| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
|
| Raymond Carver | |
|
+5kenavo Babelle Queenie coline Aeriale 9 participants | |
Auteur | Message |
---|
bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Raymond Carver Lun 4 Aoû 2008 - 18:07 | |
| Kenavo, notre regard à nous, c'est d'abord celui de notre subjectivité. C'est pour cela que nous ne voyons pas les memes choses ou que ne nous ne lisons pas les memes choses. Et meme, notre propre regard sur un meme objet ou notre propre interprétation d'un livre peut changer ou évoluer selon notre vécu... je me souviens que Marie, si je me souviens bien ne trouvait meme pas angoissants les tableaux de Hopper... | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Raymond Carver Lun 4 Aoû 2008 - 20:20 | |
| En train de lire Qu'est-ce que vous voulez voir?
Je ne retrouve pas toute la noirceur dont vous parlez. Alors est-ce que c'est dû à ce recueil en particulier, qui selon la 4ème de couv', est différent des précédents...
Des personnages qui sont tous un peu à un tournant, qu'ils prennent ou ne prennent pas, mais en tout cas, pas de vision désespérée, l'impression qu'ils apprennent à vivre avec leur "malheur", qu'ils s'adaptent. Un peu résignés peut-être, mais pas franchement malheureux.
Pour l'instant je n'accrochais pas plus que ça, et là, avec la nouvelle Du bois pour l'hiver, y'a un truc qui a fait tilt. D'un coup c'était rugueux, solitaire, et pas trop "les monsieur et madame tout le monde qui sont dans un état d'incommunicabilité immuable" (ce qui était le cas dans les deux précédentes nouvelles, et qui m'a un peu déplu. Parce que je me sentais très très loin de ces histoires, et de cette façon d'amener les choses)
Je continue donc. Et j'essayerai d'en lire un de ceux que vous citer. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Raymond Carver Lun 4 Aoû 2008 - 20:20 | |
| - bix229 a écrit:
- Kenavo, notre regard à nous, c'est d'abord celui de notre subjectivité.
C'est pour cela que nous ne voyons pas les memes choses ou que ne nous ne lisons pas les memes choses. Et meme, notre propre regard sur un meme objet ou notre propre interprétation d'un livre peut changer ou évoluer selon notre vécu.. C'est certain, il y a plusieurs lectures différentes selon le regard de l'instant ou le vécu de la personne. Exemple, en ce qui concerne Les vitamines du Bonheur, j'ai trouvé la lecture de la 1ere nouvelle très drôle, Coline y a surtout vu la laideur et le désespoir... Mais pour ce qui est de Hopper, moi non plus je ne perçois pas trop l'angoisse -même si je comprends qu'on puisse la voir- Personnellement, j'y vois surtout la solitude, mais une solitude synonyme de rêve, d'évasion, de bulle protectrice plutôt que d'angoisse existencielle. Davantage une solitude salvatrice même... | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Raymond Carver Lun 4 Aoû 2008 - 20:31 | |
| - Queenie a écrit:
- Je continue donc. Et j'essayerai d'en lire un de ceux que vous citer.
Je te suggérais seulement de ne pas faire une 'overdose' - aériale a écrit:
- C'est certain, il y a plusieurs lectures différentes selon le regard de l'instant ou le vécu de la personne.
Mes propres regards changent constamment - certains auteurs que je relis aujourd'hui ont souvent un autre effet sur moi que la première fois... | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Raymond Carver Lun 4 Aoû 2008 - 20:44 | |
| - kenavo a écrit:
- aériale a écrit:
- J'ai trouvé cette citation qui revient à ce que dit Coline plus haut.
- Citation :
- "Carver met en scène des personnages qui échouent, qui ont échoué, qui ont conscience que plus rien ne changera, que leur vie ne ressemblera jamais à leurs rêves…"
Merci pour cette citation.. et est-ce que je suis seule à avoir l’idée que certaines peintures de Hopper donnent « une image » aux personnages de Carver? Je t'avoue que j'y ai pensé...Mais plus pour les décors typiquement américains que pour les personnages...Pour ce que je connais, plus misérables chez Carver que chez Hopper... | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Raymond Carver Lun 4 Aoû 2008 - 20:47 | |
| Je n'étais pas encore arrivée à cette citation lorsque je t'ai répondu. Elle me va assez bien...surtout pour le décor... - Kenavo a écrit:
- Je me rappelle que j’ai lu dans le temps chez un critique allemand qui disait – Carver arrive à faire parler la solitude sur les images de Hopper
| |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Raymond Carver Lun 4 Aoû 2008 - 20:50 | |
| - bix229 a écrit:
- Tandis que les personnages de Hopper sont déjà morts.
Tellement murés dans leur solitude qu'ils se taisent, fixent le vide. Le Néant. Je ne vois pas autant de désespoir dans les images de Hopper...Plutôt de grands moments de solitude... C'est plus désespéré chez Carver...Même à crier, ils ne changeront rien... | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Raymond Carver Lun 4 Aoû 2008 - 20:52 | |
| - bix229 a écrit:
- je me souviens que Marie, si je me souviens bien ne trouvait meme pas angoissants les tableaux de Hopper...
Moi non plus je ne les vois pas angoissants... Les situations chez Carver, si!... | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Raymond Carver Lun 4 Aoû 2008 - 21:00 | |
| - aériale a écrit:
- Exemple, en ce qui concerne Les vitamines du Bonheur, j'ai trouvé la lecture de la 1ere nouvelle très drôle, Coline y a surtout vu la laideur et le désespoir...
Le paon sans la maison et l'horrible bébé... Je n'ai même pas eu un sourire...C'est sinistre... Pas une seule nouvelle sur les deux recueils ne m'aura fait sourire...Le climat est pesant...Le drame à surmonter...prêt à surgir... Désespoir...Noirceur absolue mais j'aime assez... | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Raymond Carver Lun 4 Aoû 2008 - 21:48 | |
| Ce qu'écrivent Kenavo, Queenie, Aériale et Coline confirme ce que j'écrivais à propos de notre regard subjectif et momentané sur les choses. Après tout, Kafka trouvait son texte du Procès amusant. Mais avec lui, allez donc savoir ! | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Raymond Carver Mar 5 Aoû 2008 - 10:22 | |
| Un poème pour changer : S O I R Je pechais seul en ce soir d'automne languissant Pechais tandis que l'obscurité continuait de gagner Eprouvant une peine exceptionnelle et ensuite une joie exceptionnelle lorsque j'ai remonté dans le bateau un saumon argenté, sous lequel j'ai glissé un filet. Mystères du coeur quand j'ai regardé l'eau ondoyante puis le contour sombre des montagnes derrière la ville, rien ne laissait encore prévoir que je souffrirais tant de ce désir de revenir une dernière fois, avant de mourir. loin de tout, loin de moi-meme. La vitesse foudroyante du passé | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Raymond Carver Mar 5 Aoû 2008 - 11:16 | |
| - bix229 a écrit:
- Un poème pour changer :
merci Bix.. oui.. c'est bien que tu es là pour mettre ses poèmes en versioin française.. je suis en train de les découvrir en anglais et c'est vraiment très, très beau... | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Raymond Carver Mar 5 Aoû 2008 - 12:21 | |
| Pour continuer avec les poèmes de Carver...
La vitesse foudroyante du passé.
« Nous avons échangé quelques mots. Je ne me rappelle plus lesquels. Le genre de choses rassurantes que les gens qui s'aiment se disent l'un à l'autre à une heure pareille dans une situation aussi étrange. Je me rappelle en revanche que tu as dit qu'il faisait assez clair dans la chambre pour voir les cernes sous mes yeux. » (extrait de "Circulation")
« Il commença le poème à la table de la cuisine, une jambe croisée par-dessus l'autre. Pendant un temps, il écrivit comme si le résultat ne l'intéressait qu'à moitié. Ce n'était pas comme s'il n'y avait pas eu assez de poèmes dans le monde. Le monde avait des poèmes à foison. En outre, il avait été absent plusieurs mois. Il n'avait même pas lu un poème depuis des mois. C'était quoi, cette vie ? Une vie où un homme est trop occupé même pour lire des poèmes ? Pas une vie. » ( extrait de "Un récit") | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Raymond Carver Mar 5 Aoû 2008 - 12:26 | |
| Ultramarine
Le stylo
"Le stylo qui disait la vérité Est passé à la machine à laver pour sa peine. Il en est sorti une heure plus tard, et a été ballotté dans le sèche-linge avec des jeans et une chemise de cow-boy. Des jours durant il est resté tranquillement sur le bureau au-dessous de la fenêtre. Posé là et convaincu qu’il était fini. Sans la moindre preuve à l’appui. Il n’avait plus la force de continuer, pour autant qu’il l’eût souhaité. Mais un matin, une heure à peu près avant le lever du soleil, il s’est ranimé et a écrit : « Les champs humides endormis sous la lune. » Puis il s’est de nouveau figé. Son utilité dan cette vie Manifestement révolue.
Il l’a secoué et heurté contre le bureau. Puis il a renoncé, ou presque. Une fois encore, pourtant, dans un effort suprême, l’objet a rassemblé sa dernière énergie. Voilà ce qu’il a écrit : « Un vent léger, derrière la vitre des arbres qui nagent dans l’air doré du matin. »
Il a essayé de continuer mais c’était tout. Le stylo avait cessé d’écrire pour toujours. Très vite il a rejoint le bric-à-brac échoué dans le poêle. Et plus tard, c’est un autre stylo , un stylo quelconque qui n’avait pas eu le temps de faire ses preuves, qui a écrit sans mal : « L’obscurité s’amasse dans les branches. Reste à l’intérieur. Tiens-toi tranquille. »
La cabine téléphonique
"Elle s’écroule dans la cabine, pleurant au téléphone. Pose une question ou deux, et pleure à nouveau. Son compagnon, un vieux gars en jean et chemise en denim, attend son tour de parler et pleurer. Elle lui passe l’appareil. Pendant une minute, ils sont tous les deux dans l’étroite cabine, ses larmes à lui coulant aux côtés des siennes à elle. Puis elle sort s’adosser à l’aile de leur sedan. Et l’écoute quand il parle des dispositions.
J’observe tout cela depuis ma voiture. Je n’ai pas le téléphone, moi non plus. Je suis assis au volant, à fumer, attendant de prendre mes propres dispositions. Bientôt il raccroche. Sort et s’essuie le visage. Ils montent dans la voiture et s’assoient, les vitres fermées. Le verre s’embue lorsqu’elle s’appuie sur lui, lorsqu’il passe un bras autour de ses épaules. Le mécanisme de la consolation dans ce lieu exigu, public.
J’emporte ma monnaie jusqu’à la cabine, et j’entre. Mais en laissant la porte ouverte, c’est si étroit là-dedans. Le combiné est encore chaud. Je déteste utiliser un téléphone qui vient d’annoncer un décès. Mais je n’ai pas le choix, c’est le seul téléphone à des kilomètres, et il peut écouter sans prendre parti.
J’introduis les pièces et j’attends. Les gens dans la voiture attendent aussi. Il met le contact puis le coupe. Où aller ? Aucun de nous n’est capable de le dire. Ne sachant pas où s’abattra le prochain coup, ni pourquoi. La sonnerie à l’autre bout s’interrompt quand elle décroche. Avant que j’aie pu placer deux mots, l’appareil commence à crier, « je t’ai dit que c’est fini ! Terminé ! Tu peux aller te faire foutre ! »
Je lâche le téléphone et me passe la main sur le visage. Je ferme et j’ouvre la porte. Le couple dans la berline baisse les vitres et me considère, les larmes figées un instant par cette distraction. Ensuite ils remontent les vitres et restent immobiles. Nous n’allons nulle part, pendant un moment. Et puis nous partons." | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Raymond Carver | |
| |
| | | | Raymond Carver | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|