Mo Hayder

Pig Island est le pire de Hayder, L'homme du soir ou Birdman sont bien mieux (même si elle aime toujours mettre une petite aventure sentimentale il s'agit de roman plus 'durs').

Queenie a écrit:

J'hésitais justement à me dire que l'histoire d'amûr qu'elle est en train de coller à deux personnages n'était pas un chouia trop CulCulesPetitsOiseaux...

Tu parles de celle de Tokyo? Be, je vais te dire que si ça part cucul, ça continue pas du tout sur la même lancée. J'ai bien aimé ce roman de Mo Hayder. Il a un petit je ne sais quoi qui m'a accroché. L’ambiance, le jardin de cette vieille bicoque, son héroïne un peu paumée... Par contre Mordicus a raison, Pig Island est assez navrant. Je me souviens plus trop de la bleuette entre les deux héros mais je me souviens très bien qu'à la fin j'ai eu envie de jeter le bouquin et je crois que je l'ai fait (dans la poubelle jaune, hein, on est pas des sauvages).
J'ai aussi lu Birdman. Bof, polar classique avec un beau flic qui sent la dentifrice dents blanches et qui a des vraies blessures secrètes de l'enfance. Rien de bien neuf.

Tokyo. Bilan.

Globalement déçue, parce que Mo Hayder promet plein de trucs, et finalement reste en surface. La partie la plus intéressante est celle de Shi Chongming, son journal dans lequel il raconte l'arrivée de l'invasion, les croyances en l'humanité des soldats, la planque, l'isolation, la faim, l'angoisse, puis la colère. Sauf qu'à la fin, ça va un chouia trop vite : confrontation entre lui et le soldat japonais. Grosse ellipse sur ce qui lui arrive après, vraiment ça manque je trouve.

Et des grosses ellipses y'en a à la pelle sur des trucs qui s'annoncent plus qu'intéressants à développer, ne serait-ce que le personnage principal, phénomène Grey, dont finalement on ne saura pas réellement si elle a un vrai grain, pourquoi elle a été élevée dans une sorte de carcan, ce qu'a été cette vie... sa folie... finalement, que des bribes qui m'ont vraiment laissé sur une impression de creux.

Et le personnage de la Nurse... Ok, fallait un Monstre Mystérieux, mais alors là... elle s'est carrément pas foulé Hayder, il est tellement flou son personnage qu'il en perd complètement sa force au final.

En fait, j'ai l'impression qu'elle a surtout voulu parler du massacre des chinois et de cette violence sadique chez les soldats japonais, et comme elle ne pouvait pas, ne se sentait pas, de faire un vrai essai documentaire...etc... elle a pris le procédé du roman, et du policier en particulier, mais sans trop s'en préoccuper plus que ça.

Un roman très inégal pour moi, avec de bons moments de tensions de suspens d'envie de savoir, et plein de superficialité, de creux, de non-dits qui frustrent et laissent une impression décevante de bâclé.

Rituel

un peu déçue par ce livre qui a vraiment du mal à trouver son rythme, le début est très lent, les personnages au bord de la caricature frôlent parfois les poncifs de la psychologie de comptoir. Je n'aime pas beaucoup Caffery mais ses enquêtes londoniennes (Birdman et L'homme du soir) étaient tout de même bien plus palpitantes que la vilaine sauce anglaise mâtinée d'afrique proposée ici. Il faut reconnaitre que l'aventure prend au fur et à mesure un peu meilleure tournure, mais tout de même, cet opus ne restera pas dans les annales... en dehors des fortes images de plongée, de l'importance des éléments tactiles pour Flea (nouvelle enquêtrice traumatisée par la mort accidentelle de ses parents), il parait bien difficile à Mo Hayder de se renouveler. Elle reprend les vieilles scies de ses personnages (Caffery à la recherche de son frère, Caffery violent, le désespoir de Flea...). Le fil narratif est très lâche et seule la survenue (un peu laborieuse) de l'utilisation d'ibogaïne donne un peu d'intérêt à la lecture.

D'ailleurs pour ceux qui seraient intéressés par cette plante interdite en France, je conseille d'aller faire un tour du côté du travail de l'ethno-psychiatre et artiste (rien que ça) : Marion Laval-Jeantet. Je regrette que Mo Hayder n'ai pas pris la peine de fouiller un peu plus son sujet car elle tenait quelque chose qu'elle n'a pas assez développé...

Pas un grand cru, donc...

Proies

C’est seulement après avoir dépassé un bon premier tiers de ce livre que je me suis passionnée pour l’intrigue et les personnages.
C’était presque trop classique, trop « couru d’avance ».
Je reconnais que Mo Hayder sait faire pour nous intéresser, nous donner juste ce qu’il faut d’informations pour qu’on ressente la peur et qu’on imagine sans peine les scènes qu’elle décrit peu pour que notre esprit fasse le reste (sans que ce soit trop « glauque ») mais son texte ne m’a pas plus bouleversée que ça.
Le roman est bien construit, les personnages principaux et secondaires bien décrits, la psychologie des protagonistes abordée de façon pertinente, l’écriture rythmée et de qualité correcte…
Alors, qu’est-ce qu’il a manqué pour faire de tout cela un bon thriller ?
Ce n’était peut-être pas le bon moment (j’en avais lu un, excellent peu de temps avant) mais Mo Hayder n’a pas réussi à me surprendre autant que je l’aurais souhaité.

Tokyo

Mon impression est mitigée malgré des qualités évidentes. Les personnages existent et parviennent à émouvoir par leurs fragilités, leurs blessures qui creusent le poids d'une histoire collective et personnelle. Mo Hayder développe une ambiance pesante, irrespirable avec une certaine habileté en forme de ballet mortifère. L'essentiel est de s'emparer d'une souffrance silencieuse pour la dépasser.
Le déroulement de l'intrigue ne m'a cependant pas convaincu : trop de facilités, de raccourcis et de caricatures pour soutenir l'ambition initiale du roman. Le discours porté sur le sac de Nankin, comme fil conducteur, est maladroit à force d'être psychologisant. Une sincérité émotionnelle dans la détresse ne suffit pas et l'évocation du milieu de la nuit au Japon n'est guère qu'un prétexte pour boucler le lien entre les époques.
L'ensemble est ainsi décevant même si la construction du récit conserve un relatif pouvoir de fascination.

Skin

Je dois dire que je n'ai gardé absolument aucun souvenir du livre précédent de Mo Hayder (Rituel) en revanche je pense que Skin restera plus longtemps dans ma mémoire. D'abord parce que Hayder retrouve ici un rythme qui me convient parfaitement, elle ne erre plus à la recherche d'une sorte de pathos lié à ses personnages principaux (on retrouve Caffery et Flea), elle donne énormément de tempo à son histoire et cette histoire à force de tours et de détours m'a très vite emportée et ensuite parce qu'elle évite l'horreur facile en travaillant son sujet (le dépeçage) avec beaucoup d'habileté.

Il est encore une fois question de plongée et de la recherche d'un être étrange, le tokoloshe, mi homme mi poisson, monstre aux capacités étranges qui rôde autour de Caffery, il est aussi question d'une vague star de la télé bruyamment disparue et d'un écorcheur… Il est question de ses victimes dont il maquille la mort en suicide, des femmes ni belles, ni incroyablement séduisantes mais terriblement humaines dont on découvre la vie quotidienne, celle qui pourrait être la notre à quelques détails près. Et puis, il y a cette vieille bonne femme au télescope, qui ne cesse de surveiller les voitures qui renversent des animaux. Tout cela donne une intrigue menée au poil, sans délayage, ni décorticage ostentatoire. Caffery, le policier solitaire, justicier malgré lui, souvent hors la loi est même parvenu, pour la première fois, à attirer ma sympathie et mon intérêt, tandis que Flea s'enfonce davantage dans les eaux étrangement claires d'anciennes mines tout en se faisant esquinter par sa famille. La campagne, ici omniprésente offre au lecteur une soupape, la possibilité d'ouvrir les yeux sur la verdure anglaise, ses forêts et ses trous d'eau. Même les personnages secondaires prennent vie et deviennent de plus en plus familiers au cours de la lecture. Bref, un roman séduisant, ni trop horrifique, ni trop soporifique. Bien dosé !