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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Amore [Luca Guadagnino] Ven 24 Sep 2010 - 18:52
Amore de Luca Guadagnino
Citation :
Dans la propriété des Recchi, riche famille d’industriels milanais, Emma coule des jours monotones, enfermée dans son mariage et son sens du devoir. Au printemps, elle fait la connaissance d’Antonio, surdoué en cuisine et meilleur ami de son fils.
La mise en scène d'Amore n'est pas seulement voyante, elle est ostentatoire. Que Luca Guadagnino ne s'étonne pas si on l'accuse de maniérisme, lui qui semble vouloir se prendre pour Visconti, Ophüls et Sirk, à la fois. Un peu beaucoup pour un seul homme. Reconnaissons que la lumière qui éclaire son film, tour à tour blonde, bleue et grise, et que ses travellings verticaux à l'assaut des immeubles milanais ont de la gueule. Sauf que l'on se demande si cette esthétique forcenée a un réel intérêt, au vu du scénario,.
Io sono l'Amore dit le titre original. Je suis l'amour, rien que cela, la grandiloquence ne fait pas peur au cinéaste. Promesse non tenue car l'idylle entre cette dame du grand monde et un petit cuisinier, ça vous rappelle vaguement Lady Chatterley ?, n'est pas d'une originalité folle, qui plus est traitée de façon froide. Quant à l'aspect social, la description de cette dynastie d'industriels destinée à disparaître du fait de la mondialisation, il n'est que survolé, et de très haut. On est bien loin du Guépard ou des Damnés.
Et Tilda Swinton dans tout cela ? Parfaite, bien sûr, mais ceux qui ont vu le méconnu Julia d'Erik Zonca savent qu'elle est capable de performances autrement plus passionnées. Les comédiens qui l'entourent ne font d'ailleurs pas d'étincelles écrasés, qu'ils sont par cette mise en scène d'opéra.
Amore est un film idéal pour les esthètes dévots. Ce n'est déjà pas si mal, mais pas davantage.
Dernière édition par traversay le Ven 24 Sep 2010 - 20:02, édité 1 fois
La mise en scène d'Amore n'est pas seulement voyante, elle est ostentatoire. Que Luca Guadagnino ne s'étonne pas si on l'accuse de maniérisme, lui qui semble vouloir se prendre pour Visconti, Ophüls et Sirk, à la fois. Un peu beaucoup pour un seul homme. Reconnaissons que la lumière qui éclaire son film, tour à tour blonde, bleue et grise, et que ses travellings verticaux à l'assaut des immeubles milanais ont de la gueule. Sauf que l'on se ,demande si cette esthétique forcenée a un réel intérêt, au vu du scénario,.
Tu n'as pas tout à fait tort Traversay! Je ne sais pas si le monsieur cherche à rivaliser avec ces maîtres mais il est vrai que j'ai moi aussi trouvé la mise en scène un peu trop pesante. Et pourtant le résultat n'est pas moche, il tient à distance le spectateur qui prend bien conscience de la solennité des lieux et du caracan qui pèse sur cette riche famille d'industriels. Donc j'y ai vu un intérêt, d'autant que dès que l'héroine (Parfaite Tilda Swinton) ouvre ses sens à la vie et redécouvre les bonheurs d'une nature autrefois familière (on apprend que son père était aussi restaurateur) la caméra se rapproche et finit par scruter le moindre geste, les peaux qui se cherchent, et les palpitations du coeur.
Une histoire banale certes, traitée avec recul et froideur, mais qui retranscrit bien ce que peut donner une vie sans passion, et sa renaissance grâce au réveil des sens. Les seules scènes réellement émouvantes sont celles de la fin, lorsque la gouvernante - la seule ayant un contact quotidien et quasi physique avec sa patronne- s'effondre en pleurs, pour le reste c'est plutôt un film contemplatif et j'ai souvent trouvé le temps long, je dois avouer ...Je ne pense pas qu'il me restera longtemps en mémoire en tout cas!
Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
Les esthètes dévots... Très en forme, Traversay, malgré les bouchons! Film noté quand même, j'aime beaucoup Tilda Swinton, excellente dans Julia, c'est vrai!
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
.Les seules scènes réellement émouvantes sont celles de la fin, lorsque la gouvernante - la seule ayant un contact quotidien et quasi physique avec sa patronne- s'effondre en pleurs, pour le reste c'est plutôt un film contemplatif et j'ai souvent trouvé le temps long, je dois avouer ...Je ne pense pas qu'il me restera longtemps en mémoire en tout cas!
J'ai bien aimé aussi les scènes de la fin et la forte relation que l'on devine entre l'héroïne et sa fille. J'aurais aimé que soit développée la relation mère/fils aussi, qui parlent russe ensemble. Quant au cuisinier, tu lui trouves du sex appeal, toi ?
Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
Sujet: Amore [Luca Guadagnino] Ven 24 Sep 2010 - 21:35
traversay a écrit:
J'ai bien aimé aussi les scènes de la fin et la forte relation que l'on devine entre l'héroïne et sa fille. J'aurais aimé que soit développée la relation mère/fils aussi, qui parlent russe ensemble. Quant au cuisinier, tu lui trouves du sex appeal, toi ?
Oui, j'ai bien aimé le regard de sa fille et le temps que la caméra prend pour laisser les regards parler d'eux mêmes. Mais rien n'éclate, pas d'effusions si on remarque. Cette relation ainsi que celle d'avec Edo sont de beaux moments mais toujours en retenue. Là encore c'est avec la gouvernante que le fils craque...
Quant au cuisinier...euh... on se posait justement la même question avec mon amie. D'accord il est jeune et vigoureux mais...c'est surtout qu'il fait bien la cuisine non?
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mer 13 Oct 2010 - 16:52
Je vous rejoins tous les deux. C'est un beau film, pas non plus ahurissant de beauté. Il ne coupe pas le souffle, il est un peu en suspens, de loin, d'un peu trop haut. Mais en même temps ça colle tellement au propos du film, que je ne sais quoi en penser : est-ce que c'est un tour de force de coller si bien fond et forme, ou est-ce que c'est tout de même un peu raté ?
En même temps, je ne me suis pas ennuyée une seconde. Et l'histoire qui mène vers le tragique latin était parfaitement bien racontée. Sans compter sur les acteurs qui sont parfaits.
Évidemment, on regrette le manque de développement dans la démonstration des rapports humains (la mère et ses enfants : son fils "chouchou", sa fille avec qui elle partage un secret, le frère et la sœur), mais en même temps, encore une fois, ça colle tellement avec le propos de cette famille qui ne laisse pas parler ses émotions qu'on se demande si en montrer plus ne serait pas une faute de goût, ou un tout autre film.
Bizarre, comme juste après Le premier qui l'a dit, c'est de nouveau une famille italienne dont la fortune repose en partie sur une entreprise, et qu'au moment du passage du flambeau, y'a une rivalité qui surgit entre les frères, et une mise en avant de la dualité tradition/modernité.
Et les images d'entreprise, aussi, c'est une marque de fabrique du cinéma italien ?
Ça m'a fait drôle de voir tant de similarités (à rajouter, aussi, la question de l'homosexualité, de tout cacher au patriarche...).
Quant au sex appeal du cuistot... Je ne me suis pas posé la question. D'abord parce que Tilda Swinton n'est pas un canon non plus. Je me demandais même plus ce que lui, lui trouvait à elle. Parce qu'elle, c'est évident : ce sont ses sens réveillés, aiguisés, qui parlent pour elle. Et sa sortie de l'emprisonnement, de l'étouffement.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mar 23 Nov 2010 - 17:27
Amore
Que de tiédeur les amis! J'ai adoré ce film qui a déjà le mérite d'être chorégraphié autour de la musique du compositeur américain John Adams que j'aime tant. Du mouvement répétitif, John Adams a retenu la pulsation vitale qui décrit aussi bien les paysages urbains et leur frénésie que les états d'âme agités ou plus élégiaques. On entend pas loin d'une vingtaine d'extraits de ses oeuvres, particulièrement bien choisis et adaptés aux diverses séquences, et c'est déjà un bonheur pour moi. Bien sûr il s'agit d'une grande forme autour d'une histoire convenue qui flirte entre Madame Bovary (elle s'appelle d'ailleurs Emma) et l'amant de Lady Chatterley. Mais une grande forme qui a de la gueule et qui évite le plus souvent le côté trop esthétisant qui m'aurait repoussé. Il y a quelques facilités comme cette opposition entre l'austérité de cette grande demeure bourgeoise ou les vues urbaines enneigées du générique et la lumière éclatante d'une nature sensuelle et libératrice qui autorise à briser tous les carcans. Mais à côté de ça on assiste à un spectacle magnifique qui décrit d'abord les rituels de cette prison familiale patriarcale avec beaucoup d'aisance et d'originalité (je n'ai vu ça que chez James Gray ces dernières années) pour faire surgir progressivement le magnétisme érotique entre une ahurissante Tilda Swinton (qui n'oublie jamais de rester la grande actrice qu'elle est) et ce cuisinier plus terrien et touchant.
"Amore" qui n'est d'abord qu'une formule convenue pour désigner plutôt un sentiment de propriété et vidé de son sens à force d'usure du quotidien (le terrible "Tu n'existes pas" que prononce le mari à la fin est d'une violence totale mais libératrice), devient ce feu qui anime mère et fille dans un appel à la jouissance, palpable, excitant, et vraiment jubilatoire. Les scènes d'amour dans la nature sont très belles et quand l'inévitable mélodrame survient, le réalisateur nous offre un final époustouflant de beauté et de tension dramatique comme je n'en ai pas vu depuis The Hours et surtout Tetro. La scène dans l'église orthodoxe (Emma est russe) est du jamais vu et ce qui suit m'a complètement emballé.
Alors oui c'est lyrique, opératique même, mais à côté de la boursouflure à la limite du supportable d'un "Vincere "(où l'ambition est bien plus ostentatoire même s'il reste un film intéressant et riche) le résultat m'a enthousiasmé et j'ai été hypnotisé par cette incroyable Tilda Swinton qui n'a jamais été aussi féminine et sensuelle, alors qu'elle est souvent un peu effrayante de hiératisme, et qui tombe le masque à la fin d'une façon géniale. Je comprends mal vos réticences car c'est quand même un sacré spectacle qui m'a fait décoller.
P.S.: Avez-vous remarqué l'étrange séquence qui apparait en plein milieu du générique de fin? Qu'en pensez-vous?
aeriale a écrit:
Quant au cuisinier...euh... on se posait justement la même question avec mon amie. D'accord il est jeune et vigoureux mais...c'est surtout qu'il fait bien la cuisine non?
ça se discute!
Queenie a écrit:
Bizarre, comme juste après Le premier qui l'a dit, c'est de nouveau une famille italienne dont la fortune repose en partie sur une entreprise, et qu'au moment du passage du flambeau, y'a une rivalité qui surgit entre les frères, et une mise en avant de la dualité tradition/modernité.
Il y a pas mal de points communs c'est vrai mais les registres sont presque opposés. Et c'est ce qui me plait. Le fait que face à une même histoire plutôt modeste scénaristiquement on puisse offrir des regards si différents et originaux.
Et du coup j'en ai profité pour commander sur amazon son premier film: Melissa P. (2006)
Dernière édition par Marko le Mer 24 Nov 2010 - 14:07, édité 3 fois
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mar 23 Nov 2010 - 17:59
Et allez... Un extrait d'Harmonielehre de John Adams (c'est lui au volant de la voiture) qui est repris par fragments et notamment dans l'intense final du film. En concert c'est génial!
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mer 24 Nov 2010 - 9:51
Je remets la question que je posais en P.S. ... C'est que j'ai vraiment envie d'avoir votre avis sur ces images qui étaient presque subliminales et énigmatiques.
Marko a écrit:
P.S.: Avez-vous remarqué l'étrange séquence qui apparait en plein milieu du générique de fin? Qu'en pensez-vous?
Et pendant tout le film je me disais que la belle mère ressemblait étrangement à Marisa Berenson... et bien c'est elle!!! La chirurgie esthétique fait de drôles de choses!
Autre remarque... Emma est russe et l'un des personnages (un fils? Je ne me souviens plus) ironise sur la vision des femmes dans les romans russes (Dostoïevski, Gogol, Tolstoï...) en disant que ces auteurs ne devaient pas aimer les femmes. C'est évidemment un peu idiot (même si dans Les frères Karamazov la plupart des femmes sont décrites comme des hystériques) mais ça en dit long sur la propre vision des femmes chez ces hommes d'affaires qui les instrumentalisent (soit belle, une bonne mère, suffisamment cultivée, fait honneur aux invités et fait de la broderie...). Et je retrouve dans le film la saveur des séquences de ces romans, de L'idiot à Anna Karénine, avec l'agitation, certains excès aussi, des situations parfois emphatiques mais qui reflètent plutôt bien toutes les facettes de la nature humaine. Donc les références à Visconti, Ophuls ou Douglas Sirk (pour le mélodrame) que cite Traversay ne sont pas seulement d'intention mais le film me semble se rapprocher de ces illutres modèles. Mais on pourrait donner l'impression que le film est grandiloquent alors qu'il est malgré tout presque constamment subtil dans les échanges entre les personnages. Je l'aime vraiment beaucoup.
Dernière édition par Marko le Mer 24 Nov 2010 - 10:35, édité 2 fois
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mer 24 Nov 2010 - 10:25
Marko a écrit:
Je remets la question que je posais en P.S. ... C'est que j'ai vraiment envie d'avoir votre avis sur ces images qui étaient presque subliminales et énigmatiques.
Marko a écrit:
P.S.: Avez-vous remarqué l'étrange séquence qui apparait en plein milieu du générique de fin? Qu'en pensez-vous?
J'avoue que je ne m'en souviens plus.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mer 24 Nov 2010 - 10:39
traversay a écrit:
Marko a écrit:
Je remets la question que je posais en P.S. ... C'est que j'ai vraiment envie d'avoir votre avis sur ces images qui étaient presque subliminales et énigmatiques.
Marko a écrit:
P.S.: Avez-vous remarqué l'étrange séquence qui apparait en plein milieu du générique de fin? Qu'en pensez-vous?
J'avoue que je ne m'en souviens plus.
En plein milieu du générique de fin alors que la plupart des spectateurs sont déjà sortis, on voit un séquence qui dure bien 2 ou 3 minutes qui semble se passer dans une sorte de grotte avec des silhouettes qui se détachent vaguement sur un fond un peu obscur... J'ai eu l'impression qu'il filmait des corps enlacés comme quelque chose de très organique. Retour à la nature encore? C'est vraiment très intriguant. Je n'ai rien lu nulle part sur cette scène.
Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mer 24 Nov 2010 - 13:40
Marko a écrit:
Je remets la question que je posais en P.S. ... C'est que j'ai vraiment envie d'avoir votre avis sur ces images qui étaient presque subliminales et énigmatiques.
Marko a écrit:
P.S.: Avez-vous remarqué l'étrange séquence qui apparait en plein milieu du générique de fin? Qu'en pensez-vous?
Tout comme traversay je ne me souviens plus. Ou plutôt maintenant que tu m'en parles j'ai un doute...Il est possible que j'aie pu les voir mais sans comprendre le rapport donc j'ai dû zapper. Impossible de me souvenir!
Marko a écrit:
Et pendant tout le film je me disais que la belle mère ressemblait étrangement à Marisa Berenson... et bien c'est elle!!! La chirurgie esthétique fait de drôles de choses!
Marisa Berenson est effrayante!
Et la musique, je l'avais un peu oubliée et je me la repasse pour la troisième fois. Magnifique, merci Marko pour le rappel
Dernière édition par aeriale le Mer 24 Nov 2010 - 14:05, édité 1 fois
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mer 24 Nov 2010 - 14:01
aeriale a écrit:
Marisa Berenson est effrayante!
Mais néanmoins excellente! Elle porte le masque de ces femmes mondaines et narcissiques qui ont complètement intériorisé leur rôle de maîtresses de grandes maisons garantes des valeurs conservatrices de leur milieu. C'est une forme de piège pour elle-même d'ailleurs et ça la rend à la fois cruelle et pathétique. Au moins belle-fille et petite fille arrivent-elles à faire éclater le cadre.
Que pensez-vous aussi de l'évolution du fils préféré? La dernière séquence où il quitte la table est ambiguë. En veut-il à sa mère de sa liaison adultère avec son meilleur ami? Ce qui suggérerait, malgré son côté sympathique et ouvert, qu'il est finalement tout aussi formaté que les autres hommes de la famille... Ou, au contraire, est-il révolté parce qu'il pense que sa mère a offert à tous ses invités son plat favori alors qu'il vient de s'opposer avec force aux projets paternels de vente de l'affaire familiale? Comme s'il lui reprochait de pactiser avec le diable et de trahir leur lien d'intimité? Les deux options restent en suspens et c'est terrible pour la mère qui va devoir assumer un poids de culpabilité incertain. Mais c'est probablement aussi ce qui la libère.
Et si quelqu'un avait la gentillesse de me traduire (en très gros) ce que le réalisateur dit de la musique de John Adams dans cette interview.... Merci d'avance!
Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mer 24 Nov 2010 - 14:23
Marko a écrit:
Mais néanmoins excellente! Elle porte le masque de ces femmes mondaines et narcissiques qui ont complètement intériorisé leur rôle de maîtresses de grandes maisons garantes des valeurs conservatrices de leur milieu. C'est une forme de piège pour elle-même d'ailleurs et ça la rend à la fois cruelle et pathétique. Au moins belle-fille et petite fille arrivent-elles à faire éclater le cadre.
Oui elle est effrayante physiquement mais parfaite pour le rôle. A croire qu'ils lui ont mis plusieurs couches pour accentuer l'effet intemporel et figé. Elle va à merveille dans ce rôle. Quant à la réaction du fils j'ai eu les deux sensations: trahison et jalousie. Et comme tu dis elle est acculée et n'a d'autres choix que de briser le cadre, à tout jamais.
J'ai beaucoup aimé la relation des femmes entre elles, la mère avec sa fille. Une tendresse qui se passe des mots, c'est très touchant. Les femmes sont complètement étouffées et il leur reste cette complicité qui échappe aux hommes, heureusement. Tu n'as pas été émue par la réaction (viscérale) de la nounou en pleurs? C'est la seule qui s'expose, et c'est vers elle que se tend aussi le fils lorsqu'il doute...
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mer 24 Nov 2010 - 14:45
aeriale a écrit:
Tu n'as pas été ému par la réaction (viscérale) de la nounou en pleurs? C'est la seule qui s'expose, et c'est vers elle que se tend aussi le fils lorsqu'il doute...
Si elle est bouleversante mais toute la fin est géniale! Franchement ce film est formidable
Un internaute en a fait un roman photo sur 3 musiques de John Adams (Lolapalooza qu'il a mis en 2e n'est pas dans le film je crois). C'est pas mal!