Les acacias [Pablo Giorgelli]

LES ACACIAS



Long-métrage argentin
Réalisé par Pablo Giorgelli
Avec Germán De Silva, Hebe Duarte

Caméra d'Or du Meilleur Premier Film : Festival de Cannes 2011
Abrazo du meilleur long-métrage au Festival de Biarritz

Amateurs d’action au cinéma, s’abstenir de voir ce bijou !

Au début du film, le bruits des scies et de l’effondrement des arbres (des acacias) dans une forêt du Paraguay …
Puis brutalement on se retrouve dans la cabine du camion de Ruben. Il transporte les troncs jusqu’à Buenos Aires. La caméra installée comme un passager le regarde rouler.

Le moment vient d’une pause dans le voyage.
Ruben s’arrête sur une aire d’autoroute et descend de la cabine.
Au bout de quelques minutes, une jeune femme, Jacinta, s’avance vers lui et s’assure qu’il est bien Ruben. Elle porte un bébé dans ses bras. Quelqu’un a arrangé cette rencontre pour que Jacinta puisse effectuer le voyage elle aussi, jusqu’à Buenos Aires où elle doit retrouver une cousine.



Ruben accepte de l’emmener.
Le camion reprend la route…Le silence s’installe, souligné par le ronronnement du moteur et parfois rompu par les cris de la petite Anahi …



Ruben n’est pas bavard…Les deux passagers s’observent du coin de l’œil…Il y a 1500 kilomètres à parcourir. Le voyage est long et il ne se passe rien en terme d'action ou même de vrai dialogue...Et pourtant c'est énorme!...L'apprivoisement progressif de ces trois êtres solitaires et silencieux dans le huis-clos de la cabine!…Et c’est tellement merveilleux, et c’est tellement réussi que non seulement le spectateur ne s’ennuie jamais mais il ressent ce que ressentent les personnages, il s’attache à eux, il les voit changer peu à peu en présence l’un de l’autre, il s’émeut pour eux…C’est fin et magistral !



Et c’est un gros coup de cœur pour moi que ce film simple, si simple, si humain et tendre!



Date de sortie : 4 janvier 2012 !
Vous le notez?

Vivement !

Les Acacias

Le scénario du film tient sur quelques lignes. Un femme discrète, un homme taiseux, un bébé lumineux dans un camion le long des routes entre Paraguay et Argentine. Ils doivent tourner une page de leur passé et leur rencontre pourrait être une renaissance, un espoir. Tout ne sera que regards, non-dits, émotion contenue jusqu'à un final qui arrache des larmes sans jamais chercher le mélodrame. C'est que l'émotion nait de ce que la parole jusque là avare ou anecdotique reprend ses droits, même maladroitement, pour tendre une main vers l'autre avec pudeur.

Il est évident que beaucoup se diront que c'est un argument de court métrage et que ce voyage en camion finit par nous bercer jusqu'à l'endormissement. Mais si on se laisse captiver par la moindre expression de chacun de ces personnages on pourra vivre une expérience rare de suspension temporelle où l'essentiel se lit sur des visages. Pas d'exotisme, pas de grands espaces, un homme et une femme pour recréer une forme de paradis originel en contrepoint de la belle séquence inaugurale où on abat des acacias dans une forêt. ça fait du bien même si on ronflait pas mal autour de moi dans la salle.


Un "Sur la route de Madison" minimaliste?

Marko a écrit:

Les Acacias

Il est évident que beaucoup se diront que c'est un argument de court métrage et que ce voyage en camion finit par nous bercer jusqu'à l'endormissement. Mais si on se laisse captiver par la moindre expression de chacun de ces personnages on pourra vivre une expérience rare de suspension temporelle où l'essentiel se lit sur des visages. Pas d'exotisme, pas de grands espaces, un homme et une femme pour recréer une forme de paradis originel en contrepoint de la belle séquence inaugurale où on abat des acacias dans une forêt.

Un "Sur la route de Madison" minimaliste?

coline a écrit:

Ruben n’est pas bavard…Les deux passagers s’observent du coin de l’œil…Il y a 1500 kilomètres à parcourir. Le voyage est long et il ne se passe rien en terme d'action ou même de vrai dialogue...Et pourtant c'est énorme!...L'apprivoisement progressif de ces trois êtres solitaires et silencieux dans le huis-clos de la cabine!…Et c’est tellement merveilleux, et c’est tellement réussi que non seulement le spectateur ne s’ennuie jamais mais il ressent ce que ressentent les personnages, il s’attache à eux, il les voit changer peu à peu en présence l’un de l’autre, il s’émeut pour eux…C’est fin et magistral !
[...]
Et c’est un gros coup de cœur pour moi que ce film simple, si simple, si humain et tendre!

Ouhlala...Youpee...Pour une fois j'avais pu voir deux super films avant Marko et Traversay!...Ils sortaient aujourd'hui: "Les acacias" et "Take shelter"...Et ils valent bien que vous vous y intéressiez!...

Marko, si tu dis que les gens ronflaient autour de toi, les Parfumés vont se décourager avant d'aller voir ce beau film...
Je l'ai vu lors d'un festival en octobre où je connaissais pas mal de spectateurs et, bien franchement, il a été le coup de coeur de beaucoup!

coline a écrit:

Marko, si tu dis que les gens ronflaient autour de toi, les Parfumés vont se décourager avant d'aller voir ce beau film...
Je l'ai vu lors d'un festival en octobre où je connaissais pas mal de spectateurs et, bien franchement, il a été le coup de coeur de beaucoup!

Et beaucoup qui le trouvent anecdotique et à périr d'ennui Mais ceux qui aiment ce genre de cinéma iront le voir probablement de toute façon alors on peut être objectif

Oui...J'attends les commentaires de ceux qui vont le détester pour toutes les raisons qui m'ont fait l'aimer...E je les respecterai...

Un film avec un camion ça peut le faire. Avec une image un peu jaune et un peu lourde pour 1500 kilomètres de route entre le Paraguay et Buenos Aires, un peu plus. Sans autre musique que le ronronnement tranquille du Scania rouge et peu de dialogues, c'est mieux qu'avec un surplus de trompettes. On voit un peu la route par les rétroviseurs et la remorque qui se déroule au coin des routes (les rétroviseurs ne souffrent donc pas dans ce pays du syndrome de Gosling), des morceaux de modernité, des étendues vertes, des toits en tôle, des morceaux de villes qui pendent entre le moderne et la pauvreté. Et notre camionneur, mal rasé, grincheux. Et la femme et son enfant. Enfant qui n'a pas de père. Le camionneur a une famille sans en avoir. Ce voyage trouble donc son habitude de solitude.

Le film n'est pas moche et passe plutôt bien parce qu'on s'attache malgré tout au trio tranquille. Par contre s'il échappe à certains excès de psychologie discursive, la série "bougonnade, détente, coins de l'œil, jalousie ?, love love" est un peu contrainte pour ce film assez court qui se révèle donc plus intéressant dans ce qu'il dit moins et laisse chercher à sentir de situations diverses (surtout que je me sens trop loin et ignorant pour saisir comme il faudrait). C'est un peu dommage, un peu timoré, un peu léger pour que ça marche complètement, ça perd beaucoup en force.

animal a écrit:

Le film n'est pas moche et passe plutôt bien parce qu'on s'attache malgré tout au trio tranquille.

Bon...Ce n'est déjà pas si mal!...

coline a écrit:

LES ACACIAS



Et c’est un gros coup de cœur pour moi que ce film simple, si simple, si humain et tendre!

Le Road-Movie est aussi une spécialité argentine. Mais, habituellement, ce sont les paysages à l'infini de la Patagonie qui lui servent de cadre. Avec Les acacias, changement de décor, nous voici embarqués entre le Paraguay et les plaines d'Argentine, sur la route de Buenos Aires. Et ce ne sont pas les paysages qui intéressent Pablo Giorgelli, mais ceux de l'intérieur des voyageurs, pari risqué car il a choisi deux personnages taiseux dont nous ne saurons que peu de choses. Pas de paroles, mais des regards, qui changent et s'adoucissent via un adorable bébé médiateur. Le film est mince par son scénario, c'est un fait, et il a le charme des choses simples et des routes qui déroulent leur bitume dans la cabine d'un camion bercé par les non-dits. La femme est paraguayenne, guarani qui plus est, donc théoriquement méprisée par un macho argentin qui se respecte (aux yeux du grand pays andin, tout ce qui vient du Paraguay ne vaut pas tripette). Le début de la relation entre ces deux personnages, unis par une certaine forme de solitude, est d'autant plus touchant et incongru qu'il dépasse ces clichés géographiques (bien entendu, cet aspect-là risque de passer au-dessus de la tête du spectateur français, mais ce n'est pas bien grave). Un autre rythme, une sobriété totale qui confine au minimalisme, Les acacias demande un abandon d'un certain nombre de ses habitudes cinématographiques. Pas simple, mais on y arrive. A Buenos Aires, une autre histoire commence ...

-Les acacias-

Coline va peut-être être surprise mais j'ai beaucoup aimé! Je ne m'attendais certes pas à de l'action, j'ai donc pris le parti de me laisser embarquer avec eux dans cette étroite cabine, bercée par le ronron du moteur, à regarder défiler les routes sauvages et défoncées de la Pampa argentine, observant surtout le lent rapport muet qui s'installait entre eux. Le metteur en scène a pris le parti de la sobriété et du tournage en temps presque réel, le spectateur s'il arrive à décrocher de ses attentes habituelles qui imposent rythme et action, va vivre cette situation comme s'il y était. Le peu de dialogue fait que l'on reste concentré sur les visages, sur la moindre expression, le moindre rictus, et quand il s'instaure enfin, il n'en n'a que plus de poids. Il faut attendre l'arrêt près d'un lac pour voir le premier sourire de Ruben, mais quand il jaillit c'est tout le film qui s'illumine, et quand il prend la petite fille dans ses bras, c'est le coeur qui trésaille. Peu à peu chacun va s'ouvrir à l'autre, maladroitement, avec une extrême pudeur. Par le biais de cet adorable bébé (qui parait presque jouer son rôle!) ils vont trouver les failles, partager une complicité, créer un lien qu'il n'oseront nommer mais qui s'imposera sur la toute fin. Un petit film qui ne fait pas de bruit mais qui a énormément de charme, un très bon moment pour moi aussi

Aeriale a écrit:

-Les acacias-

Coline va peut-être être surprise mais j'ai beaucoup aimé! Je ne m'attendais certes pas à de l'action, j'ai donc pris le parti de me laisser embarquer avec eux dans cette étroite cabine, bercée par le ronron du moteur, à regarder défiler les routes sauvages et défoncées de la Pampa argentine, observant surtout le lent rapport muet qui s'installait entre eux. [...] Un petit film qui ne fait pas de bruit mais qui a énormément de charme, un très bon moment pour moi aussi

Je ne suis pas si surprise au fond que tu aies cédé à son charme...