Christian Boltanski

Tu es passé d’un extrême à l’autre le même jour pour ainsi dire ! J’aime aussi l’idée aussi d’enregistrer les cœurs et de les envoyer dans l’île.  J’aimerais y aller mais ça ne va pas être possible pour l’instant…donc  merci pour la petite visite !

pia a écrit:

Tu es passé d’un extrême à l’autre le même jour pour ainsi dire ! J’aime aussi l’idée aussi d’enregistrer les cœurs et de les envoyer dans l’île.  J’aimerais y aller mais ça ne va pas être possible pour l’instant…donc  merci pour la petite visite !

Et merci de l'avoir suivie

C'est étonnant ce que tu dis sur la figure christique dans l'œuvre de Boltanski car cette facette est passée totalement inaperçu pour moi (alors que nous étions dans un Oratoire, les petites lumières devant les visages auraient pu me faire penser aux cierges que l'on garde allumés dans les églises et sur les tombes...), mais bon... en revanche je suis complètement d'accord avec toi pour souligner la force de l'expérience, de la sensation que le travail de Boltanski éveille chez celui qui regarde. Impossible de détourner les yeux et on se sent comme aspiré dans un monde entre-deux, une sorte de bardo dans lequel les âmes errent et que seul le spectateur peut aider, juste en les regardant, juste en leur redonnant une présence (j'imagine ce même sentiment par rapport aux vêtements pendus, qui sont la représentation de corps absents, de corps morts mais pas totalement oubliés...).

Il veut aussi suggérer la déshumanisation par l'industrialisation. Les coeurs qui battent sont comme une présence mi-humaine mi-machinique. On part du mémorial avec des noms d'individus et on termine par un tas de vêtements. Il y a autant de niveaux de lectures que de spectateurs. Le côté christique est présent dans l'idée de sacrifice. En tout cas ce manteau en croix est au moins comme une figure de saint martyre. Transcendance possible ou pas? Il ne tranche évidemment pas et ne fait que poser des questions avec le langage d'aujourd'hui.

Merci Marko pour ce compte-rendu qui donne vraiment envie d'aller voir cette expo au Grand Hornu Lorsque tu avais montré cette photo de vêtement noir entouré de lumières, j'ai tout suite effectué un rapprochement avec la figure du Christ, d'autant plus que parfois dans les églises, les Christ en croix sont entourés ainsi d'ampoules électriques ! (je dois avoir une photo quelque part que je vais essayer de retrouver). Comme tu dis, Boltanski est un artiste polysémique, ce qui fait la richesse de son oeuvre. Je suis particulièrement sensible pour ma part à cette volonté de garder trace sous forme poétique, objets, vêtements, photos, de notre bref passage sur terre et de ce qui a été le fondement de notre être.

ArenSor a écrit:

Je suis particulièrement sensible pour ma part à cette volonté de garder trace sous forme poétique, objets, vêtements, photos, de notre bref passage sur terre et de ce qui a été le fondement de notre être.

D'autant qu'il le fait avec beaucoup de précision et presque de dévotion. Par exemple ce mémorial qui occupe tout un mur gigantesque indique le nom de chaque ouvrier (et ouvrière) avec une photo ou un signe distinctif lorsqu'il pouvait en trouver. C'est très émouvant de créer ces espaces de mémoire en les intégrant dans un dispositif artistique qui fait le pont entre passé et modernité.