Blancanieves [Pablo Berger]

Blancanieves de Pablo Berger

Citation :

Sud de l’Espagne, dans les années 20. Carmen est une belle jeune fille dont l’enfance a été hantée par une belle-mère acariâtre. Fuyant un passé dont elle n’a plus mémoire, Carmen va faire une rencontre insolite : une troupe ambulante de nains toreros qui va l’adopter et lui donner le surnom de "Blancanieves". C’est le début d’une aventure qui va conduire Carmen/Blancanieves vers elle-même, vers son passé, et surtout vers un destin à nul autre semblable…

Un film en noir et blanc et dépourvu de dialogues ? Non, il serait vain de comparer The Artist et Blancanieves. Le premier est un hommage appuyé au cinéma muet américain, le second se nourrit d'expressionnisme allemand avec Freaks de Tod Browning en clin d'oeil malicieux. Mais cette relecture étonnante de Blanche Neige, en terre andalouse, dans les années 20, sur fond de tauromachie et de flamenco, est un film moderne qui n'utilise que certains codes du cinéma d'avant le parlant et quelques éléments du conte des Grimm pour mieux imposer une patte originale et personnelle dans le registre du drame. La photo est somptueuse, les trouvailles visuelles abondent et l'interprétation médiane entre les outrances de jeu d'antan et une sobriété de bon aloi. Et quelle élégance et fluidité dans une mise en scène sans cesse inventive ! Le tempo est donné par les arpèges d'une musique symphonique quand une complainte plus ibérique ne vient pas dynamiser le film. Des séquence en accéléré se dégustent à un moment clé sur fond de castagnettes endiablées. Inouï ! Blancanieves, malgré une première partie parfois laborieuse, prend de l'ampleur dès que son héroïne recouvre sa liberté et retrouve sa joie de vivre au sein d'une troupe de 6 nains (oui, 6 !) tauromachiques (sic). Poétiques, lyriques, euphoriques, les scènes s'enchaînent avec grâce jusqu'au dénouement d'une sublime tristesse. On en oublie les références au cinéma du passé pour célébrer un oeuvre à nulle autre pareille, incroyablement cruelle comme tout conte qui se respecte.

traversay a écrit:

Blancanieves de Pablo Berger

Citation :

Sud de l’Espagne, dans les années 20. Carmen est une belle jeune fille dont l’enfance a été hantée par une belle-mère acariâtre. Fuyant un passé dont elle n’a plus mémoire, Carmen va faire une rencontre insolite : une troupe ambulante de nains toreros qui va l’adopter et lui donner le surnom de "Blancanieves". C’est le début d’une aventure qui va conduire Carmen/Blancanieves vers elle-même, vers son passé, et surtout vers un destin à nul autre semblable…

Un film en noir et blanc et dépourvu de dialogues ? Non, il serait vain de comparer The Artist et Blancanieves. Le premier est un hommage appuyé au cinéma muet américain, le second se nourrit d'expressionnisme allemand avec Freaks de Tod Browning en clin d'oeil malicieux. Mais cette relecture étonnante de Blanche Neige, en terre andalouse, dans les années 20, sur fond de tauromachie et de flamenco, est un film moderne qui n'utilise que certains codes du cinéma d'avant le parlant et quelques éléments du conte des Grimm pour mieux imposer une patte originale et personnelle dans le registre du drame. La photo est somptueuse, les trouvailles visuelles abondent et l'interprétation médiane entre les outrances de jeu d'antan et une sobriété de bon aloi. Et quelle élégance et fluidité dans une mise en scène sans cesse inventive ! Le tempo est donné par les arpèges d'une musique symphonique quand une complainte plus ibérique ne vient pas dynamiser le film. Des séquence en accéléré se dégustent à un moment clé sur fond de castagnettes endiablées. Inouï ! Blancanieves, malgré une première partie parfois laborieuse, prend de l'ampleur dès que son héroïne recouvre sa liberté et retrouve sa joie de vivre au sein d'une troupe de 6 nains (oui, 6 !) tauromachiques (sic). Poétiques, lyriques, euphoriques, les scènes s'enchaînent avec grâce jusqu'au dénouement d'une sublime tristesse. On en oublie les références au cinéma du passé pour célébrer un oeuvre à nulle autre pareille, incroyablement cruelle comme tout conte qui se respecte.

Un très beau conte pour (presque) tout public. Il serait dommage de manquer ce film qui n'est pas du tout un objet hermétique ou cérébral. On est dans la magie du noir et blanc, des codes du cinéma muet revisités avec des moyens modernes, mais surtout dans l'émotion pure qui se lit sur les visages et à travers des trouvailles visuelles superbes. Blanche Neige au pays de la tauromachie où la marâtre a des tendances sado-maso et où le prince charmant est un nain amoureux transi de sa Carmen empoisonnée. On ne s'ennuie pas une seconde et même si la musique est omniprésente (il aurait pu jouer avec les silences) l'ensemble fait passer un merveilleux moment. J'en redemande. Olé!

Je suis moins enthousiastes que Marko et Traversay.
J'ai aimé ce film, mais sans plus. Sans bouleversement.

Je trouve qu'il manque de force et d'originalité. Il a aussi un problème de rythme (sûrement en grande partie du à cette musique omniprésente et d'un même ton - j'avais des sursauts d'intérêt lorsqu'on passait à des titres "flamenco").

Je m'attendais à plus d'expressionnisme (c'est ce que j'aime dans le cinéma muet noir et blanc), et je croyais vraiment qu'adapter un conte comme Blanche Neige amènerait des idées plus folles, plus symboliques, avec une atmosphère fantastique... etc...

Non.
Il a choisit le côté réaliste de l'histoire.
Alors... bon... on l'a déjà vue cent fois cette histoire, et cent fois adaptée.
On voit tout arriver mille ans à l'avance, et comme on a droit à aucune surprise dans le scénario ou la mise en image, ça divertit mais n'étonne pas.

Faut reconnaître que les acteurs sont tous magnifiques, et magnifiquement filmés (y'a de quoi tomber amoureux de Maribel Verdù. Par contre, l'actrice qui joue Blanche Neige (Macarena Garcia) m'a moyennement convaincue. Elle est jolie, mais son jeu est assez superficiel).

Et c'est bien la première fois que je trouve la tauromachie vraiment sensuelle et esthétique.

Il y a quelques trouvailles de plans et d'images qui font plaisir aux yeux, mais ça ne va pas assez loin.

Bref.
Une sortie ciné ? Pourquoi pas.
Un après-midi gris à boire du thé et grignoter des petits biscuits ? Un peu plus.

Tu oublies quand même tout le côté pervers de ce film qui s'achève sur une scène à la fois triste et transgressive (moralement et narrativement). Il y a plein de moments qui ont ce côté "psychanalyse des contes de fée" un peu tordu. Pas mal de subversion pour revisiter cette histoire. J'ai aimé ce mélange de poésie et de sexualité trouble.

Marko a écrit:

Tu oublies quand même tout le côté pervers de ce film qui s'achève sur une scène à la fois triste et transgressive (moralement et narrativement). Il y a plein de moments qui ont ce côté "psychanalyse des contes de fée" un peu tordu. Pas mal de subversion pour revisiter cette histoire. J'ai aimé ce mélange de poésie et de sexualité trouble.

Un peu clichée et convenue cette perversité non ?
Et la fin, aussi, en quelque sorte. ça s'est déjà vu des retournements de ce genre.

Pour le côté Psychanalyse des contes de fées, certainement, mais je ne suis ni assez câlée ni assez sensible sur la question pour que ça fasse pèse tant que ça dans la balance.

Mais, il a certainement des qualités à côté desquelles je suis passée.
J'aurais préféré un objet plus radical, je ne m'attendais pas à tant de compromis et de demie mesure gentillette.

Vos commentaires font envie, j'espère avoir le temps d'aller le voir avant qu'il ne disparaisse des écrans, même l'avis plus tiède de Queenie me donne envie d'aller me rendre compte.

Blancanieves est passé enfin près de chez moi. Et je ne regrette pas d'y être allée. Comme cela a été souligné, les images sont splendides et inventives, les acteurs servent très bien le film. Et le muet peut être aussi, sinon plus expressif que le parlant.

Mais en même temps je comprends un peu les réticences de Queenie, on est dans de l'attendu, on suit une histoire en sachant ce qui va se passer, les personnages sont tout d'une pièce, on est dans la convention pure (y compris, là je suis Queenie chez la belle mère SM, difficile de faire plus cliché). Mais d'une certaine façon cela fait à mon sens partie du projet du metteur en scène, et du charme du film. On est en terrain complètement connu, comme lorsque pour la centième fois dans l'enfance on entendait le même conte. Et cela participe du plaisir, justement. Et on en apprécie d'autant plus les images, la mise en scène, les petites inventions, parce que c'est sûr, on est pas surpris par le déroulé de l'histoire.

Il faut avoir envie de retrouver un peu une sorte de magie de l'enfance, même si c'est fait pour les grandes personnes qui connaissent et ne croient pas complètement aux contes de fées, qui ont déjà lu des analyses savantes de ces récits. Ce ne sera peut être pas le film de l'année, mais si on entre dans le cadre proposé, quel bonheur que de s'abandonner à ce récit un peu merveilleux, un peu ironique, et de voir ces splendides images, par moment construites comme des tableaux, à d'autres en mouvement.

Je te suis à 100% Arabella.

Le genre de film qu'on peut se mettre une soirée de pluie ou de neige, en sirotant une boisson chaude, et retrouver un plaisir simple (et esthétique) sans chercher la petite bête.

Oui, si on rentre dedans comme ce fut mon cas, c'est vraiment tout simplement un grand plaisir. Sans forcément avoir le besoin ou la matière de faire ensuite de longues exégèses.

Très beau film!Je partais pas très convaincue, pourtant!
Un cadre carré, un noir et blanc fabuleux avec des images très contrastées, et on plonge d'emblée dans ce conte effrayant, car si dans l'histoire , on retrouve certains personnages, Berger l'a reconstruite à sa manière, et jusqu'à la toute fin. La musique est bien sûr omniprésente, et, pour la première, un orchestre a accompagné la projection du film en direct.
On  pense à certains films de Bunuel, un Bunuel qui aurait connu ce que permettent les effets spéciaux en matière de trouvailles visuelles très inventives.

La BA

wow... quelle belle photo cela fait...

Un superbe conte dramatique.
Blanche Neige version Espagne des années 20, une photo sublime, un noir et blanc époustouflant.
Et un film muet, donc je ne vais pas en rajouter dans le discours qui serait déplacé car la force émotionnelle des images et de la musique suffit amplement.
A voir absolument.

et une fusion avec le fil qui relu en diagonale ne manque pas de raviver lui aussi la curiosité.