Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Erri de Luca [Italie]

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coline
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MessageSujet: Re: Erri de Luca [Italie]   Erri de Luca [Italie] - Page 3 EmptyLun 8 Déc 2008 - 13:08

monilet a écrit:
J'ai lu : bon souvenir.

Tu parles de Trois chevaux monilet?...
Il est extraordinaire ce Erri de Luca...
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kenavo
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MessageSujet: Re: Erri de Luca [Italie]   Erri de Luca [Italie] - Page 3 EmptyLun 8 Déc 2008 - 13:19

coline a écrit:

Il est extraordinaire ce Erri de Luca...
ah oui.. je te suis avec cet auteur.. bien que je ne retrouve pas le livre traduit en français avec lequel je l'ai découvert jypeurien
mais il se peut qu'ils ont changé le titre tout à fait - je dois vérifier à la maison comment s'appelait l'original Wink
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MessageSujet: Re: Erri de Luca [Italie]   Erri de Luca [Italie] - Page 3 EmptyLun 8 Déc 2008 - 13:21

J'avais préféré Montedidio à Trois chevaux, mais c'est quand même un bon bouquin. Peut-être un peu meilleur que Tu, mio.
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MessageSujet: Re: Erri de Luca [Italie]   Erri de Luca [Italie] - Page 3 EmptyLun 8 Déc 2008 - 13:27

coline a écrit:
monilet a écrit:
J'ai lu : bon souvenir.

Tu parles de Trois chevaux monilet?...
Il est extraordinaire ce Erri de Luca...

Oui.
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MessageSujet: Re: Erri de Luca [Italie]   Erri de Luca [Italie] - Page 3 EmptyLun 8 Déc 2008 - 13:40

Il y a juste chez Erri de Luca (outre le politiquement correct mis en avant par Babelle), une petite tendance au sentimentalisme... presque un chantage aux émotions, avecv un style du genre "regardez comme je suis sobre".
C'est comme ça que je le lis parfois....
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MessageSujet: Re: Erri de Luca [Italie]   Erri de Luca [Italie] - Page 3 EmptyLun 8 Déc 2008 - 13:52

eXPie a écrit:
Il y a juste chez Erri de Luca (outre le politiquement correct mis en avant par Babelle), une petite tendance au sentimentalisme... presque un chantage aux émotions, avec un style du genre "regardez comme je suis sobre".
C'est comme ça que je le lis parfois....
Je ne le vois pas comme ça, mais peut-être...
En tout cas moi il m'embarque complètement Wink
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MessageSujet: Re: Erri de Luca [Italie]   Erri de Luca [Italie] - Page 3 EmptyLun 8 Déc 2008 - 14:01

eXPie a écrit:
Il y a juste chez Erri de Luca (outre le politiquement correct mis en avant par Babelle), une petite tendance au sentimentalisme... presque un chantage aux émotions, avecv un style du genre "regardez comme je suis sobre".
C'est comme ça que je le lis parfois....

Comme ses récits sont courts, ce n'est pas si désagréable de s'y abandonner parfois... content
Et puis il y a un fond d'engagement tout de même...
Politiquement correct?...Peut-être...Pour tout le monde?...Je ne suis pas sûre...
Je ne vois pas dans ses romans le côté mièvre que je trouve chez Christian Bobin par exemple...
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tom léo
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MessageSujet: Re: Erri de Luca [Italie]   Erri de Luca [Italie] - Page 3 EmptyLun 8 Déc 2008 - 18:03

L'occasion de vous dire que cet homme m'intrigue par son histoire personnelle presque "inclassable": entre engagement fort à gauche et puis, comme il le disait, l'étude de chaque jour d'un texte biblique en hébreu, lui, l'athée! J'adore... franchement!

J'avais commencé avec "Noyau d'olive" (Original: Nocciolo d'oliva ) où l'auteur parle de etreflète sur différents sujets et personnages bibliques. Mais si on peut en parler ici dans un forum littéraire, c'est qu'il s'agit pas de "théologie" pure, mais d'une vraie face à face avec une parole. Si ce livre fait mention des noyaux d'olive, c'est dans le sens de laisser ce noyau longtemps dans la bouche... aller jusqu'au bout! Les associations d'Erri de Luca, ses réflexions, sont toujours originales, étonnantes et je pense pouvoir le dire, accessibles justement à tous, car écrit par un non-croyant. On s'approche là d'une espèce de spiritualité séculaire, ou je ne trouve pas un mot adapté là!

C'est un approche et un cheminement inconventionnel, selon moi, par une personne fort sympathique. Un soi disant "non-croyant" trouve des mots, des approches qui pourraient bien nourrir des gens au-délà d'une stricte appartenance réligieuse.

Après j'avais continué avec "Au nom de la mère", dont il y a un commentaire si joli ci-dessus.

Puis encore "Une fois, deux fois", mais j'étais peut-être un peu endormi pendant la lecture.

Plusieurs livres sont encore sur ma PAL...

Et, oui, ici on trouve un lien vers un page dédié à lui:
http://errideluca.free.fr/
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MessageSujet: Re: Erri de Luca [Italie]   Erri de Luca [Italie] - Page 3 EmptyLun 8 Déc 2008 - 18:21

C'est très important ce que tu soulignes ci-dessus Tom Léo...Merci de le rappeler en des termes très justes...
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MessageSujet: Re: Erri de Luca [Italie]   Erri de Luca [Italie] - Page 3 EmptyJeu 11 Déc 2008 - 18:50

Trois chevaux

Le narrateur est un jardinier italien qui déjeûne chaque jour dans un modeste bistrot tout en lisant…toujours de vieux livres…

« Je lis des vieux livres parce que les pages tournées de nombreuses fois et marquées par les doigts ont plus de poids pour les yeux, parce que chaque exemplaire d'un livre peut appartenir à plusieurs vies. Les livres devraient rester sans surveillance dans les endroits publics pour se déplacer avec les passants qui les emporteraient un moment avec eux, puis ils devraient mourir comme eux, usés par les malheurs, contaminés, noyés en tombant d'un pont avec les suicidés, fourrés dans un poêle l'hiver, déchirés par les enfants pour en faire de petits bateaux, bref ils devraient mourir n'importe comment sauf d'ennui et de propriété privée, condamnés à vie à l'étagère. »


Un jour une femme s’approche de sa table et lui laisse son numéro de téléphone. Il s’en étonne. Puis il la rappelle et se met à l’aimer. C’est Laila, une prostituée.
"Elle [...] m'ordonne d'aller chez elle après mon travail sans passer à la maison, et elle s'en va, moi je m'assieds et je suis pris d'une crampe à l'estomac, je le sais, mon corps aime cette femme, il mord pour le dire et il appelle. [...] Mon corps aime Làila, alors moi aussi."

Mais à cet amour d’aujourd’hui, se superpose toujours le grand amour d’hier, celui de Dvora : « Elle me donne la main et moi je sais que je ne la lui rendrai plus. »
Dvora qui l’emmena dans son pays, l’Argentine.
Dvora qui lui fut ravie par la dictature militaire.
Pour lui, rescapé, ne restera que la fuite …

"Je monte sur la passerelle, je ne pense à personne, je suis la dernière feuille de l'arbre et je me détache sans être poussé. Je ne pense pas à la jeune fille aimée, suivie jusqu'à faire partie de son pays. Maintenant je sais qu'elle est au fond de la mer, jetée au large du haut d'un hélicoptère, les mains attachées. A vécu pour moi, est morte pour offrir des yeux aux poissons."

« Celui qui s’enfuit n’a pas le large devant lui, mais de nombreuses rues barrées. »


Dans ses travaux au jardin le narrateur met tous les soins que lui dicte son amour profond de la nature.

"Un arbre a besoin de deux choses : de substance sous terre et de beauté extérieure. Ce sont des créatures concrètes mais poussées par une force d'élégance. La beauté qui leur est nécessaire c'est du vent, de la lumière, des grillons, des fourmis et une visée d'étoiles vers lesquelles pointer la formule des branches.
Le moteur qui pousse la lymphe vers le haut dans les arbres, c'est la beauté, car seule la beauté dans la nature s'oppose à la gravité
Sans beauté, l’arbre ne veut pas C’est pourquoi je m’arrête à un endroit du champ et je lui demande : « Ici, tu veux ? »."


Il reçoit au jardin les visites de Selim, l’Africain qui vient chercher du mimosa pour le revendre et voudrait le payer. Ce que le narrateur refuse, par sens de l’amitié et de la solidarité.

"Laisse tomber, sans toi la floraison serait encore là, dans un jardin fermé. Toi, en revanche, tu es l'adjoint du vent, tu la répands au loin, tu l'épingles sur la poitrine des femmes. Je serais un exploiteur si je prenais un pourcentage sur le vent."

Les soirées d’amour chez Laila sont tendres et, au bord du sommeil, l’homme se laisse aller aux confidences.

« Tu es de ceux qui lâchent quelque chose au bord du sommeil. » dit Laila.

« J’écoute mes paroles venues à la voix sans moi » pense l’homme.

Et lui qui a appris, là-bas, que la vie d’un homme dure autant que trois chevaux, peu à peu, il raconte…L’Argentine…Les Malouines…et le retour en Italie…

Un très beau roman écrit dans une langue dépouillée à l’extrême, fragmentée en phrases courtes d’où jaillit très souvent la poésie.

« Dehors, la nuit, je comprends que la science est née de la beauté, du désir de la comprendre. »

« Ce n’est pas le jour qui vient, c’est la nuit qui se retire. »
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MessageSujet: Re: Erri de Luca [Italie]   Erri de Luca [Italie] - Page 3 EmptyVen 26 Déc 2008 - 15:15

J'ai beaucoup aimé "Montedidio" mais j'ai eu du mal avec "trois chevaux". Vos commentaires me donnent envie d'essayer d'autres livres de cet auteur. Merci.
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MessageSujet: Re: Erri de Luca [Italie]   Erri de Luca [Italie] - Page 3 EmptyVen 26 Déc 2008 - 15:34

majeanne a écrit:
J'ai beaucoup aimé "Montedidio" mais j'ai eu du mal avec "trois chevaux". Vos commentaires me donnent envie d'essayer d'autres livres de cet auteur. Merci.
oui.. faut lui donner une autre chance Wink
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MessageSujet: Re: Erri de Luca [Italie]   Erri de Luca [Italie] - Page 3 EmptyMar 3 Fév 2009 - 14:51

SUR LES TRACES DE NIVES (Sulla Traccia di Nives)

Rappeler tout d’abord qui est Nives :

Erri de Luca [Italie] - Page 3 Meroi10

En conquérant l'Everest, le 17 mai 2007, Nives Meroi est devenue la première femme à avoir vaincu dix sommets de plus de 8 000 mètres. Nives Meroi (née en 1961) est une alpiniste italienne au prénom prédestiné : Nives signifie “neiges”. Elle a maintenant atteint, avec le sommet du Manaslu, son 11ème sommet de plus de 8000 mètres, en compagnie de Romano Benet (son mari) et Luca Vuerich .

Une vidéo: ici

Erri De Luca est un « écrivain alpiniste » (comme on dit « un écrivain voyageur »). Il a accompagné Nives Meroi dans l'une de ses expéditions himalayennes.

Ce livre est un dialogue engagé entre eux sous la tente, au cœur d’une tempête de neige.
" C'est l'heure de fin de journée, quand on se glisse dans la tente sur l'espace de neige ou de roche que nous avons aplani. On se souhaite une bonne nuit en sachant que l'insomnie sera la plus forte. Le repos vient aussi en écoutant la respiration régulière de celui d'entre nous qui arrive à dormir. Du sac de couchage ne sortent que des lèvres pour respirer. Nous échangeons quelques mots pour arriver au sommeil, du moins à un petit écroulement. C'est moi qui commence, dans les conversations avec Nives j'avance en premier de cordée. "

On ne peut absolument pas résumer une conversation, à la fois si simple et si spirituelle et brillante qui touche à autant de sujets. La montagne (la neige, le vent, l’alpinisme, la nature…) mais aussi la Bible (Erri de Luca est un incroyant fasciné par les Saintes Ecritures), l’histoire, l’amour, l’amitié, la solitude et le silence, la poésie même …
Ils évoquent leurs souvenirs : pour elle, ses sensations d’alpiniste ; pour lui, son père ou encore son engagement à l’extrême gauche lors des « années de plomb » qui lui valut la prison et l’exil (en France).

Sans être passionnée de haute montagne, j’ai beaucoup aimé ce livre profond dont la langue est poétique et le meilleur hommage que je puisse lui rendre est d’en recopier des passages qui vous donneront, je l’espère, envie de le lire à votre tour.

Kéchichian écrivait dans Le Monde:
"Il faudrait s'arrêter sur toutes les pages de ce livre bref, étrange et miraculeux et sur les interrogations qu'à chaque moment il soulève. Pas de sérénité au rabais pourtant. Pas de message occulte ou de symbolisme suspect. Encore moins de religiosité de contrebande. A quoi ressemble et correspond ce sommet, objet d'une convoitise déraisonnable ? D'où vient cette connaissance qui se tisse sans fanfare, presque sans mot ? Pourquoi, soudain, la parole semble si simple et si simplement vraie ? Qu'est-ce qui nous empêche de trouver une demeure permanente dans cette simple vérité ? Après quel trésor invisible court-on au risque de sa vie ?"


Dernière édition par coline le Mar 3 Fév 2009 - 15:21, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Erri de Luca [Italie]   Erri de Luca [Italie] - Page 3 EmptyMar 3 Fév 2009 - 14:56

Sur les traces de Nives (extraits)

Sur la montagne...

« Si elle est grosse, la lune transmet une illusion de chaleur. Quand elle est pleine, on grimpe sans frontale, la neige a le clair du ciel et les pas montent sur une étendue qui unit terre et lune. Dans les nuits où elle est pleine, tu gravis l’escalier de la lune. Dans les nuits opposées, où elle est absente, monter vers le haut c’est se perdre sur un éboulis d’étoiles. Tu es au milieu d’un pêle-mêle d’étoiles, tu les vois fourmiller sur les cimes environnantes, plus basses que toi, bourdonnement de lumières, des essaims de lumière partout, au-dessus, à côté et au-dessous, tu remontes un éboulis d’étoiles. »

« C’est une nuit heureuse, il n’y a pas de vent. On peut parler, alors que, s’il y en a, on ne peut que l’écouter. Ceux qui fréquentent ces altitudes savent quel despote est le vent.[… ] Certaines nuits passées à s’agripper aux piquets de la tente, pour leur donner plus de poids et ne passe faire balayer par ses rafales, à rester là étourdis par son vacarme, et s’habituer au point de ne plus l’entendre et t’apercevoir qu’il est là, uniquement quand il s’arrête un moment. Il fait une pause, un silence qui précède un nouvel élan.
Le vent est une personne. Je lui parle, je raconte, je pense qu’il veut même écouter un peu. Je commence à chuchoter quelque chose, une prière, un bout de chanson et il me semble qu’il m’écoute, qu’il s’arrête un peu. Sa fureur est un désir d’être écouté.
A haute altitude, le vent est la maître du temps.[…] Avec ta combinaison matelassée sur le dos, trois couches de vêtements, tu es une balle de caoutchouc et le vent frappe sur toi comme une queue de billard et il te traite comme une bille, il veut t’envoyer dans le trou.. »


« On disait que la neige est du papier blanc qui redevient blanc. Mais la nuit, elle est noire et avec la lampe frontale qui n’en éclaire qu’une partie, tout le contour est encore plus noir. C’est beau pourtant de partir vers le haut avec l’obscurité qui t’enveloppe et ton petit faisceau de lumière au-dessus du nez. Le silence grince sous les pas pointus des crampons, le silence et la neige sont la même chose la nuit et tes pas brisent les deux. »
« La montagne est pour moi un lieu désert où l’on voit le monde tel qu’il était sans nous et tel qu’il sera après. »


« Un sommet atteint ne suffit pas. Il faut le redescendre avec la fatigue à son comble, la sensation de vide que te donne l’arrivée en haut. Descendre, c’est défaire la montée, découdre tous les points où tu as mis tes pas. La descente est un effacement. Tu repasses sur ces lignes abruptes pour t’enlever de là.
Bien de alpinistes restent dans le piège du décousu, bien des accidents arrivent en descente. Le désir physique violent de sauter un pas, de l’allonger un peu, de le hâter par besoin famélique d’oxygène, la prière du corps pour entrer… »


« En tant que buveuse de neige je suis d’accord, c’est de la matière de nuages, de l’eau distillée dans le ciel, rien à voir avec un beau verre de torrent, parfumé de terres et de sels dissous. Le ciel est insipide. »
"Un visage est une expression géographique. Il en existe des désertiques, des sismiques, des plats, escarpés, venteux, marécageux. Tous ont un âge où ils sont justes »


Mais aussi...

« Dans le grand atelier quotidien des efforts consacrés à un avantage, à un intérêt, l’escalade est enfin affranchie de l’obligation d’être utile »
C’est comme la poésie. Erri de Luca évoque un poète yougoslave, Ante Zemljar, qui passa de nombreuses années dans les prisons de Tito : «la poésie a été la plus forte machine de résistance du vingtième siècle pour ceux qui n’avaient foi en aucun Dieu ».


E: « Une chanson de Vladimir Vissotski, un auteur-compositeur russe dit ceci : « Si tu ne sais pas si tu peux te fier à un ami, invite-le en montagne. »
N : c’est vrai, la montagne démasque. Le temps qu’on passe là-haut, plus d’un mois, dans des conditions rigoureuses, bloqués même en cas de tempête pendant des jours, fait sortir celui que tu es, l’endroit et l’envers. »
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MessageSujet: Re: Erri de Luca [Italie]   Erri de Luca [Italie] - Page 3 EmptyMar 19 Jan 2010 - 19:27

On passe parfois à coté d' une lecture et en toute connaissance de cause.
C' est ce qui s' est passé pour moi avec Une fois un jour, un livre autobiographique sans aucune complaisance.
Sobre, pudique, rude et douloureux... Un beau livre !
Il y a des livres qui valent mieux que leur lecteur quelquefois !

Nous n' eumes pas d' enfant. Quand nous engageames une procédure d' adoption, elle tomba malade.
Comme il est étrange le temps des maladies qui n' est pas fait de jours, de nuits, de dimanches et de saisons à la fenetre.
Ce fut une succession d' heures, quelques unes de répit, d' autres au contraire où la douleur virait dans son corps comme une toupie au mouvement perpétuel. Nuits et matins se confondirent dans notre
chambre au point d' etre indistincts... Elle ne connaissait plus le sommeil,
mais tombait dans de brefs assoupissements aux réveils toujours plus pénibles, car le mal allait plus vite deriière ses yeux fermés.
Là où était son sourire, persistaient les fils.

Ses yeux vifs grands ouverts et curieux, commencèrent à se cacher, se retirant dans le creux aride des orbites.
Ils étaient lointains... Je ne les laissais pas en paix, je les cherchais, je m' appochais tout près pour les appeler au dehors, encore....
Quand elle mourut je ne m' en apperçus pas. Je dormais sur la chaise, mes mains enlacées aux siennes, mes yeux fermés et les siens ouverts

tournés vers moi.
Lorsque je libérai mes doigts des siens, je fus seul sur terre.

Une fois un jour, PP 1O2-1O3
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MessageSujet: Re: Erri de Luca [Italie]   Erri de Luca [Italie] - Page 3 Empty

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