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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Lynne Ramsay Jeu 29 Sep 2011 - 17:42
Lynne Ramsay
Citation :
Lynne Ramsay est une réalisatrice britannique, né le 5 décembre 1969 à Glasgow (Royaume-Uni).
Biographie:
Né à Glasgow le 5 décembre 1969, elle est diplômé de la National Film and Television School en 1995. Son court métrage de fin d'études, Small Deaths, remporte le Prix du Jury à Cannes en 1996. Son deuxième court métrage, Kill the Day, remporte le Prix Spécial du Jury au Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand en 1997, et son troisième court métrage, Gasman, remporte le Prix du meilleur court métrage au BAFTA Scotland en 1998.
En 1999, Lynne Ramsay réalise son premier long métrage, Ratcatcher, qui est présenté au Festival de Cannes dans la section Un Certain Regard. Bien accueilli par la critique, ce film remporte plusieurs prix dont le Carl Foreman Award (meilleur espoir britannique) à la 53e cérémonie des BAFTA Awards et le Sutherland Trophy au Festival du film de Londres.
En 2002, Lynne Ramsay réalise son deuxième long métrage Morvern Callar qui est présenté au Festival de Cannes. Elle y remporte le prix C.I.C.A.E. et le Prix de la jeunesse du film étranger.
Envisagé dans un premier temps pour réaliser l'adaptation du roman La Nostalgie de l'ange d'Alice Sebold, elle doit quitter le projet en 2004. Son projet suivant est l'adaptation du roman de Lionel Shriver We Need to Talk About Kevin, lauréat du Prix Orange pour la fiction en 2005.
En 2007, elle est classée 12e du classement des 40 meilleurs réalisateurs actuels selon The Guardian.
En 3 films Lynne Ramsay a crée un univers visuel très puissant, sensoriel, s'intéressant à des personnages en marge, à des histoires de souffrance individuelle, de carences et de survie. Elle travaille énormément la bande son, l'enchevêtrement intime entre musiques et images. Sa direction d'acteurs est particulièrement précise et autant intérieure que descriptive. Certains trouvent qu'elle fait trop confiance aux pouvoirs du cinéma mais on peut aussi être admiratif des climats qu'elle parvient à générer.
Citation :
Filmographie/Index (Cliquez sur les chiffres pour accéder directement aux pages)
1999 : Ratcatcher 2002 : Morvern Callar 2011 : We Need to Talk About Kevin Pages1 à la page 3
Courts métrages 1996 : Small Deaths 1996 : Kill the Day 1997 : Gasman
Citation :
arrêté le 05/04/2013 à la page 3
We need to talk about Kevin
Un des films les plus intenses de l'année. Une bombe, un uppercut, un cauchemar éveillé, un film d'horreur pourtant bien ancré dans le réel.
J'ai été happé dès les premières images (une vision onirique d'ensevelissement d'une force très singulière) et j'ai eu l'impression de retenir mon souffle pendant toute la durée du film en sortant groggy, un peu flottant, très secoué par toute cette violence morale qu'on reçoit en pleine figure et les moyens employés par la réalisatrice pour nous la faire ressentir.
Le film s'inspire du roman de Lionel Shriver que je regrette de ne pas avoir lu (mais c'est au bénéfice du film forcément). Il décrit un lien pathologique entre une mère et son fils qui dès l'enfance manifeste une intelligence perverse et une froideur affective dont a beaucoup de mal à déterminer si elle provient ou non d'altérations précoces de leur relation qui sont suggérées subtilement. La réalisatrice (comme le romancier je suppose) ne tranchent évidemment pas. On accompagne la descente aux enfers de cette mère par d'habiles aller-retours entre passé récent (un drame extrêmement violent annoncé dès le départ de façon elliptique) et passé plus ancien (l'évolution du comportement de Kevin jusqu'à l'adolescence).
C'est éprouvant mais magistralement filmé (un peu trop ostentatoire dans la recherche visuelle et sonore pour certains) avec une Tilda Swinton sidérante de douleur, d'ambiguïté, de force pour survivre. Et 3 jeunes acteurs (enfant, pré-ado et adolescent) fabuleusement dirigés et qui font froid dans le dos.
La montée d'intensité lors de la scène finale est remarquable et le film se termine sur une séquence psychologiquement dérangeante et bouleversante en nous laissant avec beaucoup de questionnements.
Enorme coup de coeur pour un film qui fait mal mais qui provoque des sensations très fortes.
darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
Sujet: Re: Lynne Ramsay Jeu 29 Sep 2011 - 17:45
Merci Marko Je vais guetter sa sortie ici
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Lynne Ramsay Jeu 29 Sep 2011 - 17:45
darkanny a écrit:
Merci Marko Je vais guetter sa sortie ici
A ne surtout pas manquer. j'ai pris une grosse claque. Evitez la bande annonce pour découvrir tout ça sans rien savoir.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Lynne Ramsay Jeu 29 Sep 2011 - 18:02
J'irai probablement le voir également.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Lynne Ramsay Jeu 29 Sep 2011 - 18:07
Queenie a écrit:
J'irai probablement le voir également.
Je pense que tu devrais bien aimer... Esther à côté de ce gamin (surtout au stade intermédiaire) est une enfant de choeur!!
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Lynne Ramsay Jeu 29 Sep 2011 - 18:33
L'idée d'un double lien potentiel (par exemple ce sourire forcé et finalement effrayant et rejetant de la mère dans cet extrait! La scène est très forte) et d'une interaction mère/enfant ambivalente dès le départ. La dépression maternelle est suggérée avec une grossesse tout sauf épanouie (y en a-t-il qui le soient vraiment?). On se demande constamment où est la frontière entre la normalité de cette ambivalence et le moment où elle devient pathologique. La perversité de ce gamin est elle innée ou induite? C'est terrifiant même s'il est plus un "monstre" cinématographique qu'un cas clinique (mais quand on voit un Anders Behring Breivik on se dit que tout est possible). Le film est très complexe dans ce jeu de miroir entre mère et fils aux différents âges.
Pour ceux que ces sujets intéressent il peut être utile de lire Lebovici ou Bowlby (Wilfred Bion également) sur les interactions précoces. Notamment ces 2 ouvrages:
Ce sont des approches psychanalytiques auxquelles je n'adhère pas complètement mais c'est instructif.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Lynne Ramsay Jeu 29 Sep 2011 - 19:37
Au fait? Vous en avez parlé où du livre? Je ne trouve pas. Juste des allusions.
domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
Sujet: Re: Lynne Ramsay Jeu 29 Sep 2011 - 19:56
Marko a écrit:
Au fait? Vous en avez parlé où du livre? Je ne trouve pas. Juste des allusions.
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Lynne Ramsay Lun 3 Oct 2011 - 16:36
Le film partage beaucoup les critiques. Au masque et la plume ils étaient plutôt hostiles en lui reprochant ses artifices. Jean-Marc Lalanne dit qu'il ne croit pas du tout à cette histoire parce que Kevin est montré comme un monstre de cinéma et pas comme un "vrai gamin" (ce qui est en partie vrai). Il en découle pour lui le fait que la relation mère/fils traitée de façon réaliste ne fonctionne pas.
Mais à mon sens il oublie que la mise en scène est une immersion dans la psyché de cette femme entre concret, rêves, fantasmes... et qu'on peut constamment s'interroger sur la réalité de ce qui est montré. Cette femme est-elle malade elle-même en projetant des fantasmes paranoïaques sur ce gamin? Kevin développe-t-il réellement une perversité manipulatrice ? Le film donne le sentiment d'un entre deux très troublant où mère et fils interagissent dans une relation en miroir déformant.
Le réalisme du film est bien fragile et je l'ai davantage perçu comme un cauchemar existentiel horrifique qui n'est pas si loin de Rosemary's baby ou d'autres films de fantasmes maternels plus ou moins psychotiques. J'aime ce mélange des genres et les sensations violentes que la mise en scène provoque.
Reste que la tuerie est bien montrée comme une réalité et que cet adolescent est bien devenu "monstrueux". J'ai lu un article où on disait que le film avait gommé des informations sur le passé de la mère qui étaient assez éclairants sur son comportement. Ceux qui l'ont lu s'en souviennent-ils? La réalisatrice a donc apparemment volontairement évacué toute tentative d'explication rationnelle pour favoriser la plongée fantasmatique. C'est ce maelstrom de sensations qui apporte du sens plus que tout lien à la psychologie. C'est finalement un film de genre. Un film fantastique et d'horreur très efficace.
domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
Sujet: Re: Lynne Ramsay Lun 3 Oct 2011 - 20:33
Marko, je ne me souviens plus du passé de la mère dans le livre (et je n'arrive pasà remettre la main dessus), juste du fait qu'elle n'était pas vraiment pas sûre de vouloir un enfant et qu'elle le faisait plus par conformisme qu'autre chose. Par contre, je me souviens que le père portait la plus grade part de la faute dans l'éducation de ce fils monstrueux, à force de le voir comme une victime et jamais comme responsable de ses actes. Vers la fin du livre, on voit d'ailleurs Kevin pratiquement remercier sa mère de ne jamais avoir été dupe sur sa nature contrairement au père toujours aveugle.
PS: Il faut que je rachète ce livre, je crois bien que je l'ai pedu !!
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Lynne Ramsay Lun 3 Oct 2011 - 20:46
Des développements très intéressants...j'essaierai de le voir la semaine prochaine (malheureusement, la programmation de l'UGC de Cergy m'oblige en ce moment à me déplacer sur Paris, et je privilégie le Garrel demain).
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Lynne Ramsay Lun 3 Oct 2011 - 20:48
domreader a écrit:
Par contre, je me souviens que le père portait la plus grade part de la faute dans l'éducation de ce fils monstrueux, à force de le voir comme une victime et jamais comme responsable de ses actes. Vers la fin du livre, on voit d'ailleurs Kevin pratiquement remercier sa mère de ne jamais avoir été dupe sur sa nature contrairement au père toujours aveugle.
C'est très juste! Il est tellement inconsistant qu'on en oublie le rôle extrêmement néfaste qu'il a pu avoir effectivement.
Ce qui est terrible c'est lorsque Kevin remercie rétrospectivement sa mère de lui voir cassé (involontairement) le bras parce qu'il faisait exprès de salir ses couches. Comme un apprentissage nécessaire qu'il compare à un rituel animal.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Lynne Ramsay Lun 3 Oct 2011 - 20:59
J'oubliais aussi l'importance de la musique de Jonny Greenwood (de Radiohead) dans le film. On lui doit déjà les bandes sons formidables de "There will be blood" de Paul Thomas Anderson et de "Norvegian Wood" (La ballade de l'impossible) de Tran Anh Hung.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Lynne Ramsay Mer 5 Oct 2011 - 22:29
We need to talk about Kevin... ou comment je suis complètement passée à côté d'un film monstre...
Rien n'a fonctionné sur moi : la lenteur m'a ennuyée, l'apesanteur flottante m'a bercé mollement, les personnages caricaturaux m'étaient trop prévisibles, l'histoire également sans aucune surprise, les décors de brics et de brocs m'ont laissé circonspecte (c'est peut-être fait pour, mais je ne suis pas sûre).
Je comprends bien tout : l'esthétique qui sert à illustrer le psychisme de la mère, le montage en flash back et divers angles qui soulignent les conséquences et l'emprisonnement de faits et d'actes. J'ai bien vu une certaine maîtrise, et qu'aussi cette froideur a un sens avec le fond. Et oui les acteurs sont très bons.
Mais... non... rien, néant, makach. Trop voulu, trop lent, et avec un manque de maîtrise qui tend vers l'exercice plutôt que vers l'émotion ou la narration, du coup : gros flottement.