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| Wajdi Mouawad | |
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Auteur | Message |
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zazy Sage de la littérature
Messages : 2492 Inscription le : 19/03/2011 Age : 75 Localisation : bourgogne
| Sujet: Re: Wajdi Mouawad Mar 28 Aoû 2012 - 23:14 | |
| - coline a écrit:
- Il n'est pas facile de trouver les mots pour faire aimer un tel roman...mais j'espère que les Parfumés auront bien senti, à nos commentaires, que c'est peut-être un livre qui compte dans cette rentrée littéraire.
Oh que oui !!! Chers parfumés, ce livre est dur et beau à la fois. C'est un OLNI, c'est à lire. C'est MON coup de coeur pour cette rentrée | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Wajdi Mouawad Mer 17 Oct 2012 - 13:10 | |
| Les mains d'Edwige au moment de la naissance
d'après ce que j'ai lu cette pièce est le second volet d'un cycle sur la colère. Elle date de 1999.
Une jeune femme, quasiment une jeune fille est enfermée volontairement dans les odeurs nauséabondes d'une cave. A l'étage, son père, sa mère et son frère organisent l'enterrement de sa sœur, disparue depuis 10 ans. Un enterrement sans corps, donc, mais voulu par 'les gens' du village, par cette populace qui dicte ses envies, impose sa vision et qui surtout se rend en procession dans la maison d'Edwige puisque celle-ci a les mains qui pleurent lorsqu'elle entre en prières.
On le voit immédiatement, le thème est lourd et riche. Il est impossible de ne pas songer en découvrant Edwige aux deux figures tragiques que sont Antigone (l'insoumise) et Electre (attendant avec l'assurance du sang le retour de son frère). Impossible de ne pas relier les tragédies de l'une à l'autre, en une forme d'écho sans insistance. La pièce, incontestablement fait la part belle aux femmes : Edwige, Esther, Eloïse. Relevez l'importance de la première lettre des prénoms, de la mère aux filles, comme un lien ténu, une passation, un héritage que ni les unes ni les autres ne peuvent nier, malgré les forces antagonistes qui ont poussé Esther à fuir, qui poussent la mère à enterrer l'absence d'un corps, qui poussent Edwige à résister. Quant aux hommes, ils sont d'une discrétion, d'une lâcheté ou d'une passion totale qui les rendent terriblement faibles : le père, soumis, le frère, envieux, l'amoureux, éperdu…
Le texte de Mouawad est un texte très souvent descriptif, les personnages décrivent les lieux, les gens, leurs rapports les uns aux autres avec une étrange force, avec parfois même des moments de grande souffrance, de grand délire ou de grand amour. Les mots ne sont jamais loin du pathétique et j'imagine qu'il doit être très compliqué pour les acteurs de ne surtout pas tomber dans l'excès de pathos, dans les cris et les larmes mais réussir à contenir, soumettre le texte (dans l'idée d'une soumission à une voix et non à un cri).
Et c'est peut-être là la faiblesse du texte, entre le difficile équilibre d'une parole hurlée et son emphase, le risque de transformer le mot en cri et d'entrer dans le grandiloquent, réduisant le spectateur au rôle de voyeur (d'une douleur, d'une colère, d'une tragédie) parce que cette emphase est un risque d'exclusion, comme si les personnages pénétraient une boule de verre et devenaient des figures, trop sensibles, trop voyantes, trop démonstratives. Et la vulgarité de certaines phrases (qui fait une sorte de balance pas toujours très juste avec l'ensemble du texte) ne parvient pas à ramener les protagonistes sur le sol du vivant, du vécu, du dicible.
Cependant, et pour finir tout de même sur une touche plus que positive : le texte est d'une force infinie, il s'ouvre sur différentes thématiques qui trouvent entre elles des liens qui retiennent (l'argent, le qu'en-dira-ton, la filiation, la rébellion à l'ordre, l'amour, la liberté, l'engagement, la lumière). Sans oublier, et c'est ce qui fait sans doute la possibilité d'un tel texte son ressort fantastique (la persistance du brouillard, la communauté villageoise perçue comme une menace latente et le personnage d'Esther qui est comme une Vouivre des marais, femme-animal, toute d'émotions et de brutalité courageuse, bestiale, intensément terrienne).
Une pièce que je voudrais voir jouer pour comprendre comment toute cette violence émotionnelle peut être écoutée, dite, partagée.
Et si une comédienne pouvait jouer l'une des femmes de cette pièce à la perfection ce serait sans doute aucun Catherine Mouchet...
Un texte très fort, très violent, peut-être un peu trop grand pour ma petite personne...
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| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Wajdi Mouawad Ven 2 Nov 2012 - 15:01 | |
| - shanidar a écrit:
- Les mains d'Edwige au moment de la naissance
d'après ce que j'ai lu cette pièce est le second volet d'un cycle sur la colère. Elle date de 1999. Dans Rêves, l’un des spectres, Isidore, s’écrie à l’intention du client de l’hôtel, un écrivain (texte largement autobiographique) : « Tout a commencé dans la colère ! Ton écriture prend source dans la colère ! Et cela n’a rien à voir avec la guerre de ton pays ! La colère est plus grande que toi, mais elle habite en toi et te dépasse ! » - shanidar a écrit:
- c'est peut-être là la faiblesse du texte, entre le difficile équilibre d'une parole hurlée et son emphase, le risque de transformer le mot en cri et d'entrer dans le grandiloquent.
J'ai lu parfois çà ou là ce reproche mais on ne peut pas reprocher à ce genre de parole de s'élever au théâtre! Où sinon?... Il y a aussi de cela chez Laurent Gaudé, et c'est ce qui me fait probablement apprécier l'écriture de ces deux dramaturges. Elle me paraît toutefois être plus "séduisante" chez Gaudé et plus viscérale et puissante chez Mouawad. Comme inévitable... Wajdi Mouawad dans la Grande Librairie: à partir de 34'27 jusqu'à 37'34 - shanidar a écrit:
Cependant, et pour finir tout de même sur une touche plus que positive : le texte est d'une force infinie, il s'ouvre sur différentes thématiques qui trouvent entre elles des liens qui retiennent (l'argent, le qu'en-dira-ton, la filiation, la rébellion à l'ordre, l'amour, la liberté, l'engagement, la lumière). Sans oublier, et c'est ce qui fait sans doute la possibilité d'un tel texte son ressort fantastique (la persistance du brouillard, la communauté villageoise perçue comme une menace latente et le personnage d'Esther qui est comme une Vouivre des marais, femme-animal, toute d'émotions et de brutalité courageuse, bestiale, intensément terrienne).
C'est énorme, non? Là tu mets en évidence toute la richesse d'un tel texte et de ses personnages...C'est si rare ! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Wajdi Mouawad Ven 2 Nov 2012 - 15:06 | |
| Ça donne envie en tout cas. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Wajdi Mouawad Ven 2 Nov 2012 - 15:14 | |
| Le jeudi 1er novembre, Wajdi Mouawad parlait de Anima, son dernier roman: ici!(Toute l'émission, pour une fois, était intéressante!...pas seulement grâce à Mouawad... aux autres invités aussi! ) | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Wajdi Mouawad Ven 2 Nov 2012 - 18:06 | |
| - Marko a écrit:
- Ça donne envie en tout cas.
tant mieux, car coline le souligne (sur un autre fil) le texte est très beau, certains passages sont extrêmement forts. Je me demande juste comment cette pièce peut être montée sans tomber dans une sorte d'hystérie (une femme accouche sur scène, littéralement, pendant de longues minutes, elle parle, pousse, ahanne, crie, parle, pousse, saigne, parle, gueule ; cette scène est évidemment très intense mais est-elle soutenable ?). Disons que j'imagine un peu le casse-tête du metteur en scène pour ne pas tomber dans l'inaudible. Mais d'après coline, cette pièce est assez différente des autres productions de Mouawad dont je compte bien poursuivre la découverte. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Wajdi Mouawad Ven 2 Nov 2012 - 19:37 | |
| - shanidar a écrit:
- Marko a écrit:
- Ça donne envie en tout cas.
tant mieux, car coline le souligne (sur un autre fil) le texte est très beau, certains passages sont extrêmement forts. Je me demande juste comment cette pièce peut être montée sans tomber dans une sorte d'hystérie (une femme accouche sur scène, littéralement, pendant de longues minutes, elle parle, pousse, ahanne, crie, parle, pousse, saigne, parle, gueule ; cette scène est évidemment très intense mais est-elle soutenable ?). Disons que j'imagine un peu le casse-tête du metteur en scène pour ne pas tomber dans l'inaudible. C'est le travail du metteur en scène de diriger le jeu de l'actrice...La performance c'est elle qui doit la réussir et on oubliera la direction de son metteur en scène... Dans Les sacrifiées de Laurent Gaudé il y a aussi une femme qui accouche en pleine rue en Algérie et je revois tout le travail opéré par la comédienne et le metteur en scène pour préparer la montée en puissance et en justesse de cette scène...C'était extraordinaire! Le spectateur y croit et pourtant il n'y a pas d'accouchement... J'adore quand le théâtre ressemble tellement à la vie (mais sans réalisme cru et trop dérangeant!)...
Dernière édition par coline le Ven 2 Nov 2012 - 20:15, édité 1 fois | |
| | | mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| Sujet: Re: Wajdi Mouawad Lun 26 Nov 2012 - 12:01 | |
| Anima. Pas pu, pas voulu aller au bout.... pourtant je voulais le lire.... J'en ai lu une cinquantaine de pages. Ce qui m'a déplu : * la violence..d'accord, je lis des polars et j'aime ça, mais là c'est trop. * la multi- narration, qui certes originale ne me mets ni en confiance, ni dans un état propice à être concentrée sur ce que je lis..ça change tout le temps, pas le temps de m'habituer à un "animal" qu'il faut en changer. Je ressens la même chose avec les nouvelles. * J'ai retrouvé les même difficultés qu'avec son théâtre. Certainement trop littéraire et trop intelligent et savant pour moi * Et puis, au fond, je n'avais pas vraiment envie de savoir le fin mot de l'affaire. La noirceur de tout ça, ne me faisait plus envie. | |
| | | zazy Sage de la littérature
Messages : 2492 Inscription le : 19/03/2011 Age : 75 Localisation : bourgogne
| Sujet: Re: Wajdi Mouawad Lun 26 Nov 2012 - 12:11 | |
| Mimi, je ne suis pas plus savante (voire moins) que toi, mais au contraire de toi, j'ai aimé cette polyphonie qui, pour moi, est Le contrepoint de la violence réelle. J'aurais aimé que tu aimes ce livre
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| | | mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| Sujet: Re: Wajdi Mouawad Lun 26 Nov 2012 - 12:34 | |
| - zazy a écrit:
- Mimi, je ne suis pas plus savante (voire moins) que toi, mais au contraire de toi, j'ai aimé cette polyphonie qui, pour moi, est Le contrepoint de la violence réelle.
J'aurais aimé que tu aimes ce livre
Alors dans ce cas, je le garde, pour retenter d'ici quelques mois....mais sans garantie | |
| | | zazy Sage de la littérature
Messages : 2492 Inscription le : 19/03/2011 Age : 75 Localisation : bourgogne
| Sujet: Re: Wajdi Mouawad Lun 26 Nov 2012 - 14:07 | |
| - mimi54 a écrit:
- zazy a écrit:
- Mimi, je ne suis pas plus savante (voire moins) que toi, mais au contraire de toi, j'ai aimé cette polyphonie qui, pour moi, est Le contrepoint de la violence réelle.
J'aurais aimé que tu aimes ce livre
Alors dans ce cas, je le garde, pour retenter d'ici quelques mois....mais sans garantie Sans garantie du gouvernement !!! | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Wajdi Mouawad Lun 26 Nov 2012 - 17:25 | |
| - mimi54 a écrit:
- Alors dans ce cas, je le garde, pour retenter d'ici quelques mois....mais sans garantie
Mimi, je lis tes arguments et je comprends que cet auteur n'est sans doute pas pour toi...A quoi bon se forcer? Il y a tant à lire! | |
| | | mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| | | | zazy Sage de la littérature
Messages : 2492 Inscription le : 19/03/2011 Age : 75 Localisation : bourgogne
| | | | mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| Sujet: Re: Wajdi Mouawad Lun 26 Nov 2012 - 19:24 | |
| T'inquiète, je ne suis pas maso...... A l'école je préférais avoir une punition, plutôt que de lire un livre qui ne plaisais pas.....J'en ai eu souvent, des punitions | |
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| Sujet: Re: Wajdi Mouawad | |
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| | | | Wajdi Mouawad | |
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