Benh Zeitlin

traversay a écrit:

Je la cherchais et j'ai fini par la trouver. Je l'adore aussi.

Je la cherchais et je ne la trouvais pas

Je rejoins le club des "pas aimé" La morale à deux balles (vivre dans la crasse et l'alcool pourvu qu'on soit LIBRE - mais quelle liberté?), la petite fille , la seule joie au milieu des sales trognes, si forte, si forte, ça fait vibrer le coeur, l'amour qui triomphe (allez quelques larmes même si on est tellement plus malin quand on ne pleure pas). Ca dégouline de bons sentiments dans une forme qui suggère la poésie et l'imaginaire enfantin, avec des paroles "philosophiques" profondes (je suis un petit bout du monde - une seul petit bout du mode est cassé et tout l’équilibre est perturbé...) dont je suis restée totalement extérieure. Quel ennui!!! Une pensée simplette malgré de belles images (trop belles?) et une musique sympa.

On ne doit pas avoir la même vision du cinéma. Dommage!

topocl a écrit:

Je rejoins le club des "pas aimé" La morale à deux balles (vivre dans la crasse et l'alcool pourvu qu'on soit LIBRE - mais qu'elle liberté?),

Demande aux SDF ce qu'ils en pensent. J'ai à l'angle de ma rue un homme qui s'est installé depuis des mois avec sa tente et son chien. Tout le monde lui propose de l'aide, le Samu social passe régulièrement pour le mettre à l'abri, on lui a même proposé un boulot, sa soeur est intervenue. Non, il veut rester entre ses canettes de bière et son chien qui dort avec lui pour lui tenir chaud. Je ne sais pas s'il se sent libre mais il a trouvé un point d'ancrage et il s'y accroche (il est probablement un peu psychotique aussi). ça finira mal parce qu'il picole trop et devient parfois menaçant, vole des trucs à la supérette... Mais il est là au froid et avec l'hostilité grandissante du voisinage dont la bienveillance s'épuise... C'est une forme de suicide social. Et ils sont de plus en plus sur Lille à s'installer comme ça un peu partout.

Pour en revenir au film je ne crois pas que le cinéaste fasse l'apologie de ce mode de vie. Il montre cette misère à travers le regard d'une enfant comme la solidarité et l'énergie pour survivre et se battre, l'attachement à la terre ancestrale aussi. Il a rencontré ces gens en venant s'installer dans les bayous. Il les a écoutés, il a mélangé la pièce de théâtre de sa copine pour l'aspect fable avec ces récits réalistes. Les acteurs recrutés sont des gens qui vivent là-bas. J'y vois davantage un récit sur le fil du réalisme magique dans la grande tradition américaine de Moby Dick à Mark Twain et Faulkner. Et il a surtout un talent de cinéaste qui impressionne. Un type de 27 ans qui y va à l'énergie avec l'envie de raconter une fable panthéiste. Sa caméra d'or à Cannes me semble bien méritée.

Ma fille m'a traitée de "sale rationaliste sans cœur!
J'assume.
Mes reproches ne font pas de ce film un mauvais film. Mes remarques expriment ce que j’ai ressenti et je respecte que tu l'aies aimé. Mais j'ai envie de verser mon impression au "dossier".

Marko a écrit:

On ne doit pas avoir la même vision du cinéma. Dommage!

.

On ne va pas revenir sur l'histoire j'ai aimé/ j'ai pas aimé, ça me fait de la peine etc...
Je ne trouve pas ça dommage, nos différences de point de vue: je n'ai pas aimé et tu as aimé? Le monde continue de tourner. C'est même bien ces avis contrastés. C'est la preuve qu'il y a des choses fortes dans le film qui nous permettent de nous positionner.
Et puis je n'ai pas une "vision du cinéma" je n'y connais pas assez pour ça: un film me plait ou pas, ça ne va pas plus loin.. je n'ai pas aimé, et j’ai quand même dit qu'il y avait de belles images. Je peux ajouter: De la créativité aussi, des tas d'idées, une façon d e voir les gens autrement.
A chacun de se faire son opinion.

Marko, on peut bien avoir une même vision du cinéma avec certains films et avec d'autres pas du tout. Là où tu as vibré, je ne suis restée qu'extérieure et n'ai jamais ressenti la moindre émotion. Ce film a trouvé visiblement son public mais il n'est quand même pas inutile de préciser que certaines personnes peuvent complètement passer à côté et n'y trouver que peu d'intérêt. Même si je ne nie pas le fait qu'il soit porté par une belle énergie mais cela ne me suffit pas pour apprécier plus que cela ce film terriblement foutraque en ce qui me concerne. Et tu sais aussi bien que moi qu'il y a beaucoup de SDF qui souffrent surtout de pathologies relevant plus de la psychiatrie qu'autre chose et qui demandent (dans le sens nécessite) une prise en charge appropriée.

Et que dans le film, il leur faut beaucoup d'alcool pour supporter tout cela. ou est le choix?

Pour moi, il s'agit surtout d'aliénation (concept tres vague, je m'en rends bien compte) mais chacun y trouve ce qu'il y veut, cela fait aussi partie du choix du spectateur en fonction de sa vision, ses expériences et sa personnalité.

Je ne voulais pas dire dommage que tu n 'aies pas la même vision du cinéma mais dommage que tu n'aies pas pris le même plaisir au film. Pour le reste je ne vois pas la même chose et j'argumente contre les éléments de désaccord. Est-il a ce point impossible d'avoir un débat contradictoire ?

Marko a écrit:

J Est-il a ce point impossible d'avoir un débat contradictoire ?

je ne vois absoluement pas en quoi ce débat est impossible. Nous avons exposé nos contradictions, non?
Je n'ai pas le sentiment d'avoir été agressée. et si tu l'as, je te présente mes excuses, je ne le souhaitais pas, je me suis donc mal exprimée (et je veux bien continuer la discussion si tu le souhaites, mais je ne pense pas qu'on fasse avancer grand chose, c'est une question de sensibilité différente.)

Marko a écrit:

Est-il a ce point impossible d'avoir un débat contradictoire ?

Cela dépend de ce que tu entends par débat ? Chacun exprime pourquoi il a aimé ou non un film mais je ne pense pas que lire les arguments d’une personne qui l’a beaucoup aimé arrivera à convaincre une personne qui ne l’a pas aimé, et vice-versa. Chacun restera sur ses positions, quoi qu’il arrive et quels que soient les mots échangés, enfin c’est mon sentiment en tout cas. Donc débattre dans le sens de convaincre, essayer de faire changer d'avis ou de point de vue, je pense effectivement que c'est impossible

Par contre débattre dans le sens exposer et argumenter son point de vue, je pense que nous y sommes

sentinelle a écrit:

Marko a écrit:

Est-il a ce point impossible d'avoir un débat contradictoire ?

Cela dépend de ce que tu entends par débat ? Chacun exprime pourquoi il a aimé ou non un film mais je ne pense pas que lire les arguments d’une personne qui l’a beaucoup aimé arrivera à convaincre une personne qui ne l’a pas aimé, et vice-versa. Chacun restera sur ses positions, quoi qu’il arrive et quels que soient les mots échangés, enfin c’est mon sentiment en tout cas. Donc débattre dans le sens de convaincre, essayer de faire changer d'avis ou de point de vue, je pense effectivement que c'est impossible

Par contre débattre dans le sens exposer et argumenter son point de vue, je pense que nous y sommes

J'en étais restée aux avis élogieux du début de ce fil...et il a désormais trois pages! Que je ne veux surtout pas lire puisqu'il y a débat à ce que je constate à partir de ce dernier post!....J'aurai sans doute l'occasion de voir le film début janvier...alors je repasserai par là après...

Essayer de voir un film avec le moins d'informations au préalable, tel est mon acte de foi
Et ce n'est pas évident du tout

Le suspens du jour : Coline aimera ou n'aimera-t-elle pas Les Bêtes du sud sauvage ?

Restons zen. Il n'y a rien de grave

En voyant ce film je n'avais pas du tout pensé qu'on aurait pu à ce point être agacé par ces marginaux, et voir dans ce film une apologie (?) de cette marginalisation. Je l'ai plus vu comme un regard tendre qui se pose sur une communauté, avec ses règles, ses codes, ses repères. Quelque chose de très animal et de très trivial (et l'introduction des aurochs, de la médecine de plante, des éléments qui se déchaînent... etc) auquel ils s'attachent parce que c'est leur vie. Après, le pourquoi du comment ils en sont là, et pourquoi ils ne s'en vont pas, parler de bonheur et de choix... Avez-vous vraiment vu et senti que le réalisateur essayait de donner un sens rationnel, sociologique, psychologique et autre à tout ça ?
Je ne l'ai pas du tout vu ainsi.
Peut-être qu'après, oui, ça vient plutôt du regard que l'on pose en général sur ce genre d'existence, notre compréhension du monde. Là, d'accord.

Mais, sans avoir adoré ce film, je n'ai vraiment pas eu l'impression qu'on me faisait une leçon de morale.
(Sinon je l'aurais dégommé)

Queenie a écrit:

En voyant ce film je n'avais pas du tout pensé qu'on aurait pu à ce point être agacé par ces marginaux, et voir dans ce film une apologie (?) de cette marginalisation. Je l'ai plus vu comme un regard tendre qui se pose sur une communauté, avec ses règles, ses codes, ses repères. Quelque chose de très animal et de très trivial (et l'introduction des aurochs, de la médecine de plante, des éléments qui se déchaînent... etc) auquel ils s'attachent parce que c'est leur vie. Après, le pourquoi du comment ils en sont là, et pourquoi ils ne s'en vont pas, parler de bonheur et de choix... Avez-vous vraiment vu et senti que le réalisateur essayait de donner un sens rationnel, sociologique, psychologique et autre à tout ça ?
Je ne l'ai pas du tout vu ainsi.
Peut-être qu'après, oui, ça vient plutôt du regard que l'on pose en général sur ce genre d'existence, notre compréhension du monde. Là, d'accord.

Mais, sans avoir adoré ce film, je n'ai vraiment pas eu l'impression qu'on me faisait une leçon de morale.
(Sinon je l'aurais dégommé)

je pense que je suis quelqu'un de très rationnel et que le côté animal et trivial, de même que la "philosophie " (le texte off) m'ont plus gênée que séduite . Et le côté "voyez comme ils sont heureux dans leur différence":ils m'ont quand même l'air en grande souffrance, même s'ils sont fiers de leur choix. Ils ne m'ont pas agacée, c'est la façon de les monter avec comme sous-entendu (ou ce que j'ai vu comme un sous-entendu) qu'ils ont plus de valeur que des gens plus communs qui m'indispose. La petite fille triomphe de tout, mais à quel prix?