Yves Ravey

Bio

Citation :

Yves Ravey est né en 1953 à Besançon où il est professeur d'arts plastiques et de français au collège Stendhal.il a déjà publié plusieurs romans tels :La Table des singes (Gallimard, 1989) et, aux éditions de Minuit : Bureau des illettrés (1992), Le Cours classique (1995), Alerte (1996), Moteur (1997), Montparnasse reçoit (1997), La Concession Pilgrim (1999), Le Drap (2003), Dieu est un steward de bonne composition (2005), Pris au piège (2005) et aux Éditions Les Solitaires intempestifs, Carré blanc et Pudeur de la lecture (2003), Bambi Bar (2008, Editions de Minuit).

-Un notaire peu ordinaire-



L'action se situe dans une petite bourgade provinciale. Madame Rebernak travaille à l'entretien du collège depuis le décés de son mari et élève seul ses deux enfants. Lorsque surgit Freddy, un de ses cousins emprisonné durant 15 ans pour le viol d'une fillette, elle se persuade qu'il constitue un danger pour sa fille Clémence et lui ferme toutes les portes. Heureusement cette dernière sort avec le fils du notaire qui semble avoir pris en main l'avenir de la petite famille, désarmée depuis la disparition du père...

Bien campé ce roman. L'auteur installe le malaise et un sentiment diffus d'angoisse dès les premières pages, allègeant au maximum son écriture pour se concentrer sur le principal: les faits reportés scrupuleusement et dans les moindres détails par le fils, nous laissant libre d'interpréter toutes les données et dénouer l'intrigue à notre façon. Les lieux et les scènes défilent dans notre imaginaire, à nous de tout replacer dans le bon ordre et de dépister les failles. Coupable ou non ce Freddy? Tout l'accable bien sûr, l'intérêt étant de déchiffrer la vérité cachée sous les faux semblants.

C'est écrit au cordeau, sans fioritures aucune, à la façon d'un script de film noir. On sent que Yves Ravey a du métier, il sait parfaitement comment nous embarquer en distillant la tension. Court et efficace, dans le style des Editions de Minuit. Juste un peu trop pour soulever l'enthousiasme * mais il reste pas mal ce bouquin

PS* : Ni pour mériter le Prix Inter à mon avis (il fait partie de la sélection)

 
Le bon coupable est l'exemple de roman qui déconcerte. L'auteur tient en haleine le lecteur jusqu'à la fin, la chute est pleine d'originalité. Les personnages, des stéréotypes ? Ce n'est pas aussi simple ; ils tiennent leurs rôles sans le forcer, sans soubresauts inutiles. Le cynisme est présent, le sarcasme, juste une pointe. Un syllogisme (annoncé plutôt fondu pour les néophytes p248) donne l'intensité. Lever le rideau sur celui-ci entamerait la saveur de la chute. Saisissant! Ce livre me fut conseillé lors d'un rendez-vous de lecture par une bibliothécaire, j'espère en avoir fait autant. Le titre est un résumé voire une synthèse.

-La fille de mon meilleur ami-

Citation :

Avant de mourir à l’hôpital militaire de Montauban, Louis m’a révélé l’existence de sa fille Mathilde dont il avait perdu la trace. Il savait seulement qu’elle avait passé des années en asile psychiatrique et qu’on lui avait retiré la garde de son enfant.Il m’a alors demandé de la retrouver. Et j’ai promis. Sans illusion. Mais j’ai promis. Et c’est bien par elle que tout a commencé.

Encore un roman piège, une fantaisie malicieusement ironique, dont le titre laisserait croire à une romance mais qui subtilement prend des chemins de traverses pour mieux nous embobiner. Tout comme dans Un notaire peu ordinaire, Yves Ravey s'amuse à nous perdre, présentant d'entrée William son héros, sous des allures de chevalier blanc et le découvrant tout autre au fil des pages...

L'écriture est fluide, le sens du détail permanent, et le lecteur interloqué ne sait plus très bien à quel saint se vouer. William est-il un amoureux trop intègre ou un fieffé imposteur? Subrepticement l'intrigue glisse vers un polar un peu inquiétant où les codes habituels sont bousculés et l'opacité décuplée. A la fois drôle et surréaliste, cette fille là n'est peut-être pas celle que l'on croit. Un roman bien mené mais qui m'a tout de même moins embarquée que le précédent.

(Liste Livre Inter 2014)

Voilà qui intrigue ! je le note ainsi que Un notaire peu ordinaire ! merci Aeriale !

shanidar a écrit:

Voilà qui intrigue ! je le note ainsi que Un notaire peu ordinaire ! merci Aeriale !

Cool, mais commence par le premier, tu verras si le style te plait, Shanidar..C'est vraiment celui des Edtions de Minuit, chaque détail compte, Les lieux et les scènes défilent dans notre imaginaire, c'est un roman très visuel à la Tanguy Viel et confrères. Une sorte de roman noir revisité!

Bonne lecture au cas où

J'aime beaucoup la limpidité stylistique et les casse-têtes diégétiques revendiqués par la ligne éditoriale des Editions de Minuit (éditeur historique du Nouveau Roman, période dont j'admire la plupart des auteurs et ceux qui en ont pris la suite dont Viel), cela devrait donc me convenir mais merci pour ces précisions.

Le Drap

Quatrième de couverture :
Après avoir respiré des vapeurs nocives dans l'imprimerie où il travaille, monsieur Carossa tombe malade. Par crainte d'un licenciement, il demande au médecin le silence. Et puis, un jour, il ne se lève pas. Comme un animal écrasé sur la route, il gît, à même le drap.

J'ai été déçu. L'histoire est intéressante et les personnages ont un caractère bien installé, ce qui est un atout dans un récit assez court.
Cependant, l'émotion est difficilement transmise car deux points m'ont particulièrement gêné :
- le style est trop descriptif, nous passons d'actions en actions en une sorte d'énumération permanente ce qui casse la fluidité de l'histoire et laisse une impression de rapport médico-légal. C'est un parti pris sans doute volontaire mais cela m'a personnellement laissé de côté.
- l'absence de structures dialogiques ou de ponctuation qui l'accompagne. D'habitude la structure d'un récit composé uniquement de propos rapportés ne me dérange pas trop, mais présentement c'est associé à une énumération d'actions qui prend déjà beaucoup de place. On se retrouve avec deux énumérations associées pour toute narration.
Pour compléter l'absence de pensée ou de réflexion des personnages peut laisser un sentiment de superficialité de l'histoire.
Il y avait un potentiel qui est selon moi inexploité.

Sans état d’âme
Je découvre Yves Ravey, et si je suis curieuse d’en apprendre plus, je n’ai pas adoré Sans état d’âme.
Dans ce roman, le protagoniste est chargé par la femme dont il est amoureux depuis toujours d’enquêter sur le disparition de son petit ami. Le lecteur se doute bien qu’il y a anguille sous roche, et si le mystère n’est réellement élucidé qu’assez tard dans le (court) roman, on a compris très tôt la manière dont les choses s’étaient déroulées : c’est plus une force qu’un défaut de la narration. En effet, si Sans état d’âme a l’apparence d’un roman d’enquête, il s’agit davantage d’un drame psychologique. Il y a une vraie originalité stylistique dans ce choix de ne (presque) jamais décrire le monde intérieur de ses personnages.
Mais je reconnais que j’attendais une surprise qui n’est pas venue, pas tant par rapport à l’enquête que par rapport, justement, à ces états intérieurs jamais révélés… je vois un potentiel d’étonnement dans ce style unique qui n’est pas exploité dans Sans état d’âme.
A retenter : à lire vos commentaires, j’éviterai Le Drap pour, peut-être, me laisser tenter par La fille de mon meilleur ami.

Suis un peu plus mitigée que pour ses  précédents. Tout est dit d'emblée ou presque, et comme il est souligné plus haut, ce roman est plus à prendre de l'intérieur que pour l'intrigue elle même. Mais encore une fois, sous l'apparente simplicité, et avec un style très épuré, Ravey nous plonge dans une atmosphère provinciale, où les jalousies et les non dits sont le terreau de vengances sournoises si bien décrites dans le cinéma de Chabrol, à qui l'auteur est souvent comparé.

Roman très visuel encore, qui diffère un peu des autres puisqu'on connait le coupable, mais toujours élégant et troublant. Si le style te convient Sorcière, je te conseillerais davantage Un notaire peu ordinaire qui te procurera sans doute la surprise que tu n'as pas trouvée dans celui-ci