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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Bela Tarr Dim 4 Déc 2011 - 23:57
traversay a écrit:
Radical, rude, fruste, le film a des allures de testament. Un adieu au monde. Et au cinéma, puisque Tarr affirme qu'il a réalisé là, son ultime film.
C'est bien triste. Il a dit que pratiquement plus personne n'avait envie de voir ce type de cinéma contemplatif. Chacun de ses films n'est diffusé que dans de rares salles à travers le monde pendant quelques semaines avant de disparaître. C'est d'autant plus heureux que Beaubourg programme l'intégralité de ses films. Peut-être son prix à Berlin le fera-t-il hésiter... Je l'espère.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Bela Tarr Lun 5 Déc 2011 - 8:02
Marko a écrit:
traversay a écrit:
Radical, rude, fruste, le film a des allures de testament. Un adieu au monde. Et au cinéma, puisque Tarr affirme qu'il a réalisé là, son ultime film.
C'est bien triste. Il a dit que pratiquement plus personne n'avait envie de voir ce type de cinéma contemplatif. Chacun de ses films n'est diffusé que dans de rares salles à travers le monde pendant quelques semaines avant de disparaître. C'est d'autant plus heureux que Beaubourg programme l'intégralité de ses films. Peut-être son prix à Berlin le fera-t-il hésiter... Je l'espère.
Ca me semble bizarre comme argument. Comme si un Artiste s'occupait de savoir ce que les gens aujourd'hui et maintenant, veulent voir. Il me semblait que l'artiste oeuvrait pour la postérité... C'est à lui à tracer une voie, à conduire les gens dans sa direction... Bref, je me demande si ce n'est pas une excuse facile pour une raison plus profonde : maladie ? lassitude ? plus rien à dire ? problème de financement ?
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Bela Tarr Lun 5 Déc 2011 - 8:56
Difficile de trouver les financements certainement ! Que font les mécènes !
Dernière édition par Marko le Lun 5 Déc 2011 - 9:17, édité 1 fois
Invité Invité
Sujet: Re: Bela Tarr Lun 5 Déc 2011 - 9:04
Marko a écrit:
Pas de Cheval de Turin à l'horizon sur Lille
A Bruxelles non plus
darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
Sujet: Re: Bela Tarr Lun 5 Déc 2011 - 9:41
A Besançon non plus
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Bela Tarr Lun 5 Déc 2011 - 20:44
eXPie a écrit:
Ca me semble bizarre comme argument. Comme si un Artiste s'occupait de savoir ce que les gens aujourd'hui et maintenant, veulent voir. Il me semblait que l'artiste oeuvrait pour la postérité... C'est à lui à tracer une voie, à conduire les gens dans sa direction... Bref, je me demande si ce n'est pas une excuse facile pour une raison plus profonde : maladie ? lassitude ? plus rien à dire ? problème de financement ?
J'ai lu des articles avec une tonalité plus nuancée. De la lassitude, mais aussi le sentiment d'être allé au bout de ce qu'il avait à transmettre. Sans regret ni amertume...
Invité Invité
Sujet: Re: Bela Tarr Lun 5 Déc 2011 - 20:48
J'ai lu qu'il n'avait pas envie de se répéter, ni ennuyer les spectateurs avec des copies de son propre style. Ne pas céder à la facilité en s'autoplagiant comme tant d'autres artistes ?
eXPie a écrit:
C'est à lui à tracer une voie, à conduire les gens dans sa direction...
Et c'est pourquoi il veut ouvrir en 2012 une école de cinéma à Split, en Croatie, pour en faire un laboratoire, un nouveau Bauhaus nous dit-il.
Il achève également la production d'un film collectif sur la Hongrie.
Dernière édition par sentinelle le Lun 5 Déc 2011 - 20:56, édité 3 fois
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Bela Tarr Lun 5 Déc 2011 - 20:54
darkanny a écrit:
A Besançon non plus
Faut faire une petite virée à Paris
darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
Sujet: Re: Bela Tarr Lun 5 Déc 2011 - 21:09
oui tiens, sans salon de thé hein ?
ça me fait penser qu'à partir du 11 décembre je ne suis plus qu'à 2h de Paris grâce au train qui va tout vite !
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Bela Tarr Lun 5 Déc 2011 - 21:57
darkanny a écrit:
oui tiens, sans salon de thé hein ?
C'est dommage, parce qu'on y trouve d'excellentes pâtisseries. Et si je ne me trompe pas, à Metz nous avons mangé dans un salon de thé.
darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
Sujet: Re: Bela Tarr Lun 5 Déc 2011 - 22:18
Oui enfin tu sais maintenant on appelle salon de thé tout ce qui sert des pâtisseries et des tartes salées accompagnées de salades de crudités, c'est bien commode.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Bela Tarr Dim 1 Jan 2012 - 22:30
L'Homme de Londres
Il y aurait bien une histoire d'argent et de meurtre, que le film dépasse comme il dépasse avant et après une atmosphère sociale pour aller chercher une inquiétude plus loin, et sans mettre les mots dessus. Entre musique entêtante et coups marqués, la tension et les étranges absences et passivités sont survolés par le noir et blanc très contrasté mais sans violence, humide, flou, doux, comme ce sublime décor (vieux port de Bastia ???) à l'ancienneté décatie rassurante. La lumière, les visages fermés, les allers-retours, le temps qui reste. Un suspens policier déplacé ailleurs (ce qui doit coller à l'origine d'ailleurs). Des moments comme des visions mais très réels, et le rapport à l'époque, comme désactualisée, perdant de son importance, superflue, ce qui permet à des détails de de ne plus choquer. Acteurs doublés mais au poil. Des intérieurs fascinants, et la diversité des visages, drôle de constatation, pourtant.
Dommage de l'avoir raté au ciné...
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Bela Tarr Lun 2 Jan 2012 - 21:23
Ce qui me fascine dans L'homme de Londres c'est la façon dont il organise ses plans séquences. La caméra semble constamment dévoiler des pans de réalité invisibles jusqu'alors par de subtils mouvements rotatoires. Il crée une sorte de cosmogonie en faisant coexister plusieurs actions simultanées à travers un découpage de l'espace très précis et sur un rythme presque incantatoire. On retrouve cette façon de filmer dans presque tous ses films mais c'est particulièrement impressionnant dans celui-ci. Ce qui est surprenant c'est que son cinéma n'est fait que d'artifices à tous les nivaux, prenant le risque de désincarner le récit, mais qui créent paradoxalement un monde d'une très forte humanité et qui peut bouleverser pour peu qu'on en accepte le langage.
Un exemple de ces plans séquences:
P.S. La bande son est formidable également...
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Bela Tarr Sam 11 Fév 2012 - 21:51
Le cheval de Turin
Alors le jour deviendra la nuit, puis la nuit n'aura pas de fin.
Tout est destruction, tout est dépravation
Quelle force! Ce film terrasse par sa beauté crépusculaire absolument fulgurante. Un univers où comme dans la tradition romantique les paysages et les lieux sont des états d'âme, la musique lancinante et répétitive de Mihaly Vig un chant funèbre, les personnages des fantômes errant sur une terre aride et dévastée par des vents violents, la jument une créature apocalyptique en même temps qu'une énigme, l'eau, la terre, l'air et le feu les éléments essentiels de ce théâtre d'ombre et de lumière.
Un père et sa fille répètent inlassablement les rituels quotidiens d'une survie précaire, constamment entravés par des épreuves qui les séparent peu à peu du monde et de la lumière. L'intrusion d'un voisin prophétisant la mort de toutes choses et le pillage du puits par des tziganes de passage sont les seules présences humaines vite effacées. Il est question de la dépravation et de la perte du paradis originel, de la fin des temps.
Le cheval dont la condition avait ému Nietzsche avant qu'il ne devienne fou semble habité de toute la mélancolie du monde. Il refuse de tirer la charrette de ses maîtres, puis de s'alimenter et de boire avant de se figer dans une étrange transe qui l'absorbe déjà dans le néant.
Le final dans une obscurité quasi totale est sidérant de puissance comme bien des plans tout au long du film. Je pense à ce visage fantomatique aperçu à la fenêtre brouillée par le vent et les feuilles, cette course initiale hallucinante de la jument luttant contre la violence des éléments (les plans sont hypnotisants), ces repas minimalistes où on épluche des pommes de terre qui assurent la survie...
Pour ce testament revendiqué par Bela Tarr le constat est très sombre et désespéré. Mais il donne droit à une véritable oeuvre d'art que je ne suis pas prêt d'oublier.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Bela Tarr Sam 11 Fév 2012 - 21:54
Merci de ton beau commentaire Marko. Il rend parfaitement compte de la force de ce film d'exception.