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Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mer 24 Nov 2010 - 22:10
Je note toutes tes questions réflexions, mais là, je n'ai pas trop le temps de te répondre. En début de semaine prochaine, je m'y colle (cela dit, pour les images dans le générique, aucune idée, j'ai abandonné depuis quelques années le visionnage du générique, des noms qui défilent... etc...)
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Que pensez-vous aussi de l'évolution du fils préféré? La dernière séquence où il quitte la table est ambiguë. En veut-il à sa mère de sa liaison adultère avec son meilleur ami? Ce qui suggérerait, malgré son côté sympathique et ouvert, qu'il est finalement tout aussi formaté que les autres hommes de la famille... Ou, au contraire, est-il révolté parce qu'il pense que sa mère a offert à tous ses invités son plat favori alors qu'il vient de s'opposer avec force aux projets paternels de vente de l'affaire familiale? Comme s'il lui reprochait de pactiser avec le diable et de trahir leur lien d'intimité? Les deux options restent en suspens et c'est terrible pour la mère qui va devoir assumer un poids de culpabilité incertain. Mais c'est probablement aussi ce qui la libère.
Vu qu'il ne donne pas de réponse, on peut s'imaginer, facilement, que c'est un emmêlement de tout ça. En tout cas, en premier lieu, sa mère le trahit. Au départ, j'ai trouvé sa réaction infantile, brutale, capricieuse. Je n'avais pas pensé au fait qu'il pouvait être excessivement blessé de voir son plat d'enfance servi à ses "ennemis". Parce que le film montre que c'est à ce moment qu'il comprend que sa mère et son ami ont une relation intime. Aucun lien, il me semble, n'est fait avec le reste de l'assemblée. Il semble complètement les occulter à ce moment là. Ce qui compte c'est que sa mère, dernier vestige de son enfance, de la pureté, du secret presque amoureux d'un fils et sa mère, est rompu. Pour moi, il en veut principalement à sa mère de le trahir, de trahir leur relation privilégiée en ayant dévoilé leur secret, leur lien est coupé.
Son comportement puéril s'expliquait, pour moi, par le fait que c'était avec sa mère qu'il pouvait ne pas jouer, ne pas manipuler, ne pas se débattre. Il était encore un enfant pour elle, il aimait avoir ce coin, cet espace.
Maintenant... c'est vrai qu'en y rajoutant le "détail" du plat servis aux hommes d'affaires, sa réaction semble moins enfantine. C'est une colère qui reste excessive, mais justifiée également par un contexte d'adulte. Du coup, ça donne l'impression que l'on sacrifie définitivement le seul être pur et dans l'authenticité.
Je pensais que la mère, affichant enfin sa relation à son fils (véritable acte manqué que l'histoire de cette soupe qu'elle fait préparer par son amant, ou est-ce une vraie volonté de se dévoiler à son fils préféré?), approchait justement de cette pureté et de cette vérité. Du coup la réaction du fils était "ternie", parce qu'il n'acceptait pas qu'un être assume comme lui d'être franc, et vivre sa propre existence, malgré les bouleversements familiaux et sociaux que ça engrangent. Alors, qu'avec cette trahison de la mère, le fils est dans son "bon droit". La mère devient un être trop égoïste, et condamnable. Le fils reste pur, et est sacrifié.
Je ne sais pas si je suis très très claire. J'écris un peu tout ce qui me traverse l'esprit là, sans trop le temps de construire mieux ma réponse.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Alors, qu'avec cette trahison de la mère, le fils est dans son "bon droit". La mère devient un être trop égoïste, et condamnable. Le fils reste pur, et est sacrifié.
Je pense qu'aucun des deux n'est vraiment égoïste ou condamnable. Ils sont tous les deux rebelles (tous les trois avec la soeur qui s'est déjà émancipée) mais il ne faut qu'une seule victime expiatoire. On pourrait même dire que le geste du fils libère la mère. Comme s'il permettait plus ou moins volontairement (ça reste un accident) à l'édifice familial de s'écrouler pour la sauver. Reste cette incertitude concernant sa réelle motivation. Et ce sont ces petites subtilités qui en font un très beau film.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Dim 13 Mar 2011 - 23:55
Le DVD sort mardi mais je l'ai revu sur l'import étranger en vostranglais. Toujours aussi impressionné par cette superbe mise en scène et ce final super intense. Un des plus beaux films de l'année qu'il est temps de rattraper sur petit écran
Et j'ai bien regardé le générique final dont je parlais. Effectivement au bout de quelques minutes de générique (silencieux) on voit deux silhouettes enlacées au fond d'une sombre grotte. Et ce sont bien nos deux amoureux... L'interprétation étant limpide.
Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
Ce que j'ai aimé dans ce film, ce sont les recherches sur les couleurs. Les gris du début, et les nuances de rouge des robes de Tilda Swinton, qui est encore une fois magistrale. Et la musique bien sûr ! Sinon.. j'ai trouvé les digressions - nombreuses - du scénario tout à fait inutiles, le personnage du cuisinier ,ami du fils, loin d'être à la hauteur , ce qui m'a quelque peu empêchée d'entrer pleinement dans l'histoire de leur passion !
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mar 14 Juin 2011 - 19:58
Cela fait plaisir de retrouver John Adams tout le long du film, et surtout Harmonielehre, une de mes oeuvres favorites du siècle dernier. Au-delà des choix musicaux, Amore m'a touché par ses contrastes de couleur, qui expriment la violence des sentiments avec bien plus d'évidence que les dialogues. Par contre, la mise en scène ne m'a pas convaincu. Certes, Guadagnino prend des risques et fait preuve d'audace, et le film conserve jusqu'au bout un intérêt. Mais l'ensemble m'apparait toujours désincarné et hésitant : mis à part le crescendo du final, le propos manque de souffle et de rythme. Et si Tilda Swinton fascine dès sa première apparition, entre intériorité et fragilité exacerbée, l'interprétation reste trop inégale pour emporter l'adhésion. Ma découverte d'Amore s'achève donc sur une frustration...malgré quelques promesses et des séquences hypnotisantes.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mar 14 Juin 2011 - 20:42
Avadoro a écrit:
Cela fait plaisir de retrouver John Adams tout le long du film, et surtout Harmonielehre, une de mes oeuvres favorites du siècle dernier.
Voilà qui fait plaisir à lire! Je suis un grand fan de John Adams que j'ai vu diriger 2 de ses créations. C'est un dieu du rythme et ses harmonies se complexifient de plus en plus avec le temps. Harmonielehre rend aussi hommage à Parsifal et c'est son oeuvre de la période minimaliste que je préfère.
Avadoro a écrit:
mis à part le crescendo du final, le propos manque de souffle et de rythme.
C'est peut-être l'effet DVD qui donne ce sentiment? Au cinéma j'ai trouvé sa mise en scène très belle. C'est une véritable chorégraphie autour des musiques de John Adams dont il adopte les différents tempos. Il y a des moments en suspension et des montées rythmiques comme dans la scène d'amour en pleine nature ou ce final tétanisant. C'est très opératique et j'ai été complètement embarqué. Je l'ai revu en DVD et on perd un peu par manque d'immersion (notamment sonore) mais il y a malgré tout des scènes magnifiques comme toute la scène d'enterrement et l'affrontement dans l'église, les scènes d'intimité entre mère et fille, fils et nounou... J'attends beaucoup de ce metteur en scène. Plus de forme que de fond? Peut-être mais j'aime ce tourbillon d'émancipation assez réjouissant.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mar 14 Juin 2011 - 22:09
Marko a écrit:
Avadoro a écrit:
[...] mis à part le crescendo du final, le propos manque de souffle et de rythme.
C'est peut-être l'effet DVD qui donne ce sentiment? Au cinéma j'ai trouvé sa mise en scène très belle. C'est une véritable chorégraphie autour des musiques de John Adams dont il adopte les différents tempos. Il y a des moments en suspension et des montées rythmiques comme dans la scène d'amour en pleine nature ou ce final tétanisant. C'est très opératique et j'ai été complètement embarqué. Je l'ai revu en DVD et on perd un peu par manque d'immersion (notamment sonore) mais il y a malgré tout des scènes magnifiques comme toute la scène d'enterrement et l'affrontement dans l'église, les scènes d'intimité entre mère et fille, fils et nounou... J'attends beaucoup de ce metteur en scène. Plus de forme que de fond? Peut-être mais j'aime ce tourbillon d'émancipation assez réjouissant.
Je ne pense pas que ça vienne de la vision sur petit écran, tout ce que dit Avadoro rejoint l'impression que j'ai eu lorsque j'ai vu ce film au cinéma.
Y'a quelque chose de très froid dans sa façon de montrer les choses. Et le rythme est étrange, pas bien maîtrisé.
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mar 14 Juin 2011 - 23:01
J'ai aussi été déçu dans l'ensemble par les personnages masculins, assez fades et spectateurs de l'action, bien moins convaincants que les figures féminines. Et comme certains avis précédents, je n'ai pas été convaincu par le rôle du cuisinier, ce qui m'a tenu à l'écart des émotions de Tilda Swinton. Elles sont suggérées mais il manque une incarnation.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mar 14 Juin 2011 - 23:06
Avadoro a écrit:
J'ai aussi été déçu dans l'ensemble par les personnages masculins, assez fades et spectateurs de l'action, bien moins convaincants que les figures féminines. Et comme certains avis précédents, je n'ai pas été convaincu par le rôle du cuisinier, ce qui m'a tenu à l'écart des émotions de Tilda Swinton. Elles sont suggérées mais il manque une incarnation.
C'est étrange, parce que je trouve qu'elle incarne à fond, mais c'est comme si la réalisation nous rappelait toujours à l'ordre : hé jsuis là, je filme, t'es un spectateur, c'est beau, c'est du cinéma, je veux tout maîtriser et le montrer.
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mar 14 Juin 2011 - 23:15
Ma phrase était incomplète...elle incarne par sa présence, mais cette sensation reste intériorisée, comme enfermée par la mise en scène.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mar 14 Juin 2011 - 23:33
C'est rigolo la façon dont on peut recevoir différemment les émotions. J'ai marché à fond en première vision et j'ai ressenti plein de choses sur chaque personnage. Tilda Swinton passe par plein de registres différents, elle se transforme même physiquement (indépendamment de sa coupe de cheveux) pour passer d'une beauté classique qu'on ne lui a jamais connue à une sorte de laideur presque animale très étonnante. Le fils bien aimé (qui m'a rappelé le Tancrède du Guépard) qui est trop pur pour se conformer aux lois familiales, sa complicité avec sa soeur, l'amitié presque enfantine avec le cuisinier, ses moments de douceur avec la gouvernante (elle-même formidable dans ce mélange de pudeur et de complicité discrète jusqu'au lâcher prise final)... Les garants des valeurs aristocratiques et conservatrices du clan familial (Marisa Berenson dans son narcissime tout puissant, le grand père répugnant de supériorité, le père et le second fils si fades dans leur désir de conformisme, la nouvelle copine de "Tancrède" qui est déjà à fond dans le moule). La fille confiant son amour pour son amie à sa mère dans le jardin, les regards entre ces femmes qui transmettent ce flux vital ( "Je suis l'amour" du titre) dans cette géniale scène finale. Et même ce cuisinier que certains trouvent trop peu charismatique mais qui a une forme d'érotisme discret presque féminin qui contraste avec la force virile de Tilda Swinton (elle fait presque peur!). ça me semble plutôt incarné tout ça au coeur même d'un cadre volontairement figé (mais qu'on pénètre dans tous ses recoins) qui se disloque progressivement jusqu'à éclater. Mais en plus j'ai certainement été particulièrement réceptif à la musique qui fait beaucoup pour la circulation de cette énergie libératrice.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mer 15 Juin 2011 - 7:43
Oui, mais Marko, toi l'esthétisme poussé au max, ça te touche. Tu pourrais être ému devant un escargot qui rencontre une limace si c'était magnifiquement bien filmé et avec la bonne musique.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mer 15 Juin 2011 - 8:31
Queenie a écrit:
Oui, mais Marko, toi l'esthétisme poussé au max, ça te touche. Tu pourrais être ému devant un escargot qui rencontre une limace si c'était magnifiquement bien filmé et avec la bonne musique.
C'est vrai! vont-ils ils partager la coquille? La limace ne sera-t-elle pas foudroyee avant par ce ciel d'orage menacant? 1h30 d'un suspens abstrait en apesanteur ! Ca sort quand? (non pas manger l'escargot!)
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Amore [Luca Guadagnino] Mer 15 Juin 2011 - 11:34