Lecture en commun - Joyce Carol Oates

personnellement cela ne me gêne pas les alternances présent, passé, je trouve au contraire que cela explique ceci. Là c'est vrai que les retours en arrière sont moins marqués mais des phrases jetées par moment font des rappels judicieux.

Une enfance sombre pour Rebecca, mais je n'arrive pas à avoir de la pitié pour le père, il a pris la décision de quitter son pays, il n'a pas cherché à s'intégrer aux "you esse" et rend responsable "les autres" de son existance misérable. Il travaille beaucoup c'est vrai, mais au lieu d'insuffler à ses enfants et sa femme de l'espoir il leur creuse une existence de plus en plus iinvivable, comme il creuse les tombes du cimetière.

Les enfants n'ont qu'une issue la fuite. Seule Rebecca reste par égard pour sa mère malgré que celle-ci ne fait aucune démonstration de son amour pour elle.
La mort de ses parents seule la libérera.

Rebecca se sauve ensuite de chez sa tutrice et s'engage dans la vie professionnelle, petit à petit, "la fille du fossoyeur" s'estompe pour laisser la place à la jeune et belle "Rebecca". Les paroles de sa mère la hante encore "tu es une fille fait attention". Elle les adopte jusqu'à ce qu'elle rencontre le beau Niles Tignor.

J'arrive de la bibliothèque, j'ai choisi "Zombi" bien que je n'aime pas le rose de la couverture mais il était propre, dos non cassé, pages non cornées, des critères importants pour moi...
Si j'ai bien compris, je donne mon avis définitif dans le fil de l'auteur et je peux dire ce que j'en pense en cours de lecture ici?

Bédoulène a écrit:

personnellement cela ne me gêne pas les alternances présent, passé, je trouve au contraire que cela explique ceci. Là c'est vrai que les retours en arrière sont moins marqués mais des phrases jetées par moment font des rappels judicieux.

Une enfance sombre pour Rebecca, mais je n'arrive pas à avoir de la pitié pour le père, il a pris la décision de quitter son pays, il n'a pas cherché à s'intégrer aux "you esse" et rend responsable "les autres" de son existance misérable. Il travaille beaucoup c'est vrai, mais au lieu d'insuffler à ses enfants et sa femme de l'espoir il leur creuse une existence de plus en plus iinvivable, comme il creuse les tombes du cimetière.

J'ai eu au contraire beaucoup de pitié pour le père. Il n'avait pas vraiment le choix de quitter son pays. Il a fait ça pour sa famille tout de même, puis la folie s'est emparée de lui, il était pris de haut par les autres, rejeté... La meilleure façon de s'intégrer c'est en travaillant, ce qu'il faisait. Comment quelqu'un d'étranger et pauvre pourrait s'intégrer alors ? Ca me semble impossible. Il y a quand même une responsabilité des autres, le regard des autres. Comme si sa condition sociale pouvait le faire s'intégrer d'une autre façon. Je trouve même très logique, voir "normal" de voir la folie le gagner. Comment donner de "l'espoir" à ses enfants vu lesa condition sociale, et avec en plus le climat politique ?

Il me semblait avoir Black girl,white girl dans ma PAL mais je me suis trompée. Je vais lire Petit oiseau du ciel qu'on peut me prêter.

Aucun des membres ne parlait la langue donc la famille partait bien sur avec cet handicap, de plus sa femme ne voulait pas elle quitter l'Allemagne qu'elle n'a jamais pu oublier ni la vie agréable que la famille y avait.
Etaient-ils Juifs ? aucune certitude à ce moment du livre. Pratiquaient-ils ? je ne pense pas d'après certaines de ses réflexions.

Sur que la bicoque étaient misérable et le travail difficile mais c'était aussi le cas pour les pauvres gens "you esse" en cette période.

Il n'acceptait rien des autres, et laver son humiliation en pissant sur leurs tombes.

Il regrettait même que Rebecca soit née sur le territoire USA et inconsciemment ou pas lui en voulait.

non, son attitude envers sa famille n'est pas pardonnable pour moi.

Bédoulène a écrit:

Une enfance sombre pour Rebecca, mais je n'arrive pas à avoir de la pitié pour le père [...]

Je ne pense pas que JCO cherche forcément à susciter la pitié. Elle le présente dans toute l'horreur de son comportement, mais elle parle aussi des raisons qui ont transformé cet homme, autrefois instruit et cultivé, en un barbare qui ne ménage pas sa famille.
On peut le comprendre, tout en trouvant qu'il ne réagit pas de la bonne façon.

J'ai continué ma lecture, et cette phrase m'a interpellée :

Citation :

« (Rebecca était perplexe : serait-elle punie parce qu’elle était une fille, ou parce qu’elle était la fille du fossoyeur ?) »

Il me semble que cette interrogation sous-tend le livre... et que celui-ci cherche en quelque sorte à lui donner une réponse...

Rebecca tombe amoureuse de Niles Tignor, lui est séduit par la jeunesse, le sérieux de la jeune fille. Il se dit représentant d'une grande marque de bière, ce qui justifie des absences inégales et des retours inattendus dans la ville. Malgré qu'à plusieurs reprises il ait un comportement violent Rebecca est contente de se marier avec lui.
Dès la 1ère gifle que Rebecca reçoit (avant même le mariage) Niles est prévisible il cache sa véritable nature à Rebecca, sa femme.
Les absences répétées, la boisson amène Rebecca à douter, de Niles de la légalité de leur mariage, de l'amour qu'ils se portent. Rebecca, se bride, elle sait qu'il ne répondra à aucune de ses questions et elle n'en pose pas.
Seule pour son accouchement, elle espère encore pour leur fils et elle en la protection de Niles Mais après une dispute des plus violente où il la blesse ainsi que l'enfant, Rebecca s'enfuit. Avec le gamin elle entame une vie "en mouvement" ne restant pas longtemps dans une ville de crainte qu'il les retrouve car elle sait qu'alors leur vie sera en danger.
Pour cette nouvelle vie elle change leurs noms, ils s'appelleront dorénavant Hazel et Zacharias Jones.
Rebecca usurpe l'identité d'une personne avec laquelle un avocat l'avait confondu un jour sur le chemin de halage.
L'attitude de l'enfant est à la mesure de l'amour que lui porte sa mère. Il comprend leur situation et aide sa mère à la supporter, il ne veut surtout pas la peiner.
Les enfants soumis à une telle situation savent d'instinct que faire, que dire, que taire, que voir, qu'entendre.
Zach sait qu'il peut surgir à tout moment et qu'il faut être vigilant, que son nom ne doit plus être prononcé.
Rebecca pense que Zach qui a la musique dans la tête sera un grand pianiste, elle encourage son fils.
La mère et l'enfant rencontre en la personne d'un musicien de jazz Chet Gallagher un ami, une aide.
Un nouvel amour ? Hazel est méfiante.

Bédoulène a écrit:

personnellement cela ne me gêne pas les alternances présent, passé, je trouve au contraire que cela explique ceci. Là c'est vrai que les retours en arrière sont moins marqués mais des phrases jetées par moment font des rappels judicieux.

Moi non plus : j'aime ces alternances justement, cette façon qu'à JCO de dévoiler l'intrigue par morceaux. Ici, cette linéarité du temps m'a surpris. Je l'ai même un peu regretté au début. Mais je m'y suis fait : c'est une nouvelle facette de JCO que je découvre avec ce livre.

Bédoulène a écrit:

Une enfance sombre pour Rebecca, mais je n'arrive pas à avoir de la pitié pour le père, il a pris la décision de quitter son pays, il n'a pas cherché à s'intégrer aux "you esse" et rend responsable "les autres" de son existance misérable. Il travaille beaucoup c'est vrai, mais au lieu d'insuffler à ses enfants et sa femme de l'espoir il leur creuse une existence de plus en plus iinvivable, comme il creuse les tombes du cimetière.

MDNA a écrit:

J'ai eu au contraire beaucoup de pitié pour le père. Il n'avait pas vraiment le choix de quitter son pays. Il a fait ça pour sa famille tout de même, puis la folie s'est emparée de lui, il était pris de haut par les autres, rejeté... La meilleure façon de s'intégrer c'est en travaillant, ce qu'il faisait. Comment quelqu'un d'étranger et pauvre pourrait s'intégrer alors ? Ca me semble impossible. Il y a quand même une responsabilité des autres, le regard des autres. Comme si sa condition sociale pouvait le faire s'intégrer d'une autre façon. Je trouve même très logique, voir "normal" de voir la folie le gagner. Comment donner de "l'espoir" à ses enfants vu lesa condition sociale, et avec en plus le climat politique ?

Les personnages de JCO sont complexes. Tout n'est pas tout blanc ou tout noir. Le père n'avait effectivement pas d'autre choix que de quitter son pays. Car il était juif, j'en suis persuadé bien que JCO ne l'écrive pas noir sur blanc. Je comprends aussi sont ressentiment à l'égard de son pays d'accueil dans lequel il ne parvient pas à trouver sa place. Mais cela suffit-il à justifier sa conduite envers les siens ? Certainement pas ! Ne pas oublier l'alcool qui est consommée sans modération par la quasi totalité des personnages.

Bédoulène a écrit:

Rebecca tombe amoureuse de Niles Tignor, lui est séduit par la jeunesse, le sérieux de la jeune fille. Il se dit représentant d'une grande marque de bière, ce qui justifie des absences inégales et des retours inattendus dans la ville. Malgré qu'à plusieurs reprises il ait un comportement violent Rebecca est contente de se marier avec lui.
Dès la 1ère gifle que Rebecca reçoit (avant même le mariage) Niles est prévisible il cache sa véritable nature à Rebecca, sa femme.
Les absences répétées, la boisson amène Rebecca à douter, de Niles de la légalité de leur mariage, de l'amour qu'ils se portent. Rebecca, se bride, elle sait qu'il ne répondra à aucune de ses questions et elle n'en pose pas.
Seule pour son accouchement, elle espère encore pour leur fils et elle en la protection de Niles Mais après une dispute des plus violente où il la blesse ainsi que l'enfant, Rebecca s'enfuit. Avec le gamin elle entame une vie "en mouvement" ne restant pas longtemps dans une ville de crainte qu'il les retrouve car elle sait qu'alors leur vie sera en danger.

J'apprécie la distance que JCO garde avec le personnage de Tignor. Par son récit, on arrive à cerner le personnage : un bandit fort peu recommandable et qui n'a assurément rien à voir avec la marque de bière qu'il est censé représenter. Mais elle ne s'avancera pas plus. Ou pas beaucoup plus. Jamais elle ne nous éclaire franchement sur les activités sans dout illicite de Tignor. Car, finalement, on s'en moque. C'est en dehors de son sujet et je la trouve très inspirer de ne pas s'avancer davantage sur le sujet. J'apprécie qu'elle nous laisse imaginer ce qu'on veut.

Bédoulène a écrit:

Pour cette nouvelle vie elle change leurs noms, ils s'appelleront dorénavant Hazel et Zacharias Jones.
Rebecca usurpe l'identité d'une personne avec laquelle un avocat l'avait confondu un jour sur le chemin de halage.
L'attitude de l'enfant est à la mesure de l'amour que lui porte sa mère. Il comprend leur situation et aide sa mère à la supporter, il ne veut surtout pas la peiner.
Les enfants soumis à une telle situation savent d'instinct que faire, que dire, que taire, que voir, qu'entendre.
Zach sait qu'il peut surgir à tout moment et qu'il faut être vigilant, que son nom ne doit plus être prononcé.
Rebecca pense que Zach qui a la musique dans la tête sera un grand pianiste, elle encourage son fils.
La mère et l'enfant rencontre en la personne d'un musicien de jazz Chet Gallagher un ami, une aide.
Un nouvel amour ? Hazel est méfiante.

Je viens d'arriver à ce point du livre. Rebecca/Hazel va présenter son fils à Chet (du moins je le suppose).
Et qui est réellement le personnage (le vrai) de Hazel Jones ? Un personnage qui n'a rien à voir dans l'histoire ? Ou JCO nous réserve t-elle quelque chose de ce côté-ci ?

j'ai terminé le livre, j'avais tellement hâte de connaître le destin de Hazel.



L'auteur accorde à Rebecca une nouvelle vie quand celle-ci adopte le nom d'Hazel Jones, personnage disparu dans de dramatiques circonstances 3 ans avant que Rebecca soit interpellée par l'inconnu sur le chemin de halage. Ce nom qui sauve Rebecca d'éventuelle poursuite et retrouvaille de Tignor est aussi un moyen de faire revivre la véritable Hazel à qui un assassin a volé la vie.

Gallagher se rend indispensable, il aime sincèrement Hazel et Zach. Après de longues années de vie commune, Hazel consent à l'épouser et Chet adopte Zach.

La vie d'Hazel avec Chet Gallagher lui assure amour, confort et une stabilité qui lui permet de redécouvrir la Rebecca qu'elle était. Dans la vieillesse elle retrouve une cousine qu'elle croyait disparue. La fille du fossoyeur est toujours là, son fils est un célèbre pianiste, les Schwart peuvent être fier d'elle.

Incroyable fouille des âmes. Un rythme du temps parfaitement maîtrisé dans le récit.

Bon, j'ai eu trop peur des 1200 pages de Blonde, alors j'ai pris Petite soeur mon amour à la bibliothèque. Je ne l'ai pas commencé par contre.

J'ai fait mon résumé de Reflets en eau trouble. Court, trop court même (150pages) mais un sacré roman tout de même et qui m'a marquée.

Résumé ici

Encore un grand plaisir de retrouver Joyce Carol Oates pour cette LC, merci pour l'idée. Je compte attaquer bientôt La fille du fossoyeur

Odrey c'est un de mes coups de coeur' en revanche certains à qui je l'ai prêté l'ont trouvé difficile à lire...

J'ai moins de temps pour lire, et comme il faut faire des choix, c'est sans état d'âme que j'ai sacrifié JCO. Ce sera pour plus tard.....

mimi54 a écrit:

J'ai moins de temps pour lire, et comme il faut faire des choix, c'est sans état d'âme que j'ai sacrifié JCO. Ce sera pour plus tard.....

Pauvre mimi surbookée en ce moment...

krys a écrit:

Odrey c'est un de mes coups de coeur' en revanche certains à qui je l'ai prêté l'ont trouvé difficile à lire...

Difficile au niveau de l'écriture? Je ne trouve pas. En revanche au niveau du thème, oui, c'est un roman assez dur. Je n'ai pas encore beaucoup avancé mais pour l'instant ça me plait beaucoup.