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Sujet: Reinaldo Arenas [Cuba] Mer 5 Oct 2011 - 16:16
Reinaldo Arenas est un écrivain cubain, romancier, nouvelliste et poète, né le 16 juillet 1943 à Holguín et mort le 7 décembre 1990 à New York. Persécuté par le régime castriste pour son homosexualité, il s'exila aux États-Unis en 1980 et raconta son histoire dans Antes que anochezca (Avant la nuit), récit autobiographique qui fut porté à l'écran par le cinéaste Julian Schnabel. Abandonné par son père, Reinaldo Arenas est né à Holguín le 16 juillet 1943. Le petit Reinaldo grandit ainsi dans une famille paysanne pauvre, sa mère s'étant réfugiée chez ses parents.
À 13 ans, le jeune Reinaldo montre déjà des talents d'écrivain, de poète. Il s'engage alors auprès des révolutionnaires castristes pour les aider à triompher du dictateur Batista. La révolution achevée, il étudie à l'université de La Havane puis travaille pour la Bibliothèque Nationale José Martí. Il doit alors tout au régime castriste, qui lui a offert l'éducation et un travail. Il rêve d'embrasser une carrière d'écrivain. Le jeune homme paraît sur la bonne voie. Son premier roman Celestino antes de alba (Célestin avant l'aube qui deviendra "Le Puits") s'est distingué au concours national d'écriture. Il se satisfait d'autant mieux du régime qu'il peut profiter pleinement d'une grande liberté sexuelle, et vivre librement son homosexualité. Le pouvoir veut bientôt reprendre en main les Cubains. La révolution culturelle de l'île caribéenne prend une facette plus dure. Les écrivains doivent censurer leurs écrits, les homosexuels sont considérés comme déviants. Arenas commence à subir les persécutions des autorités, mais il continue d'écrire et de vivre sa sexualité comme il l'entend afin de pouvoir demeurer libre. Il ne peut plus faire paraître ses œuvres sur l'île mais parvient à les envoyer illégalement à l'étranger. Le peintre cubain Jorge Camacho, exilé en France, l'aide à faire paraître ses livres dans le reste du monde. Ses critiques contre le pouvoir et son homosexualité lui valent de connaître la prison et les camps de réhabilitation par le travail. Cela ne l'empêchera jamais d'écrire. Tous les moyens sont bons pour transmettre ses écrits. En prison, il fait par exemple appel aux rectums de visiteurs. Il quitte l'île en 1980, au cours de l'exode de Mariel, en compagnie de milliers de dits rebuts de la société expulsés par le régime cubain.
(Sources: Wikipédia) Bibliographie:
Le monde hallucinant, Seuil, 1969;collection Points, 1989 Le puits, Le Seuil,1973 Le palais des très blanches mouffettes, Seuil, 1975 La plantation, Seuil,1983 Arturo, l'étoile la plus brillante, Seuil 1987 Encore une fois la mer, Seuil, 1987 Fin de défilé, Presses de la renaissance,1988 Le portier, Presses e la renaissance,1988; Rivages, 1990 La coline de l'ange, Presses de la renaissance,1989 Méditation de Saint-Nazaire(illustrations de Jorge Camacho),Meet,1990 Voyage à La Havane,Presses de la renaissance,1990 Avant la nuit, Julliard,1992; Babel Actes Sud,2000 Adios à Mama, Le serpent à plume, 1996 La couleur de l'été, Stock,1996 L'assaut, Stock,2000
Avant la nuit Babel Actes Sud-440pages
Citation :
De l’enfant nu qui mange de la terre dans une vieille ferme de Holguín à l’exilé cubain qui, à quarante-sept ans, malade, se donne la mort à New York, l’existence de Reinaldo Arenas est guidée par l’anticonformisme viscéral de qui a osé prendre tous les risques. Vibrant témoignage sur les exactions de la dictature castriste, Avant la nuit est une œuvre littéraire à part entière composée avec fureur et poésie. Elle est traversée de ses principaux thèmes de prédilection : une recherche éperdue de beauté, encore la lune, toujours la mer, et une sexualité débridée comme manifestation absolue de liberté et, dans son cas, de résistance. Porté à l’écran par Julian Schnabel, Avant la nuit a obtenu le Grand Prix spécial du jury 2000 à la Mostra de Venise.
mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
Sujet: Re: Reinaldo Arenas [Cuba] Dim 9 Oct 2011 - 12:18
« J’avais déjà commencé mon autobiographie à Cuba, et je l’avait intitulée Avant la nuit, car je devais l’écrire avant la tombée de la nuit, puisque je vivais fugitif dans un bois. Maintenant, la nuit avançais de nouveau, de façon, de façon plus imminente. C’était la nuit de la mort. Maintenant il fallait vraiment que je finisse mon autobiographie avant la nuit. »
Mon voyage à Cuba ne m’emportera ni vers les plages, ni vers l’exotisme insouciant qui peut occuper le touriste en mal de soleil et de chaleur .Bien au contraire, il me catapultera au cœur de la dictature exercée par un homme depuis des années sur une population à bout de souffle. Reinaldo Arenas, fait partie de ces écrivains cubains qui ont écrit la révolte, le rejet de ce régime, et qui en ont payé le prix fort. J’ai choisi, un peu par hasard, cet ouvrage qui n’est pas un roman, mais une autobiographie, grâce à la rediffusion cet été du film que Julian Schnabel a réalisé à partir de ce livre. Cette autobiographie a quelque chose d’original, dans le sens où elle n’a rien de linéaire, de chronologique. Elle commence par la fin de la vie de l’écrivain qui se sait malade et préfère la mort à la déchéance, et se termine par une lettre d’adieu qui n’est rien d’autre qu’un testament politique et une dernier réquisitoire contre celui contre lequel il se sera battu à sa manière toute sa vie. « J’exhorte le peuple cubain de l’exil comme de l’ile à continuer à lutter pour la liberté. Mon message n’est pas un message de défaite, mais de lutte et d’espérance. Cuba sera libre. Moi je le suis déjà. » Le reste, n’est rien d’autre que la Vie, avec un V majuscule ; une vie vécu à 100 à l’heure, une vie croquée par les deux bouts, une vie éprise de liberté et de beauté absolue, une vie qui finalement sera sa perte. Cette biographie, est donc plutôt thématique que linéaire : 70 chapitres, pour la plupart courts, voire très courts. Seuls deux seront plus copieux :L’érotisme, et, La prison. Et cela n’est pas un hasard 70 chapitres, 70 tableaux….Une autobiographie atypique, que Reinaldo écrit par petites touches, comme on peint au petit pinceau. C’est court, c’est clair, c’est précis. La thématique, plutôt que la chronologie, reflète la personnalité bouillonnante de cet écrivain. Il sera marqué très tôt par sa relation avec sa mère, et sa relation aux femmes : il ne connaît pas son père, et sera élevé par sa famille maternelle.
Ce qui frappe d’emblée, c’est que très tôt, il sera pris d’obsessions érotiques, et une attirance marquée et assumée pour les garçons, puis les hommes. Rajoutons à cela, une persécution systématiques des homosexuels, et nous comprendrons l’importance qu’il donnera à l’érotisme dans son œuvre, en ne cachant rien dune sexualité débridée, décomplexée. Il l’écrira dans des termes explicites, souvent très crus, qui pourraient à premier abord passer pour de la vulgarité, mais qui venant d’un homme me gène moins que d’une femme, et qui exprime surtout la révolte contre l’oppression, le désir de liberté absolue. Cet homme a passé un certain temps en prison, ou dans des camps de travail, et cela explique aussi l’importance qu’il a donnée à ce thème dans son texte.
Reinaldo dresse tout au long de ces pages, qui se lisent avec beaucoup de facilité, un tableau très éloigné du cadre idyllique que certains viennent chercher à Cuba. Et c’est cela qui m’a fasciné, la dénonciation d’un régime exsangue, mais toujours debout, qui persécute, traque, affame, assoiffe. Un régime qui a fait de ses intellectuels, des criminels, qui a fait des homosexuels des animaux que l’on enferme dans les pires conditions. Il rend hommage à de nombreux écrivains cubains, notamment Guillermo Rosares (cf. Mon ange). « Cette fois, pour tous les intellectuels cubains la nuit noire était venue. Impossible désormais d’envisager de quitter le pays, car dès 1970 Fidel avait proclamé que tous ceux qui le souhaitaient étaient déjà partis ; il faisait ainsi de l’ile une prison où tout le monde, d’après lui, était heureux de vivre. » Mais, l’exil n’est pas mieux ressenti. Si l’auteur a pu, s’échapper, ce n’est pas pour autant, que la vie en a été meilleure pour lui. Miami, la ville la plus proche de Cuba, ne lui convenait pas. New-York sera pour lui synonyme de maladie et de mort.
« Certes, dix ans après, je m’aperçois que pour un expatrié il n’y a aucun endroit où l’on puisse vivre ; il n’existe aucun endroit, car celui où nous avons rêvé, où nous avons découvert un paysage , lu notre premier livre, eu notre première aventure amoureuse, demeure l’endroit rêvé ; en exil, on n’est plus qu’un fantôme, l’ombre de quelqu’un qui ne peut jamais atteindre sa propre réalité ; je n’existe pas depuis que je suis en exil ; depuis lors, j’ai commencé à fuir de moi- même. » propos écrits en 1990…..20 ans après ,où en est Cuba ?????
Cela restera une lecture marquante, grave, qui donne envie de secouer beaucoup de choses. Elle peut rebuter certains, voir les choquer. En ce qui me concerne, j’ai beaucoup apprécié ce livre. J’attendais de l’avoir lu pour visionner le film ; et lirai très certainement d’autres ouvrages de cet auteur.
kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
Sujet: Re: Reinaldo Arenas [Cuba] Dim 9 Oct 2011 - 15:36
j'avais tenté cet auteur avec Arturo, l'étoile la plus brillante, mais je n'ai pas pu trouver "l'entrée".. peut être le mauvais moment, peut être le mauvais livre en tout cas ton commentaire me donne envie de lui donner une 2e chance
Chamaco Zen littéraire
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Sujet: Re: Reinaldo Arenas [Cuba] Dim 10 Mar 2013 - 21:07
Encore une fois la mer...
Extrait :
"Et les vastes flots sereins qui s'écoulent ? Et les parages solitaires où un pin incendié annonce le vacarme cadencé de la nuit ? Et la promenade paisible sur la côte déserte où la mer console ? … Je ne pourrai jamais relater ces états de quiétude. Je ne pourrais jamais entrer en relation avec tant de beauté sans me trahir. Je ne pourrai jamais énumérer les nuances du crépuscule sans trouver dans mes paroles les pulsations d'un déséquilibre angoissé venu on ne sait d'où … Et la splendeur de la nuit sur le sable ? Et les lumières intermittentes qui auraient pu être des feux au loin, non des signaux de surveillance ? … Mais regarde, toi aussi tu t'élèveras un peu et tu entendras la plainte de tous ceux qui ont été anéantis uniquement pour avoir désiré ce que tu désires, uniquement pour avoir conçu ce que tu n'oses même plus mentionner. Ils avaient désiré, eux aussi, que la mer n'apporte que la rumeur des vagues, le vent que le bruissement des feuilles … Tu t'élèveras un peu, écoute-moi, et tu entendras la plainte perpétuelle de ceux qui périssent toujours pour s'être permis de rêver, d'imaginer, d'inventer ; d'être libres … Alors ? Pourrai-je parler du clair de lune et de la barque qui vogue vers des parages resplendissants ? Pourrai-je orner de belles, de pieuses calomnies, ce qui n'est plus qu'un cercle de gémissements qui nous désintègrent ?"
Queenie ...
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Sujet: Re: Reinaldo Arenas [Cuba] Dim 10 Mar 2013 - 21:40
Pourquoi seulement un extrait ?
Chamaco Zen littéraire
Messages : 4366 Inscription le : 10/03/2013 Age : 78 Localisation : là haut, vers Aix...
Sujet: Re: Reinaldo Arenas [Cuba] Dim 10 Mar 2013 - 22:13
Dur de mettre tout le livre....
mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
Sujet: Re: Reinaldo Arenas [Cuba] Dim 10 Mar 2013 - 22:18
I.T.Nayrant a écrit:
Dur de mettre tout le livre....
Peut-être que Queenie te demandait simplement un avis personnel sur le livre
Chamaco Zen littéraire
Messages : 4366 Inscription le : 10/03/2013 Age : 78 Localisation : là haut, vers Aix...
Sujet: Re: Reinaldo Arenas [Cuba] Dim 10 Mar 2013 - 22:48
Ah d'accord, c'est un livre que je vais me procurer à la bibliotheque municipale, une fois lu je mettrai une appreciation,
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Reinaldo Arenas [Cuba] Dim 10 Mar 2013 - 23:01
mimi54 a écrit:
I.T.Nayrant a écrit:
Dur de mettre tout le livre....
Peut-être que Queenie te demandait simplement un avis personnel sur le livre
Oui, c'était ça.
I.T.Nayrant a écrit:
Ah d'accord, c'est un livre que je vais me procurer à la bibliotheque municipale, une fois lu je mettrai une appreciation,
Ok.
Chamaco Zen littéraire
Messages : 4366 Inscription le : 10/03/2013 Age : 78 Localisation : là haut, vers Aix...
J'ai commandé le livre Queenie, j'attend que l'on me previenne de son arrivée, il n'est pas en bibliotheque sur Nice...
En attendant voici le dernier message de l'auteur : ""Mensaje de despedida de Reinaldo Arenas. "Queridos amigos: debido al estado precario de mi salud y a la terrible depresión sentimental que siento al no poder seguir escribiendo y luchando por la libertad de Cuba, pongo fin a mi vida. En los últimos años, aunque me sentía muy enfermo, he podido terminar mi obra literaria, en la cual he trabajado durante casi treinta años. Les dejo pues como legado1 todos mis terrores, pero también la esperanza de que pronto Cuba será libre. Me siento satisfecho por haber podido contribuir aunque modestamente al triunfo de esta libertad. Pongo fin a mi vida voluntariamente porque no puedo seguir trabajando. Ninguna de las personas que me rodean2 están comprometidas en esta decisión. Sólo hay un responsable: Fidel Castro. Los sufrimientos del exilio, las penas del destierro3, la soledad y las enfermedades que haya podido contraer en el destierro no las hubiera sufrido4 de haber vivido libre en mi país.
Al pueblo cubano tanto en el exilio como en la Isla los exhorto a que sigan luchando por la libertad. Mi mensaje no es un mensaje de derrota5, sino de lucha y esperanza.
Cuba será libre. Yo ya lo soy.
7 de diciembre de 1990"
et la traduction (perfectible) que j'en ai fait : "Chers amis , à cause de l'état précaire de ma santé et de la terrible dépression sentimentale que je ressens de ne pas pouvoir continuer à écrire et à lutter pour la liberté de Cuba, je mets fin à ma vie. Ces dernières années, bien que je me sentisse très malade, j'ai pu terminer mon oeuvre littéraire, à laquelle j'ai travaillé pendant presque trente ans. Je laisse donc comme legs toutes mes terreurs, mais aussi l'espérance que bientôt Cuba sera libre. Je me sens satisfait pour avoir pu contribuer bien que modestement au triomphe de cette liberté. Je mets fin à ma vie volontairement parce que je ne peux pas continuer à travailler. Aucune des personnes qui m’entourent ne sont compromises dans cette décision. Il y a seulement un responsable : Fidel Castro. Les souffrances de l'exil, les peines du bannissement, la solitude et les maladies que j’ai pu contracter dans l'exil je n’en aurai pas souffert si j’avais vécu libre dans mon pays. Au peuple cubain en exil et dans l'Île je l’exhorte à ce qu’il continue de lutter pour la liberté. Mon message n'est pas un message de défaite, mais de lutte et d’espérance. » Cuba sera libre. Moi maintenant je le suis.
7 décembre 1990"
Chamaco Zen littéraire
Messages : 4366 Inscription le : 10/03/2013 Age : 78 Localisation : là haut, vers Aix...
« Comment pouvoir témoigner de tout cela, comment pouvoir montrer, démontrer, à ceux qui vivent dans un Etat de droit, à ceux qui sont protégés par une tradition, à ceux qui savent ce qu’est la civilisation, qui peuvent se réclamer des lois, qui peuvent compter sur la logique de la raison s’ils font un plan, attendre une récompense s’ils se sacrifient, comment leur faire comprendre, leur faire voir, ce qu’est réellement l’injustice, le fanatisme, la misère, la répression, la terreur…Aucun livre, aucune phrase, rien ne pourra faire comprendre à ceux qui ne subissent pas cela que le simple fait de rêver ou de réfléchir est ridicule et dangereux dans une région où se procurer une boîte de lait relève de l’héroïsme… Auprès de qui vais-je crier l’injustice ?... Il attend que quelqu’un (moi-même peut-être) lui réponde. Je regarde la mer qui monte tandis que le garçon la sillonne en cadence, je regarde la mer qui se déchaîne en vagues très hautes : Il approche, il approche, il se rapproche de plus en plus de moi, bientôt il abandonnera toute rancœur et se mettra à me parler de lui-même… »
Encore une fois la mer, l’un des grands romans de Reinaldo Arenas, l’un des plus subversifs aussi, lui valut la prison. Sa publication constitua un défi à l’adversité : tantôt disparu ou détruit, tantôt saisi par les autorités cubaines, le manuscrit fut à chaque fois récrit par l’auteur. Il est pour la première fois donné à lire dans une version conforme à ses volontés.
A cette lecture me vient une première réflexion : le poids d'un blocus économique justifie t'il d'infliger des souffrances, la misère à son peuple...? Le blocus a bon dos (justifie t'il de lutter contre l'homosexualité..?) surtout sachant ce que je sais, ayant vu ce que j'ai vu, je maintiens que des gens riches vivent à Cuba et profitent du régime, que pour certains les rayons des quelques supermarchés de la Havane destinés aux touristes leur sont également abordables..Je n'en dirai pas plus, juste que la Révolution a enfanté une caste égoïste et c'est ce qui fait mal....