eux (le temps de se battre) alors qu'elle nous anéantit. Leur "animalité" perdure sous la forme d'une organisation qui les mène à ne vouloir que leur tranquillité à l'écart des hommes. Ce qui rend d'ailleurs la relation entre César et James Franco si ambivalente et émouvante. Ils ne sont pas devenus des "humains" mais des singes plus intelligents et capables de choisir leur mode de vie. Le roman de Pierre Boulle montre ce qui se passe après quand les singes finissent malgré tout par domestiquer les humains devenus trop primitifs et dangereux (d'autant plus qu'ils connaissent leur histoire et la gardent secrète).

J'ai aimé la façon dont ce film de pure distraction (formidablement rythmé et efficace) nous raconte en même temps comment se passe cette mutation et l'organisation qu'elle permet. Il montre aussi justement qu'humanité ne rime pas avec supériorité. L'intelligence et l'humanité étant 2 choses différentes.

c'est en effet tout le propos qui m'échappe complètement, car le ils sont devenus des singes capables de choisir leur mode de vie est contre-nature, un singe est naturellement capable de choisir son mode de vie (sinon il n'en existerait plus) ; pour moi, la dose de virus ne les fait pas devenir plus intelligents mais les fait redevenir des singes (qui ne nous ont pas attendus pour s'organiser et vivre en bonne entente, on sait par exemple à force d'observation que l'épouillage est un code social qui évite les conflits, on sait par ailleurs que les singes connaissent la propriété : ils ne prennent pas les femelles de l'autre ou alors ils s'attendent à une crise, on sait que les singes bonobo peuvent apprendre à écrire et certaines formes de syntaxe et alors ? ils n'ont pas attendu une dose de médicament pour développer leur intelligence). Non je trouve que le film n'est pas une bonne démonstration, il s'agit plutôt d'un leurre pour nous faire croire que l'action de l'homme est toute-puissante et par la même forcément dangereuse, c'est nous donner trop d'importance.

shanidar a écrit:

c'est en effet tout le propos qui m'échappe complètement, car le ils sont devenus des singes capables de choisir leur mode de vie est contre-nature, un singe est naturellement capable de choisir son mode de vie (sinon il n'en existerait plus)

Dans le film ils sont privés de leur mode de vie naturel et l'accès à l'intelligence leur permet d'y revenir en s'adaptant (tout l'épisode carcéral avant de fuir vers la forêt). Ceci dit le propos de Pierre Boulle dans son roman était de proposer une sorte de conte philosophique inversant le rapport homme/animal pour dénoncer de manière anthropomorphique (effectivement), mais aussi avec beaucoup d'humour, les comportements humains dans tous leurs excès. C'est une satire qui dénonce la vanité, la soif de pouvoir, la cruauté envers les autres espèces (mais aussi les siens), le dogmatisme... Ce modeste film qui se situe avant est plus terre à terre et va davantage dans le sens d'une préservation de la nature animale de ces singes malgré l'accès à une plus grande intelligence. Reste à voir quelle étape suivante les a conduit à devenir des anthropomorphes plus inquiétants! De la SF pas trop idiote c'est quand même pas pas si fréquent! Mais on peut surtout le voir comme un divertissement visuellement étonnant.

trop de tautologie à mon goût, mais ce n'est vraiment pas important.

en tout cas je vais voir Melancholia vendredi et j'ai hâte de retrouver Charlotte Gainsbourg qui est loin d'être une guenon, elle

shanidar a écrit:

en tout cas je vais voir Melancholia vendredi et j'ai hâte de retrouver Charlotte Gainsbourg qui est loin d'être une guenon, elle

C'est sûr! Et pas une actrice virtuelle (on y viendra!).