Fédor Dostoïevski [Russie]

kenavo a écrit:

Une 60e de page pour prendre plaisir à une écriture que j’ai envie de poursuivre…

Poursuis !

Queenie a écrit:

kenavo a écrit:

Une 60e de page pour prendre plaisir à une écriture que j’ai envie de poursuivre…

Poursuis !

L'idiot m'attend dans ma PAL depuis.... quelques années

kenavo a écrit:

Queenie a écrit:

kenavo a écrit:

Une 60e de page pour prendre plaisir à une écriture que j’ai envie de poursuivre…

Poursuis !

L'idiot m'attend dans ma PAL depuis.... quelques années

si tu le commences je le commence.

Queenie a écrit:

kenavo a écrit:

L'idiot m'attend dans ma PAL depuis.... quelques années

si tu le commences je le commence.

On pourrait prévoir une lecture en commun - sur le fil... comme je l'ai fait avec Arabella pour le livre de Hella Haasse??
Puisque je vais lire avec elle (et d'autres parfumés si on trouve des intéressés ) le livre de Jorge de Sena, je dirais.. après cette lecture?

on peut essayer, mais ça m'étonnerait que ça accroche beaucoup de gens de se plonger dans un pavé pour une lecture commune.

Queenie a écrit:

on peut essayer, mais ça m'étonnerait que ça accroche beaucoup de gens de se plonger dans un pavé pour une lecture commune.

on va voir alors.. en tout cas moi je vais commencer après la lecture du pavé portugais

ok, tu me donneras le coup de départ (j'espère pouvoir à c moment là, surtout que je lis bien moins vite que toi)

Queenie a écrit:

ok, tu me donneras le coup de départ (j'espère pouvoir à c moment là, surtout que je lis bien moins vite que toi)

d'accord.. noté..
et naturellement je vais m'adapter à ton rythme de lecture.. sinon cela n'a pas de sens.. pour moi pas de problèmes

L'idiot est un livre fabuleux, ce sera une grande expérience les filles, je ne me joindrai pas à vous, car si je me mets à le relire, je n'aurais qu'une envie, me faire toute l'oeuvre de Dostoïevski et ce n'est pas le moment.

Queenie vient de m'avertir qu'elle a commencé avec la lecture de L'Idiot. On va donc revenir régulier sur ce fil pour faire nos commentaires concernant la lecture (j'ai feuilleté le livre et il y a 4 parties - donc, on peut prévoir au moins un 'commentaire' pour chaque partie).
Si d'autres parfumés ont envie de lire ce livre avec nous - vous êtes le/la bienvenue

En plein dans L'Idiot (Première Partie bouclée)


Je reprends les mots de Gaspard, parce que quand même "tout est dit" là.

gaspard a écrit:

Lire Dostoïevski c'est d'abord plonger dans un tourbillon de passions, de haines, avec des personnages au bord de la folie, duplices , soumis a des tiraillement sans fin, entre quête de liberté et assujetion à des théories bizarres ou des passions bien terrestres, des personnages souvent misérables et parfois prophétiques, et qui peuvent être successivement l'un ou l'autre .
Alors, je suis surpris de lire plus haut qu'il passe des plombes à décrire une chaise ! il ne décrit presque jamais ! il s'en fiche, il n'y a qu'une chose qui l'intéresse, ce sont ses personnages, qui sont incroyablement vivants, vertigineux et en lesquels coexistent un tas de sentiments contraires.

D'abord on découvre tout le petit groupe de Petersbourg, le petit monde dans lequel va surgir l'Idiot, le Prince Mychkine.
Petit monde bourgeois qui me rappelle pas mal les pièces de Tchekhov : des vrais-faux riches qui vivent plus de leur réputation que de leur argent, qui courent après des fortunes cachées, qui manigancent, qui s'aiment, se respectent ou se détestent. Une sorte de brouhaha gigantesque où tous s'observent, se méfient (tiens ça me rappelle un peu la scène du salon de Visconti dans Mort à Venise).

Pour la petite histoire de la première partie :

Mychkine débarque à Petersbourg après plusieurs années passées en Suisse. Sans le sou, il cherche à reprendre contact avec les Epantchine dont la mère serait une parente éloignée (d'une branche de prince et princesse dont La Générale serait particulièrement fière).
En route il rencontre Rogojine qui revient également après un court exil, il revient fortuné d'un récent héritage et bien décidé à conquérir le cœur de Nastassia Philippovna (enfin... bien décidé à l'acheter ce cœur plutôt qu'à le conquérir d'ailleurs).
Celle-ci est entretenue comme maîtresse depuis des années par Totski, mais celui-ci veut s'en "débarasser" afin de pouvoir se libérer et épouser une fille des Epantchine. Du coup, le général Epantchine veut l'aider et met sur les rangs son secrétaire particulier Gania. Celui-ci y gagnerait 75000 roubles (donnés par Totski), et il en a particulièrement besoin pour se sortir d'une situation économique qu'il exècre (sa maison sert de pension).
Seulement Gania est amoureux d'une des filles Epantchine...
Et Nastassia Philippovna n'a pas l'air trop décidé à l'épouser.

Au milieu de tout ça se greffe les petites histoires d'argent, de querelles familiales, de vodka...
Et le Prince Mychkine. Qui parce qu'il dit tout ce qu'il pense, rapporte très facilement les évènements dont il a été témoin, est d'emblée considéré comme un simple d'esprit.
Seulement... il s'avèrera que son regard et ses remarques sur les comportements de chacun vont toucher l'auditoire, et il va se retrouver dans la situation de celui que l'on apprécie, et à qui l'on demande l'avis.

Dostoievski décortique avec plaisir toute la noirceur humaine, l'avarice, l'hypocrisie, à lire on a l'impression d'être embarqué dans un tourbillon insensé où chacun perd ses repères.
Face au regard de l'Idiot, tous semblent se mettre à nu, et donner à voir leur pathétique caractère.
Pour l'instant aucun de ces personnages n'attirent la moindre sympathie. Le Prince Mychkine est trop évanescent, et les autres sont trop pervertis.

Une plongée pas très reluisante dans un monde où tous tentent de s'utiliser et de parvenir à ses fins par n'importe quel moyen, tout en étant tout de même extrêmement lâche.


A la fin de la première partie, Mychkine part. Disparaît. Fou amoureux d'Anastassia Philippovna, lui aussi, et avec la certitude d'avoir une fortune qui l'attend d'un héritage.
Le monde dans lequel il a surgit s'est complètement disloqué. Lui-même semble n'avoir été qu'une apparition presque fantomatique, une sorte de "conscience" incarnée.


Au début de la deuxième partie, il revient.


(Y'a évidemment des passages terribles au milieu de ce foisonnement de personnages et d'imbroglios. Des trucs à vous faire dire : Wa!. Je vous noterais par ici quelques extraits. Celui sur le condamné à mort est terrible, et tout un passage sur la retranscription par l'Art de ce "fameux" condamné à mort. Tiens ça rentrerait même un peu dans le débat masturbatoire de Parfum)

J'arrive, j'arrive... un peu en retard.. mais je suis là

Un livre que j'ai acheté il y a plus que 20 ans - et que je n'ai pas lu jusqu'à présent parce que j'avais peur de ne pas comprendre, que c'était un trop grand pavé, que tous ces noms russes me perturbent trop... que d'excuses je dois dire aujourd'hui - et quel gâchis de n'avoir pas plutôt succombé à cet auteur
Arabella ne voulait pas lire avec nous parce qu'elle avait peur que cela lui donnait envie de redécouvrir tous les livres de lui.. et bien.. j'ai bien peur que cela va se produire aussi chez moi tellement j'adore!

Mais bon, venant à la première partie de l'Idiot, lecture dont il s'agit.

Queenie a en fait déjà tout dit - et très bien dit

J'adore surtout la comparaison avec Tchekhov – dont j’ai d’ailleurs fait une petite lecture entre temps (Ivanov) – pas pour comparer mais parce que seulement lire son nom me donnait envie d’une lecture.
(Petite parenthèse – à mon avis si tu ne connais pas, Queenie – ne vaut pas trop le détour, la première pièce de Tchekhov qui ne m’a pas emballé.. un personnage principale qui est larmoyant et apitoyé sur lui-même d’une façon presque insupportable)
Et c’est vrai – l’atmosphère y est – et surtout à partir de cette lecture j’ai vue aussi pendant les scènes de Dostoïevski une mise en scène pour théâtre. Dostoïevski doit se jouer bien sur scène – avec tous les dialogues qui sont magistraux…

Je suis curieuse pour découvrir la suite de cette ‘pièce’

Dostoïevski dans L'idiot a définitivement donné à la Littérature l'un de ses personnages les plus riches.Le monde littéraire et artistique,le monde tout court en est encore tout bouleversé.

Bellonzo a écrit:

Dostoïevski dans L'idiot a définitivement donné à la Littérature l'un de ses personnages les plus riches.Le monde littéraire et artistique,le monde tout court en est encore tout bouleversé.

je me retrouve aussi assez bouleversée par cette lecture.. et je ne peux que le redire - c'est dommage de l'avoir pas découvert plus tôt...
mais mieux vaut tard que jamais

L'idiot.

En vrac, avant d'arriver à la quatrième partie (ouais je ne suis pas très Straight pour faire des rapports en temps et en heure à chaque partie).


Fascination pour la maladie, le corps malade et délirant. La parole du mourant qu'on est bien forcé d'entendre, d'écouter. Une sorte de Vérité, de Révélation qui se fait chez la personne dont le corps a les sens affaiblis.


Tout plein de Grandiloquence pour l'esbrouffe, mais aussi pour dissimuler, tenter de manipuler l'autre.

Ses personnages sont toujours au bord du gouffre : argent, émotion, réputation, alcool... Tous en perdition. Ils espèrent tous trouver leur porte de sortie.

Marrant comme Nastassia Phillipovna devient une sorte de présence évanescente mais ultra présente le long des pages. Elle n'est pas là et pourtant elle est partout (surtout valable pour la deuxième partie d'ailleurs)


Un rêve très étrange et ultra métaphorique d'Hyppolite (le garçon atteint de la phtisie et qui est censé mourir dans les jours à venir) qui rappelle le rêve présent dans Crime et Châtiment. Quelque chose de l'inconscient qui brûle le corps de l'intérieur et s'extériorise dans le flou total.

Parce que Dostoïevski laisse plein de trucs non expliqués. On voit cette société d'hommes et de femmes se perdre, se chercher, se vouloir, se rejeter, on devine les complots, les conséquences et les raisons des actes, mais on est jamais sur. Toujours sur la brèche, le lecteur aussi. Un équilibre qui fait qu'on est parfois complètement entourbillonné dans les lignes, à la limite de la noyade, et qui nous rend parfois bien palpitant à vouloir tourner les pages pour "savoir". En sachant qu'on ne saura sûrement rien.
Sauf que Dosto est vraiment un maître dans l'Art de disséquer l'Homme face à l'Homme.