Fédor Dostoïevski [Russie]

Queenie a écrit:

L'idiot.

En vrac, avant d'arriver à la quatrième partie (ouais je ne suis pas très Straight pour faire des rapports en temps et en heure à chaque partie).

Pas de problèmes - surtout que tu fais trop bon tes résumés que je n'ai pas besoin d'en mettre autre chose..

J'ai vu je ne sais quand ni où -mais je ne crois pas que c'était en reve- une adaptation au cinéma de l'Idiot par un obscur metteur en scène français.
Mais l'interprétation de Gérard Philippe tout en passion et intériorité rendait
le personnage vraisemblable.
Evidemment elle ne fait pas oublier celle de Kurozawa avec Mifune dans le role...

N'importe la version - après cette lecture je tenterai aussi de voir une adaptation cinéma

Fini L'idiot.

Bien aimé ce truc du trio amoureux qui se cherche, s'attire, se déteste et s'aime. Par contre difficile de savoir exactement ce que pense Lev Nikolaeitch (désolée, c'est peut êtr pas la bonne orthographe). Lui, déchiré entre deux femmes, qui ne peut en choisir une. Qui ne sait en choisir une. Qui les aime tout autant l'une que l'autre alors qu'elles sont tellement différentes (parce qu'elles sont totalement différentes?).

Dostoïevski cisaille parfaitement les psychologies, mais semble prendre un étrange plaisir à laisser celle de son personnage principal dans l'ombre. Et à le trimballer d'un évènement l'autre. Comme s'il n'était de toute façon pas mettre de son Destin.

L'idiot touche parfois au génie (souvent dans des crises proche du Delirium Tremens), mais se laisse la plupart du temps bringuebaler à travers les histoires des autres.
On lui pardonne tout (et essentiellement sa sincérité, alors que tous savent qu'il vaut mieux vivre dans l'hypocrisie), parce qu'il dit tout haut ce que tous pensent tout bas. Parce qu'il est faible.

J'ai vraiment aimé les passages de "duels" : les deux femmes (Nastassia et Aglaia) qui s'affrontent verbalement et du regard. A savoir laquelle des deux l'aime le plus, laquelle des deux il aime le plus. A faire une sorte de concours de légitimité.

Le duel entre Rogojine et Mychkine, qui luttent pour le cœur et le bonheur de Nastassia. A se planter des couteaux dans le cœur. A s'aimer comme des frères parce qu'ils aiment la même femme inaccessible, à se détester comme des frères trahis, parce qu'ils obtiennent des "faveurs" de cette femme.

Un roman sombre, au final. Puisque de toute façon l'humanité est assez pourrie. Et qui ne finira pas bien.

L' émotivité de Muichkine, qui le rend si sensible au drame des autres,
c'est celle de celui qui ne controle pas ses nerfs parcequ'il ne le peut
pas.
Sans doute aussi, celle de Dostoievski épileptique. Sauf que lui n'avait pas l'air facile
à vivre pour ce qu'on en sait et ce que ses femmes en disent.
Ce que j'apprécie aussi chez lui, c'est la façon dont il laisse s'exprimer
librement ses personnages sans etre en aucune façon leur porte parole.
A moins que ses personnages lui échappent. Qui sait ?
C'est encore plus net encore dans Les Possédés où les personnages
principaux sont très nombreux.
Détail important, Dostoivski écrvait à toute allure, préssé qu'il était de remettre ses textes qui paraissaient en feuilletons.
Préssé ausi par les nombreuses crises d'épilepsie...
Un phénomène à tous points de vue...

Merci Queenie d'avoir tenu jusqu'à la fin... contrairement à mes habitudes je n'y arrive pas à terminer les dernières 300 pages.. en principe si je m'engage, je tiens le coup.. mais là - pas la tête trop clair. Je vais l'emporter avec moi à la côte en début novembre - la mer devrait me donner l'énergie de pouvoir le terminer

Vous me donnez envie de lire L'idiot que j'ai en attente depuis longtemps... J'en suis resté à Crime et Châtiment, Le Double et les frères Karamazov. J'ai beaucoup aimé aussi Souvenir de la maison des morts que j'ai lu avant d'aller voir l'opéra de Janacek par Chereau/Boulez (spectacle génial à tous niveaux et qui est sorti en DVD)


Pour alimenter votre conversation j'ai trouvé ça sur un site Médecine et littérature: http://www.pathol08.com/forum/pathol08/Medecine-et-Litterature/idiot-dostoievski-epilepsie-sujet_1082_1.htm

Afin de permettre à nos visiteurs de suivre notre discussion, voilà un résumé. Fédor Mikhailowitch Dostoïevski est né à Moscou en 1823 et mort à Saint-Pertersbourg en 1881), fils de médecin, termine son roman L’Idiot en 1868.
Le roman l’idiot n’est pas le roman le plus connu peut être de ce grand romancier mais demeure un roman dense et étrange.
Le prince Muichkine, l’idiot arrive à Saint-Pétersbourg. Pourquoi Idiot?
Parce qu’il dit ce qu’il pense sans se soucier des conséquences, parce qu’il est pur, il est bon, incapable d'agir et sans amour propre. C’est un parfait innocent.
L'auteur dessine la société russe à travers le regard insouciant et candide d'un homme pur et bon, incapable de deviner la perfidie humaine. Le prince découvrira la psychologie humaine bien sur.
Il ne faut pas oublier que Dostoïevski était chrétien. Le prince Myschkin est un personnage christique. Dans un monde arriviste et intéressé, il illumine de son regard, attachant par sa générosité, tel le Christ. Il va changer les gens autour de lui. Il cultive la meilleure dans chacun. Nicolaïevitch sera meilleur de lui, Anastasia retrouve la pureté après une vie immorale, Yvolguine retrouve le sens de l'honneur et Rogojine retrouve le sens de la fraternité.

le prince est épileptique

Dostoïevski était lui-même épileptique, donc c’était sa manière à lui de percevoir l’épilepsie comme une maladie visible. C’est une contre vérité médicale bien sur. L’épilepsie est une maladie nerveuse qui provoque des crises. En dehors des crises, le patient est normal.
Le Prince décrit ses crises :
"Mes accès se succédaient trop fréquemment j’entrais dans état de prostration, perdant complètement la mémoire, et bien que mon esprit continuât à fonctionner, le cours logique des mes pensées s’interrompaient".

Dostoïevski décrit avec minutie l’aura qui précédait les crises du Prince:
Il y avait un moment précédent de très peu la crise où soudain, au milieu de la tristesse, des ténèbres de l’âme, de l’étouffement, son cerveau s’embrasait par instants, et où toutes ses forces vitales se tendaient à la fois dans un élan extraordinaire. La sensation de vie, la conscience de soi-même paraissaient décuplées dans ces moments fulgurants.

Il caractérise cet état de "conscience supérieure" et dit :
"Oui, pour ce moment on pourrait donner toute sa vie".

A travers ce livre, on peut noter que Dostoïevski considérait l’épilepsie comme une maladie permettrant d’accéder à un niveau de conscience supérieure. Bien sur, ce n’est pas la réalité médicale. Dostoïevski était mystique, c’était sa façon à lui de penser cette maladie.

L épilepsie comme les autres maladies nerveuses a fasciné de nombreux écrivains. D’autres parts de nombreuses célébrités étaient victimes de cette maladie : Dostoïewski, Gustave Flaubert, Vincent van Gogh, Molière.

Nietzsche dans son aphorisme "La fuite en avant" écrivit : "Quatre des plus avides conquérantes de tous les temps furent des épileptiques soit Alexandre le Grand, César, Mahommed et Napoléon, et il en fut de même pour Lord Byron. »
Nietzsche n’a pas pu citer Lénine qui était épileptique aussi.

« L’idiot » c’est un voyage sensible et merveilleux à travers un roman puissant de presque mille pages.
Espérant que commentaire sur le lien entre cet immense ecrivain et l'épilepsie vous sera utile.

Oui, Dostoïevski place la maladie comme une sorte de Porte permettant d'accéder à une certaine Vérité sur le monde, sur les gens. Peut-être est-ce parce qu'alors on est prêt de la mort, donc près de la connaissance absolue...

Merci pour ces petits bouts Marko.

Dostoïevski fait partie de ma vie comme de celle de beaucoup de lecteurs.C'était pourtant il y a longtemps mais vous lire tous me donne furieusement envie de retrouver ces éternels que sont le Prince,les frères Karamazov ou Rasko(c'est un peu familier Rasko peut-être).
Maudit temps qui passe comme tu sais nous priver.Il y a tant à lire,tant à aimer,tant à écouter,tant et tant,mais je m'attarde...

Et voilà.. maintenant qu'on traite correctement l'épilepsie, on n'aura plus de Dostoîevski... ni de grands conquérants non plus, mais ça, c'est plutôt mieux( et GWB, il ne serait pas épileptique??? )
Il y avait un film argentin bien nommé et bien vu, El aura
ici
Bon, j'arrête de flooder

Crime et châtiment

Ce classique m'a longtemps impressionné mais j'ai franchi le pas et l'ai terminé. Quelle merveille! Je ne me suis à aucun moment ennuyé, moi qui ai craint des longueurs ou des descriptions à n'en plus finir. Au contraire, Dostoïevski va droit au but dans les faits et ne pose que le strict nécessaire au niveau des décors. D'ailleurs, ils ressortent allègrement à travers la misère des personnages.
Ce roman est d'une richesse psychologique ahurissante, d'une profondeur inouïe (je suis d'ailleurs convaincu que pas mal de choses m'ont échappé). J'ai eu un plaisir fou à accompagner Raskolnikov dans ses tourments et dans ses réflexions.
Toute ma lecture m'a fait penser à un voyage inéluctable vers l'ombre. On attend la confession, elle tarde à venir mais on sait qu'elle viendra. Et au bout, les ténèbres prennent au tout autre aspect. Celle d'une renaissance magistrale.

Bref... No comment.

The Valuk a écrit:

Crime et châtiment

Ce classique m'a longtemps impressionné mais j'ai franchi le pas et l'ai terminé. Quelle merveille! Je ne me suis à aucun moment ennuyé, moi qui ai craint des longueurs ou des descriptions à n'en plus finir. Au contraire, Dostoïevski va droit au but dans les faits et ne pose que le strict nécessaire au niveau des décors. D'ailleurs, ils ressortent allègrement à travers la misère des personnages.
Ce roman est d'une richesse psychologique ahurissante, d'une profondeur inouïe (je suis d'ailleurs convaincu que pas mal de choses m'ont échappé). J'ai eu un plaisir fou à accompagner Raskolnikov dans ses tourments et dans ses réflexions.
Toute ma lecture m'a fait penser à un voyage inéluctable vers l'ombre. On attend la confession, elle tarde à venir mais on sait qu'elle viendra. Et au bout, les ténèbres prennent au tout autre aspect. Celle d'une renaissance magistrale.

Bref... No comment.

Yeepa !!


Je le dis et le répète : Dostoïevski ne s'attarde JAMAIS dans des descriptions de 3 pages ! Juste sur le tréfonds des âmes.

Queenie a raison.Dostoïevski est probablement l'écrivain qui va le plus loin.Et Fedor est l'un des rares classiques très présents sur notre forum.

Bellonzo a écrit:

Et Fedor est l'un des rares classiques très présents sur notre forum.

Si je prends mon cas - j'ai lu les classiques à l'âge de 15 - 25.. plus ou moins à cause des études et après par intérêt.. je ne peux plus parler de ces livres aujourd'hui et même si je voudrais en relire - le temps est mon problème N°1 et alors il faut faire un choix.. et malheureusement pour les classiques - je suis une lectrice curieuse qui aime découvrir du nouveau

(ce qui ne dit pas que de temps en temps je me prends le temps pour lire un classique que je n'ai pas lu dans le temps - comme par exemple L'idiot (Queenie, scusi, toujours pas de commentaire.. je crois que je n'arriverais pas )