Lynne Ramsay

Queenie, tu te rends compte que tu fais de la peine à Marko ?

Bon, dans ma bonne ville, le film est annoncé mais toujours pas programmé. Zut, alors.

traversay a écrit:

Queenie, tu te rends compte que tu fais de la peine à Marko ?

Bon, dans ma bonne ville, le film est annoncé mais toujours pas programmé. Zut, alors.

Je sais.
Mais c'est lui qui a commencé à me faire de la peine. Je devais pas spécialement aller le voir ce film, et il m'a convaincue... et voilà ! (alors que je zappe Attenberg par exemple, à cause de ça... Bouuuuuh).

Queenie a écrit:

traversay a écrit:

Queenie, tu te rends compte que tu fais de la peine à Marko ?

Bon, dans ma bonne ville, le film est annoncé mais toujours pas programmé. Zut, alors.

Je sais.
Mais c'est lui qui a commencé à me faire de la peine. Je devais pas spécialement aller le voir ce film, et il m'a convaincue... et voilà ! (alors que je zappe Attenberg par exemple, à cause de ça... Bouuuuuh).

Je déteste Attenberg !

traversay a écrit:

Queenie a écrit:

traversay a écrit:

Queenie, tu te rends compte que tu fais de la peine à Marko ?

Bon, dans ma bonne ville, le film est annoncé mais toujours pas programmé. Zut, alors.

Je sais.
Mais c'est lui qui a commencé à me faire de la peine. Je devais pas spécialement aller le voir ce film, et il m'a convaincue... et voilà ! (alors que je zappe Attenberg par exemple, à cause de ça... Bouuuuuh).

Je déteste Attenberg !

Wè, ben peut-être bien que je ferais mieux d'aller à l'inverse de vos coups de coeur si vous continuez à m'entraîner voir des films qui m'ennuient (et de toute façon Attenberg c'est mort maintenant, il ne doit plus être beaucoup programmé, et après mon plouf de Kevin je n'ai pas envie de trop prendre de risque alors j'irais mater les filles à poil d'Apollonide !)

ça alors! Que tu t'ennuies avec Apichatpong je comprends mais là c'est quand même drôlement tendu, glaçant, perturbant... Je n'ai pas ressenti de lenteur. On flotte, c'est atmosphérique, mental, oui mais pas vraiment lent? Dommage. Apparemment tu n'es pas la seule à ne pas aimer en tout cas! Est-ce que je vois vraiment les même films ? Ils ont peut-être des copies secrètes sur Lille

Le film m'a aussi fait découvrir ce truc hallucinant qu'est La Tomatina en Espagne... Je connaissais la Feria de Pampelune mais alors là ils vont loin dans le grand n'importe quoi!


Dans le film ça donne droit à une séquence d'introduction onirique immédiatement troublante et qui suggère une assez bonne représentation mentale de la culpabilité de cette mère traumatisée qui s'imagine éclaboussée et ensevelie par le sang versé par son fils. C'est le petit côté "Carrie au bal du diable" du film.

Marko a écrit:

Le film m'a aussi fait découvrir ce truc hallucinant qu'est La Tomatina en Espagne... Je connaissais la Feria de Pampelune mais alors là ils vont loin dans le grand n'importe quoi!


Dans le film ça donne droit à une séquence d'introduction onirique immédiatement troublante et qui suggère une assez bonne représentation mentale de la culpabilité de cette mère traumatisée qui s'imagine éclaboussée et ensevelie par le sang versé par son fils. C'est le petit côté "Carrie au bal du diable" du film.

Je connaissais ce truc moi (nananana), mais ... voilà... comme pour tout le reste du film (ce rouge récurrent partout, notamment), c'est juste là pour faire métaphore, sens, profondeur, etc... dans le récit ça ne sert à rien. C'est artificiel, du coup, je trouve. Genre : j'aime ce truc, ça collerait bien comme tableau joliment glauque de mon film, ça en rajoutera une couche gratuite.

Plus j'y pense, plus ce film me laisse un goût de démonstratif.

-We need to talk about Kevin-

Marko a écrit:

Un des films les plus intenses de l'année. Une bombe, un uppercut, un cauchemar éveillé, un film d'horreur pourtant bien ancré dans le réel.

Oh que oui! J'y suis allée non pas l'âme légère mais sans connaissances autres que celles qui me restaient vaguement de ce fait divers, c'est à dire pas grand chose. Le souvenir d'un carnage orchestré par un gosse dans un lycée aux USA. J'en suis ressortie hébétée, complètement sous le choc on peut dire.

A l'instar de Marko j'ai totalement été happée dès le début du film, ces images au ralenti, de maelstrom humain se mouvant dans une sorte de vague indéfinie, à la fois rieuse et sanguinaire, confusément perverse, est déjà un must en soi. Trop manifeste pour certains comme Queenie sans doute, mais elle a le mérite d'être marquante. Et annonciatrice du pire...
On retient aussi cette image très forte avec la sensation de fatalité dramatique, portée par la lenteur, de ce voilage flottant entre deux univers, l'avant et l'après, et dont on aura la vision plus tard, comme une boucle qui se referme. Entre les deux, les flash back et le parcours de cette femme courage qui tente de comprendre, et dont le regard hagard ou désespéré masque toute la misère d'un monde qui lui échappe.

Comment on est on arrivé là, qu'est-ce qui a bien pu, pourquoi?...Toutes ces questions, la mère aussi bien que le spectateur lambda n'a de cesse de se les poser. Une naissance non calculée, un accouchement difficile, et un enfant différent et très réfractaire peuvent ils expliquer l'enrayement infernal de la suite. Où chercher les responsabilités? Qui aurait dû et quoi? Ces confrontations entre Kevin enfant et sa mère sont terribles par leur violence refoulée, ce bras de fer qui jamais ou si peu ne faiblit. On attend une faille, l'instant où les coeurs vont se frôler, et quand il surgit- dans ce passage où elle lui lit un conte- c'est toute la salle qui reprend son souffle.

On en ressort donc lessivé avec toutes ces questions en bandoulière car la réponse n'est jamais certaine. D'ailleurs la cinéaste se garde bien de nous aider et nous laisse toute liberté pour y réfléchir. Tout est là, recherche d'amour, de repères, manipulation, faiblesses, renoncement, quelque chose de sournois et inéluctable à la fois qui grossit dans les regards, une bête féroce qui prend forme sans qu'on puisse stopper le désastre. Un énorme sentiment de solitude et d'incompréhension surtout dans ce rapport filial dépassé par les contingences et probablement aussi par l'inconsistance du père.
Terrible et dérangeant car au final on n'est pas tout à fait sûr que Kevin soit un monstre et surtout qu'il en soit conscient. Un coup de massue qui va me poursuivre encore un moment. Un coup de maître!

Queenie a écrit:

We need to talk about Kevin... ou comment je suis complètement passée à côté d'un film monstre...

Je suis un peu embêté là. Ni pétrifié d'enthousiasme comme Marko et Aeriale, ni terrassé d'ennui comme Queenie. Simplement tiède sur un film qui n'a pas eu de prise sur moi, du moins pas autant que j'en attendais. Déjà, j'avais trop d'informations avant d'y aller et je pensais tout de même assister à une déflagration. Négatif. J'admets la brillance de la mise en scène, l'intensité des face à face entre l'adolescent et sa mère, le mystère quant à la personnalité du "monstre". En revanche, je rejette la sursymbolisme (la couleur rouge, ok, on a compris), la confusion entretenue de la première partie avec ses allers et retours incessants dans l'espace-temps. Je n'irai pas jusqu'à parler de "purge arty-farty" (Les Inrocks) ou de "petit cinéma crâneur et condescendant" (Les Cahiers), mais il y a de cela, quand même. Ah le regard méphistophélique de Kevin ! Oh, le visage constamment consterné de sa génitrice (Tilda Swinton est moyenne, je trouve. Surtout comparé à sa partition dans Julia de Zonca, pour ne citer qu'un rôle). En somme, j'ai passé un moment presque confortable devant ce film, y trouvant un certain intérêt, mais sans jamais y voir autre chose qu'un regard de cinéaste, un exercice de style manipulateur, aux ficelles parfois grossières et jamais réalistes. Ne pas être touché par We need about Kevin, est-ce que cela fait de moi un monstre ?

C'est vrai qu'on peut y voir des effets arty prétentieux. J'y vois plutôt une immersion impressionnante dans la psyché d'une femme extrêmement ambiguë. J'ai adoré me laisser flotter entre réalité et fantasmes à travers cet achoppement temporel de souvenirs et d'intrusions brutales de flashs traumatiques. C'est très brillant et rarement montré avec une telle intensité. ça change des récits linéaires qui auraient raconté cette histoire chronologiquement et à distance. Ici on est constamment dans la tête de cette femme. C'est une sorte de long cauchemar plutôt éprouvant.

traversay a écrit:

En revanche, je rejette la sursymbolisme (la couleur rouge, ok, on a compris),

Ce n'est pas vraiment du sursymbolisme. C'est juste la façon dont ses rêves lui font revivre à la fois le traumatisme de la tuerie et la violence des voisins hostiles qui jettent des tomates sur sa maison. J'aime d'une manière générale dans le film la façon dont l'histoire est davantage racontée de façon sensorielle que de façon concrète. On éprouve physiquement et moralement son calvaire. ça m'a secoué par identification.

A condition de marcher d'emblée, Marko. J'aurais bien voulu arriver vierge devant le film. Je ne l'étais pas et, dans un sens, j'ai plutôt regardé la façon dont c'était fait, sans jamais être pris par l'histoire. Pas traumatisant pour un sou, je l'ai trouvé cool, ce film

traversay a écrit:

A condition de marcher d'emblée, Marko. J'aurais bien voulu arriver vierge devant le film. Je ne l'étais pas et, dans un sens, j'ai plutôt regardé la façon dont c'était fait, sans jamais être pris par l'histoire. Pas traumatisant pour un sou, je l'ai trouvé cool, ce film

Tu avais vu Morvern Callar? C'était plus fauché mais il y avait déjà cette envie de créer des climats mentaux avec une bande son originale. On plane pas mal dans son cinéma.

Marko a écrit:

traversay a écrit:

En revanche, je rejette la sursymbolisme (la couleur rouge, ok, on a compris),

Ce n'est pas vraiment du sursymbolisme. C'est juste la façon dont ses rêves lui font revivre à la fois le traumatisme de la tuerie et la violence des voisins hostiles qui jettent des tomates sur sa maison. J'aime d'une manière générale dans le film la façon dont l'histoire est davantage racontée de façon sensorielle que de façon concrète. On éprouve physiquement et moralement son calvaire. ça m'a secoué par identification.

Les trucs rouges c'est dans la "vraie" vie. Genre une porte, des rideaux, ... etc... (je ne me souviens pas en détails mais y'en avait vraiment trop.
Mais je suis comme Traversay, comme je ne suis pas entrée dans le film, j'y ai vu tous les artifices comme une mascarade.

traversay a écrit:

Ne pas être touché par We need about Kevin, est-ce que cela fait de moi un monstre ?

BouHou le vilain sans coeur


Mais non, c'est pas toi le monstre. Je crois aussi que tu vas trop au cinéma n'es pas allé assez vierge de toutes informations et sans doute n'y as tu vu que des effets cinématographiques qui t'ont trop tenu à distance, comme tu dis. C'est pour ça que je préfère toujours garder le plaisir de la découverte intact et ne m'informe qu'après.

Marko a écrit:

J'aime d'une manière générale dans le film la façon dont l'histoire est davantage racontée de façon sensorielle que de façon concrète. On éprouve physiquement et moralement son calvaire. ça m'a secoué par identification.

Complètement. Je suis sortie de là en me disant "Et si c'était moi la mère, comment peut-on survivre à ça?" C'est le genre de film qui laisse les questions en suspens, qui n'accuse pas, et qui laisse la porte ouverte aux interprétations. C'est cela qui est très fort, surtout sur un tel sujet. Frôler l'horreur en se disant qu'elle peut surgir partout, qu'on n'est pas immunisé pour. C'est cette reflexion qu'il nous laisse qui est terriblement angoissante. Moi j'ai marché à fond, je n'ai pas vu tous ces excés démonstratifs dont tu parles. Mais chacun son approche, que dire...

Je me demande ce que je penserais du livre...