Le concert du jour

Ah, Emmanuel Pahud était chez toi, Marko, il me manquait au concert vendredi dernier.

Et oui je me suis toujours demandé comment il gérait son temps entre le philharmonique de Berlin, ses formations chambristes et sa carrière de grand soliste international. Chapeau l'artiste. Ce qu'il tirait de sa flûte était extraordinaire.

J'ai assisté ce soir au musée Guimet, à un concert d'Asian Music Ensemble. Je reproduis la présentation du programme :

Citation :

L'Asian Music Ensemble est un groupe créé en Corée et réunissant six musiciens traditionnels issus de trois pays d'Asie : Corée, Vietnam et Mongolie.

Familiers de la musique traditionnelle coréenne dont ils maîtrisent les différentes composantes - rythme, mélofie...., les instrumentistes non coréens apportent au groupe dans l'interprétation des morceaux, grâce à leur sensibilité et à leurs instruments spécifiques, une couleur de son et une touche d'originalité particulièrement séduisantes. Une tonalité unique que l'on retrouve d'ailleurs aussi bien dans les pièces traditionnelles interprétées par l'ensemble que par ses propres compositions.

Un moment de pur bonheur. Une musique splendide, à la fois hypnotique (Marko me permettra l'emprunt) et électrisante. Les sonorités des différents instruments sont stupéfiants et se marient entre eux d'une façon étonnante. C'est très rythmé par moments, et à d'autres plus contemplatif. Aucune pièce ne ressemble à une autre, c'est d'une grande richesse et inventivité. Je suis très heureuse d'avoir tenté l'aventure, moi qui ne connaît rien à la musique asiatique. Cela donne furieusement envie de découvrir.

J'ai trouvé des extraits sur Youtube pour vous donner une petite idée :








Et demain j'ai une soirée pansori.  

La semaine dernière j'ai retrouvé Eivind Gullberg Jensen dirigeant notre orchestre local très reconnaissant (j'aime quand les musiciens applaudissent un chef qui les a tirés vers l'excellence) pour une 5e symphonie de Chostakovitch tout à fait réussie même s'il est difficile de faire le poids face aux grandes versions de référence. C'est sa symphonie la plus célèbre et la plus jouée en général même si je lui préfère de loin quelques autres. Comme d'habitude on retrouve l'alternance de moments mélancoliques et lugubres, de plages tonitruantes, ludiques ou grotesques puis d' envolées emphatiques triomphantes pour rendre hommage aux victimes du stalinisme. Chostakovitch disant que chacune de ses symphonies est un mausolée. Il sait en tout cas toujours maintenir son auditeur sous tension. A sa création par Mravinsky le public pleurait durant la très belle plage mélancolique (3e mouvement) avant de se lever au moment du final (il est allé plus loin encore dans sa 7e).

Le 3e mouvement de la 5e symphonie (dans une autre version):

Et voilà enfin mon baptême à la Philharmonie de Paris dans l'incroyable salle conçue par Jean Nouvel. Le Sacre du printemps de Stravinski et Rituel de Boulez dirigés par Peter Eötvös. Complètement séduit par la beauté de la salle et son acoustique. 2 rituels musicaux qui avaient beaucoup d'allure grâce au talent des musiciens du LSO. Je me souviendrai de cette première fois

Et le lendemain j'ai fait un tour à la Philharmonie 2 que je connaissais déjà (c'est l'ex Cité de la musique et sa salle dédiée à la musique d'aujourd'hui). Pintscher y dirigeait l'intercontemporain et cette soirée était consacrée à 2 créations contemporaines de jeunes compositeurs américains déjà reconnus dans leur pays. Je retiens surtout l'époustouflant Concerto pour ensemble de Sean Shepherd qui était d'une richesse et d'une maîtrise totales. 30 minutes qui m'ont immédiatement transporté. On sent qu'il s'est nourri des musiques de Stravinski, Bartok ou Berg et son univers pourtant personnel n'a pas à rougir à côté de ces génies.  Je serais incapable de décrire ce que j'ai entendu mais c'était vraiment très beau en mettant en valeur toutes les couleurs des instruments de ces musiciens surdoués. J'espère que cette oeuvre sera enregistrée et jouée partout. La musique d'aujourd'hui a de beaux jours devant elle.

A défaut de pouvoir entendre Sean Shepherd (on ne trouve encore ni CD ni vidéos sur le net) je mets les 2 vidéos annonçant le concert. Dans la seconde on voit bien combien Pintscher est admiratif du travail de Shepherd (je suis moins convaincu par le choix du célèbre morceau de Copland entre les 2 créations. C'était vraiment trop sucré, quasi hollywoodien).

Sean Shepherd


Matthias Pintscher