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| Amore [Luca Guadagnino] | |
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+5Marko Queenie Marie Aeriale traversay 9 participants | |
Auteur | Message |
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coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| | | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: amore Jeu 23 Fév 2012 - 18:38 | |
| Donc après visionnage, je suis allée sur le fil et j'ai lu tous vos commentaires car ce film m'a intriguée. D'abord je l'ai aimé, et cette froideur qui émane de l'ensemble et que certains regrettent, je trouve au contraire qu'elle sert parfaitement le film et j'imagine bien que les rapports dans certains milieux de la haute bourgeoisie milanaise n'ont rien à envier à ce qui nous est montré là. Quant aux relations entre mère-fille ou mère-fils qui semblent non approfondis, je trouve que tout est dit en peu de mots ou plan séquences, c'est suffisant pour à mon goût palper l'essentiel quoique je suis bien d'accord que des questions subsistent (sur la sortie subite d'Eduardo lors du dernier repas après avoir compris l'histoire entre sa mère et le cuisinier, que lui reproche-t-il exactement ? chacun peut se faire son idée) Froideur mais l'émotion est présente à bien des moments, enfin moi je l'ai ressenti comme ça. La musique est étonnante de virtuosité, presque roborative par instants et accompagne magistralement le film, je l'ai trouvée assez proche des compositions de Michael Nyman, dans "Meurtre dans un jardin anglais"de Peter Greenaway. Esthétique et esthétisant oui, parfois c'est même un peu too much quand l'Apple vert et blanc de la fille est en accord avec son chemisier vert en blanc.... Mais pas grave car tout s'articule parfaitement. Certes l'histoire d'adultère est un peu revisitée et fait franchement penser à L'amant de Lady Chatterley, mais l'ensemble des personnages apporte son petit lot de surprises (notamment la grand-mère pouahhhhh, la bourgeoise qui nous donne envie de monter des barricades illico et de lancer des pierres). Eduardo est troublant dans son désespoir et son incapacité à être heureux, le père, Tancredi est un monument de marbre mais laisse apparaître sa véritable personne à la fin du film. On peut ne pas croire à cette histoire et se gausser un peu de tout, mais sinon l'effet est garanti. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Sam 17 Mar 2012 - 10:13 | |
| Amore (2009) Amore, malgré sa connotation de diva italienne hallucinée de passion, ressemble à un amour déçu. Des promesses, un début fait de bonnes intentions ; la tension croît petit à petit. Et puis, subitement, il ne se passe plus rien. L’affect des personnages est vidé de tout contenu. Alors que les révélations se succèdent, que les faux-semblants sont massacrés, que la destruction opère en profondeur au sein d’une famille qui aurait souhaité rester éternellement parfaite, pas le moindre sentiment ne parcourt le film. Les personnages, restés trop longtemps engoncés dans la simulation, n’arrivent même pas à retrouver un semblant de sincérité lorsque le temps vient pour eux d’abandonner les convenances et de se confronter aux cerbères de la bourgeoisie. La révolte est lisse et froide. La colère est toujours contenue. Elle n’ose jamais s’exprimer véritablement, comme lorsqu’Edoardo, lors d’un repas d’affaires, réalise que la soupe qu’il a sous le nez n’est rien d’autre que la recette familiale –autrefois gardée secrète- offerte à tous les convives de table. Lorsqu’Emma cède à la tentation charnelle et se livre à une partie de jambes en l’air avec l’ami de son fils, Antonio, le bon goût poétique et bourgeois se ramène aussitôt pour nous livrer des plans d’un lyrisme douteux, à base de brins d’herbe frétillants et d’insectes colorés. Le message du film en lui-même est dérangeant et peu cohérent. S’il souhaite permettre à la bourgeoisie de s’émanciper, il n’hésite pas à brasser vigoureusement d’autres clichés plus sournois. On retrouve le mythe du bon sauvage en la personne d’Antonio : cuisinier (n’est pas riche industriel qui veut), tout en poils noirs et drus, il vit perché dans sa petite cabane, au sommet d’une campagne aussi sauvage et papillonnante que ses pulsions. Elisabetta, petite fille modèle de la famille, gagne son indépendance en s’amourachant d’une londonienne, ce qui l’entraîne, évidement, à troquer robes et longue chevelure pour bermudas et coupe en brosse. Plus facile tu meurs. Allez, tant pis, on oublie le message du film. On se bouche les oreilles et on regarde : la mise en scène est splendide, les images soignées et les atmosphères travaillées méticuleusement. On reste dans l’univers bourgeois : Amore est un beau tableau qu’on accroche au-dessus de la cheminée et qu’on peut avoir plaisir à contempler, à condition qu’il se taise et qu’il évite de prononcer le moindre mot. | |
| | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Sam 17 Mar 2012 - 12:10 | |
| - colimasson a écrit:
Le message du film en lui-même est dérangeant et peu cohérent. S’il souhaite permettre à la bourgeoisie de s’émanciper, il n’hésite pas à brasser vigoureusement d’autres clichés plus sournois. On retrouve le mythe du bon sauvage en la personne d’Antonio : cuisinier (n’est pas riche industriel qui veut), tout en poils noirs et drus, il vit perché dans sa petite cabane, au sommet d’une campagne aussi sauvage et papillonnante que ses pulsions. Elisabetta, petite fille modèle de la famille, gagne son indépendance en s’amourachant d’une londonienne, ce qui l’entraîne, évidement, à troquer robes et longue chevelure pour bermudas et coupe en brosse. Plus facile tu meurs.
Ce n'est pas faux Cela dit le bon sauvage à poils noirs et drus apparaît également tel quel dans le classique "L'amant de lady Chatterley", donc ce qui peut paraître un cliché est assez fréquent il me semble quant à l'émancipation de certaines femmes d'un milieu bourgeois à une certaine époque. De même le personnage d'Elisabetta et sa transformation en mi garçon manqué en bermuda relève d'une certaine facilité, et tu as oublié de mentionner ce cliché coli, la fifille qui se distingue en peignant et malheur!!! propose de l'abstrait au grand dam de son grand-père hyper rigide. Donc et c'est le cas de le dire, ce n'est pas vraiment la petite fille modèle, je la trouve dès le départ un peu "mouton à 5 pattes" et sa transformation physique n'est en fait qu'une évolution. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Sam 17 Mar 2012 - 21:57 | |
| Oui, les clichés ont la vie dure... Mais ils ont leurs avantages : ils permettent au propos d'être explicite beaucoup plus rapidement. N'empêche, je trouve ça dommage. Surtout quand ça implique un manque de cohérence avec ce que veut nous démontrer le réalisateur. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Dim 18 Mar 2012 - 9:54 | |
| Jtrouve les clichés assez cohérents : cette famille est enfermée dans plein de codes à respecter, d'images à reproduire, et foncer dans le premier cliché qui fait opposition semble "normal". Et finalement c'est souvent par là que tout commence. Les personnages découvrent un nouvel aspect de vie qu'ils avaient fantasmés, et donc reproduisent des clichés véhiculés par leur propre vision étriquée des choses.
Les clichés n'existent pas que dans les films, d'ailleurs, et ce n'est pas pour rien. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Dim 18 Mar 2012 - 21:56 | |
| - Queenie a écrit:
Les clichés n'existent pas que dans les films, d'ailleurs, et ce n'est pas pour rien. C'est vrai, mais j'aime bien quand les films proposent de s'en éloigner ! Question de goût, qui fait aussi que je n'ai pas aimé la façon chiquée de filmer. Pas grave, je m'en remettrai ! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Dim 18 Mar 2012 - 23:14 | |
| - darkanny a écrit:
De même le personnage d'Elisabetta et sa transformation en mi garçon manqué en bermuda relève d'une certaine facilité, et tu as oublié de mentionner ce cliché coli, la fifille qui se distingue en peignant et malheur!!! propose de l'abstrait au grand dam de son grand-père hyper rigide. En réalité elle fait de la photographie... Mais je suis assez d'accord avec Queenie. Nous sommes parfois tous un peu des clichés ambulants. Et ça ne m'a trop frappé dans le film qui vaut surtout pour sa maestria opératique formidablement chorégraphiée. La montée finale est géniale et j'ai rarement vu utiliser aussi bien une bande son (John Adams en plus!). | |
| | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Lun 19 Mar 2012 - 7:45 | |
| Non mais je suis d'accord, ce qui apparaît comme des clichés ne m'a pas gêné dans le film, je l'explique un peu plus haut. | |
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| | | | Amore [Luca Guadagnino] | |
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