Philosophes
Roman qui se démarque de la bibliographie de Jirasek, plutôt spécialiste de romans historiques, "Philosophes" nous narre le récit d'évènements d'une petite ville au nord de Prague Litomysl, site sur lequel siège une importante université de philosophie et de religion qui fait la notoriété nationale de la petite bourgade.
On y rencontre quatre philosophes devant réussir leurs études mais également en prise avec leurs amours torturés et délicats au sein de la bourgeoisie tchèque.
C'est une histoire en deux plans : l'amour de la patrie et l'amour tout court. En effet le récit se passe lors des évènements de 1848 concrétisation de l'appel de Palacky et des révoltes praguoises contre l'empire basé à Vienne. Un patriotisme tchèque naît et se révolte : on veut reparler tchèque, regoûter à la culture tchèque et redevenir indépendants.
C'est aussi une certaine lutte contre la bourgeoisie et un certain conservatisme immobiliste. Les moeurs sont emprisonnés et le rôle de la philosophie est dans ce récit de le briser. C'est par le biais de ces histoires d'amour entre les étudiants et les jeunes filles que l'appel à la liberté se fait et est particulièrement touchant. Le droit de dire ce que l'on ressent, de souffrir et d'être heureux dans une société asceptisée. Récit cruellement d'actualité.
Le style est simple comme la tradition tchèque en fait l'usage. Simple mais pas simpliste, le vocabulaire est riche et varié mais sans ajout artificiel et exagéré. Le récit est souvent descriptif davantage des situations que des pensées des personnages, les dialogues ayant pour rôle d'exprimer ces pensées et l'on comprend bien pour quoi. Pour revendiquer une liberté d'expression des sentiments autant le revendiquer directement dans la manière d'articuler le récit, seuls les dialogues doivent être l'endroit où trouver les plus vives émotions des héros de l'ouvrage.
Une oeuvre agréable dans la plus pure tradition tchèque, que j'ai lu d'une traite tant et si bien que le livre n'a tenu que deux jours.