Another Happy Day [Sam Levinson]

- Another Happy Day -
de Sam Levinson-

Lisez le titre avec l'ironie qu'il mérite, Sam Levinson (fils du Barry de Rain man) a sans doute des comptes à rendre à sa famille. Car on se demande où il va chercher tout ça, et surtout si ce n'est pas too much. Un brin peut être mais après tout, plus il y a de fous ...Nous suivons donc l'arrivée survoltée d'une mère assez speedée (Ellen Barkin, très retendue) et de ses deux fistons, un ado tout juste sorti de desintox ( Le terrifiant Kevin de Lynne Ramsay, Ezra Miller, excellent) et son jeune frère, qui parle peu mais bien et surtout filme très à propos. Le mariage du fils ainé (élevé par son premier mari violent) doit avoir lieu chez la grand mère (Ellen Burstyn) Tous sont réunis et attendent l'arrivée de la soeur qui n'a plus vu son père depuis belle lurette (vous suivez?). Entre les ficanas de soeurs, la belle mère tigresse (Demi Moore renversante) la matriache coincée, le grand père fugueur et les crises existentielles de cette belle jeunesse, il y a de quoi faire. Sam Levinson s'en donne à coeur joie. Vacheries, humour noir, crêpage de chignons et réparties cinglantes, en comparaison votre dernier repas de famille va vous paraître bien fade. En observateur lucide et cynique, il ose tout et dynamite le genre. Gare aux éclats mais dans l'ensemble c'est plutôt jouissif, et même parfois touchant (Ellen Barkin pleure beaucoup trop sous ses liftings mais bizarrement ça m'a émue) Les névroses sont des souffrances qui doivent être dites, ça on le savait, mais transposées à la façon du jeune cinéaste ça a de la gueule. En tout cas un ton très personnel et il y a de beaux moments (Rien que Demi Moore chaude comme la braise sur le dance floor en fond musical décalé ça peut vous plaire) Pour un premier ce n'est pas si mal, Sam! Traversay va me le démolir je sens...

Aeriale a écrit:

- Another Happy Day -
de Sam Levinson-

Lisez le titre avec l'ironie qu'il mérite, Sam Levinson (fils du Barry de Rain man) a sans doute des comptes à rendre à sa famille. Car on se demande où il va chercher tout ça, et surtout si ce n'est pas too much. Un brin peut être mais après tout, plus il y a de fous ...Nous suivons donc l'arrivée survoltée d'une mère assez speedée (Ellen Barkin, très retendue) et de ses deux fistons, un ado tout juste sorti de desintox ( Le terrifiant Kevin de Lynne Ramsay, Ezra Miller, excellent) et son jeune frère, qui parle peu mais bien et surtout filme très à propos. Le mariage du fils ainé (élevé par son premier mari violent) doit avoir lieu chez la grand mère (Ellen Burstyn) Tous sont réunis et attendent l'arrivée de la soeur qui n'a plus vu son père depuis belle lurette (vous suivez?). Entre les ficanas de soeurs, la belle mère tigresse (Demi Moore renversante) la matriache coincée, le grand père fugueur et les crises existentielles de cette belle jeunesse, il y a de quoi faire. Sam Levinson s'en donne à coeur joie. Vacheries, humour noir, crêpage de chignons et réparties cinglantes, en comparaison votre dernier repas de famille va vous paraître bien fade. En observateur lucide et cynique, il ose tout et dynamite le genre. Gare aux éclats mais dans l'ensemble c'est plutôt jouissif, et même parfois touchant (Ellen Barkin pleure beaucoup trop sous ses liftings mais bizarrement ça m'a émue) Les névroses sont des souffrances qui doivent être dites, ça on le savait, mais transposées à la façon du jeune cinéaste ça a de la gueule. En tout cas un ton très personnel et il y a de beaux moments (Rien que Demi Moore chaude comme la braise sur le dance floor en fond musical décalé ça peut vous plaire) Pour un premier ce n'est pas si mal, Sam! Traversay va me le démolir je sens...

Je redoutais la caricature et la comédie un peu appuyée et j'ai tout simplement trouvé ce film merveilleux. L'un des meilleurs films de ce début d'année à mon goût. Des dialogues brillantissimes, un mélange d'humour décapant et d'émotion formidablement intelligente, une justesse de chaque instant même dans la caricature de certains personnages, un sens du groupe et du détail, une construction ascensionnelle captivante. Je ne comprends pas une fois de plus la tiédeur critique. On est loin de ces comédies lourdingues habituelles. Il y a un côté "Non ma fille tu n'iras pas danser" et "Festen" à la sauce psychanalytique. L'ensemble prend d'ailleurs l'allure d'une sorte de thérapie familiale et on a le sentiment que le scénario (récompensé à Sundance) a été écrit par des gens très éclairés sur ces sujets. Il y a des séquences déchirantes et on pleure presque plus qu'on ne rie en renvoyant certainement quelques échos à des blessures personnelles. Gros coup de coeur!!

Marko a écrit:

Je redoutais la caricature et la comédie un peu appuyée et j'ai tout simplement trouvé ce film merveilleux. L'un des meilleurs films de ce début d'année à mon goût. Des dialogues brillantissimes, un mélange d'humour décapant et d'émotion formidablement intelligente, une justesse de chaque instant même dans la caricature de certains personnages, un sens du groupe et du détail, une construction ascensionnelle captivante. Je ne comprends pas une fois de plus la tiédeur critique. On est loin de ces comédies lourdingues habituelles. Il y a un côté "Non ma fille tu n'iras pas danser" et "Festen" à la sauce psychanalytique. L'ensemble prend d'ailleurs l'allure d'une sorte de thérapie familiale et on a le sentiment que le scénario (récompensé à Sundance) a été écrit par des gens très éclairés sur ces sujets. Il y a des séquences déchirantes et on pleure presque plus qu'on ne rie en renvoyant certainement quelques échos à des blessures personnelles. Gros coup de coeur!!

Marko tu me fais plaisir! Moi non plus je n'ai pas compris la tiédeur des avis lus dans la presse, du coup beaucoup vont passer à côté et c'est dommage. Ce n'est pas la première fois que j'ai cette impression d'être à contre courant, idem sur le forum. Du coup j'essaie de prendre des distances vis à vis de mes ressentis.
Ce qui est certain c'est que du fait de cette humour vachard le metteur en scène ne tombe jamais dans le lourdingue et arrive même à nous troubler fortement ce qui n'est pas évident vu le parti pris au départ. Cette scène par exemple à laquelle tu renvoies sur la photo m'a beaucoup émue. Il n'y a pas de paroles, c'est filmé de loin, on voit juste Ellen Barkin, effondrée sous l'arbre, son fils Ezra Miller, se rapprocher d'elle maladroitement et finir par lui passer son bras autour des épaules. C'est une des plus belles scènes, j'en ai encore des frissons...

Ca oui, la critique presse m'avait fait peur! Marko, Aéraile, je vous écoute, je le remets dans ma liste de possibles; A condition qu'il vienne jusque chez moi!

Tu pense que je pourrais aimer Aeriale ? J'avoue que je n'arrive pas à me décider.

Aeriale a écrit:

Cette scène par exemple à laquelle tu renvoies sur la photo m'a beaucoup émue. Il n'y a pas de paroles, c'est filmé de loin, on voit juste Ellen Barkin, effondrée sous l'arbre, son fils Ezra Miller, se rapprocher d'elle maladroitement et finir par lui passer son bras autour des épaules. C'est une des plus belles scènes, j'en ai encore des frissons...

C'est incroyable et il y a plein d'autres moments comme celui-là. Ce qui me plait beaucoup dans ce film c'est la façon dont les personnages les plus décalés et vulnérables en apparence sont ceux qui portent le plus souvent la parole vraie. Ils refusent les faux semblants, la loi du silence, ils dérangent autant qu'ils sont blessés par leur entourage. La grand-mère est un monstre d'égocentrisme qui ne veut pas voir les problèmes et entretient un double lien dévastateur. Mais chaque personnage a sa complexité, ses travers, pas d'angélisme, pas de diabolisation, même Demi Moore a ses raisons qui sont respectables bien qu'auto-centrées. Avec ce constat terrible du fils qui dit avec cynisme et tristesse que c'est souvent la mort qui rapproche les êtres d'une même famille bien plus que l'amour. En tout cas dans leur configuration personnelle qui est certainement en partie universelle. Ellen Barkin peut sembler caricaturale et trop dans l'hystérie mais pourtant, comme Chiara Mastroinani dans "Non ma fille tu n'iras pas danser", elle est d'une hypersensibilité qui insupporte alors qu'elle ne cherche qu'à rétablir une harmonie impossible. En tout cas de préserver ses enfants. Ezra Miller est lui aussi génial. Ce film est plein de mille détails qui en font la richesse sous l'apparence d'une xième comédie de mariage. C'est un très beau moment de cinéma. Mais j'attends des avis nettement moins enthousiastes. C'est un film qui divise beaucoup manifestement. Le seul travers que je lui trouve, mais il est bien relatif, est le fait de sembler par moment un précis de psychologie dans la bouche de chaque protagoniste. On est dans une culture américaine où chacun ou presque va voir un psy et le langage quotidien en est très influencé de façon plus ou moins pertinente. Ici ils sont d'une lucidité et d'une intelligence qui leur fait vomir la douleur et les blessures. Et c'est jubilatoire en même temps que déchirant. La scène où l'ex-mari reconnaît son geste de violence envers elle est sidérante. J'aime cette gravité derrière l'apparente loufoquerie.

Arabella a écrit:

Tu pense que je pourrais aimer Aeriale ? J'avoue que je n'arrive pas à me décider.

Incapable de dire si tu aimerais ou pas. Le genre de film qu'on ressent et qu'on adopte ou qu'on rejette d'entrée... Quand je lis les critiques négatives je ne vois pas le même film. Peut-être que ce qui est montré fait tellement écho à certains aspects de ma propre vie que je le trouve d'une justesse totale. Les premières minutes font un peu peur par ce côté hystérique mais rapidement on comprend que le film a une autre teneur.

topocl a écrit:

Ca oui, la critique presse m'avait fait peur! Marko, Aéraile, je vous écoute, je le remets dans ma liste de possibles; A condition qu'il vienne jusque chez moi!

Tu fais bien Topocl, tu vas aimer je pense...

Arabella a écrit:

Tu pense que je pourrais aimer Aeriale ? J'avoue que je n'arrive pas à me décider.

Par contre pour Arabella c'est plus aléatoire. Les répliques fusent comme des scuds lâchés sur Haïfa, et la famille contient des specimens plus beaufs que nature, ca risque de te plaire.
Si tu fais abstraction du visage tortionné de douleurs de la mère, tu peux avoir de vrais moments de bonheur. Soyons fous, tente!

Aeriale a écrit:

Arabella a écrit:

Tu pense que je pourrais aimer Aeriale ? J'avoue que je n'arrive pas à me décider.

Par contre pour Arabella c'est plus aléatoire. Les répliques fusent comme des scuds lâchés sur Haïfa, et la famille contient des specimens plus beaufs que nature, ca risque de te plaire.
Si tu fais abstrastion du visage tortionné de douleurs de la mère, tu peux avoir de vrais moments de bonheur. Soyons fous, tente!

Certains semblent caricaturaux au départ mais les choses se complexifient progressivement.

A noter que le réalisateur Sam Levinson (fils de Barry), qui a écrit et dirigé ce film, n'a que 26 ans.

J'aime bien les échos volontaires ou non entre les films:

Another happy day (1)/ Non ma fille tu n'iras pas danser (2 et 3):

Merci Aeriale et Marko, je vais encore réfléchir, il passe dans mon cinéma de proximité entre le 29 février et le 6 mars, et je crois que ce sera en fonction des autres films, s'ils me tentent plus, je ferrai l'impasse, et sinon j'essayerai celui-ci.

belles images Marko

krys a écrit:

belles images Marko

On pourrait faire un fil sur ce thème tellement il y en a de représentations notamment au cinéma.

.

Marko a écrit:

Ici ils sont d'une lucidité et d'une intelligence qui leur fait vomir la douleur et les blessures. Et c'est jubilatoire en même temps que déchirant. La scène où l'ex-mari reconnaît son geste de violence envers elle est sidérante. J'aime cette gravité derrière l'apparente loufoquerie.

Oui je crois que c'est cela qui m'a plu, dissimuler sous l'apparente légèreté, ici le cynisme ou souvent le burlesque, des sentiments très intenses. L'incompréhension de la grand mère vis à vis de sa fille qui elle a besoin de dire, alors que selon la première les choses doivent êtres tues ("par décence") ou le lien très fort entre Barkin et son fils, autant fait de répulsion que d'amour, est un autre exemple. Les moments où ils se rapprochent en sont d'autant plus terribles...
Parfois c'est même de l'humour très acide.

Spoiler:

On part sur un rire ( y compris l'hystérie de Barkin transformée en fontaine) et soudainement sans crier gare un moment de vraie émotion nous prend à rebours. C'est ça que j'aime et c'est ce qui manquait cruellement à "Non ma fille, Tu n'iras pas danser" où j'ai surtout le souvenir de Chiara Mastroianni en pleurs tout le long du film, ça m'a vraiment saoulée à la longue.

Marko a écrit:

Ce qui me plait beaucoup dans ce film c'est la façon dont les personnages les plus décalés et vulnérables en apparence sont ceux qui portent le plus souvent la parole vraie.

C'est tout à fait vrai. C'est souvent les deux plus jeunes qui mettent le doigt là où ça fait mal, le petit dernier n'est pas en reste non plus lorsqu'il déclare sobrement que le seul qui est normal est l'ainé mais tu ne l'as pas élevé du tout rajoute t'il! Il y a aussi cette réflexion qui m'a glacée par sa justesse et tu la cites Marko (sur les familles qui se rapprochent plus dans la mort)

Arabella à toi de jouer maintenant. Vas le voir au moins pour pouvoir le descendre à la sauce cruella