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| Andrus Kivirähk [Estonie] | |
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+9coline Igor topocl Queenie mimi54 Marko traversay shanidar zazy 13 participants | |
Auteur | Message |
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Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Andrus Kivirähk [Estonie] Mar 26 Mar 2013 - 19:57 | |
| Voilà le livre de mes prochaines vacances. | |
| | | Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
| Sujet: Re: Andrus Kivirähk [Estonie] Mar 26 Mar 2013 - 20:28 | |
| Suggestion posée à la médiathèque du coin tout à l'heure! Les commentaires me font un peu penser au livre de Kerstin Ekman, "Les brigands de la forêt de Skule" | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Andrus Kivirähk [Estonie] Ven 24 Mai 2013 - 16:48 | |
| L’homme qui savait la langue des serpents
J’ai été fort heureuse d’être un maillon de la chaîne zaziesque, (ou zazienne ou zazelotte ??) qui m’a fait découvrir L’homme qui savait la langue des serpents. Mais, allez, je vais y aller franco, j'ai bien aimé ce livre, mais je ne me suis pas pâmée (voir : les parfumés osent-ils critiquer ?). En fait si les comm de zazy et traversay n’avaient pas été aussi dithyrambiques, celui-ci pourrait être considéré comme élogieux.
C'est un livre qui devrait être épouvantablement triste, puisqu'il nous parle des civilisations qui disparaissent, de l'inépuisable incompréhension entre les générations, de l'impossible combat du mouton noir face aux bêlements de la meute, cause perdue s’il en est….
Mais Kivirähk en fait un livre joyeux, facétieux, inventif et plein d'humour, qui crée de toutes pièces la légende d'un peuple des forêts en harmonie avec le peuple des serpents, plein de sagesse, avec celui des ours, plein de bonhomie bêtasse, avec celui des poux, qui révélera son utilité. Un peuple qui a chamboulé les croyances de ses ancêtres, les anthropopitèques, mais qui est en train d’abandonner ses racines pour les chants attractifs d'autres sirènes : les peuples de la mer, les chevaliers et les chrétiens qui n'auront de cesse de le balayer..
C'est plein de rebondissements qui tiennent assez agréablement en éveil, il y a même certains moments d'émotion assez touchante (j'en aurais voulu un peu plus) mais c'est quand même écrit dans une langue assez pauvre, reflet de la naïveté du héros, mais qui enlève un certain souffle à son épopée.
On y croise un anticléricalisme viscéral et définitif, qui est à peu près égal au mien, mais avec un manichéisme simplificateur qui m’a fait parfois sauter quelques pages.
Il y a quand même plein d’ inventions hallucinantes, de créatures fantastiques, de trouvailles farfelues, de combats gigantesques, de clins d’œil à tous les grands mythes légendaires de la littérature. La lecture en est donc fort agréable. Mais je ne l'ai pas trouvé génial.
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| | | zazy Sage de la littérature
Messages : 2492 Inscription le : 19/03/2011 Age : 75 Localisation : bourgogne
| Sujet: Re: Andrus Kivirähk [Estonie] Ven 24 Mai 2013 - 21:29 | |
| Avec nos chronique dithyrambiques, tu t'attendais à quelque chose de trop fort. Affaire à suivre | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Andrus Kivirähk [Estonie] Sam 25 Mai 2013 - 9:46 | |
| - zazy a écrit:
- Avec nos chronique dithyrambiques, tu t'attendais à quelque chose de trop fort.
Ah! le désir et l'attente on pourrait épiloguer longtemps là-dessus ! | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Andrus Kivirähk [Estonie] Sam 25 Mai 2013 - 9:49 | |
| C'est vrai que parfois on a des attentes fortes et une déception peut survenir. Alors que lorsqu'on craint le pire, si c'est pas trop mal, on trouve cela très bon. Et l'appréciation dépend aussi de lectures précédentes, du moment de la lecture....Cela n'a rien de réellement rigoureux, finalement. | |
| | | zazy Sage de la littérature
Messages : 2492 Inscription le : 19/03/2011 Age : 75 Localisation : bourgogne
| Sujet: Re: Andrus Kivirähk [Estonie] Sam 25 Mai 2013 - 10:13 | |
| Clémenceau n'a t-il pas dit : "Le meilleur moment de l'amour, c'est quand on monte l'escalier."
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| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Andrus Kivirähk [Estonie] Sam 25 Mai 2013 - 10:18 | |
| - Arabella a écrit:
- C'est vrai que parfois on a des attentes fortes et une déception peut survenir. Alors que lorsqu'on craint le pire, si c'est pas trop mal, on trouve cela très bon. Et l'appréciation dépend aussi de lectures précédentes, du moment de la lecture....Cela n'a rien de réellement rigoureux, finalement.
Échapperions-nous à une totale rationalité, finalement ? | |
| | | zazy Sage de la littérature
Messages : 2492 Inscription le : 19/03/2011 Age : 75 Localisation : bourgogne
| | | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Andrus Kivirähk [Estonie] Sam 25 Mai 2013 - 10:55 | |
| Ce qui devrait permettre de moins prendre à coeur les commentaires qui ne vont pas dans le même sens que le notre. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Andrus Kivirähk [Estonie] Sam 25 Mai 2013 - 11:03 | |
| - Arabella a écrit:
- Ce qui devrait permettre de moins prendre à coeur les commentaires qui ne vont pas dans le même sens que le notre.
N'est ce pas d'une totale irrationalité au contraire de les prendre à cœur? | |
| | | zazy Sage de la littérature
Messages : 2492 Inscription le : 19/03/2011 Age : 75 Localisation : bourgogne
| Sujet: Re: Andrus Kivirähk [Estonie] Sam 25 Mai 2013 - 11:17 | |
| - topocl a écrit:
- Arabella a écrit:
- Ce qui devrait permettre de moins prendre à coeur les commentaires qui ne vont pas dans le même sens que le notre.
N'est ce pas d'une totale irrationalité au contraire de les prendre à cœur? Lorsque l'on a beaucoup aimé un livre, l'irrationalité est très présente et c'est presque comme l'irrationalité de l'amour (j'y vais peut-être un peu fort !) | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Andrus Kivirähk [Estonie] Sam 25 Mai 2013 - 11:27 | |
| Toute une théorie du rapport au livre est en train de s'élaborer sur ce fil ! | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Andrus Kivirähk [Estonie] Sam 29 Juin 2013 - 20:43 | |
| - L'Homme qui savait la langue des serpents ( Mees, kes teadis ussisõnu, 2007). Traduit de l'estonien et postfacé en 2013 par Jean-Pierre Minaudier. 428 pages. Editions Attila. On commence par une note du traducteur : "Dans les mythes nationalistes du XIX° et du XX° siècle, les Estoniens de la préhistoire, c'est-à-dire avant l'invasion allemande, vivaient unis, libres et heureux, en accord avec la nature à laquelle ils rendaient un culte. Ils étaient censés être « un peuple de la forêt » par opposition aux Occidentaux, peuples d'agriculteurs, et aux cavaliers nomades des steppes orientales." Le roman se situe à cette époque charnière. Il est déjà trop tard pour le mode de vie mythique du peuple de la forêt : - Citation :
- "Il n'y a plus personne dans la forêt. Sauf des scarabées et autres petites bestioles, bien entendu. [...]
La plupart du temps, il n'y a pas âme qui vive, une ou deux fois je suis tombé sur un chevreuil ou sur un sanglier ; mais ils se sont faits froussards, ils me craignent rien qu'à l'odeur. Quand je siffle, ils se figent sur place, ils me fixent d'une air borné, les yeux ronds, sans s'approcher. En voilà un prodige : un homme qui sait la langue des serpents ! Cela les effraye encore plus [...]" (page 5). La langue des serpents permet bien sûr de communiquer avec les serpents, mais aussi de donner des ordres aux autres animaux, qui ne peuvent s'y soustraire. Vous avez faim ? Vous sifflez les mots qu'il faut, un chevreuil arrive, et le repas est prêt ! Le livre retrace la vie de notre héros, son apprentissage de la langue des serpents auprès de son oncle. Et l'on découvre tout un monde incroyable. - Citation :
- "Mais ce qui m'attirait le plus, ces derniers temps, c'étaient les anthropopithèques, à cause des poux.
C'étaient leurs animaux favoris. Ils en élevaient. Comme ils n'avaient pas eu d'enfants, ils reportaient sur eux toute leur attention et leur tendresse. [...] Certains étaient des poux ordinaires, tout gris, mais d'autres étaient de la taille d'une grenouille : Pirre et Rääk les avaient obtenus grâce à une alimentation spéciale et à leurs dons d'éleveurs. Parfois ils les prenaient sur leurs genoux et les caressaient de leurs mains velues." (page 65). Drôles de personnages pour qui les habitants de la forêt, à part eux, sont déjà bien loin sur le chemin de l'évolution. Eux sont les tenants d'une vraie ancestralité, pour ainsi dire. Ces sortes de fossiles vivants n'ont donc pas d'enfants. Tôt ou tard, ce sera la fin... On apprend à connaître les fameux serpents (très bon passage d'hibernation)... on sait maintenant que les mamans serpents " racontent à leurs enfants des kyrielles de terrifiantes histoires de mues qui, mystérieusement dotées de mouvement, poursuivent leur ancien propriétaire pour l'étrangler." (page 58). Et les ours drageurs ! Les tombeurs de ces dames ! - Citation :
- "Ces plantigrades en train de chasser la femme peuvent se tenir comme ça pendant des journées entières, patiemment, sans manger ni boire, la tête penchée de côté, les pattes paisiblement croisées sur le ventre et l'air bêtement enamouré. C'est incroyable comme ça marche avec les filles. Les voilà qui se mettent à soupirer d'un air attendri : « Oh le mignon nounours ! », tandis que compère Brun, satisfait de son effet, se relève et se met à claudiquer gauchement vers l'élus de ses rêves, un bouton d'or cueilli sur la lande entre ses dents." (pages 67-68)
Pourtant, de plus en plus de familles quittent la forêt pour vivre dans les villages pour profiter des bienfaits de la Civilisation : le pain, le vin, le Christianisme. Ils en arrivent à nier qu'une langue des serpents puissent exister : il ne peut s'agir que de l'oeuvre du démon. Ceux qui habitent dans le village n'ont pas l'air très finauds, ils suivent la mode : ce qui est bon pour le monde entier est forcément bon pour les Estoniens ! Ce qui vient de l'étranger est toujours si extraordinaire ! Ils ont donc perdu la mémoire et la capacité de raisonnement. Il n'y a plus assez de gens qui maîtrisent la langue des serpents pour invoquer, en faisant masse, la Salamandre, gigantesque créature volante qui, à elle seule, pouvait massacrer les envahisseurs... Cette Salamandre doit dormir quelque part... mais où ? Est-il déjà trop tard ? Oui, bien sûr. Mais faut-il accepter l'inévitable sans lutter ? Contempler tranquillement le coucher du soleil, ou bien tenter un dernier feu d'artifice ? Le roman est donc franchement crépusculaire : c'est la fin d'une civilisation, et celle qui suit n'a pas l'air bien joyeuse. L'intolérance est bien répartie entre les habitants du village et certains qui, restés dans la forêt, sont des tenants fanatiques de la tradition (ou plutôt d'une conception déformée qu'ils se font de la tradition). Les amateurs de massacres ne seront pas déçus. De plus, si l'on n'a pas déjà lu Le Dit des fils de Ragnarr (notamment), on pourra découvrir une charmante méthode d'exécution : l'Aigle de sang (dont la réalité historique est apparemment contestée, voir l'article de Wikipedia). L'homme qui savait la langue des serpents est un roman historico-fantastique crépusculaire vraiment très intéressant, très original, avec des passages parfois scotchants, même si le dernier quart est quand même moins bon, avec des événements trop synchronisés, qui s'emboîtent trop bien ("faut pas pousser !"). Kivirähk en fait alors un peu trop. La postface permet de mieux comprendre le contexte contemporain, car l'histoire a bien sûr des échos contemporains, ce que l'on devine (on n'est pas ici dans une histoire d'anneau qu'il faut trouver pour sauver le monde) sans forcément tout comprendre. " Mais pour l'essentiel, Kirivähk a choisi l'ironie pour angle d'attaque, moyennant un renversement de perspective qui constitue l'un de ses principaux ressorts comiques : la modernité qui est en train de marginaliser l'univers du narrateur, de ravager sa vie, n'est rien d'autre que la société villageoise et agricole traditionnelle estonienne, qu'idéalisent les nationalistes depuis le XIX° siècle. Le message est que même si nous nous croyons fort traditionnels, nous sommes toujours les modernes de quelqu'un, car toute tradition a un jour été une innovation. Le village, la ferme sont présentés du point de vue d'un homme qui les tient pour des univers hostiles, des instruments d'une invasion et d'une déculturation." (Jean-Pierre Minaudier, postface pages 424-425) Un grand merci à Zazy pour le cerclage, sans lequel je ne sais pas quand ni si j'aurais lu ce livre ! | |
| | | zazy Sage de la littérature
Messages : 2492 Inscription le : 19/03/2011 Age : 75 Localisation : bourgogne
| Sujet: Re: Andrus Kivirähk [Estonie] Sam 29 Juin 2013 - 23:50 | |
| Contente qu'il t'ai plu. J'ai donc bien fait de te le proposer en prévenant tes réticences.... Il poursuit sa route vers d'autres lecteurs. | |
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| | | | Andrus Kivirähk [Estonie] | |
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