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| Sylvie Germain | |
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bulle Zen littéraire
Messages : 7175 Inscription le : 02/07/2007 Age : 67 Localisation : Quelque part!
| Sujet: Re: Sylvie Germain Mar 12 Mai 2009 - 1:45 | |
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| | | bulle Zen littéraire
Messages : 7175 Inscription le : 02/07/2007 Age : 67 Localisation : Quelque part!
| Sujet: Re: Sylvie Germain Mer 13 Mai 2009 - 13:00 | |
| Tobie des Marais Je suis assurée que ce livre restera imprégné dans mon âme, Tout comme le fût '' une promesse ''
chaque page est une histoire, une belle leçon de vie. | |
| | | bulle Zen littéraire
Messages : 7175 Inscription le : 02/07/2007 Age : 67 Localisation : Quelque part!
| Sujet: Re: Sylvie Germain Jeu 14 Mai 2009 - 12:31 | |
| Tobie des MaraisJe poursuis cette belle lecture. - Citation :
Le fils a grandi à l'ombre d'un père qui lontemps fut demi-mort, presque muet, fantastiquement absent dans sa violente immobilité. Il a aussi grandi dans la clarté d'une aïeule qui chantait à voix toujours plus basse, épurée, le souvenir de ses défunts, l'attente indéfectible d'un face-à-face avec Dieu. Les mots, c'est dans les livres que le fils les a trouvés, les a volés, conquis. Et ce furent bien plus que des mots d'encre sur des feuilles de papier: des algues ondulants dans l'eau et le feu, des fouets de bronze, des crachats et des glaises irisés comme des cristaux de quartz, des éclats de silex extirpés de la terre, des fragments d'étoiles enfouis dans la glaise bleutée, de la poussière montée d'espaces lointains aux beaux noms de désert, steppe, pampa et voie lactée, et aussi envolée de rues et de cours au fond de faubourgs crasseux. Des mots-matière que l'enfant faisait tinter contre son oreille, contre son coeur, puis qu'il jeta du haut des arbres pour que le vent les emporte, les fasse tourner ainsi que des éoliennes aux pales affûtées dans le silence assourdissant le séparant des morts, afin de déchirer ce silence. | |
| | | bulle Zen littéraire
Messages : 7175 Inscription le : 02/07/2007 Age : 67 Localisation : Quelque part!
| Sujet: Re: Sylvie Germain Sam 16 Mai 2009 - 23:52 | |
| Tobie des Marais - le passage - Citation :
- Ils suivent en silence ce blanc chemin sinuant à ras
de ciel, de lumière, à la lisière de l'océan, - cette mince voie du rien. Le soleil a disparu, le ciel déploie toute la gamme du bleu, du plus pâle au plus foncé, la mer se retire toujours plus loin,et une sensation de vide croît à mesure en Tobie. En lui aussi s'opère un grand reflux, le temps glisse à rebours, se creuse, le présent s'effiloche, se parsème de trous luisants ainsi que des bris de miroir, il s'évase à l'instar de la grève qui s'étend immensément à sa droit sous un ciel plus vaste encore, et d'un bleu si dense qu'il s'en fait aveuglant. Et voilà que son ombre, longue et grêle, projetée sur le sentier blanc, se détache de lui et se met à vibrer, imperceptiblement, aiguille d'une pendule se décrochant de son axe et larguant les amarres du temps. Son ombre file à fleur du sol, elle rétrécit, et esquisse des gestes indépendants du corps en marche. Et les traits d'un visage se dessinent à sa pointe; c'est le visage de Tobie losqu'il était petit garçon.
L'ombre-enfant braque son regard sur Tobie. C'est un regard inquiet , douloureux. Un regard blessé par la violence placide du visible qui brutalement expulse de son champ des visages familiers, aimés, comme si ces visages n'avaient été que buées, ou même mirages, - et qui les explulse à jamais. Mais le regard, lui, se souvient, il garde gravée sur sa rétine les images des vivants que la mort a raptés, et désespérément il confronte ses visions intérieures, obsédantes, à l'espace déserté au visible oublieux implacable dans son indifférence . Et le regard se brûle. se consume, à se frotter ainsi contre la peau lisse et nue du visible, à scruter l'horizon, à fouiller la lumière tout autant que l'obscurité. Les deuils et le malheur instaurent l'insomnie jusqu'au coeur du jour qui ne resplendit plus alors que d'absence et de manque. L'ombre-enfant fixe Tobie dans les yeux et il sent que son enfance est demeurée inconsolée, - elle ne réclame rien, ne demande aucun compte au jeune homme qu'il est devenu, non, elle comparaît seulement devant lui. Elle comparaît tel un témoin privé de voix, privé de tout, sauf de l'effroi de ce qu'il porte en lui, en sa chair, sa conscience, son coeur, sa mémoire: avoir vu, et ne plus cesser de voir, l'éclipse d'un vivant dans l'espace du visible. Elle comparaît dans lanudité de son affliction, dans l'impuissance de sa révolte, dans la folie de son attente. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Sylvie Germain Dim 17 Mai 2009 - 10:06 | |
| Te voilà bien accrochée à Tobie des marais Bulle... | |
| | | Eve Lyne Sage de la littérature
Messages : 1936 Inscription le : 08/08/2008
| | | | bulle Zen littéraire
Messages : 7175 Inscription le : 02/07/2007 Age : 67 Localisation : Quelque part!
| Sujet: Re: Sylvie Germain Lun 18 Mai 2009 - 17:22 | |
| - coline a écrit:
- Te voilà bien accrochée à Tobie des marais Bulle...
Je viens de le terminer Il a sa place dans mes top ten, collé à "Une promesse" - Spoiler:
Je comprend maintenant pourquoi la tête n'avait jamais été retrouvée...
- Eve Lyne a écrit:
- Mais c'est que Bulle va finir par nous recopier tout le roman.
C'est pas l'envie qui manquait. C'est tellement un bon livre, qui donne le goût de partager. | |
| | | Bellonzo Sage de la littérature
Messages : 1775 Inscription le : 22/07/2008 Age : 75 Localisation : Picardie
| Sujet: Re: Sylvie Germain Jeu 21 Mai 2009 - 8:45 | |
| A propos de Magnus. Ce livre est le troisième pour moi de Sylvie Germain.En fait je l'ai beaucoup aimé,même si l'on ne s'y immerge pas comme dans Jours de colère ou Tobie des Marais.Il me restera de ce beau récit la fulgurance des séquences poétiques,entre autres celles du si méconnu Supervielle.Il me restera aussi de très belles phrase sur la guerre ou la mort,celle de Lothar par exemple,"Un soir cette part d'inconnu l'a convoqué tout entier de l'autre côté du visible".Je trouve ça magnifique. Il y a peut-être dans Magnus un côté un peu plus décousu que dans les deux autres romans.Peut-être n'y-a-t-il pas le côté viscéral et glaiseux des paysages morvandiaux ou poitevins.Mais même si pour moi il fonctionne un peu plus "par bribes" je considère que c'est un très beau roman.De Sylvie Germain ça ne m'étonne plus. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Sylvie Germain Jeu 21 Mai 2009 - 11:31 | |
| C'est parfait que tu reparles ainsi de Magnus qui est tout de même un des romans les plus populaires de Sylvie Germain (en 2005, Le Prix Goncourt des Lycéens). | |
| | | Eve Lyne Sage de la littérature
Messages : 1936 Inscription le : 08/08/2008
| Sujet: Re: Sylvie Germain Mar 26 Mai 2009 - 15:15 | |
| JOURS DE COLERE.L’histoire se déroule à Leu-aux-Chênes, un lieu-dit pauvre, où seules vivent quelques âmes. Parmi elles se trouvent deux « vieux » atteints de folie. Ambroise Mauperthuis est tombé éperdument amoureux d’une morte qu’il ne connaissait pas avant et oriente toute sa vie en fonction d’elle. C’est une folie destructrice, sans concession aucune, guidée par la vengeance et la colère. Edmée Verselay souffre d’une folie douce. Elle idolâtre la Vierge Marie et transpose ce culte marial sur sa fille Reinette, atteinte d’une obésité qui laisse pantois. Le roman est construit sur ces deux familles et celle de la morte. Colère et folie sont les deux fils conducteurs du roman. L’écriture s’attarde pour dresser des portraits touchants par leur simplicité, inoubliables par leurs spécificités. Le chapitre consacré aux sept frères est une pure merveille. L’écriture est poétique. La description de la forêt est riche de trouvailles, d’images d’anges sculptés dans certains troncs. C’est une écriture orale et musicale, empreinte de lyrisme. Cela ressemble à un conte, avec des effets surnaturels et des invraisemblances qu’on accepte car ces dernières font partie du rêve qui prend forme au fil des pages. C’est aussi un hymne à la nature. On en ressort émerveillé, même si les ficelles sont parfois un peu grosses, contrairement à Tobie des Marais, qui est plus abouti. Description de Reinette-la-Grasse : - Citation :
- Elle tanguait doucement en marchant, un imperceptible roulis berçait la masse de son corps sous la chemise et l’immense chevelure ondoyante, tandis que ses petits pieds avançaient comme à tâtons avec d’infimes sautillements.
Extrait du dernier chapitre : - Citation :
- Chez les vieux la mort passe en souplesse. Il suffit juste de cueillir un souffle qui depuis longtemps déjà a perdu ses racines et sa force. Il suffit de ramasser les quelques grains de leur folie fossilisés dans leur cœur et leur esprit, -ces cosses sèches et craquelées. Et cependant, au dernier instant, le vieux se cabre une ultime fois, -c’est que pour lui jadis n’est pas encore assez.
Cela ne vaut pas Tobie des Marais, pourtant c'est très ressemblant. On baigne dans la même atmosphère poétique et mystique. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Sylvie Germain Mer 27 Mai 2009 - 0:07 | |
| Sylvie Germain sait-elle qu'elle a autant de lecteurs heureux sur Parfum de Livres?... | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Sylvie Germain Dim 7 Juin 2009 - 21:59 | |
| OPERA MUET"(...) ce mur était son rempart contre la ville, contre la foule, et ce visage était son horizon. C'est que les larmes qui sourdaient de ce rêve étaient les siennes - purifiées, magnifiées. Toutes les larmes enlisées dans son cœur, et qu'il n'avait pas su verser. C'est qu'il avait déposé derrière cette face muette la lancinante rumeur du désir que son corps et son sang d'homme minime ne pouvaient plus depuis longtemps contenir et endurer. C'est que ce grand visage mural était un suaire dont le sourire masquait la fadeur de ses jours, le vide de ses nuits."Gabriel est photographe. Il mène une vie solitaire, où « il ne se passe rien. ». Il est .réduit « aux dérisoires consolations qu’il s’inventait de ci- de là » . Son refuge après le travail ennuyeux est son appartement qui fait face à un immeuble vétuste dont la façade est occupée par une vaste et ancienne image publicitaire pour de la pâte dentifrice, celle du Docteur Pierre au portrait rassurant. « Il avait depuis longtemps perdu tous les lieux et les corps de ses amours…La maison de Valombreuse, sa grand-mère, ce doux génie du lieu de son enfance, la mer, et à la fin Agathe. Il ne voulait pas raviver toutes ces plaies. Il avait lavé sa mémoire pour ne plus avoir à se tourner vers elle. »Privé de ses bonheurs perdus, « Il était devenu à tel point un homme minime, transparent, il avait réduit sa présence au monde à une si grande discrétion qu’il pensait avoir été oublié par tous et par tout. »Mais les travaux commencent, l’immeuble en face va être abattu et le regard protecteur du Docteur Pierre va disparaître. On suit les images de l’effondrement progressif du mur tandis que le mental de Gabriel vacille. La disparition de l’image du mur fait remonter en lui d’autres images liées à des pertes dont il n’a pu faire le deuil. « Il avait depuis longtemps perdu tous les lieux et les corps de ses amours…La maison de Valombreuse, sa grand-mère, ce doux génie du lieu de son enfance, la mer, et à la fin Agathe. Il ne voulait pas raviver toutes ces plaies. Il avait lavé sa mémoire pour ne plus avoir à se tourner vers elle. »Pourtant la destruction totale du mur amène Gabriel à découvrir l’immeuble en face : « les fenêtres là-bas. ». Il observe et imagine. Il erre dans le quartier et fait la rencontre de Shamhat (la touchante "folle" qui dit être l’amoureuse abandonnée par Enkidou dans l’épopée de Gilgamesh. Elle le cherche...). « Il sent s’ouvrir en lui cet étonnement infini où le désir se glisse, s’immisce et se déploie. » Mais encore faut-il que le désir ait un objet… Ce récit poétique, partiellement onirique de Sylvie Germain m’a encore séduite. Il semble venir d’une connaissance au plus profond de l’être. La noirceur est là, le deuil impossible, le désespoir amoureux, la solitude et le manque…mais aussi comme toujours le baume du sourire et de la lumière. Dans ce texte se dit la dévastation qu’opèrent« les mots méchants », « La douleur des mots, des mots qui ne tinrent parole. ». Alors : « Il n’y avait pas eu de texte ; c’était un opéra muet qui s’était déroulé. Le héros de ce drame sans histoire et sans voix, le Docteur Pierre, s’était tout juste contenté de paraître à fleur du visible[…].Le texte venait après coup, par bribes, en confus chuchotis. […] Un texte improvisé au petit bonheur, au hasard de sursauts de lointains hiers, de fragments de contes, d’images entr’aperçues, de passants rencontrés. » | |
| | | Eve Lyne Sage de la littérature
Messages : 1936 Inscription le : 08/08/2008
| Sujet: Re: Sylvie Germain Lun 8 Juin 2009 - 9:21 | |
| Merci pour ce très beau commentaire Coline, qui donne vraiment envie de lire ce roman. En général, Sylvie Germain ne déçoit pas, sauf si on s'y plonge dans un moment peu propice. Ses romans se savourent, tentent d'amener une réflexion. On ne les lit pas comme un polar. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Sylvie Germain Lun 8 Juin 2009 - 10:27 | |
| Encore une belle idée ce spectacle silencieux ... Et apparemment toujours ce petit fond de mythologie avec Gilgamesh. Quand on lit les extraits on a l'impression que son écriture est peut-être trop "lyrique" justement mais c'est un genre littéraire qui s'approche de la poésie et qui finalement dit probablement plus de choses "vraies" que ne le ferait un récit plus "réaliste". | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Sylvie Germain Lun 8 Juin 2009 - 11:37 | |
| - Marko a écrit:
- Encore une belle idée ce spectacle silencieux ... Et apparemment toujours ce petit fond de mythologie avec Gilgamesh. Quand on lit les extraits on a l'impression que son écriture est peut-être trop "lyrique" justement mais c'est un genre littéraire qui s'approche de la poésie et qui finalement dit probablement plus de choses "vraies" que ne le ferait un récit plus "réaliste".
Tu as raison Marko...d'autant qu'il ne s'agit pas toujours d'une langue poétique qui pourrait paraître éthérée... J'aime beaucoup aussi chez Sylvie Germain, ils me prennent aux tripes, ces passages où sa poésie est chargée de sensualité et de violence des sentiments: (Parlant de Shamhat) "Une nuit elle avait entendu une femme gémir et haleter. La voix d'une femme qui scandait la montée du plaisir, qui rythmait la marche de l'abandon de soi, de la perte de soi. Marche toute de gloire et d'affolement à travers l'immensité d'un corps offert et partagé. [...] "Mais cela encore n'était rien, cela ne me faisait pas mal, d'entendre cette voix, cette impudeur du plaisir. Cette voix-là fut la mienne, elle est celle de toutes les femmes" avait dit Shamhat. Puis la voix s'était tue, celle de l'inconnue dont la bouche avait dû étouffer un dernie rcri contre l'épaule ou la gorge de l'homme, et celle de Shamhat qui racontait ce cri. "Ce fut alors qu'il y eut l'autre cri, avait soudain reprit Shamhat, le front baissé; l'autre cri, unique. Celui de l'homme. Ce râle sourd. Alors j'ai eu mal. Alors moi aussi j'ai crié. De désespoir, de folie. Vous comprenez?" Gabriel, cette fois n'avait rien répondu. L'écho de tous ces cris évoqués par Shamhat avait rompu sa voix, avait serré sa gorge. Il avait compris avec trop de violence, avec trop de douleur, pour pouvoir répondre oui, fût-ce dans un murmure. Son propre corps, son corps d'amant mis un jour au rebut, son corps frappé de dérision, puis livré à l'oubli, à l'indifférence, comprenait ce que cela signifiait. Il connaissait la splendeur de ces cris, et plus encore la souffrance de ne plus les entendre et de ne plus les proférer, peau contre peau. Peau contre peau, mains contre peau, bouche contre peau. Gabriel se savait exclu de cette infinie douceur, de ce plaisir émerveillant. Il comprenait comment la folie avait fait son entrée dans le cœur de Shamhat ; Shamhat, « La lascive ». Ce n’était pas la voix d’une autre femme gémissant de plaisir de l’autre côté du mur, tandis qu’elle-même se taisait dans le froid âpre de sa solitude et de l’ennui, qui l’avait d’un coup tant blessée. C’était la voix de l’homme, le cri rauque monté des reins, du ventre, des entrailles d’un homme en train de jouir. Ce cri pour elle avait l’odeur et la peau d’Enkidu. Ce cri que plus jamais il ne proférerait contre elle, grâce à elle, pour elle. Ce cri qu’il s’en était allé porter ailleurs, contre la gorge des femmes plus jeunes, plus légères de cœur et de regard. Shamhat avait perdu son reste de raison lorsqu’elle avait compris que l’homme qu’elle aimait ne reviendrait plus, jamais plus, puiser en elle sa jouissance et lancer contre son corps ce beau râle de mort lascive. Alors tout l’éclat de son nom de légende, de son nom quatre fois millénaire, s’était plombé de ténèbres et de froid. »( Sylvie Germain- Opéra muet) | |
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