Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Tawada Yoko

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MessageSujet: Re: Tawada Yoko   Tawada Yoko - Page 2 EmptyJeu 20 Déc 2012 - 18:56

Tawada Yoko - Page 2 Tawada10
Journal des jours tremblants. Après Fukushima précédé de Trois leçons de poétique. Traduit de l'allemand par Bernard Banoun. (« Franchir la barrière de Shirakawa » traduit du japonais par Cécile Sakai). Verdier. 117 pages.

1/ Trois leçons de poétique.

Première leçon : Les croyants traduisent

Le thème général est la différence de perception entre les Japonais et les Européens du point de vue langue, conception du monde...
Citation :
"[...] François Xavier impressionna les Japonais moins en leur parlant de l'Enfer qu'en leur enseignant que la terre est ronde." (page 23)

Citation :
"Lorsque j'ai commencé à écrire en allemand, distinguer le ciel d'un ciel était pour moi un problème grammatical. Comment savoir qu'une chose existe une fois ou plusieurs ? Pour être certains de la singularité d'une chose, il faut une vue d'ensemble sur l'univers entier. J'apprenais en cours de langue qu'il faut écrire « une porte » quand il y en a plusieurs autres, tandis que s'il s'agit de la porte d'entrée, je peux écrire « la porte d'entrée ». Comment puis-je vraiment savoir s'il y en a une autre ou si celle que j'ai devant moi est bien la seule ? Faut-il commencer par fouiller l'immeuble entier ?" (page 24).
Tawada parle aussi du problème de la traduction de la notion d'amour chrétien dans un monde bouddhique, que ce soit le Petit Véhicule ("il s'agit de trouver la voie de l'illumination pour soi-même, et non de sauver les autres", page 26) ou le « Grand Véhicule » : "Dans ce courant, la compassion gagne forcément en importance, mais comme le remarque le missionnaire François Xavier, elle porte sur tous les êtres vivants, avant tout sur les animaux, et plus rarement sur les humains. Car les humains peuvent se sauver eux-mêmes, tandis que les animaux, pour être sauvés spirituellement, doivent attendre de renaître comme humains." (page 26).

Plus loin, conséquence culturelle : "À Hambourg, je m'aperçus que je me prenais très vite de pitié pour les animaux, mais par pour les gens." (page 27).
Elle parle aussi du film Lost in translation : "À une époque où il existe des auteurs américains ou autres qui écrivent et publient des récits ou des poèmes en japonais, cette langue ne mérite même pas l'honneur d'être une langue exotique. [...]
Ce film décrit une psychothérapie aux dépens de la langue exotisée, mais il ne se produit aucune tentative de traduction et, par conséquent, rien non plus qui se perde par la traduction. Dommage que le roman homonyme d'Eva Hoffmann, Lost in translation, soit moins connu que ce film.
Les Jésuites au Japon portaient plus d'intérêt à la traduction que la cinéaste Sofia Coppola." (page 29)
En effet, ils voulurent traduire la Bible...

Une "leçon" intéressante, bien dans la lignée de ce que l'on aime chez Tawada.


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MessageSujet: Re: Tawada Yoko   Tawada Yoko - Page 2 EmptyJeu 20 Déc 2012 - 18:57

Deuxième leçon : Les marchands traduisent.

Cette partie prend pour thème principal les marchands néerlandais qui, au Japon, furent cantonnés sur l'île de Deshima entre le XVII° et le XIX° siècle.
Tawada commence par parler de l'afrikaans, la langue parlée notamment en Afrique du Sud.
Citation :
"L'afrikaans n'était et n'est pas parlé uniquement par des descendants des Néerlandais, mais aussi par les Coloured. Alors que le mot coloured était utilisé autrefois aux Etats-Unis pour désigner les personnes d'ascendance africaine, on ne désigne par coloured en Afrique du Sud que ceux qui ont des ancêtres européens ou non-européens. Les Noirs Africains, eux, ne sont pas coloured." (pages 38-39)
Puis, elle parle d'Hector Pieterson, jeune garçon de douze ans tué - parmi des centaines de morts - pendant le soulèvement des écoliers à Soweto en 1976 (une loi devait imposer l'usage de l'afrikaans au lieu de l'anglais).
Tawada Yoko - Page 2 Tawada11
Citation :
"Au musée Hector-Pieterson, en observant de plus près la célèbre photographie, je me suis aperçue qu'elle me rappelait la Pietà de Michel-Ange - ou encore celle de Giovanni Bellini. Peut-être est-ce l'une des raisons pour lesquelles cette photographie a si vite été comprise et a suscité la pitié dans le monde chrétien." (page 42).
Faut-il vraiment chercher une résonance culturelle picturale ? Est-ce que toute femme portant son fils mourant ne ressemble pas à une pietà ? Et est-ce que toute photo de femme portant son enfant mort n'est pas à même de susciter la pitié, sans même aucune référence à Michel-Ange ? Généralement, nous sommes plus émus par ce qui peut arriver aux hommes qu'aux animaux, je crois...
Juste avant, Tawada écrivait "j'ai entendu dire que Soweto comprend une trentaine de communities qui n'ont pas toutes le même niveau de vie" (page 41). Elle n'a pas eu le temps de vérifier ses sources ?
Bref, tout ce passage n'est pas le meilleur du livre, mais il permet d'aborder le problème de la langue de l'oppresseur. En effet, la langue anglaise, contrairement à l'afrikaans, n'est pas considérée comme telle par les Noirs Sud-Africains.

Et l'on revient au Japon, car Tawada enchaîne sur une différence de comportement entre les Néerlandais et les Britanniques vis-à-vis des Japonais. Les Anglais "tentèrent habilement de faire dégénérer des conflits en guerre afin d'asseoir leur puissance. Les Néerlandais, eux, pour rester dans le pays d'accueil, avaient accepté pendant deux siècles toutes les conditions posées par les Japonais." (page 43).
Avec les négociants arrivent les livres de science, l'art de la traduction... Et on apprend que "traducteur était un métier qui se transmettait de père en fils, tout comme acteur et bien d'autres métiers." (page 47).
Les Néerlandais au Japon étaient donc cantonnés à Deshima. Lorsqu'il y avait des décès, ils n'avaient même pas le droit d'être ensevelis en terre japonaise, il fallait leur faire des funérailles maritimes, et ce jusqu'en 1654.
Citation :
"Dans un livre paru en 1787 intitulé Histoire mêlée des hommes à poils rouges, on lit que l'enterrement de cet homme eut lieu dans un temple bouddhique zen. L'auteur se demande s'il n'aurait pas fallu recourir à un interprète. La prière avait été dite en japonais et le mort ne l'avait sûrement pas comprise." (page 52).

Citation :
"De nos jours, la notion d'« isolement » a une connotation presque exclusivement négative, tandis qu'on célèbre inconditionnellement l'« ouverture ». Or l'isolement peut protéger une culture et lui éviter d'être livrée à une impitoyable concurrence internationale. Un pays doit-il s'ouvrir vers l'extérieur s'il sait qu'il tombera alors immédiatement aux mains d'autrui ?" (page 52).


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MessageSujet: Re: Tawada Yoko   Tawada Yoko - Page 2 EmptyJeu 20 Déc 2012 - 18:59

Troisième leçon : La modernité traduit

Tawada parle principalement de la période qui suivit l'arrivée des quatre bateaux "noirs" - car goudronnés - du Commodore Matthew Perry en 1853.
Il fallait aux Américains une base de pêche pour la chasse à la baleine."Les villes américaines s'acheminaient déjà vers les nuits sans sommeil du capitalisme. Employées comme combustible, les graisses organiques des baleines produisaient la lumière dans les bureaux et les usines, permettant ainsi d'allonger la journée de travail. Le fait que l'Amérique connaissait dès cette époque le problème énergétique, dont l'ampleur est aujourd'hui internationale, fut une surprise pour moi." (page 64).

Tawada Yoko - Page 2 Tawada15 Tawada Yoko - Page 2 Tawada16 Tawada Yoko - Page 2 Tawada17
Les "Navires noirs" de Perry. A droite, une vision un peu... exagérée ?

Tawada parle longuement d'une pièce de Yûzo Yamamoto, traduite en anglais, lue par Brecht, qui écrivit La Judith de Shimoda, puis enchaîne sur Puccini, Madame Butterfly...
Je retiens une anecdote :
Citation :
"On ne buvait pas de lait au Japon à cette époque,et tant chez Yamamoto que chez Brecht,il est même interdit de traire les vaches. Je n'ai pas pu vérifier pour l'instant si cette interdiction de traire les vaches est historiquement avérée ou s'il était seulement difficile de se procurer du lait. Ce qu'on sait aujourd'hui, c'est qu'on ne mangeait pas la chair des quadrupèdes et qu'on ne supportait pas l'odeur du lait." (page 71).
C'est sans doute la "leçon" la moins intéressante.


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MessageSujet: Re: Tawada Yoko   Tawada Yoko - Page 2 EmptyJeu 20 Déc 2012 - 19:00

2/ Journal des Jours tremblants. Il s'agit de texte publiés dans plusieurs journaux d'Allemagne et de Suisse alémanique en mars 2011. Un des textes a été écrit en japonais en juillet 2011 et est également disponible dans l'Archipel des Séismes, chez Picquier.

Tawada était en Allemagne lors du tremblement de terre du 11 mars 2011.
Citation :
"Nous avons appris, enfants, à garder notre calme en cas de catastrophe naturelle. Dès que j'entends les mots « catastrophe naturelle », je me sens très calme." (page 91).

Elle parle du fait que, pour elle, les informations insistent beaucoup sur les problèmes des coupures de courant, plus que du problème de la radioactivité. Ce texte est à mettre en parallèle avec Ce n'est pas un hasard, de Sekiguchi Ryoku (fil ici) , où l'on peut lire, page 134 : "Tant que j'étais en France, je me souciais surtout de la centrale. C'était devenu l'enjeu principal de la catastrophe. Mais vu d'ici, il m'apparaît que l'on n'en a pas fini non plus avec le séisme"...

Tawada Yoko - Page 2 Tawada12 Tawada Yoko - Page 2 Tawada13 Tawada Yoko - Page 2 Tawada14
Fukushima, unité 4, 24 mars 2011 ; deux affiches incitant à économiser l'électricité.
Citation :
"Je suis dérangée par le fait que nombre de photos de presse japonaises montrent au premier plan des hommes en uniforme en train de sauver des gens de la catastrophe. L'armée étant interdite par la constitution japonaise, on justifie toujours l'existence d'unités de l'armée d'autodéfense en invoquant le fait qu'elles nous sauvent la vie lors de catastrophes naturelles. C'est bien leur rôle, certes, et je leur en suis reconnaissante, et pourtant ce n'est pas là tout ce qu'elles ont en vue. Une catastrophe naturelle est la scène idéale sur laquelle elles peuvent montrer au public leur côté ange salvateur. Mais elles s'entraînent aussi pour les guerres auxquelles elles voudraient bien prendre part." (page 94)
D'une façon un peu similaire, Sekiguchi Ryoku parlait - si je me souviens bien - d'architectes qui se prenaient à rêver d'un tremblement de terre qui endommagerait tellement Tokyo qu'il faudrait en reconstruire une bonne partie : quel terrain de jeux fascinant pour eux...

A propos d'un auteur japonais habitant à Fukushima :
Citation :
"Après ces catastrophes, certains livres sont soudain devenus pour lui inintéressants, sans qu'il puisse dire pour quelle raison. Il a commencé à dresser une liste de livres « résistant aux séismes », c'est-à-dire des livres qui gardent leur valeur au-delà des catastrophes. Une traductrice de Tokyo m'écrit qu'elle a redécouvert certains livres lorsqu'ils sont tombés de ses étagères. Depuis, elle est presque tout le temps par terre à lire. Les livres lui procurent un sentiment de sécurité et de continuité." (page 97-98)
Là encore, le thème de la lecture face aux drames est présent chez Sekiguchi.

Beaucoup d'Allemands, spontanément, mettent leur appartement à la disposition de la famille de japonais qu'ils connaissent, alors que cela ne va pas de soi pour les Japonais eux-mêmes :
Citation :
"De grands gymnases, des écoles et des maisons communales servent de dortoir aux évacués, mais il n'est pas courant qu'un particulier propose un toit." (page 98).

Tawada parle aussi des Notes de ma cabane de moine (1212), le texte de Kamo no Chômei, à propos de ses descriptions de catastrophes naturelles... Le grand incendie de 1177 qui détruisit le tiers de Kyoto... les tornades géantes qui survinrent trois ans plus tard, puis deux années de famine...
Citation :
"Plus grande est la richesse, plus grande est la peur. Plus une ville est développée, plus lourds sont les dommages. Qui a de bons amis craint pour leur vie. Qui conçoit un descendant l'expose au danger de mort et à la souffrance. Aussi vaut-il mieux renoncer à toute relation, à tout pouvoir, à toute possession, et vivre seul en un lieu retiré : c'est à cette conclusion que l'auteur revient sans cesse tandis qu'il se remémore les catastrophes. Après chaque lecture, je sens naître en moi le désir de la vie dans la grande ville illuminée, avec beaucoup d'amis, avec les théâtres et les rues animées - et la conscience de leur caractère éphémère." (page 102).

Elle parle également de Tanizaki, qui avait la phobie des séismes. Il en connut un assez important en 1894 ; puis, sa maison de Yokohama, conçue pour résister aux séismes, fut détruite par le feu en 1923 ; il déménagea alors à l'ouest du Japon, où il subit une grande inondation en 1938.
Citation :
"Je me suis souvent souvenue ces derniers temps de l'effrayante description des eaux qui montent dans son roman Bruine de neige" (page 103).
Pareil : c'est une scène tellement frappante...

Citation :
"Tanizaki déménagea quarante fois durant sa vie, comme s'il voulait constamment fuir les catastrophes naturelles. Et celles-ci le poursuivirent, comme si elles voulaient entrer dans l'histoire littéraire." (page 103).

Elle explique aussi que les hélicoptères n'ont pas largué de vivres aux gens bloqués, tout simplement parce qu'"une loi sur la sécurité du territoire ne permettait pas le largage de vivres depuis les hélicoptères. Pas un homme politique n'avait donc eu la force d'assumer une mesure dérogatoire liée à la situation d'urgence." (page 110).


Globalement, ce sont des textes intéressants, avec bien sûr des hauts et des bas, qui ne seront pas les mêmes selon les lecteurs et leurs centres d'intérêts.
Ils relèvent plus d'idées, d'anecdotes qui amènent à d'autres considérations, que d'une thèse construite (ce qui s'explique bien sûr dans le Journal des jours tremblants). Ils sont donc assez hétérogènes, on passe d'un sujet à l'autre, sans que l'on sache vraiment où l'on va, mais cela n'a finalement pas d'importance.



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MessageSujet: Re: Tawada Yoko   Tawada Yoko - Page 2 EmptyJeu 20 Déc 2012 - 19:00

Petite annexe sur les tremblements de terre.
"Depuis le XVIIe siècle, une légende japonaise parle du Namazu (鯰) ou Ōnamazu (大鯰), poisson-chat géant vivant dans la vase des profondeurs de la terre, et sur l'échine duquel repose le Japon. Auparavant, la croyance voulait que ce soit un dragon. [...]
Le namazu est très turbulent et ses mouvements brusques ont tendance à causer des séismes dont le Japon est victime. [...]
Suite aux trois grands séismes de l'ère Ansei en 1854 et 1855, le namazu fut souvent représenté dans des ukiyo-e (estampes) appelées namazu-e.
" (Wikipedia).
Lorsque le dieu qui le maintient relâche son attention, c'est le tremblement de terre !

Tawada Yoko - Page 2 Tawada18 Tawada Yoko - Page 2 Tawada19
Des victimes d'un tremblement de terre se vengent sur le poisson-chat responsable (Période Edo)

Tawada Yoko - Page 2 Tawada20 Tawada Yoko - Page 2 Tawada21
1/ Des poissons-chats aident les victimes ; 2/ Des poissons-chats et des ouvriers font la fête dans le quartier de Yoshiwara

On trouvera plus de reproductions et d'explications (en anglais) sur http://pinktentacle.com/tag/yokai/


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MessageSujet: Re: Tawada Yoko   Tawada Yoko - Page 2 EmptyJeu 20 Déc 2012 - 20:23

merci pour ce sublime commentaire, tu me donnes finalement envie de le noter
en le voyant lors de la publication, j'avais plutôt l'idée que je voyais trop et partout des textes, essais, livres sur ce sujet, et du coup, je n'en voulais plus.. mais puisque j'aime bien son écriture, je veux bien la suivre dans ces "leçons" Very Happy
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MessageSujet: Re: Tawada Yoko   Tawada Yoko - Page 2 EmptyVen 21 Déc 2012 - 9:35

c'est bien que tu en as parlé d'elle Wink je viens de faire des recherches concernant dernières parutions d'elle en allemand, et je ne sais pas trop ce que son éditeur français a choisi de traduire comme Journal des jours tremblants , en tout cas en allemand cela se présente ainsi:

Tawada Yoko - Page 2 A33
Fremde Wasser
Citation :
Drei Texte von Yoko Tawada über Europa, Japan und Asien, über Wasser, Inseln, Sprache und Geschichte zwischen den Kulturen vor dem Hintergrund von Fukushima.
Diese Texte sind die überarbeiteten Vorlesungen ihrer Hamburger Gastprofessur.
Die Vorlesungen von Yoko Tawada erscheinen zusammen mit Gesprächen mit Yoko Tawada und Beiträgen über interkulturelle Poetik - "Mein Hafen der Literatur"
Inhalt:
Drei Gespräche mit Yoko Tawada
Yoko Tawada, Poetikvorlesungen:
Tanegashima Die Europäer landen an
I. Poetikvorlesung
Dejima Die Seefahrt der Sprachen
II. Poetikvorlesung
Uraga Die schwarzen Schiffe der Moderne
III. Poetikvorlesung nach Fukushima
Wissenschaftliche Beträge.

et le tout fait 509 pages Very Happy

mais surtout, il va y avoir en février 2013 ceci:

Tawada Yoko - Page 2 A34
Mein kleiner Zeh war ein Wort: 12 Theaterstücke

je ne savais même pas qu'elle écrivait du théâtre, trop bon, curieuse je suis swing
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MessageSujet: Re: Tawada Yoko   Tawada Yoko - Page 2 EmptyVen 21 Déc 2012 - 13:10

Ah oui, c'est bizarre. Il n'y a pas le titre original, en plus, dans mon exemplaire.
Après recherche, ce sont bien les Poetikvorlesungen. Par contre, sur http://japanische-literatur.blogspot.fr/2012/08/fremde-wasser-von-yoko-tawada.html on lit :
Citation :
Die folgenden 17 wissenschaftlichen Aufsätze nehmen den größten Teil von „Fremde Wasser“ ein. Hier begibt sich Sigrid Weigel beispielsweise auf „Suche nach dem E-mail für Japanische Geister“, Christine Ivanovic und Franziska Schößler betrachten Yoko Tawadas Bühnenstücke, Andrea Bandhauer widmet sich dem Wasser, der Weiblichkeit und den Metamorphosen in „Schwager in Bordeaux“, Yasemin Dayioglu-Yücel fragt sich, ob sich Yoko Tawadas Werke als magischer Realismus verorten lassen und Vibha Surana fragt „Was hört auf, wo Europa anfängt?“.
Voilà pourquoi le livre allemand fait tant de pages... En français, on n'a "que" les textes de Tawada.
Les autres ont l'air bien compliqués, si l'on en croit le même blog : "Ein kleines bisschen Grundwissen zu Barthes, Benjamin und Derrida sei jedoch empfohlen.".


Je suis très curieux de lire son théâtre ! Mais j'ai bien peur qu'il ne soit pas traduit...
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MessageSujet: Re: Tawada Yoko   Tawada Yoko - Page 2 EmptyVen 21 Déc 2012 - 13:14

eXPie a écrit:
Voilà pourquoi le livre allemand fait tant de pages... En français, on n'a "que" les textes de Tawada.
Les autres ont l'air bien compliqués, si l'on en croit le même blog : "Ein kleines bisschen Grundwissen zu Barthes, Benjamin und Derrida sei jedoch empfohlen.".
merci pour ces recherches supplémentaires, je pense que je vais opter dans ce cas pour la version française Wink

et concernant son théâtre je vais vous tenir au courant Very Happy
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MessageSujet: Re: Tawada Yoko   Tawada Yoko - Page 2 EmptyMar 28 Mai 2013 - 15:54

Tout comme pour Schwager in Bordeaux (Voyage à Bordeaux) (images sur la première page de ce fil), le livre avec les pièces de théâtre de Yoko Tawada est tel quel déjà un objet d'art... encore beaucoup plus joli que le voyage, c'est tout à fait extraordinare, avec des images, des petites annotations, des passages en japonais, des dessins en noir et blanc... somptueux... je ne sais pas si, et si oui, sous quelle forme, on va traduire ce livre... mais je souhaite la même version pour le public français, c'est extraordinaire!!

Tawada Yoko - Page 2 1378-245
Mein kleiner Zeh war ein Wort

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MessageSujet: Re: Tawada Yoko   Tawada Yoko - Page 2 EmptyMar 28 Mai 2013 - 16:07

Comme il est beau ce livre!...alors oui, j'espère qu'il sera traduit dans la même version (mais c'est peu probable, non? c'est le choix de la maison d'édition allemande)
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MessageSujet: Re: Tawada Yoko   Tawada Yoko - Page 2 EmptyMar 28 Mai 2013 - 16:13

coline a écrit:
Comme il est beau ce livre!...alors oui, j'espère qu'il sera traduit dans la même version (mais c'est peu probable, non? c'est le choix de la maison d'édition allemande)
j'ai bien peur aussi qu'on ne va pas trouver ce livre tel quel lors d'une traduction (s'il va y en avoir)... mais je ne pouvais pas faire autrement que partager avec vous quelques images, j'espère que je vais me régaler autant avec ses textes Very Happy
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MessageSujet: Re: Tawada Yoko   Tawada Yoko - Page 2 EmptyMar 28 Mai 2013 - 19:37

kenavo a écrit:
coline a écrit:
Comme il est beau ce livre!...alors oui, j'espère qu'il sera traduit dans la même version (mais c'est peu probable, non? c'est le choix de la maison d'édition allemande)
j'ai bien peur aussi qu'on ne va pas trouver ce livre tel quel lors d'une traduction (s'il va y en avoir)... mais je ne pouvais pas faire autrement que partager avec vous quelques images, j'espère que je vais me régaler autant avec ses textes Very Happy
Merci pour les images !
Oui, moi aussi j'ai bien peur qu'on n'ait pas tout ça en français...
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MessageSujet: Re: Tawada Yoko   Tawada Yoko - Page 2 EmptyMer 23 Oct 2013 - 10:58

Journal des jours tremblants/Après Fukushima

Passionnantes conférences que celles réunies dans ce volume.

Tawada surprend par la position qu'elle s'autorise : ni tout à fait Japonaise puisque vivant en Allemagne et voyageant souvent (au Pays-Bas et en Afrique du sud entre autre) et écrivant également en allemand mais pas tout à fait européenne non plus puisqu'elle ne peut (et ne veut sans doute pas) renier ses origines. Cette position donne d'autant plus de fraicheur et d'intérêt aux propos de Tawada, à ses réflexions qui invitent à s'interroger sur le regard que nous portons sur l'Autre, l'oriental, le Japonais… mais aussi sur la manière même dont nous imaginons que ce Japonais nous perçoit.

D'un geste elle n'hésite pas à balayer certaines idées reçues, non tous les Japonais ne sont pas végétariens, d'ailleurs elle ne connait aucun japonais végétarien et non, les Japonais ne qualifient pas les occidentaux de 'longs nez', en tout cas elle n'a jamais entendu cette appellation avant d'arriver en Europe et de la découvrir dans la bouche d'une allemande…

Et le texte se déroule ainsi, allant à hue et à dia pour le plus grand émerveillement du lecteur. Yoka Tawada souligne qu'au départ elle voulait centrer le sujet de ses conférences sur les sirènes, les animaux fantastiques marins mais que la catastrophe de Fukushima a fait dériver son propos.

A travers une intelligente, érudite et ludique réflexion sur la langue japonaise, allemande, afrikaans ou encore néerlandaise, Tawada nous pousse à nous questionner sur notre propre 'traduction' des choses. Sur la manière dont nous incorporons à notre quotidien, des notions, des mots, des attitudes venant d'hôtes étrangers. Elle nous interroge aussi sur la manière dont les langues se réinventent sans cesse, se colonisent, s'entre-tuent ou s'alimentent les unes aux autres à travers l'Histoire des hommes, de leurs conquêtes, de leurs élans missionnaires, de leur volonté marchande.

L'ouvrage est d'une richesse étonnante. Et l'intérêt en est d'autant plus décuplé que Tawada  ne joue par les poseuses mais bien au contraire jette un regard plein d'humour, d'entrain, plein d'irrévérence sur les véhicules particulier et commun que sont nos manières de dire, nos langages, nos réserves de mots.

Il me reste à poser cette question : est-ce d'avoir vécu à Hambourg ou d'être japonaise qui donne à Tawada cette légère impertinence teintée de séduction ?

 
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MessageSujet: Re: Tawada Yoko   Tawada Yoko - Page 2 EmptyMer 23 Oct 2013 - 17:22

Ah oui, c'est très intéressant, et cela m'attire. Tu pourrais vérifier, Shanidar, sur la quatrième (ou sixième,) page, quel est le titre de l'original? C'est bien "Fremde Wasser"? Merci!
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