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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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T. S. Eliot, poète, dramaturge, et critique littéraire américain fut naturalisé citoyen britannique. Traducteur de Saint-John Perse, T.S Eliot se définissait ainsi : "classique en littérature, royaliste en politique, anglo-catholique en religion". Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1948.
Citation :
T.S. Eliot a passé sa vie au Royaume-Uni à partir de 1914. Auparavant, en 1910, il a séjourné à Paris dans le quartier du Montparnasse, où il a rencontré d'autres artistes éminents de son temps. Man Ray fera son portrait. Il s'absorbe dans l'étude du sanskrit et des religions orientales. Il est alors étudiant de Georges Gurdjieff.
En 1915, Ezra Pound, alors éditeur international du magazine Poetry, recommande à Harriet Monroe la publication de "The Love Song of J. Alfred Prufrock", où le jeune poète de 22 ans a parfaitement réussi à capturer les états d'âme d'un homme dans la quarantaine. En octobre 1922, Eliot publie The Waste Land (La Terre vaine) dans le Criterion. Ce poème, écrit au moment où Eliot souffre au niveau personnel et familial (son mariage va à vau-l'eau) entre en résonance avec les peines de l'époque et de la génération perdue qui revient de la Première Guerre mondiale ; il devient l'un des modèles de la nouvelle poésie britannique. Avant même sa publication en livre (décembre 1922), T.S. Eliot prend ses distances avec le ton du poème qu'il juge par trop sombre : « en ce qui concerne The Waste Land, c'est une chose du passé et je me sens tourné vers l'avenir et vers une nouvelle forme et un nouveau style » écrit-il à Richard Aldington en novembre de la même année. En dépit de la forme complexe du poème, des changements brusques de narrateur, de temps, de lieux, en dépit des références nombreuses et élégiaques à d'autres cultures et d'autres religions, The Waste Land est devenu un phare de la littérature moderne dont certaines phrases sont entrées dans l'anglais courant : April is the cruellest month - « Avril est le mois le plus cruel » ; I will show you fear in a handful of dust – « je vais vous montrer la peur en une poignée de cendre » ou Shantih shantih shantih. La période qui suit sa conversion est, assez naturellement, religieuse, mais s'attache aussi à l'héritage britannique et à ses valeurs. En 1928, T.S. Eliot résume son sentiment dans la préface de son livre For Lancelot Andrewes « le point de vue général peut être décrit comme classique dans sa forme, royaliste dans ses idées et anglo-catholique dans ses convictions ». Cette période voit la publication du Mercredi des cendres – Ash Wednesday, Le Voyage des mages – The Journey of the Magi et Quatre quatuors – Four Quartets qu'Eliot considérait comme son chef d'œuvre et qui est basé sur les quatre éléments et quatre aspects du temps : théologique, historique, physique et humain. Les Quatre quatuors (en), écrits de 1935 à 1944, le souligneront pour le Prix Nobel qui lui sera décerné en 1948. (Source Wikipedia)
Bibliographie :
Poésie:
Prufrock and Other Observations ; 1917 Ara vos prec La Terre vaine ; 1922 (The Waste Land) The Hollow Men ; 1925 Ash Wednesday Animula Quatre quatuors ; (Four Quartets) The Sacred Wood On Poets and Poetry Notes Towards a Definition of Culture
Pièces de théâtre écrites pour la plupart en vers :
Sweeney Agonistes ; 1925, Le Roc ; 1934 (The Rock) Meurtre dans la cathédrale ; 1935, Réunion de famille ; 1939 (The Family Reunion) Cocktail Party ; 1950, L'employé de confiance ; 1953 (The Confidential Clerk) L'homme d'État âgé ; 1958 (The Elder Statesman)
Citation :
Meurtre dans la cathédrale raconte la mort de Thomas Becket, Eliot raconte qu'il a été influencé, entre autres, par les œuvres du prêcheur Lancelot Andrewes. Cette œuvre a été créée en France et mise en scène par Jean Vilar en 1945 au théâtre du Vieux colombier à Paris, puis au festival d'Avignon. On a aussi pu en voir une version télévisée vers 1965 (en noir et blanc), avec Alain Cuny dans le rôle principal.
Nous sommes les hommes creux Les hommes empaillés Cherchant appui ensemble La caboche pleine de bourre. Hélas ! Nos voix desséchées, quand Nous chuchotons ensemble Sont sourdes, sont inanes Comme le souffle du vent parmi le chaume sec Comme le trottis des rats sur les tessons brisés Dans notre cave sèche.
Silhouette sans forme, ombre décolorée, Geste sans mouvement, force paralysée ;
Ceux qui s’en furent Le regard droit, vers l’autre royaume de la mort Gardent mémoire de nous – s’ils en gardent – non pas Comme de violentes âmes perdues, mais seulement Comme d’hommes creux D’hommes empaillés.
II
Les yeux que je n’ose pas rencontrer dans les rêves Au royaume de rêve de la mort Eux, n’apparaissent pas: Là, les yeux sont Du soleil sur un fût de colonne brisé Là, un arbre se balance Et les voix sont Dans le vent qui chante Plus lointaines, plus solennelles Qu’une étoile pâlissante.
Que je ne sois pas plus proche Au royaume de rêve de la mort Qu’encore je porte Pareils francs déguisements: robe de rat, Peau de corbeau, bâtons en croix Dans un champ Me comportant selon le vent Pas plus proche -
Pas cette rencontre finale Au royaume crépusculaire.
III
C’est ici la terre morte Une terre à cactus Ici les images de pierre Sont dressées, ici elles reçoivent La supplication d’une main de mort Sous le clignotement d’une étoile pâlissante.
Est-ce ainsi Dans l’autre royaume de la mort: Veillant seuls A l’heure où nous sommes Tremblants de tendresse Les lèvres qui voudraient baiser Esquissent des prières à la pierre brisée.
IV
Les yeux ne sont pas ici Il n’y a pas d’yeux ici Dans cette vallée d’étoiles mourantes Dans cette vallée creuse Cette mâchoire brisée de nos royaumes perdus
En cet ultime lieu de rencontre Nous tâtonnons ensemble Evitant de parler Rassemblés là sur cette plage du fleuve enflé
Sans regard, à moins que Les yeux ne reparaissent Telle l’étoile perpétuelle La rose aux maints pétales Du royaume crépusculaire de la mort Le seul espoir D’hommes vides.
V
Tournons autour du fi-guier De Barbarie, de Barbarie Tournons autour du fi-guier Avant qu’le jour se soit levé.
Entre l’idée Et la réalité Entre le mouvement Et l’acte Tombe l’Ombre
Car Tien est le Royaume
Entre la conception Et la création Entre l’émotion Et la réponse Tombe l’Ombre
La vie est très longue
Entre le désir Et le spasme Entre la puissance Et l’existence Entre l’essence Et la descente Tombe l’Ombre
Car Tien est le Royaume
Car Tien est La vie est Car Tien est
C’est ainsi que finit le monde C’est ainsi que finit le monde C’est ainsi que finit le monde Pas sur un Boum, sur un murmure.
(1925)
(Extrait de "Four quartets", in La Terre vaine et autres poèmes/ Traduction de Pierre Leyris / Collection Points.)
Dans une célèbre scène du film “Apocalypse Now”, Kurtz (Marlon Brando) lit à voix haute "The Hollow Men" (Les hommes creux) de T.S Eliot :
They are rattling breakfast plates in basement kitchens, And along the trampled edges of the street I am aware of the damp souls of housemaids Sprouting despondently at area gates.
The brown waves of fog toss up to me Twisted faces from the bottom of the street, And tear from a passer-by with muddy skirts An aimless smile that hovers in the air And vanishes along the level of the roofs.
Oxford, 1915
Matin à la fenêtre
La vaisselle du breakfast tinte dans les sous-sols Et le long des trottoirs piétinés de la rue J'ai conscience que l'âme humide des servantes Perce languissamment aux entrées de service.
Les vagues rousses du brouillard lancent vers moi Du fin fond de la rue des visages distors Tirant d'une passante à la jupe boueuse Un sourire sans but qui flotte dans les airs Et s'évanouit le long des toits.
Oxford, 1915.
(Extrait de "Premiers poèmes", in "La terre vaine et autres poèmes", traduit de l'anglais par Pierre Leyris /Edition bilingue / Collec. Points)
Version intégrale avec traduction de "La terre dévastée" par Guy Le Gaufey, autrement intitulée par Pierre Leyris "La terre vaine" (NRF/Gallimard) : ICI
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: T.S Eliot [Etats-Unis / Angleterre] Dim 17 Mar 2013 - 11:04
Doublon, je me suis plantée.
Dernière édition par Constance le Dim 17 Mar 2013 - 11:14, édité 2 fois
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: T.S Eliot [Etats-Unis / Angleterre] Dim 17 Mar 2013 - 11:08
La chanson d'amour de J. Alfred Prufrock
S’io credesse che mia risposa fosse A persona che mai tornasse al mondo Questa fiamma staria senza piu scosse. Ma perciocche giammai di questa fondo Non torno vivo alcun, s’i’odo il vero, Senza tema d’infamia ti respondo.
Allons-nous en donc, toi et moi, Lorsque le soir est étendu contre le ciel Comme un patient anesthésié sur une table : Allons par telles rues que je sais, mi-désertes Chuchotantes retraites Pour les nuits sans sommeil dans les hôtels de passe Et les bistrots à coquilles d’huîtres, jonchés de sciure: Ces rues qui poursuivent, dirait-on, quelque dispute interminable Avec l’insidieux propos De te mener vers une question bouleversante ... Oh ! ne demande pas: “Laquelle ?” Allons plutôt faire notre visite.
Dans la pièce les femmes vont et viennent En parlant des maîtres de Sienne.
Le brouillard jaune qui frotte aux vitres son échine, Le brouillard jaune qui frotte aux vitres son museau A couleuvré sa langue dans les recoins du soir, A traîné sur les mares stagnantes des égouts, A laissé choir sur son échine la suie qui choit des cheminées, Glissé le long de la terrasse, bondi soudain, Et voyant qu’il faisait un tendre soir d’octobre, S’est enroulé autour de la maison, puis endormi. Et pour sûr elle aura le temps, La jaunâtre fumée qui glisse au long des rues, De se frotter l’échine aux vitres; Tu auras le temps, tu auras le temps De te préparer un visage pour les visages de rencontre; Le temps de mettre à mort et de créer, Le temps qu’il faut pour les travaux et jours des mains Qui soulèvent, puis laissent retomber une question sur ton assiette : Temps pour toi et temps pour moi, Temps pour cent hésitations, Pour cent visions et révisions, Avant de prendre une tasse de thé.
Dans la pièce les femmes vont et viennent En parlant des maîtres de Sienne.
Et pour sûr j’aurai bien le temps De me demander: “Oserai-je ?” et “Oserai-je ?” Le temps de me retourner et de descendre l’escalier Avec une couronne chauve au sommet de ma tête ... (Et l’on dira: “Mais comme ses cheveux se font rares !”) Ma jaquette, mon faux col montant avec fermeté jusqu’au menton, Ma cravate riche et modeste rehaussée d’une discrète épingle ... (“Voyez comme ses bras et ses jambes sont grêles !”) Oserai-je Déranger l’univers ? Une minute donne le temps De décisions et de repentirs qu’une autre minute renverse.
Car je les ai connus, je les ai tous connus - J’ai connu les soirées, les matins, les midis, J’ai mesuré ma vie avec des cuillers à café; Je sais les voix mourantes dans une mourante retombée Sous la musique venue d’une pièce lointaine Comment, dès lors, me risquerais-je ?
Et j’ai connu les yeux, je les ai tous connus - Ceux qui vous rivent au moyen d’une formule Et une fois mis en formule, une fois étalé sur une épingle, Une fois épinglé et me tordant au mur, Comment, dès lors, commencerais-je A cracher les mégots de mes jours et détours ? Comment, dès lors, me risquerais-je ?
Et j’ai connu les bras déjà, oui, tous connus ... Les bras cernés de bracelets et blancs et nus (Mais sous la lampe duvetés de châtain clair !) Est-ce un parfum de robe Qui me fait ainsi divaguer ? Les bras couchés sur une table, les bras qui enroulent un châle. Devrais-je dès lors me risquer ? Comment devrais-je commencer ?
Dirai-je : j’ai passé à la brune par des rues étroites, Et j’ai vu la fumée qui s’élève de la pipe Des hommes solitaires penchés en bras de chemise à leur fenêtre ?
Que n’ai-je été deux pinces ruineuses Trottinant par le fond des mers silencieuses.
L’après-midi, le soir dort si paisiblement ! Lissé par de longs doigts, Assoupi ... épuisé ... ou jouant le malade, Couché sur le plancher, près de toi et de moi. Devrais-je, après le thé, les gâteaux et les glaces, Avoir le nerf d’exacerber l’instant jusqu’à sa crise ? Mais bien que j’aie pleuré et jeûné, pleuré et prié, Bien que j’aie vu ma tête (qui commence à se déplumer) offerte sur un plat, Je ne suis pas prophète ... et il n’importe guère; Ma grandeur, j’en ai vu le moment vaciller, J’ai vu l’éternel Laquais tenir mon pardessus et ricaner, En un mot j’ai eu peur. Aurait-ce été la peine, après tout, Après les tasses, le thé, la marmelade d’orange Parmi les porcelaines et quelques mots de toi et moi, Aurait-ce été la peine De trancher bel et bien l’affaire d’un sourire, De triturer le monde pour en faire une boule, De le rouler vers une question bouleversante, De dire : “Je suis Lazare et je reviens d’entre les morts, Je reviens pour te dire tout, je te dirai tout” - Si certaine, arrangeant un coussin sous sa tête, Avait dit : “Non, ce n’est pas ça du tout; Ce n’est pas ça du tout que j’avais voulu dire.”
Aurait-ce été la peine, après tout, Aurait-ce été la peine, Après les arrière-cours, les couchers du soleil et les rues qu’on arrose, Après les tasses de thé et les romans, après les jupes qui traînent sur le plancher - Et ceci et tant d’autres choses ? Ah ! comment exprimer ce que je voudrais dire ! Mais comme si une lanterne magique projetait le motif des nerfs sur un écran : Aurait-ce été la peine si certaine, Arrangeant un coussin ou rejetant un châle, S’était tournée vers la fenêtre en déclarant: “Ce n’est pas ça du tout, Ce n’est pas ça du tout que j’avais voulu dire.”
Le Prince Hamlet ? Non pas, je n’ai jamais dû l’être; Mais un seigneur de la suite, quelqu’un Qui peut servir à enfler un cortège A déclencher une ou deux scènes, à conseiller Le prince; assurément un instrument commode, Déférent, enchanté de se montrer utile, Politique, méticuleux et circonspect; Hautement sentencieux, mais quelque peu obtus; Parfois, en vérité, presque grotesque - Parfois, presque, le Fou.
Je vieillis, je vieillis ... Je ferai au bas de mes pantalons un retroussis.
Partagerai-je mes cheveux sur la nuque ? Oserai-je manger une pêche ? Je vais mettre un pantalon blanc et me promener sur la plage. J’ai, chacune à chacune, ouï chanter les sirènes.
Je ne crois guère qu’elles chanteront pour moi. Je les ai vues monter les vagues vers le large Peignant les blancs cheveux des vagues rebroussées Lorsque le vent brasse l’eau blanche et bitumeuse.
Nous nous sommes attardés aux chambres de la mer Près des filles de mer couronnées d’algues brunes Mais des voix d'hommes nius réveillent et nous noient.
Paris-Munich, 1911
(Extrait de "Premiers poèmes (1910-1920)", in "La terre vaine et autres poèmes"/ Edition bilingue/ Traductions de Pierre Leyris/ Collec. Points)
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: T.S Eliot [Etats-Unis / Angleterre] Mar 25 Juin 2013 - 14:13
Burnt Norton
I
Le temps présent et le temps passé
sont tous deux présents peut-être dans le temps futur
Et le temps futur contenu dans le temps passé.
Si tout temps est éternellement présent
Tout temps est irrémissible.
Ce qui aurait pu être est une abstraction
Qui ne demeure un perpétuel possible
Que dans un monde de spéculation.
Ce qui aurait pu être et ce qui a été
Tendent vers une seule fin, qui est toujours présente.
Des pas résonnent en écho dans la mémoire
Le long du corridor que nous n’avons pas pris
Vers la porte que nous n’avons jamais ouverte
Sur le jardin de roses. Mes paroles font écho
Ainsi, dans votre esprit
Mais à quelle fin
Troublent-elles la poussière d’une coupe de roses,
Qu’en sais-je ?
D’autres échos
Habitent le jardin. Les suivrons-nous ?
Vite, dit l’oiseau, vite, trouve-les, trouve-les
Au détour de l’allée. Par le premier portail,
Dans notre premier monde, allons-nous suivre
Le leurre de la grive ? Dans notre premier monde,
Ils étaient là, dignes et invisibles,
Se mouvant sans peser parmi les feuilles mortes,
Dans la chaleur d’automne, à travers l’air vibrant,
Et l’oiseau d’appeler, en réponse
A la musique inentendue dissimulée dans le bosquet,
Et le regard inaperçu franchit l’espace, car les roses
Avaient l’air de fleurs regardées.
Ils étaient là : nos hôtes acceptés, acceptants.
Et nous procédâmes avec eux en cérémonieuse ordonnance,
Le long de l’allée vide et dans le rond du buis,
Pour plonger nos regards dans le bassin tari.
Sec le bassin, de ciment sec, au rebord brun,
Et le bassin fut rempli d’eau par la lumière du soleil,
Et les lotus montèrent doucement, doucement,
La surface scintilla au cœur de la lumière,
Et ils étaient derrière nous, se reflétant dans le bassin.
Puis un nuage passa et le bassin fut vide.
Va, dit l’oiseau — les feuilles étaient pleines d’enfants
excités, réprimant leurs rires dans leurs cachettes.
Va, va, va, dit l’oiseau : le genre humain
Ne peut pas supporter trop de réalité.
Le temps passé, le temps futur,
ce qui aurait pu être et ce qui a été
tendent vers une seule fin, qui est toujours présente.
(Extrait de Quatre quatuors, in La terre vaine et autres poèmes, coll. Points/ éd. bilingue
trad. Pierre Leyris)
Burnt Norton
I
Time present and time past
Are both perhaps present in time future,
And time future contained in time past.
If all time is eternally present
All time is unredeemable.
What might have been is an abstraction
Remaining a perpetual possibility
Only in a world of speculation.
What might have been and what has been
Point to one end, which is always present.
Footfalls echo in the memory
Down the passage which we did not take
Towards the door we never opened
Into the rose-garden. My words echo
Thus, in your mind.
But to what purpose
Disturbing the dust on a bowl of rose-leaves
I do not know.
Other echoes
Inhabit the garden. Shall we follow?
Quick, said the bird, find them, find them,
Round the corner. Through the first gate,
Into our first world, shall we follow
The deception of the thrush? Into our first world.
There they were, dignified, invisible,
Moving without pressure, over the dead leaves,
In the autumn heat, through the vibrant air,
And the bird called, in response to
The unheard music hidden in the shrubbery,
And the unseen eyebeam crossed, for the roses
Had the look of flowers that are looked at.
There they were as our guests, accepted and accepting.
So we moved, and they, in a formal pattern,
Along the empty alley, into the box circle,
To look down into the drained pool.
Dry the pool, dry concrete, brown edged,
And the pool was filled with water out of sunlight,
And the lotos rose, quietly, quietly,
The surface glittered out of heart of light,
And they were behind us, reflected in the pool.
Then a cloud passed, and the pool was empty.
Go, said the bird, for the leaves were full of children,
Hidden excitedly, containing laughter.
Go, go, go, said the bird: human kind
Cannot bear very much reality.
Time past and time future
What might have been and what has been
Point to one end, which is always present.
Le château de Burnt Norton (Gloucestershire) que visita T.S Eliot en 1934, alors que cette bâtisse était inhabitée.
GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
Sujet: Re: T.S Eliot [Etats-Unis / Angleterre] Mar 25 Juin 2013 - 14:56
Très évocateur ce poème. Je le mets dès que j'aurai à vendre ma maison merci Constance !
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: T.S Eliot [Etats-Unis / Angleterre] Mer 26 Juin 2013 - 15:56
Sachant que je n'en ai encore copié que la première partie qui en comporte quatre, il te faudra offrir un fascicule aux éventuels acheteurs ... ça fait cher l'annonce.
GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
Sujet: Re: T.S Eliot [Etats-Unis / Angleterre] Mer 26 Juin 2013 - 16:02
Constance a écrit:
Sachant que je n'en ai encore copié que la première partie qui en comporte quatre, il te faudra offrir un fascicule aux éventuels acheteurs ... ça fait cher l'annonce.