Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Henry James

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MessageSujet: Re: Henry James   Henry James - Page 11 EmptyVen 19 Juil 2013 - 11:17

Marko a écrit:
Voilà de quoi donner envie de s'y replonger. Merci Harelde
De rien. Je m'y replonge moi-même de façon régulière.
Et j'ai toujours Portrait de femme à lire.
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MessageSujet: Re: Henry James   Henry James - Page 11 EmptyVen 26 Juil 2013 - 13:50

Benvolio


Benvolio, jeune poète de 22 ans à peine. Jeune et très beau : un visage d’ange, des yeux magnifiques et une voix très douce. Mais le talent n’attendant pas le nombre des années, le jeune homme a déjà publié et se trouve à l’aise financièrement. Il est amoureux d’une comtesse, une jeune veuve, très belle, très riche. Et amoureuse de lui. La dame éconduit tous les autres prétendants et n’attend qu’une chose : que le poète se déclare et lui fasse sa demande. Mais madame à beau attendre, la demande ne vint pas. Benvolio passait beaucoup de temps en sa compagnie, mais ne se déclarait pas. Incompréhensible !

Puis l’incompréhension devint tout doucement de l’irritation. Si bien que la comtesse ferma sa porte au jeune homme. Jeune homme qui sauta aussitôt par-dessus le mur pour rejoindre chez elle sa muse. Je t’aime, je te repousse, retour en grâce… Petit jeu de cache-cache et de je-t’aime-moi-non-plus qui durait depuis un moment quand Benvolio aperçut sa jeune voisine. Scholastica vivait pauvrement aux côtés de son père, érudit aveugle avec lequel il noua une relation d’intelligence : le poète fréquenta alors assidûment leur salon et négligea pour le coup sa belle comtesse.

Madame ne vit évidemment pas d’un très bon œil l’arrivée d’une rivale (car Scholastica tomba elle aussi sous le charme du jeune éphèbe). Elle décida de réagir et entreprit de faire reprendre à son amant le chemin de sa maison.

Une nouvelle très sympathique une fois qu’on a passé le premier chapitre entièrement consacré à la description minutieuse et un peu longuette de Benvolio. Un narrateur qui s’adresse une nouvelle fois à ses lecteurs et qui n’hésite pas à faire quelques trais d’humour pince-sans-rire dans lesquels on sent poindre une once d’ironie.

Délectable !
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MessageSujet: Re: Henry James   Henry James - Page 11 EmptyVen 26 Juil 2013 - 17:18

@Harelde : Tes commentaires touchent au but ! Cela donne envie de s'y plonger dentsblanches 
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MessageSujet: Re: Henry James   Henry James - Page 11 EmptyMar 20 Aoû 2013 - 10:13

GrandGousierGuerin a écrit:
@Harelde : Tes commentaires touchent au but ! Cela donne envie de s'y plonger dentsblanches 
Vous êtes bien aimable mon cher GGG !
bonjour 



Un hiver en Nouvelle-Angleterre


Le jeune Florimond Daintry s’apprête à rentrer au pays pour un séjour de trois mois chez sa mère. Peintre impressionniste installé à Paris, il n’a plus séjourné à Boston depuis des années et son retour, prévu pour le 1er décembre est très attendu. En particulier par Mrs Daintry, comme il se doit.

La veuve a d’ailleurs beaucoup réfléchi à la manière de garder son fils auprès d’elle jusqu’à l’été. Une jolie jeune fille pourrait sans doute faire l’affaire. Aussi propose-t-elle à sa belle-sœur – Lucretia, la sœur de son défunt mari – d’inviter chez elle et pour l’hiver la belle Rachel Torrance, une vague cousine new-yorkaise.

La jeune femme arrivera à Boston en temps et en heure mais s’installera chez une tierce personne : Pauline Mesh, une épouse aimante et mère de jeunes enfants. Et effectivement, l’intrigue fonctionna : Florimond fréquenta assidument le salon de Mrs Mesh et ne se montra pas pressé de retraverser l’Atlantique. Tantine se frottait les mains : Rachel, en femme intelligente, ne manquerait pas d’éconduire son neveu orgueilleux et le remettrait à sa place – ce qui ne lui ferait aucun mal.

Elle fonctionna même un peu trop bien au goût maman qui ne verrait pas d’un très bon œil s’ourdir une mésalliance (la jeune fille est belle, certes, mais d’une condition sociale nettement inférieure). Se voir, s’amuser (en tout bien, tout honneur), se distraire : oui. Mais flirter, fricoter, se promettre monts et merveilles : non !

Mrs Daintry est donc un peu nerveuse. Elle aimerait presque voir son fils reprendre le bateau. Quand Rachel déménagea pour s’installer chez Lucretia, Florimond ne changea rien à ses habitudes : ce n’était donc pas elle qui attirait l’artiste…

Une nouvelle très narrative sur les intrigues mondaines de la côte est qui donne envie de lire « les Bostoniennes ».
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MessageSujet: Re: Henry James   Henry James - Page 11 EmptyMer 21 Aoû 2013 - 9:41

Le Patagonia


Le Patagonia est un transatlantique vieillissant qui doit appareiller le lendemain de Boston et à destination de Liverpool. Dans la ville, les passagers se préparent. Notamment Mrs Mavis qui se rend chez une amie d’une amie, Mrs Nettlepoint, afin de lui confier sa fille qui embarque seule pour rejoindre son fiancé et se marier en Angleterre. Maman ne pouvant être du voyage, Mrs Nettlepoint sera chargée de « veiller au grain ».

Une fois en mer, Mrs Nettlepoint est ennuyée, agacée par ce rôle qu’elle n’a pu refuser. Comme à son habitude lors de ses précédentes traversées, elle ne compte pas quitter sa cabine de tout le voyage. Comment dès lors garder un œil sur sa « protégée » ?
C’est Jasper, son fils, qui se charge de tenir compagnie à la demoiselle et de la distraire : plus très jeune, celle-ci est fiancée depuis sept ans, son ami ayant prolongé son séjour en Europe plus que de raison. La pauvre fille n’est même pas certaine de le reconnaître. Et encore moins de vouloir honorer son engagement. Car qu’est devenu l’homme auquel elle a promis de lier son destin et qu’elle n’a plus revu depuis leurs fiançailles ?

Grace Mavis est donc bien nerveuse. Heureusement, Jasper est présent à ses côtés. Très présent, même. Trop sans doute. Le bateau tout entier connait l’histoire de la fiancée (en mer, on n’a rien d’autre à faire que de commérer). On commence à jaser. On épie le couple. On trouve qu’ils restent longtemps sur le pont, seuls, et tard le soir. Puis ils semblent se cacher : ce n’est certainement pas le comportement d’une honnête fille de s’afficher ainsi alors qu’elle vogue vers son mariage.

Le malaise s’accroît au fur et à mesure que l’Europe approche. Le bateau marche doucement mais les passagers sont à cran. A tel point que Mrs Nettlepoint prend la grave décision de quitter sa retraite et de monter sur le pont. Les mauvaises langues se déchaînent alors.
Un huis clos prenant dont la tension est renforcée par l’univers dépouillé de l’océan, la lenteur exaspérante du bateau et l’étroitesse du pont de promenade. On vit ensemble, on se surveille, on s’épie, on cancane, on médit. Simplement pour tuer le temps. Mais les conséquences, mesurées au moment de débarquer, sont parfois gigantesques et dramatiques.

Un très bon moment de lecture.
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MessageSujet: Re: Henry James   Henry James - Page 11 EmptyMer 21 Aoû 2013 - 10:00

L' "Europe"


A Boston. Le narrateur rend visite en compagnie de la femme de son défunt frère à un matriarcat de la ville : Mrs Rimmle (d’âge vénérable) et ses trois demoiselles de filles, Jane, Maria et Becky (qui commencent à être sérieusement âgées elles aussi).

Les trois filles ne rêvent que de l’Europe dont leur mère leur parle continuellement. Madame y a longuement voyagé en compagnie de monsieur à l’époque de la Restauration des Bourbons. Ca date bougrement, mais ce périple est l’événement de sa vie et elle ne cesse de s’y référer.

Mais les trois filles n’osent mettre un pied dehors, craignant de s’éloigner au moment du dernier soupir maternel (qui ne doit plus être bien loin désormais). Plus le temps passe et plus elles se font casanière. Pourtant, il est décidé que deux d’entre elles partiront prochainement, tandis que la dernière resterait à veiller l’impotente douairière.

Les noms des deux heureuses élues furent déterminés, les bagages préparés ; Jane et Becky étaient sur le départ quand Maman fit une « attaque ». Pas de chance ! On remit naturellement le voyage à plus tard (aux calendes grecques selon le narrateur, mi-peiné, mi-cynique).

Pourtant, Jane embarqua, profitant du voyage d’un couple ami qui pourrait veiller sur elle. Arrivée en Italie, la veille demoiselle se « révéla » et refusa de rentrer…
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MessageSujet: Re: Henry James   Henry James - Page 11 EmptyMer 28 Aoû 2013 - 10:22

Le coin du retour


Egalement connu sous le nom de « Le coin plaisant ».

Spencer Brydon, 56 ans, revient à New-York après avoir vécu 33 ans en Europe. En compagnie de son amie – Alice Staverton –, il revisite l’ancienne demeure de son enfance, désormais vidée de ses meubles et autres apprêts. Comme Marcel, il y retrouve de nombreux souvenirs, des sensations, des odeurs. Autant de madeleines qui le bouleversent.

Bientôt une question va l’obséder : qui serait-il aujourd’hui s’il avait suivi la voie que son père avait tracée pour lui ? Qui serait-il s’il n’avait jamais traversé l’Atlantique et était resté ici, à New-York ? L’homme cherche la réponse et se rend chaque nuit dans la maison familiale. Il y déambule, y vagabonde une chandelle à la main. Cet autre lui qu’il cherche sans relâche finit par prendre l’aspect d’un fantôme hantant les lieux depuis son départ.

Ambiance surnaturelle rappelant « le tour d’écrou » pour un texte difficile qu’il est assez ardu de suivre et qui révèle probablement les propres interrogations de l’auteur (alors âgés de 65 ans) installé en Angleterre depuis de nombreuses années.
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MessageSujet: Re: Henry James   Henry James - Page 11 EmptyJeu 29 Aoû 2013 - 9:48

La sombre Cornélia


White-Mason, un homme d’âge mûr – mais encore bien de sa personne – se consume d’amour pour Mrs Worthingham, une veuve très belle, jeune, riche et intelligente. Monsieur est enfin décidé à demander madame en mariage. Il n’a déjà que top tardé.

C’est donc avec empressement qu’il se rend chez son amie. Mais nous sommes dans un livre de Henry James et non dans du Marc Lévy. Là cessent les poncifs : les projets de White-Mason sont anéantis par une visite importune. Une vieille femme est présente dans le salon de Mrs Worthingham. Monsieur est irrité : on le serait à moins.

Il avait à peine jeté un œil sur cette femme qui restait muette lorsqu’il reconnut tout à coup Cornélia Rasch, une vieille amie. Une camarade d’enfance, une amie intime de ses sœurs qu’il avait perdue de vue. L’irritation se mua en agréable surprise.

Deux jours plus tard, White-Mason rendit visite à Cornélia. Elle rentrait d’Europe où elle venait de passer plusieurs années. Discussion animée d’anciens bons amis qui se souviennent avec une certaine nostalgie de leur jeunesse qu’ils pensaient perdue. Que ces réminiscences étaient agréables ! White-Mason, en détaillant l’intérieur de Cornélia se rendit alors compte qu’il était profondément attaché aux objets de son époque. Et combien l’intérieur moderne de Mrs Worthingham lui semblait froid et le mettait mal à l’aise. Il comprit brusquement la réserve inconsciente qui l’avait empêché de se déclarer. Et la réapparition de Cornélia l’avait sauvé in-extremis d’un faux pas irrémédiable.

La visite se prolongeait. White-Mason n’avait plus envie de partir. Mrs Worthingham était oubliée…

Une nouvelle très agréable, savoureuse au cours de laquelle un homme prend brusquement sa vie à contre-pied après s’être aperçu de la fausseté de son existence.




Une tournée de visites


Mark Monteith est enfermé dans un grand hôtel new-yorkais. Il est au trente-sixième dessous : une grave nouvelle l’a ramené d’Europe dans la précipitation, l’obligeant à une détestable traversée en plein hiver au cours de laquelle il a contracté une mauvaise grippe.

A son arrivée, les fortes présomptions se sont muées en certitudes : Phil Bloodgood, son ami d’enfance et homme d’affaire qui veillait sur ses intérêts en son absence, s’est révélé être un escroc : l’homme a soldé le compte de plusieurs de ses clients (dont celui de Mark) et a plié bagages pour une destination inconnue.

Le narrateur est effondré. Davantage par la perte irrémédiable de l’ami que par la perte financière (considérable mais dont il devrait se relever). L’incompréhension le tourmente cruellement – plus que la colère. Il ne s’interroge pas sur le « comment » mais sur le « pourquoi ».

Après trois jours de réclusion dans sa chambre surchauffée, l’homme sort à la recherche d’un ami. Afin de parler. Afin de se confier. Mrs Folliott est sa première visite. Elle aussi est une victime de l’escroc : qui d’autre mieux qu’elle sera à même de le comprendre ? Mais la femme ne s’intéresse pas du tout à ses tourments et ne fait que se plaindre de sa propre perte. Tout juste si Mark a la possibilité de glisser un mot dans le ce flot amer.

Parvenu à s’échapper, il dirige ses pas vers le salon d’une grande amie – sa confidente lorsque tous deux résidaient à Paris. Elle, au moins, l’écouterait. Peine perdue : Florence Ash est en instance de divorce et l’inonde de ses problèmes conjugaux, trop heureuse de trouver un interlocuteur attentif (du moins en apparence).

Désespéré, Mark se rend ensuite chez Newton Winch, un ami dont il n’a jamais été proche mais dont le nom lui a été cité de façon récente par une belle jeune femme (peut-être espérait-il la revoir). Et là, stupeur, l’homme connait ses tourments et prend l’initiative d’aborder lui-même ce sujet. Mark, qui toute la journée avait cherché un confident, est immédiatement sur la réserve : que cache cet inexplicable empressement ?
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MessageSujet: Re: Henry James   Henry James - Page 11 EmptyJeu 29 Aoû 2013 - 11:23

@Harelde : Merci de me gâter ! 2HJ aujourd'hui dentsblanches 
Je vois que tu es complètement accro ! Quel est ton dealer : librairie ou bibliothèque ?
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MessageSujet: Re: Henry James   Henry James - Page 11 EmptyJeu 29 Aoû 2013 - 12:00

GrandGousierGuerin a écrit:
@Harelde :  Merci de me gâter ! 2HJ aujourd'hui dentsblanches 
Je vois que tu es complètement accro ! Quel est ton dealer : librairie ou bibliothèque ?
Les deux mon capitaine ! dentsblanches 
En général, j'achète les Henry James (idem pour les JCO et les Saramago) : ce sont des auteurs que j'aime et dont je souhaite avoir les livres chez moi.
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MessageSujet: Re: Henry James   Henry James - Page 11 EmptyJeu 3 Oct 2013 - 9:08

Un pèlerin passionné


Le narrateur, un américain venant de visiter la France et l’Italie et passant quelques jours en Angleterre avant de retraverser l’Atlantique, vit deux hommes pénétrer dans l’auberge dans laquelle il était installé. Les clients ne se bousculaient pas et c’est tout naturellement qu’il détailla les nouveaux venus, américains eux aussi. L’un d’eux était fort mal en point, visiblement malade.

Leur discussion l’intrigua : le valétudinaire était aussi désespéré. Son compagnon – avocat de son état – venait de lui faire traverser l’océan en pure perte par des promesses pour le moins légères : l’homme, affirmait-il, avait des droits légitimes sur une fabuleuse propriété à la campagne. Mais sans le sou, Clément Searle, n’avait rien à espérer d’un procès hasardeux et long. Il n’avait plus qu’à mourir, affirmait-il, en ajoutant que ce ne serait plus long.

Ayant fait sa connaissance, le narrateur lui propose de se rendre à Lockley Park, la fameuse propriété appartenant à un lointain parent : Richard Searle. La propriété est magnifique : un parc immense, des forêts, monts et vaux ; et une vaste demeure que la bourgeoisie britannique nomme modestement « manoir » ou « maison », mais qu’un français qualifierait sans une hésitation de « château ». Après avoir clairement fait référence à « miss Austen » (et de façon intentionnelle, soyons en sûre), Henry James décrit Lockley Park de telle manière que le lecteur s’imagine immédiatement pénétrant à Pemberley. Ambiance aristocratique, à la fois riche et austère, d’une grande sobriété malgré la fortune manifeste de son heureux propriétaire.

Clément Searle se fait connaître de ses hôtes et les réactions des deux habitants (Miss et Mr Searle, un veuf et sa célibataire de sœur) diffèrent du tout au tout : Mademoiselle tombe amoureuse et voit enfin arriver un heureux parti qui promet de la délivrer de son isolement et de son destin de vieille fille auquel elle s’était résignée, tandis que Monsieur reçoit l’homme qui intente contre lui une action en justice visant à lui ravir tout ou partie de son bien…

Une ambiance extraordinaire dans la première moitié de cette très belle nouvelle. J’ai l’impression d’à nouveau me plonger dans Orgueils et Préjugés et m’attend à chaque instant à croiser miss Bennet et Darcy au coin d’un massif de rhododendrons. La seconde partie est par contre moins convaincante et vient tempérer mon enthousiasme initial. L’ensemble n’en demeure pas moins fort intéressant : une nouvelle lecture agréable en compagnie de mon très cher Henry James.
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MessageSujet: Re: Henry James   Henry James - Page 11 EmptyMer 23 Oct 2013 - 9:30

Un épisode international


Lord Lambeth débarque à New York avec son cousin pour une première visite en Amérique. Il possède sur lui une lettre de recommandation pour Mr Westgate qui reçoit fort bien les deux anglais. Mais la ville étant écrasée de chaleur, l’américain conseille aux jeunes gens de suivre la bonne société new-yorkaise dans sa villégiature de Newport – ô combien plus fraiche.

C’est dans cette station balnéaire huppée que Lord Lambeth fait la connaissance de Bessie, sœur cadette de Mrs Westgate. Il en tombe immédiatement amoureux bien qu’il s’en défende devant son cousin chargé de les surveiller, lui et son cœur d’artichaut. Car Lord Lambeth, marquis de son état (et futur duc de Bayswater lorsque Monsieur son père ne sera plus), n’est pas très intelligent. Pas sot, mais sans imagination, naïf et fort peu cultivé. Avec lui, on peut craindre une bêtise, un élan inconsidéré préjudiciable dans sa haute position.

Alertée, Madame la duchesse s’empresse de rappeler son fils à la maison sous un prétexte fallacieux. Mais c’est reculer pour mieux sauter car quelques mois plus tard, la jeune fille et sa sœur aînée débarquent à Londres. Retrouvailles : Lord Lambeth est toujours empressé. Par contre, Bessie affirme n’être pas intéressée. Ni par le jeune homme au visage d’ange, ni par sa fortune (ses châteaux, ses cabriolets…) et encore moins par sa très haute position sociale. Personne n’y croit bien évidemment : une jeune fille du XIXe n’a d’autre préoccupation que son mariage qu’elle espère le plus avantageux possible. La frangine surveille donc sœurette de près et le lecteur attend la demande en mariage qui ne saurait tarder. Demande en mariage qui est formulée dans la dernière page du roman et que Bessie…

« Un épisode international » est l’antithèse de « Daisy Miller ». Bessie Alden se veut être le pendant de la jeune américaine délurée qui fit scandale parmi les personnages de la bonne société européenne. Ce court roman pointe également les importantes différences qui opposent la société du Nouveau Monde à celle de la vieille Europe qui apparaît comme conservatrice, étriquée, rigide face à la grande liberté dont jouissent les jeunes américaines.

Une nouvelle agréable qui me confirme une nouvelle fois l’urgence à relire Daisy Miller à côté de laquelle je suis passé.
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MessageSujet: Re: Henry James   Henry James - Page 11 EmptyMar 29 Oct 2013 - 9:40

Le siège de Londres


Mrs Headway est décidée à pénétrer la vieille société anglaise. Car jusqu’à présent, on ne peut pas dire qu’elle ait connu un succès époustouflant. Américaine, Mrs Headway n’a pas eu beaucoup de chance en amour. Elle a été mariée plusieurs fois et chacune de ses unions s’est révélée désastreuse. Soit que le mari se révélât un fieffé coquin (la conduisant à demander le divorce), soit qu’il mourût.

La succession des noces fût telle que George Littlemore, un ami de longue date, ne sût comment l’appeler lorsqu’il la rencontrât à la Comédie Française après l’avoir perdue de vue six longues années. C’est à travers les yeux de ce gentleman américain et ceux de son ami et compatriote Waterville que Henry James va nous conter la lutte de chaque instant que cette femme accablée va livrer pour son ascension sociale. Car c’est purement et simplement le siège de la capitale britannique qu’elle n’hésitera pas à entreprendre pour parvenir à ses fins.

Sans aucune garantie de succès, tant la vieille Europe, très conservatrice, s’interroge sur la respectabilité d’une femme ayant été rejetée par sa propre nation.

Une nouvelle différente de celles que j’ai déjà eu l’occasion de lire. On y décèle une grande tension assez inhabituelle. Les personnages sont exacerbés. L’ascension de Mrs Headway est un véritable chemin de croix. On lui tourne le dos. Elle se désespère de voir les portes s’ouvrir si lentement. On souffre avec elle : tant d’effort pour de si maigres gains. Parviendra-t-elle à se hisser comme elle le souhaite, ou est-elle condamner à végéter ? à nager entre deux eaux ? Ses amis qui pourraient l’aider hésitent. Intervenir ? Mais dans quel sens ? Pour ou contre ? Car si la dame est belle et pas pire qu’une autre, elle traine tout de même de terribles casseroles. On s’interroge donc. On coupe les cheveux en quatre. On s’épie, on se regarde. Que va faire untel ? On prétend ne pas être concerné par la question. Tout en reconnaissant que quelqu’un devrait intervenir (mais pas soi-même, bien entendu).

Henry James met l’accent sur tous les petits travers de la société. Ses hontes, ses fuites. Ses petites vilénies et autres trahisons. Une analyse inaccoutumée pour une nouvelle insolite et fort intéressante.

A lire !
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MessageSujet: Re: Henry James   Henry James - Page 11 EmptyMar 29 Oct 2013 - 9:47

Merci Harelde : je lis tes commentaires avec grand intérêt toujours ! J'apprécie beaucoup Henry James sans en être une spécialiste et il me tarde d'y revenir ... Peut-être qu'un jour une lecture commune pourrait être proposée à nouveau .....J'ai toujours "portrait de femmes" dans ma Pal qui m'attend !
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MessageSujet: Re: Henry James   Henry James - Page 11 EmptyJeu 31 Oct 2013 - 9:45

Lady Barberina


Londres : il se murmure parmi le petit peuple des courtisans, ceux qui à longueur d’année observent la riche noblesse de leurs yeux avides (et dont les descendants font aujourd’hui tourner les rotatives des magasines tels que « Voici » ou « Gala »), que Jackson Lemon – un médecin fort riche – envisageait d’épouser Lady Barberina Clément, fille de Lord Canterville (un homonyme : rien à voir avec le gars qui hébergeait un fantôme chez lui).

Ce ne sont pour le moment que des bruits, mais plusieurs personnes souhaitaient une telle union qui jetterait un pont par-dessus l’Atlantique liant le gratin des sociétés des deux pays. Car certains affirment que l’Angleterre et les Etats-Unis sont deux nations sœurs – ou plutôt mère et fille – et que leur rapprochement ne serait qu’une question de bon sens. Mais leurs détracteurs n’en démordent pas : ce mariage soulèverait des difficultés immenses – les deux peuples étant éminemment différents, difficiles à concilier.

Les deux partis se rejoignirent toutefois dans l’espoir que la célébration ait lieu : une bonne occasion d’en observer les résultats et d’enfin trancher la question. Après quelques hésitations, Jackson Lemon fit sa demande officielle dans l’antre du père, Lord Canterville. Aussitôt, des difficultés apparurent, les us et coutumes des deux pays différant sur un certain nombre de points de détails qui, pour l’occasion, furent exacerbés. Mais l’amour fut le plus fort : oppositions et intransigeances cédèrent la place aux compromis. L’étude ethnographique allait pouvoir commencer.

Une nouvelle à mon sens très importante. La question de l’union de l’Angleterre traditionnelle à la jeune Amérique soulevée dans ce texte est certainement cruciale pour Henry James, lui qui resta américain jusqu’à l’année précédant sa mort tout en vivant en Grande-Bretagne. Les difficultés rencontrées par ce couple international ont vraisemblablement dues être les siennes tout au long de son expatriation volontaire. Un sujet sensible donc et le touchant (je pense) tout particulièrement.

A lire itou !
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