Mary W. Shelley

Mary Shelley est née en 1797 aux environs de Londres, elle vécut jusqu'en 1851.
Ell est tour à tour romancière, essayiste, dramaturge, nouvelliste, biographe et auteur de récits de voyage.
Elle est surtout connue pour son roman Frankenstein ou le Promothée moderne.
Elle fut l'épouse de Percy Shelley, poète et philosophe.

Elle baigne depuis son enfance dans une atmosphère cultivée, très productive intellectuellement.
Son parcours est mouvementé et parsemé de tragédies, et de voyages successifs.

C'est à Genève en 1816 que Mary écrit son premier roman, Frankenstein.
La famille séjournait au bord du lac Léman en août en compagnie de Lord Byron.
Confinés à l'intérieur de la maison à cause d'une météo détestable,  les vacanciers s'amusent à lire des histoires de fantômes allemandes.

Le pari est lancé:  celui d'écrire une histoire de spectre
Et c'est ainsi que naquit la créature de Frankenstein, une nouvelle qui deviendra un roman.

Et quel roman !

Trois récits sous forme épistolaire s'enchaînent et se chevauchent successivement dans ce roman captivant.
Au 19ème siècle un explorateur britannique nommé Walton décrit son voyage vers les contrées arctiques à sa soeur restée au pays, il fait la rencontre d'un étange individu errant sur les glaces, Victor Frankenstein, qui, à son tour, lui relate sa tragédie et toutes les conséquences désastreuses suite à la naissance de sa propre créature Frankenstein, hideux personnage difforme et géant.

La créature en question va livrer à son tour ses tourments et son devenir funeste ainsi que sa transformation progressive en monstre sanguinaire.
C'est la partie la plus riche du récit car pleine de leçons d'humanité.

Il ne faut pas s'attendre à une succession d'épisodes sanglants ou horrifiques, Mary Shelley laisse toute place à l'intériorité des personnages et à leurs tourments ou états d'âme.

C'est un véritable parcours à travers les pensées des deux personnages principaux, le créateur et sa créature.
Le créateur passera du maître à l'esclave, la créature passera du monstre soumis à celui de monstre dominateur et sanguinaire.
Je ne vais pas raconter l'histoire, Mary Shelley cite souvent Le paradis perdu de Milton, le roman donne envie de se pencher sur cette lecture.

Parcours géographique digne des meilleures récits du 19ème empreints de romantisme, avec une belle touche gothique en Suisse au bord du lac Léman, aux alentours de Chamonix (où Mary Shelley conçut en pensée son Frankenstein en découvrant la Mer de glace), le long du Rhin, en Angleterre et en Ecosse, pour finalement aboutir dans des contrées polaires.

Tout y est pour un récit marquant, sublime de fantastique mais non dénué de réalisme tant les enseignements humains abondent.
C'est une approche de la différence, de la monstruosité qui peut nous aveugler par son humanité, par sa douleur, par son cruel besoin d'amour.

Un thème bien présent aussi est celui de la faute (donc allusion au Paradis perdu de Milton), faute de celui qui a abusé de son pouvoir en créant et et ne reconnaissant aucun droit à la créature, surout pas celui d'aimer et d'être aimé.

Il m'est aussi difficile de ne pas considérer la créature comme le "double" du créateur, sa partie obscure.

Mais les thèmes abondent et chacun aura sa propre version.
C'est vraiment une réussite quand un livre ouvre autant de portes.

Merci pour ce fil Darkanny !

Je n'ai lu qu'une toute petite partie de ton commentaire parce que je compte le lire bientôt.

Je t'y encourage alors.

Merci pour ton commentaire et l’ouverture du fil Darkanny.
J’ai lu Frankenstein il y a environ deux mois et j’ai été agréablement surprise. Ne serait-ce que par l’ouverture où l’on se retrouve à lire la correspondance d’un explorateur. Je me suis demandée si, à l’instar d’un Si par une nuit d’ hiver un voyageur de Calvino, je ne me retrouvais pas avec un livre avec la bonne couverture mais le mauvais roman à l’intérieur !

Mais Frankenstein est une vraie réussite. Il a même inspiré Stoker pour son Dracula.
C’est un roman intelligent qui soulève de nombreuses questions telle le rejet de la différence comme tu l’as dit, et aussi les dangers d’une « science sans conscience » .
C’est aussi une mise en garde contre cette tendance qu’à l’homme à vouloir jouer à Dieu, un appel à plus d’humilité.
Une belle lecture !

Oui une belle lecture.
Et une remarque au passage, Dan Simmons dans "Terreur " a largement copié cette oeuvre, à peu près les mêmes lieux, contrées de glace dans lesquelles est bloqué un bateau, une créature monstrueuse hante les environs et sème le tarreur, le récit est à plusieurs voix sous formes de lettres....

Je me souviens que cette lecture avait été pour moi une très grosse surprise. Parce que vu le nombre des adaptations qui en été tirées, on a tous la sensation de connaître cette histoire. Et bien le roman ne se réduit pas à ses adaptations, il a vraiment une grande force et originalité, tous les gens qui l'ont transposé lui ont emprunté un peu, mais personne n'a vraiment épuisé la matière du livre. D'où l'intérêt d'aller à la source, pour découvrir une oeuvre forte, et qui a à dire au-délà de l'époque où elle a été écrite.

Je ne m'attendais pas à cela non plus et je suis vraiment contente d'être allée à la source, je garderai ce récit très présent dans ma mémoire.

Et je vais certainement regarder le film de Kenneth Branagh qui est une des meilleures adaptations, comme le note le présentateur de l'oeuvre.

Bravo Darkanny pour avoir réparé l'omission de Ms Shelley  

ça m'a fait bien plaisir d'ouvrir son fil, je reconnais.

On te comprend.  

Oui, Frankenstein est vraiment très bon... Mary Shelley avait quelque chose comme 20 ans qu'on elle a écrit son livre (avec les "encouragements" de Shelley).
Je n'ai pas grande idée de ce que vaut le reste de sa production...
Frankenstein est-il une sorte de "miracle" isolé ? (j'en ai un peu peur). Mais, même si c'était le cas, les écrivains à avoir créé des mythes sont tellement rares !

Je me posais aussi des questions sur le reste de sa production, mais je ne pense pas qu'on le trouve dans une autre langue que l'anglais.

Oui oui oui faut que je le mette sur ma LAL ou PAL peut-être même. Franchement, vu le temps que je peux consacrer à la lecture en ce moment, ça ne m'arrange pas du tout mais il faut quand même

Arabella a écrit:

Je me posais aussi des questions sur le reste de sa production, mais je ne pense pas qu'on le trouve dans une autre langue que l'anglais.

Ah, ça a été effectivement longtemps été le cas, mais, il y a quelques années son roman Le Dernier Homme est sorti :


Près de 700 pages... Quelqu'un a un avis ?

Monsieur l'éditeur a écrit:

Lionel Verney est le dernier homme.Accablé par la mort de son père, ancien ami du roi d'Angleterre, tombé en disgrâce et réduit à la pauvreté, Verney abandonne sa jeunesse à l'esprit de revanche et à la violence, avec, tendrement enfouie, une lueur d'amour pour sa sœur Perdita.Arrivent dans le voisinage, au château de Windsor, les enfants royaux, Idris et Adrian. Leur rencontre préside au bouleversement de leurs vies, chacun révélant à l'autre sa véritable nature...Puis, survient la terrible nouvelle : la peste a fait son apparition et progresse. Exacerbant passions et sagesse, le fléau met chaque homme en face de son destin.

On trouve quelques récits, aussi.
Mais j'ai l'impression que s'il y avait quelque chose de vraiment exceptionnel, on l'aurait su.