Frederick Wiseman

Frederick Wiseman est un cinéaste américain né le 1er janvier 1930 à Boston, Massachusetts. Dans ses films, il est réalisateur, scénariste, producteur, monteur, preneur de son, et parfois même interprète. Documentariste, il s'est principalement appliqué à dresser un portrait social des grandes institutions américaines.

Après des études de droit à la célèbre Yale Law School, dont il sort diplômé en 1954, et après son service militaire en 1955/1956, il est nommé professeur de droit à l'université de Boston, puis à l'université Brandeis et enfin à l'université Harvard entre 1959 et 1961. Il témoignera souvent du peu de conviction qu'il apporte à l'exercice de ce métier. En 1963, il entreprend de produire la réalisatrice Shirley Clarke, qui a décidé de tourner The Cool World, adapté d'un roman de Warren Miller.

En 1966, avec des amis, il fonde une association d'aide sociale, l'Organisation for Social and Technical Innovation (OSTI) dont l'activité se prolongera jusqu'en 1973.

La production du film de Shirley Clarke le décide à produire et monter ses propres films. Il tourne ainsi son premier documentaire : Titicut Follies (1967), regard d'emblée critique sur un hôpital pour aliénés criminels, qui sera suivi d'environ un film par an, jusqu'à aujourd'hui, notamment grâce au réseau de télévision de service public Public Broadcasting Service, en particulier la station WNET de la région de New York, grâce aussi à diverses fondations comme la Ford Foundation, ou la Marc Arthur Foundation, liste non exhaustive, grâce enfin à quelques coproductions avec la BBC et Arte France.

Dès 1970, afin de se garantir une indépendance de création, il crée sa propre société de production Zipporah Films.

À partir de 1980, il travaille beaucoup à l'étranger. En France particulièrement, il s'introduit en 1995 dans les coulisses du Théâtre-Français pour y tourner La Comédie-Française ou l'amour joué.

Filmographie


1964 : The Cool World de Shirley Clarke (producteur uniquement)
1967 : Titicut Follies, 84 min, hôpital pour aliénés criminels de Bridgewater (Massachusetts).
1968 : High School, 75 min, une école supérieure de Philadelphie.
1969 : Law and Order, 81 min, dans un commissariat de police à Kansas City.
1970 : Hospital, 84 min, le Metropolitan Hospital de New York.
1971 : I Miss Sonia Hennie, film omnibus : plusieurs réalisateurs (Karpo Acimovic-Godina, Tinto Brass, Mladomir "Purisa" Djordjevic, Milos Forman, Buck Henry, Dusan Makavejev, Paul Morrissey et Frederick Wiseman) sont invités à tourner une séquence de trois minutes en caméra fixe dans une même chambre d'hôtel, où doit être prononcée cette phrase-titre.
1971 : Basic training, 89 min, les classes du 16e bataillon US en 1970 dans le Kentucky, pendant la guerre du Viet-Nam.
1972 : Essene, 86 min, un monastère bénédictin dans le Michigan.
1973 : Juvenile Court, 144 min, le tribunal pour mineurs de Memphis, Tennessee.
1974 : Primate, 105 min, sur les expérimentations d'un centre de recherches, sur les singes de Yerkes.
1975 : Welfare, 167 min, sur le centre d'aide sociale de Waverly à New York.
1976 : Meat, 113 min, sur l'élevage de masse des bœufs pour la consommation de viande, et l'abattoir, jusqu'au hamburger dans une immense entreprise du Colorado.
1977 : Canal zone, 174 min, les résidents militaires et civils américains au Canal du Panama, sous contrôle américain.
1978 : Sinaï field mission, 127 min, un détachement de militaires US dans une zone démilitarisée du Sinaï, après la guerre du Kippour.
1979 : Manœuvre, 115 min, les manœuvres américaines de l'OTAN en Allemagne.
1980 : Model, 129 min, l'agence de mannequins Zoli à New York.
1982 : Seraphita's diary, 90 min, la disparition volontaire d'un célèbre mannequin new-yorkais.
1983 : The Store, 118 min, la vie du grand magasin Neiman-Marcus de Dallas.
1985 : Racetrack, 114 min, le champ de courses de chevaux de Belmont.
1986 : Série Blind and Deaf: Blind, 132', Deaf, 164 min, Adjustement and work, 120 min, Multi-handicapped, 126', un institut spécialisé d'éducation et d'apprentissage pour handicapés et une usine fournissant du travail pour trois cents handicapés, en Alabama.
1987 : Missile, 115 min, des officiers du Strategic Air Command apprennent le lancement des missiles.
1989 : Central Park, 176 min, la vie et la place du célèbre jardin de New York.
1989 : Near Death, 358 min, un service de soins intensifs dans l'hôpital Beth Israel de Boston.
1991 : Aspen, 146 min, dans la plus célèbre station de sports d'hiver des USA.
1992 : Zoo, 130 min, le zoo de Miami.
1994 : High School II, 220 min, un lycée pilote de Spanish Harlem à New York..
1995 : Ballet, 170 min, le travail de l'American Ballet Theater de New York et ses tournées à Athènes et Copenhague.
1996 : La Comédie-Française ou L'amour joué, 223 min, dans les coulisses de la Comédie-Française.
1997 : Public Housing, 195 min, des habitants d'une cité d'un ghetto noir de Chicago.
1999 : Belfast, Maine, 248 min, sur une usine de sardines.
2001 : La Dernière lettre, 61 min, seule œuvre de fiction, monologue théâtral tiré du roman de Vassili Grossman, Vie et destin, avec Catherine Samie. La dernière lettre d'une mère juive à sa fille, à l'entrée des nazis en Ukraine.
2001 : Domestic violence, 196 min, un centre d'accueil à Tampa (Floride) de femmes battues.
2002 : Domestic violence 2, 196 min, les cours de justice et les violences domestiques.
2004 : The Garden, 196 min, sur le Madison Square Garden, célèbre salle polyvalente de Manhattan. Il semble qu'une affaire juridique soit en cours, à propos de ce film.
2007 : State legislature, 217 min, sur l'élaboration des lois par le Parlement d'Idaho. Inédit.
2009 : La Danse, le ballet de l'Opéra de Paris, 158 min, les répétitions et les spectacles de sept ballets, et le travail des administrateurs, chorégraphes, maîtres de ballet, danseurs, musiciens, costumiers et techniciens de plateau.
2010 : Boxing Gym, 91 min, sur le club de boxe américain Lord's Gym et sa clientèle hétéroclite.
2011 : Crazy Horse', 134 min, sur les coulisses du cabaret parisien et la revue créée par Philippe Decouflé.

La plupart des sous-titres français des films de Frederick Wiseman ont été rédigés par Claire Clouzot, puis par Marie-Pierre Muller.

Merci Wikipédia !!

Sortie le 7 Octobre 2009


Durant 18 mois, le cinéaste s'est immergé au sein de cette institution en y investissant tous les recoins, tous les services, tous les aspects.D'une réunion syndicale à propos de la réforme du régime de retraite, aux ateliers de couture, teinture, ou entretien des chaussons, d'un diner de Gala avec les mécènes, au travail de la directrice Brigitte Lefèvre, et bien entendu les répétitions des danseurs, tout, nous voyons tout. La danse livre ses secrets, nous montre la Beauté à l'état pur.
Ce documentaire est passionnant, bien construit, et monté d'une façon telle qu'à aucun moment l'ennui ne s'installe au cours des 2h30 du film.

Les danseurs mènent une vie d'ascèse au service de leur passion. Les personnels sont tous des passionnés afin de porter la danse à un niveau d'excellence dont est consciente Brigitte Lefèvre, mais qui est suffisamment humble pour ne pas dénigrer les autres compagnies, et lucide pour ne rien considérer comme acquis.

L'excellence, la beauté, l’émotion ont un prix, on ne le dira jamais assez. En France l'opéra et la danse sont subventionnés....raison de plus pour franchir les portes de ces Maisons qui portent leurs arts à leur plus beau niveau.

Merci à Marko pour le conseil !!!

Ah oui, il était passionnant, ce film sur le ballet de l'opéra de Paris. J'avais lu également beaucoup de bien de son documentaire sur la boxe, mais la boxe , heu...

In Jackson Heights

Pas évident de parler de ce documentaire qui donne la parole à des habitants du quartier de Jackson Heights de New-York. Plus précisément il filme des représentants du quartier qui prennent la parole au sein et pour leurs différentes communautés indépendamment du film.

On voit surtout les communautés LGBT et latino mais aussi des pratiquants musulmans, chrétiens, juifs, des asiatiques divers... le quartier est connu pour sa très grande diversité d'ethnies, de langues et le fait que tout le monde ne cohabite pas si mal. Par exemple des associations partagent en pratique les locaux de la synagogue pour leurs rencontres. C'est déjà impressionnant.

Impressionnant aussi et assez déroutant le communautarisme assez affirmé et militant avec un discours politique dans les défilés genre Gay Pride. Tolérance, reconnaissance, respect des lois pour tout le monde... interactions avec les élus et vigilance vis à vis de la police tout se mélange.

Concrètement on voit aussi les immigrés qui travaillent et cherchent eux aussi à se faire reconnaître et accepter comme citoyens (avec une carte d'identité "de la ville") tenter de s'organiser pour aider les victimes de l'exploitation de leur travail ou aider les gens à trouver un travail.

Ca bouge donc dans cette image presque idyllique de communautés et de volontés en mouvements mais ça bouge aussi dans l'autre sens dans cette grande ville hors de prix dont d'autres quartiers sont déjà saturés. Les investisseurs et des grands groupes sous couvert de réhabilitation ou amélioration veulent phagocyter le quartier. exit les petits commerces indépendants, bonjour les franchises et la hausse des prix.

Changement d'âme d'une nation ou des courants contraires à l'oeuvre ? Ce doit être une des questions non-dites du film (qui s'en tient à la ligne du zéro commentaire).

Et il est difficile de ne pas penser à chez nous, nos villes, nos communautés, notre approche différente du communautarisme aussi je crois. L'absence de commentaires, de chiffres, font que ce n'est pas hyper évident je crois de recoller les morceaux.

Déroutant, relativement long (3h10) mais petit à petit ça infuse et ça interroge la mutation, l'action, l'inaction, un jeu et un rôle de différents étages de communauté(s). Pas évident et pourquoi pas cliché aussi ? Intéressant néanmoins, activement interrogatif pour le spectateur ?

Je l'avais vu, et j'ai été un peu partagée. C'est vrai qu'au final trois heures c'est un peu long. Il y a de beaux moments, mais j'ai eu la sensation de quelque chose de presque trop idyllique à un certain moment, ce vivre ensemble, ces communautés qui cohabitent sans tensions apparentes, et au final le seul danger vient de l'extérieur. Mais évidemment, le film est bien plus que ça, et il vaut le coup.

oui le mélange d'idéal et de tensions réelles, ne serait-ce que les quelques personnes qui se font embarquer pendant le match de foot de la Colombie ou le fait que qui dit communautarisme dit aussi peu de mélange, ou les remarques d'un membre de l'assemblée quand un type qui poste dans une pizzeria parle de son boulot, ça fait bizarre. et le doute ou léger malaise est renforcé par l'absence d'explications ou de chiffres pour présenter le quartier (ce qui est montré est-il représentatif de la population, le proportionnel serait-il plus représentatif ou pas, etc.).