Another Happy Day [Sam Levinson]

Aeriale a écrit:

.Arabella à toi de jouer maintenant. Vas le voir au moins pour pouvoir le descendre à la sauce cruella

On a l'avantage de l'avoir vu sans rien en attendre. Le risque en le présentant comme un trésor est de décevoir... Mais je persiste et signe. j'adore ce film!

Aeriale a écrit:

C'est ça que j'aime et c'est ce qui manquait cruellement à "Non ma fille, Tu n'iras pas danser" où j'ai surtout le souvenir de Chiara Mastroianni en pleurs tout le long du film, ça m'a vraiment saoulée à la longue.

Regarde le une autre fois un de ces jours. J'ai adopté son point de vue (celui de Chiara) pendant tout le film et non seulement elle ne passe pas son temps à pleurer (contrairement à Ellen Barkin même si je la trouve touchante dans ses excès) mais elle est même sacrément généreuse malgré tout ce qu'elle endure. Un très beau personnage. Question d'état d'esprit au moment du visionnage probablement mais renouvelé aux 2 visions suivantes. C'est d'ailleurs plus "cinématographique" que Another Happy Day mais traité autrement. La force de ce dernier étant cet humour désenchanté et dévastateur.

P.S. Vous nous faites un petit fil pour ce film?

Aeriale a écrit:

- Another Happy Day -
de Sam Levinson-

Lisez le titre avec l'ironie qu'il mérite, Sam Levinson (fils du Barry de Rain man) a sans doute des comptes à rendre à sa famille. Car on se demande où il va chercher tout ça, et surtout si ce n'est pas too much. Un brin peut être mais après tout, plus il y a de fous ...Nous suivons donc l'arrivée survoltée d'une mère assez speedée (Ellen Barkin, très retendue) et de ses deux fistons, un ado tout juste sorti de desintox ( Le terrifiant Kevin de Lynne Ramsay, Ezra Miller, excellent) et son jeune frère, qui parle peu mais bien et surtout filme très à propos. Le mariage du fils ainé (élevé par son premier mari violent) doit avoir lieu chez la grand mère (Ellen Burstyn) Tous sont réunis et attendent l'arrivée de la soeur qui n'a plus vu son père depuis belle lurette (vous suivez?). Entre les ficanas de soeurs, la belle mère tigresse (Demi Moore renversante) la matriache coincée, le grand père fugueur et les crises existentielles de cette belle jeunesse, il y a de quoi faire. Sam Levinson s'en donne à coeur joie. Vacheries, humour noir, crêpage de chignons et réparties cinglantes, en comparaison votre dernier repas de famille va vous paraître bien fade. En observateur lucide et cynique, il ose tout et dynamite le genre. Gare aux éclats mais dans l'ensemble c'est plutôt jouissif, et même parfois touchant (Ellen Barkin pleure beaucoup trop sous ses liftings mais bizarrement ça m'a émue) Les névroses sont des souffrances qui doivent être dites, ça on le savait, mais transposées à la façon du jeune cinéaste ça a de la gueule. En tout cas un ton très personnel et il y a de beaux moments (Rien que Demi Moore chaude comme la braise sur le dance floor en fond musical décalé ça peut vous plaire) Pour un premier ce n'est pas si mal, Sam! Traversay va me le démolir je sens...

Démolir, non. Il y a des bonnes choses, mais mon impression générale est du genre bof.


Evidemment, les réunions de famille et, mieux encore, les mariages, sont pain béni pour écrire des scénarios cinglants à base de règlements de compte dans des familles dysfonctionnelles, à grands coups de dialogues vachards assénés de préférence sous la ceinture. On en a beaucoup vus de ces films-là et on s'en méfie, même si le genre ne semble pas totalement épuisé (voir Rachel se marie, par exemple). Another happy Day, de Sam Levinson, se glisse dans la moule sans difficultés, mais de là à le trouver original, il y a de la marge. Ellen Barkin est la productrice du film, elle en est aussi l'interprète centrale (combien de gros plans a t-elle demandé ?) au milieu d'une tonne de personnages dont les seuls à avoir une consistance ont, comme par hasard, une pathologie ou une névrose quelconque. Grâce à son interprétation sidérante, Ezra Miller se hisse largement au-dessus de la mêlée, donnant à son rôle une véritable personnalité. C'est à peu près le seul, la pauvre E. Barkin passant le plus clair de son temps à pleurer, pleurnicher plutôt, sans montrer un réel talent à émouvoir ( a t-elle jamais été une bonne actrice ?). Sinon, c'est vrai qu'il y a des répliques décapantes, mais comme on est en balance inconfortable entre le rire et le drame, la tentation est grande de vouloir s'échapper de cette atmosphère délétère. Comme beaucoup d'auteurs de premiers films, Sam Levinson a chargé la barque au-delà du raisonnable, sans s'apercevoir qu'il était en excédent de bagages. Quelques coupes par ci, par là, n'auraient pas fait de mal. Ceci dit, on est curieux de voir le second essai du fils de Barry. On parie qu'il sera meilleur ?

Another Happy Day.

Une étrange impression me laisse ce film. Mais globalement, je l'ai aimé.
Je n'ai lu aucune autre critique nulle part, alors je suis étonnée de lire Marko disant qu'il est descendu en flèche par la critique... Mais bon, les critiques...

Comme vous tous, j'ai trouvé qu'il grossissait beaucoup le trait des personnages, une psychologie poussive et caricaturale. Mais, étrangement, comme vous, ça ne m'a pas hérissé le poil. Parce que le fond est juste, parce qu'on sent une sincérité, et une envie de dire quelque chose d'autre (sisi, y'a vraiment un truc original dans ce film de famille par rapport à ce que l'on voit d'habitude Traversay. Le traitement des images, superbes, pas anodines, qui osent aller dans l'esthétique qui fait sens. L'humour qui est grinçant, mais à creuser la plaie, du moins à en faire sortir quelque chose. Les sourires sont réellement tristes, mauvais parfois...). Le fond du film est aussi plus intéressant et plus riche que ce que l'on peut voir ailleurs.
Peut-être qu'il y en a trop. Ils sont tous névrosés, tous avec un putain de boulet qu'ils traînent derrière eux. Mais ce n'est pas irréaliste. D'habitude, dans la "vraie vie", c'est juste mieux caché.

Ellen Barkin est profondément chiante. Déjà avec sa gueule refaite on a envie de lui faire péter les coutures. En plus, son personnage qui pleure vraiment tout le temps... c'était vraiment pas un rôle et je pense que pour elle, c'était trop. Elle n'est pas à la hauteur. Et ça pénalise beaucoup le film, parce qu'il est central son personnage, tout le temps là.

Par contre... les autres... Wa.

Bien sûr
Ezra Miller


Mais y'a Kate Bosworth... Elle n'est pas parfaitissime mais elle a une présence lumineuse


Ellen Burstyn fait la glaciale mère avec un contrôle démoniaque.


Et les autres...
Physiquement ils collent parfaitement à l'image qu'ils envoient (tous), chapeau bas pour le casting.

Queenie a écrit:

Une étrange impression me laisse ce film. Mais globalement, je l'ai aimé.

Oui, c'est drôle cette impression, il y a quelque chose qui empêche de le trouver génial, surement l'excés en tout, mais comme tu notes il y a en même temps l'authenticité des premiers films, ce truc qui pousse très loin, parfois trop, mais qui chamboule parce qu'on y sent de la souffrance derrière, un moyen de laver les plaies oui. Et je pense que Sam Levinson a mis une part très personnelle dans tout ça. Du moins je crois...

Queenie a écrit:

Ellen Barkin est profondément chiante. Déjà avec sa gueule refaite on a envie de lui faire péter les coutures. En plus, son personnage qui pleure vraiment tout le temps...

J'ai eu aussi du mal avec Barkin (parait il qu'elle a fait des pieds et des mains pour figurer au casting) mais même avec elle ça passe, c'est bizarre. Elle a un rôle difficile à faire passer en même temps, la fille bourrée de névroses, écorchée vive, que personne n'a jamais vraiment écoutée. Elle a de très belles scènes. Et ce Ezra Miller, pifiou... il nous bousille en un regard!
On va avoir du mal à le sortir de ces rôles d'ados perturbés après son rôle de Kevin (il est aussi excellent dans le film de Lynne Ramsay)

Il pourra jouer les serial killer.

Aeriale a écrit:

Queenie a écrit:

Ellen Barkin est profondément chiante. Déjà avec sa gueule refaite on a envie de lui faire péter les coutures. En plus, son personnage qui pleure vraiment tout le temps...

J'ai eu aussi du mal avec Barkin (parait il qu'elle a fait des pieds et des mains pour figurer au casting) mais même avec elle ça passe, c'est bizarre. Elle a un rôle difficile à faire passer en même temps, la fille bourrée de névroses, écorchée vive, que personne n'a jamais vraiment écoutée. Elle a de très belles scènes. Et ce Ezra Miller, pifiou... il nous bousille en un regard!
On va avoir du mal à le sortir de ces rôles d'ados perturbés après son rôle de Kevin (il est aussi excellent dans le film de Lynne Ramsay)

C'est marrant parce que de mon côté je l'ai trouvée formidable. Un visage refait improbable, un comportement constamment dans le débordement émotionnel. C'est une emmerdeuse absolue mais en même temps elle est la plus authentique de tous, elle refuse le non-dit, elle fait ce qu'entreprend le héros de Festen à savoir harceler les autres pour que la vérité se dise. Elle y parvient presque en partie sans que rien soit franchement résolu. J'aime son hystérie, ses excès, sa souffrance qu'elle vomit. Elle est une caricature sans l'être. Je la trouve aussi réussie que les autres. Car elle est loin d'être parfaite! Elle a fait pas mal de dégâts avec ses propres enfants.

Pour ce qui est de ce surplus de névrose collective je pense qu'il suffit de regarder autour de soi (et en soi) pour voir que des familles "dysfonctionnelles" c'est presque un pléonasme. Mais comme tu le dis Queenie, le plus souvent on rentre ces frustrations, ces souffrances. Ellen Barkin fait le choix de l'hystérie et ça dérange mais elle a raison!! C'est atroce tous ces faux-semblants.

Je vais la faire façon Traversay, c'est plutôt bof. On ne s'ennuie pas pendant le film, c'est déjà ça, mais l'ensemble a un côté exercice de style, le mariage, réunion de famille, et le déballage général avec règlement de comptes. Pas mal vu déjà. Ensuite le film est entre plusieurs registres, l'humour, l'exagéré, et l'expression d'une souffrance (pour les enfants). Du coup rien n'est vraiment mené à bout, on survole, ce qui fait d'ailleurs que le film est animé, on passe d'un truc à un autre, de l'outrancier au touchant, cela crée un mouvement, c'est efficace dans l'instant, mais frustrant quand on y repense, et fait qu'on a un peu le sentiment de s'être fait manipulé par un gars qui arrive à faire quelque chose de brillant par moments, en tous les cas efficace, mais au final creux, et artificiel, qui ne restera pas dans la mémoire, ou avec un arrière goût un peu délétère.
Rien de vraiment inspiré ni essentiel dans ce cinéma, mais on peut suivre cela sans déplaisir sur l'instant si on a rien de mieux à faire.