Wajdi Mouawad

Merci pour le conseil, coline !!


Pour moi, la découverte de cet écrivain restera un grand moment de cette année. J'ai regardé son passage à La grande Librairie, volontairement après avoir terminé le livre et cela m'a confortée dans l'avis que c'est une personne rare.

Quand j'ai lu Anima, il m'a fallu arrêter après les passages cruels dans le dernier tiers du livre, je n'arrivais plus, ils me broyaient l'âme jusqu'à me rendre absente de tout ce que je faisais....mais il fallait continuer pour aller au bout et découvrir où l'écrivain nous emmenait.

Coline et Topocl , vous avez aimé ce livre , vous en parlez si bien et je suis d'accord avec vous qu'on aurait dû lui faire une plus grande place au moment de sa sortie.


Trouver un livre après celui-ci est chose bien difficile : les autres écritures semblent n'être qu'en noir et blanc sans contraste,sans relief.... il m'aura fallu deux livres pour retrouver le gout de lire tout simplement.

C'est toujours dur de trouver la lecture d'après un livre si fort!

Anima

Un soir, Wahhch Debch découvre le corps de sa femme, assassinée, un couteau planté dans le vagin. Evidemment, monsieur est en état de choc (on le serait à moins) et est fermement décidé à savoir qui a fait ça. Renseigné par la police sur l’identité du tueur, Wahhch se lance à sa poursuite. Quête qui débute dans une réserve indienne, sise sur les bords du fleuve Saint-Laurent. Rive canadienne.

Après un peu plus de 80 pages de cette lecture très difficile, l’omniprésence de la violence me contraint à abandonner ce livre. Violence physique, pulsions meurtrières, bestialité, sexualité animale, cruauté… Une lecture oppressante et un rien malsaine. Et pourtant, un texte de qualité. Une belle écriture, sans non plus être renversante avec toutefois quelques lourdeurs : des substantifs agrémentés de façon trop systématique de qualificatifs nuisent un peu à la fluidité de l’ensemble.

Et une grande originalité : les narrateurs sont des animaux dont le nom scientifique est précisé en titre de chapitre. Des témoins observant la scène de façon lointaine. Des témoins décrivant les scènes de façon objective, sans chercher à les interpréter, sans savoir par quoi les personnages (humains) sont passés précédemment et sans savoir vers quoi ils vont (et sans s’y intéresser le moins du monde). J’ai ainsi croisé des chats, des chiens, un serpent, un renard, une moufette, une araignée… Le personnage principal n’est vu qu’à travers leurs yeux, épisode après épisode, animal après animal. Ceci donnant une grande distance au récit, ce qui m’a permis de supporter un temps cette violence.

Dommage tout de même : j’ai l’impression de passer à côté d’un livre prometteur. A déconseiller absolument aux âmes sensibles !

Harelde a écrit:

Dommage tout de même : j’ai l’impression de passer à côté d’un livre prometteur. A déconseiller absolument aux âmes sensibles !

La violence de la fin est plutôt pire que celle du début. C'est un livre que je ne conseillerais qu'à quelqu'un que je connais très bien.

La fin est pire ?
Mon Dieu !

Harelde a écrit:

La fin est pire ?
Mon Dieu !

Oui...mais c'est elle qui donne toute sa dimension à cette histoire!...Histoire qui n'est pas que récit sordide. Je le trouve extrêmement dur (et je ne le recommanderais pas moi non plus à tout le monde) mais il n'est pas malsain. Et franchement, tant de gens se régalent au cinéma de scènes violentes gratuites, ici on est tout de même face à de la littérature!

Harelde a écrit:

monsieur est en état de choc (on le serait à moins) et est fermement décidé à savoir qui a fait ça.

Ce n'est pas si simple...Cela ne s'arrête pas au faits divers qu'il faut élucider. Wahhch Debch ne part pas seulement à la recherche du tueur, sa démarche doit avant tout l'assurer qu'il n'est pas lui-même le meurtrier...Mais pourquoi cette crainte? Et c'est le récit d'une quête de vérité sur son passé, c'est un violent voyage initiatique dans lequel il est entraîné, et nous avec... jusqu'à l'horreur inscrite dans l'Histoire.

coline a écrit:

Harelde a écrit:

La fin est pire ?
Mon Dieu !

Oui...mais c'est elle qui donne toute sa dimension à cette histoire!...Histoire qui n'est pas que récit sordide. Je le trouve extrêmement dur (et je ne le recommanderais pas moi non plus à tout le monde) mais il n'est pas malsain. Et franchement, tant de gens se régalent au cinéma de scènes violentes gratuites, ici on est tout de même face à de la littérature!

Je t'avoue que je ne suis pas non plus un grand fan des films hyper violents.
La violence m'a dérangé. Mais pas seulement. Ce sont les détails comme ceux donné par le légiste quand il décrit les tortures subies par la victime, ce couteau faisant des aller-retours dans... J'en frémi encore. Impossible de détourner les yeux. Ce n'est plus la banale violence dont nous abreuve la TV.

coline a écrit:

Harelde a écrit:

monsieur est en état de choc (on le serait à moins) et est fermement décidé à savoir qui a fait ça.

Ce n'est pas si simple...Cela ne s'arrête pas au faits divers qu'il faut élucider. Wahhch Debch ne part pas seulement à la recherche du tueur, sa démarche doit avant tout l'assurer qu'il n'est pas lui-même le meurtrier...Mais pourquoi cette crainte? Et c'est le récit d'une quête de vérité sur son passé, c'est un violent voyage initiatique dans lequel il est entraîné, et nous avec... jusqu'à l'horreur inscrite dans l'Histoire.

C'est ce que j'ai cru comprendre oui : monsieur cherche à vérifier qu'il n'est pas l'auteur de cette horreur. Ca m'a effectivement surpris.

Harelde a écrit:

monsieur est en état de choc (on le serait à moins) et est fermement décidé à savoir qui a fait ça.

coline a écrit:

Ce n'est pas si simple...Cela ne s'arrête pas au faits divers qu'il faut élucider. Wahhch Debch ne part pas seulement à la recherche du tueur, sa démarche doit avant tout l'assurer qu'il n'est pas lui-même le meurtrier...Mais pourquoi cette crainte? Et c'est le récit d'une quête de vérité sur son passé, c'est un violent voyage initiatique dans lequel il est entraîné, et nous avec... jusqu'à l'horreur inscrite dans l'Histoire.

Harelde a écrit:

C'est ce que j'ai cru comprendre oui : monsieur cherche à vérifier qu'il n'est pas l'auteur de cette horreur. Ca m'a effectivement surpris.

Tu sais quoi?...Tu devrais lire les dernières pages...

coline a écrit:

ANIMA
Je ne saurais conseiller à quiconque de le lire, mais personnellement la langue de Mouawad et son imaginaire tout à fait singulier m’emportent, admirative, loin dans une violence où je ne sais pas d’ordinaire aller dans mes lectures.

coline a écrit:

Harelde a écrit:

monsieur est en état de choc (on le serait à moins) et est fermement décidé à savoir qui a fait ça.

coline a écrit:

Ce n'est pas si simple...Cela ne s'arrête pas au faits divers qu'il faut élucider. Wahhch Debch ne part pas seulement à la recherche du tueur, sa démarche doit avant tout l'assurer qu'il n'est pas lui-même le meurtrier...Mais pourquoi cette crainte? Et c'est le récit d'une quête de vérité sur son passé, c'est un violent voyage initiatique dans lequel il est entraîné, et nous avec... jusqu'à l'horreur inscrite dans l'Histoire.

Harelde a écrit:

C'est ce que j'ai cru comprendre oui : monsieur cherche à vérifier qu'il n'est pas l'auteur de cette horreur. Ca m'a effectivement surpris.

Tu sais quoi?...Tu devrais lire les dernières pages...

Ou je retenterai ma chance un jour.

coline a écrit:

Ce n'est pas si simple...Cela ne s'arrête pas au faits divers qu'il faut élucider. Wahhch Debch ne part pas seulement à la recherche du tueur, sa démarche doit avant tout l'assurer qu'il n'est pas lui-même le meurtrier...Mais pourquoi cette crainte? Et c'est le récit d'une quête de vérité sur son passé, c'est un violent voyage initiatique dans lequel il est entraîné, et nous avec... jusqu'à l'horreur inscrite dans l'Histoire.

Harelde a écrit:

C'est ce que j'ai cru comprendre oui : monsieur cherche à vérifier qu'il n'est pas l'auteur de cette horreur. Ca m'a effectivement surpris.

coline a écrit:

Tu sais quoi?...Tu devrais lire les dernières pages...

Harelde a écrit:

Ou je retenterai ma chance un jour.

Je croyais que tu l'avais encore tout près de toi pour lire les dernières pages...
Je ne prétends pas non plus que cet ouvrage puisse plaire à tous, loin de là, mais la fin, encore une fois, lui donne toute sa dimension.

Non, je l'ai rendu à la médiathèque.
Une seconde lecture en sachant à quoi m'attendre peut être envisagée.
Mais elle ne sera pas prioritaire. A voir selon mes lectures des semaines (mois) à venir.

coline a écrit:

coline a écrit:

Ce n'est pas si simple...Cela ne s'arrête pas au faits divers qu'il faut élucider. Wahhch Debch ne part pas seulement à la recherche du tueur, sa démarche doit avant tout l'assurer qu'il n'est pas lui-même le meurtrier...Mais pourquoi cette crainte? Et c'est le récit d'une quête de vérité sur son passé, c'est un violent voyage initiatique dans lequel il est entraîné, et nous avec... jusqu'à l'horreur inscrite dans l'Histoire.

Harelde a écrit:

C'est ce que j'ai cru comprendre oui : monsieur cherche à vérifier qu'il n'est pas l'auteur de cette horreur. Ca m'a effectivement surpris.

coline a écrit:

Tu sais quoi?...Tu devrais lire les dernières pages...

Harelde a écrit:

Ou je retenterai ma chance un jour.

Je croyais que tu l'avais encore tout près de toi pour lire les dernières pages...
Je ne prétends pas non plus que cet ouvrage puisse plaire à tous, loin de là, mais la fin, encore une fois, lui donne toute sa dimension.

Coline en très bon VRP de Mouawad..... Elle essaie jusqu'au bout de convaincre....avec toujours un argument sous le coude

Je viens de me replonger dans ce fil et la sortie d'Anima m'avait échappé. Je vais essayer de le lire ce mois-ci (merci en tout cas pour ces échanges et développements qui attisent ma curiosité).

mimi54 a écrit:

Coline en très bon VRP de Mouawad..... Elle essaie jusqu'au bout de convaincre....avec toujours un argument sous le coude

...Oh...hélas non...je ne suis en général pas un très bon VRP sur le forum...



Je vais guetter le commentaire d'Avadoro!

Anima

Il faut pouvoir trouver les mots pour commenter ce roman : l'oeuvre de Mouawad est obsédée par la transmission d'une violence et les premiers paragraphes suffisent à exprimer un traumatisme. Il faut aller au fond d'un puits de souffrance pour saisir une matière bouleversante mais presque indéfinissable, l'esquisse d'un cri sans fin qui seul peut ramener à la surface un cauchemar enfoui.
La narration si particulière crée d'abord une distance mais cette multiplicité des voix apporte une respiration indispensable. La douleur des animaux répond à celle des humains et ces visions se rejoignent pour trouver une unité incandescente.
Les cinquante dernières pages sont particulièrement suffocantes. L'horreur qui semblait jusqu'alors extérieure s'empare littéralement de Wahhch Debch à la recherche de ses origines, instrument du destin aux résonances mythologiques.
L'errance de Wahhch offre aussi à ressentir une Amérique mortifère. En marge de l'intrigue principale, Mouawad dessine une tristesse inconsolable, une solitude quotidienne entourée par le danger et la peur d'un anéantissement. Chaque personnage lutte contre son reflet qui l'assèche, le dévore ou bien il se laisse emporter.