Kim Ki-Duk

traversay a écrit:

Très loin, coline

Je n'ai pas envie de le voir celui-ci...

traversay a écrit:

Pieta

Citation :

Abandonné à sa naissance, Kang-do est un homme seul qui n’a ni famille, ni ami. Recouvreur de dettes sans pitié et sans compassion, il menace ou mutile les personnes endettées dans un quartier destiné à être rasé. Un jour, Kang-do reçoit la visite d’une femme qu’il ne connaît pas et qui lui dit être sa mère. Pour la première fois de sa vie, le doute s’installe en lui…

Il ne vaut mieux pas découvrir Kim Ki-duk avec Pieta, Lion d'or pour le moins surprenant, qui marque le retour du réalisateur coréen après une grave dépression racontée sous forme d'auto-documentaire dans l'inédit et perturbant Arirang. Quelques qualificatifs pour évoquer Pieta : excessif, sordide, insupportable, crépusculaire, malsain : la liste n'est pas exhaustive. Une histoire de rédemption et de sauvetage oedipien qui frise la caricature grotesque et accentue le caractère tordu des scenarii qu'affectionne Kim. Il y a malgré tout dans cet objet éprouvant un côté fascinant car auto-destructeur et jusqu'au-boutiste. Fallait-il pour autant céder à des scènes de mutilation répétitives et à une ultra violence qui confine au sadisme ? Comme si Kim Ki-duk prenait un plaisir extrême à humilier ses personnages, les plus démunis surtout, symboles de la crise économique. Son cinéma n'a jamais brillé par sa sobriété, à de rares exceptions près. Ici, sa façon d'enfoncer le clou a quelque chose de délibérément complaisant qui crée un malaise certain. Evidemment, c'est voulu. Et alors ?

Pieta.

Un film Kim Ki-duk qui ne ressemble pas à du Kim Ki-duk.
Pas de grands plans magnifiques de nature, d'homme placé dans un univers avec lequel il parvient à trouver un accord.
Pas de douceur sereine.
Pas de sobriété jusqu'au boutisme.

Pieta, c'est violent, glauque, pervers, fataliste.
L'homme est montré sous ses travers les plus sordides : un être faible, qui oublie les valeurs essentielles de l'existence et sombre dans l'appât de l'argent facile, la spirale de la dette et de l'immobilisme, la violence distante plutôt que la compassion. La vengeance, la colère, le sexe.

Kim Ki-duk fait du cinéma aux thèmes tellement proches comme Park Chan-wook. Le cinéma coréen ne peut-il plus échapper à ce malaise ultra violent ?

Passée l'étonnement de découvrir cet étrange Kim Ki-duk, je me suis rapidement laissée emporter par cette histoire. D'abord les décors tout cracra de vieilles boutiques qui sentent la poussière, l'huile de vidange, les copeaux de fer, et la pauvreté. Un monde à l'agonie. Qui va bientôt disparaître.
Ensuite ce duo presque muet, avec plein d'écorchures partout, une grande solitude, des personnages profondément seuls, inadaptés à la société et aux autres. Alors qu'au départ on les trouve cinglés, cruels, hermétiques, au fur et à mesure du film et des informations distillées, on s'attache, on les suit, et on finit par croiser les doigts pour que tout se finisse bien.

Mais c'est un film profondément défaitiste. Aucun espoir. Ou peut-être dans la sérénité de la mort. Qui libère, et qui rassemble.

Je n'ai pas trouvé le film horriblement violent, KKD nous épargne toutes les scènes de mutilations, elles sont dites, jamais montrées. Nous ne sommes pas du tout dans un film qui veut provoquer par une imagerie violente, mais plutôt par ce que dégage les gens. Seulement, même si certains nous apparaissent presque sympathique, c'est surtout la pitié, avec une vague sensation de mépris pour la nature humaine si faible et pathétique qui domine.

Le rythme est vraiment bien tenu, avec une tension qui monte progressivement, allant de plus en plus loin dans la découverte des personnages principaux, et au centre de la spirale tragique.
Une trame qui s'approche de très près des terribles tragédies grecques, avec ses personnages sanguinaires, qui osent aller jusqu'à l’extrême pour des convictions, pour venger une blessure. Intense.

Kim Ki-duk a-t-il perdu son amour de l'humanité ? L'espoir d'une cohésion, d'une rédemption ? C'est bien ce qu'on peut croire en voyant ce film. Et ça fait froid dans le dos, laisse un goût de ferraille dans la bouche, et une tristesse au creux du ventre.

Queenie a écrit:

Kim Ki-duk a-t-il perdu son amour de l'humanité ? L'espoir d'une cohésion, d'une rédemption ? C'est bien ce qu'on peut croire en voyant ce film. Et ça fait froid dans le dos, laisse un goût de ferraille dans la bouche, et une tristesse au creux du ventre.

Il paraît qu'il sort d'une dépression....En est-il vraiment sorti?

coline a écrit:

Queenie a écrit:

Kim Ki-duk a-t-il perdu son amour de l'humanité ? L'espoir d'une cohésion, d'une rédemption ? C'est bien ce qu'on peut croire en voyant ce film. Et ça fait froid dans le dos, laisse un goût de ferraille dans la bouche, et une tristesse au creux du ventre.

Il paraît qu'il sort d'une dépression....En est-il vraiment sorti?

A la vision, et à la fin de ce film, on ne dirait pas. Ou alors, c'est cathartique.

C'est ce que je pense, Queenie