Kent Meyers

OUF!!!!

comment ça OUF!!!! ?

et une dernière illustration :

Pour le premier chapitre, Kent Meyers raconte qu'il l'a écrit après; après, ça veut dire après qu'il ait réécrit 7 fois son roman en repartant de zéro, et sur conseil de ses relecteurs pour souligner le lien et accentuer la cohérence de la suite.

Un bouquin qui n'embarque pas mais qui envoute. Et à haute dose!

Twisted Tree n'est pas le lieu rêvé où vivre, une misère sourde presque de chaque maison, de chaque famille, et cela ne date pas d'hier. Déjà lorsque cette terre a été usurpée à ses habitants originaux, le drame s'est installé ici.
Il semblerait que encore aujourd'hui, il soit besoin d'expier...

Kent Meyers, à la manière d'un tisserand, crée des motifs qui semblent éparses mais qui constituent le même carré de toile. Une toile rêche au toucher, pleine de trous mais dont le motif général représente une misère ordinaire qui s'inscrit dans un continuum universel.
L'horreur le dispute au sublime.

Une lecture parfois peu aisée du fait des nombreuses considérations, réminiscences ou récriminations intérieures des personnages. Le temps lui même n'est pas linéaire mais se permet des allées et venues.
Cependant les liens sont forts. Des rencontres qui se font ou pas, des objets perdus puis qui réapparaissent sont comme des balises qui ramènent inéluctablement au centre de Twisted Tree qui comme souvent dans ce genre de lieu n'en possède pas.

encore une faiblesse de ma part......livre retenu à la médathèque.....

Et... si je le relisais?

topocl a écrit:

Et... si je le relisais?

C'est tentant.
L'écriture est finement ciselée. L'envie d'avancer de savoir où il nous mène peut empêcher d'en percevoir toutes les subtilités...

Un compte rendu de la résidence de Kent Meyers à Clermont-Ferrand en mars et avril 2012.
(c'est ma petite qui a écrit l'article )

Citation :

Ce qu’on retient de la résidence de Kent Meyers



Kent est reparti depuis déjà plus de 3 semaines et nous gardons tous de beaux souvenirs de sa résidence.
Après un mois clermontois, plus de 300 auvergnats avaient pu discuter avec cet homme à la gentillesse exemplaire. À l’occasion des rencontres que nous avons proposées, Kent a répondu de bon cœur à toutes les questions sur sa vie, son œuvre, son travail d’écrivain, le Dakota du Sud…

Kent et l’écriture

On a appris que Kent écrit tous les matins de 5 h à 9 h du matin 7 jours sur 7 ! À Spearfish, il travaille dans un petit bureau. Pour lui, pas de secret, l’inspiration vient en travaillant. Il produit 6 à 7 brouillons complets de ses livres, qu’il fait relire par des amis et collègues avant de présenter le manuscrit à son éditeur. Après 5 livres dont 3 fictions, il souhaitait finir son prochain roman avant de quitter la France.
« Clermont-Ferrand est-elle propice à l’écriture ? » demandaient certains dès la première semaine. Il semblerait que oui ! Kent a écrit deux fois plus qu’il ne fait d’habitude lorsqu’il est chez lui. Si bien qu’il a fini son 7e brouillon et pour la première fois, il a pu offrir un dénouement à son roman. Quelques relectures et modifications s’imposent encore, mais il pourra envoyer son manuscrit à son éditeur dès septembre !

Et pour Twisted Tree alors, qu’en a-t-on dit ?

« Quand je ne comprends pas quelque chose d’important, j’écris de la fiction dessus »

C’est bien simple : il lui a fallu 4 ans et demi pour l’écrire. Initialement, il voulait faire un livre à la frontière du roman et du recueil de nouvelles. Son idée, c’était de faire connaître Haylay Jo Zimmerman à travers la voix de 12 narrateurs qui l’auraient croisée avant sa mort. Un personnage principal par chapitre. Alors il y a 15 chapitres et celui qui ouvre le roman a été écrit en dernier. Kent l’a ajouté pour raconter le meurtre de la jeune fille autour de laquelle gravitent tous les personnages qui apparaissent par la suite.

Non, il ne s’est pas inspiré de faits réels. Il s’est mis à écrire quand il a découvert les sites pro-ana, ces communautés d’anorexiques qui s’encouragent mutuellement à garder leur anorexie. Bien sûr, certaines des histoires racontées dans le roman sont inspirées de d’événements qui ont réellement eu lieu. Tout l’art de l’écrivain est de les amplifier pour les rendre encore plus saisissantes.

L’homme qui se cache derrière Twisted Tree

En un mois on a appris à connaître l’homme qu’est Kent Meyers. C’est aussi un homme tranquille qui aime le calme, la nature et les randonnées. Si bien que le jour où le temps était le plus défavorable nous l’avons emmené marcher jusqu’au sommet du Mont du Pariou. Mais il aime aussi le canoë et le ski de fond, il joue au tennis, il travaille le bois. Il apprécie les nouvelles rencontres, adore rire et s’intéresse tout particulièrement à ce qu’il ne connaît pas.

Il a arpenté Clermont et ses environs (de la cathédrale au parc Montjuzet, de Billom à Riom) et a profité de quelques jours pour se rendre dans le Sud-Ouest : Sarlat, Lascaux, Padirac l’ont séduit !
Ce qu’il lit ? Des fictions de tous les continents, et parmi les auteurs qui lui ont donné envie d’écrire on trouve Thomas Pinchon et Gabriel Garcia Marquez. Si on l’interroge sur les auteurs français qu’il a lus, on l’entend parler de Camus ou de Balzac.

Que dire de plus pour dresser le bilan de ce mois de résidence ?

« La terre ne se préoccupe pas de questions d’identité nationale »

Au terme de son 3e séjour en France (et même avant la fin de son séjour !), Kent clamait qu’il aime ce pays. Il aime l’Auvergne et ses paysages, qui ressemblent tant à ceux du Dakota du Sud, dit-il. Il a beaucoup apprécié son séjour, les rencontres qu’il a faites, les discussions qu’il a eues, et les questions qui lui ont été posées sur son travail.
Si Kent a apprécié son séjour, tous ceux qui l’ont rencontré peuvent en dire autant.

L’Amiral Flottant et son équipe remercient donc Kent, les éditions Gallmeister, la DRAC et le Rectorat.

Le lien avec le site des 48 heures du polar, l'association qui a invité Kent Meyers

Ah! je vous préviens, je le relis !

je suis époustouflée par la maitrise, l'intelligence et l'intensité de la langue. Cette fois, je n'ai plus besoin de garder une partie de mon énergie pour chercher le fil conducteur, essayer de tout comprendre, et cela libère complètement l'esprit pour apprécier l'écriture. Le fameux premier chapitre, qui fait froid dans le dos, est un régal d'efficacité, suivant tout geste et toute pensée d'Alexander, cet homme qui pense si différemment du commun des mortels, qui est à la recherche du contrôle absolu. C'est glacial et palpitant.

Bon, je m’arrête je vais vous lasser!

ça rend impatient de la sortie en version poche... !

Queenie a écrit:

ça rend impatient de la sortie en version poche... !

Relecture de Twisted tree

En fait, c'est tout à fait exceptionnel, pour moi en tout cas, à la lecture d’un livre de me dire que l'auteur a une sensibilité et un émotionnel en complète empathie avec moi-même. Il y a une subtilité dans la douceur, sur un fond de violence et de noirceur terribles qui m'ont fait sentir comme si j'étais dans mon territoire. Une solitude sauvée parfois par l'éclair lumineux d'une rencontre.

Citation :

Tout le monde a son mot à dire. Tout le monde attend. Dort et rêve et attend de pouvoir réveiller quelqu’un, qui pourrait comprendre

.

L'impression d’une communion avec l'auteur, qu’ un être existe quelque part qui peut écrire un livre totalement pour moi.. C'est tout à fait curieux. Et sa façon de scruter le moindre affect, la moindre hésitation, le moindre scrupule, de les décrire au sein d'une observation chirurgicale des détails, les bruits, les odeurs, les lumières, les visions fugitives.

Ces personnages m’ont complètement émue, avec eux j’ai senti la pluie sur mon visage, j’ai senti la poussière et la culpabilité Tous ces mots qu'ils auraient eu envie de dire, mais n’ont même pas pensés, pas osé au bon moment, les gestes retenus, tout ce qui n'a pas été fait, mais qui préside à nos destinées. Les murmures et les soupirs, les sensations. Et, inversement, par moment, chez ces taiseux qui ne savent pas toujours finir leurs phrases, l'éclat percutant du mot parfaitement choisi qui sauve et rattrape tout le reste.

Citation :

Comme les actions humaines sont petites - quelques mots, un signe - et comme leurs conséquences nous échappent.

Dans cette seconde lecture où je n'étais plus attachée à la recherche du sens, où les pièces du puzzle précédemment assemblé s'encastraient désormais avec facilité, où les détails qui m'avaient échappé à la première lecture, semés avec une intelligence apparemment anodine par l'auteur, prenaient enfin tout leur sens, j'ai pu profiter pleinement de sa langue âpre, dense, splendide et donner libre cours à ma jubilation. Il y a une économie de moyen avec ces phrases qui claquent, qui halètent par moment, sans fioritures, dans une absence totale d’afféterie. Economie de moyen aussi dans le choix de ces nouvelles accolées, où les personnages, les situations, les signes s’interpénètrent sans qu’une intrigue vraie ne se détache : pas besoin de transition, pas besoin de digressions ou de répit. Tout mot est indispensable.

J'ai croisé avec beaucoup d'amusement une génisse charolaise, j'ai croisé des dizaines de passages que j'avais envie de recopier, et je me suis cantonnée à celui-ci :

Citation :

L'univers lui-même est un néant si vaste que les étoiles y sont de minuscules éléments, les planètes ne sont définies que par les fluctuations qu'elles créent dans leur sillage, dans les anomalies de leur orbite. Et peut-être sommes-nous tous une anomalie dans la vie des autres, des étoiles tournoyantes aux trajectoires que nous ne saisissons pas, qui envoient des codes à travers l'immensité dans l'espoir que quelqu'un et les déchiffre, nous sauve du hasard.

Twisted tree est un livre qui m'a totalement portée vers le haut, tout en restant totalement moi-même, un livre brillant, intelligent et bouleversant, qui m'a livré un monde étrange et pourtant si proche.


(Il y a des moments, quand j'écris un commentaire comme ça, je me dis calme-toi, mais je n’y arrive pas vraiment…et puis, ça fait du bien.)

Je suis assez vexée car j'ai fait une recherche "Kent Meyers Dakota" sur Google images. Sur la première page apparaissent les avatars de Queenie, d'igor , de shéhérazade, mais pas le mien.

MAIS QU'EST CE QU'IL FAUT QUE JE FASSE DE PLUS, BON SANG??!??

Ca alors, c'est très curieux !

topocl a écrit:

MAIS QU'EST CE QU'IL FAUT QUE JE FASSE DE PLUS, BON SANG??!??

Le lire une troisième fois !