Varlam Chalamov [Russie]

Ce sont bien sûr des témoignages..
L'histoire de Sandra Kalniete, que j'avais découverte dans une émission de Pivot sur la francophonie, m'a passionnée!
J'aime bien l'idée que l'histoire d'une Lettone , née au goulag en Sibérie, soit envoyée du Pacifique à Francfort...

Mes bibliothèques

Citation :

Présentation de l’éditeur
Certains aiment les livres comme on aime des personnes : ils les rencontrent, s'en éprennent, s'en déprennent, les caressent, les rejettent, les oublient, les traquent, les retrouvent, les possèdent et les perdent. Si la vie les empêche de les collectionner et de les enfermer dans la prison d'une bibliothèque, ils vont leur rendre visite ailleurs et parfois les enlèvent. Ils les rêvent. Nous connaissions déjà Chalamov l'écrivain des camps, le poète de la Sibérie. Voici Chalamov le lecteur, l'amoureux des livres, parmi les rayonnages de ses bibliothèques.

Petit livre d’une cinquantaine de pages, mais quelle force derrière ces mots !

C’est touchant de voir comment cette passion pour la lecture est un fil rouge à travers toute la vie de Varlam Chalamov, mais surtout il y a une bonne leçon d’humilité à apprendre. Grandir et vivre dans un pays où il n’était pas coutume de posséder des livres, n’en parlons pas de lire ceux qu’on voulait lire, est une expérience qui marque.

On va suivre l’écrivain tout au long de sa vie à travers les bibliothèques qu'il a visités et les livres qu’il a lus.

Citation :

À trois ans, âge auquel remontent mes souvenirs, je possédais la première et la dernière bibliothèque que j’ai jamais eue. Elle consistait en deux livres…

Il y a de quoi pour me donner le sentiment de bonheur si je jette un œil sur mes étagères…

Fascinante lecture qui va m’accompagner encore longtemps... surtout à cause de cette passion pour la lecture et les livres que je partage avec cet auteur…

Citation :

Les livres sont ce que nous avons de meilleur en cette vie, ils sont notre immortalité

Très tentant. Merci Kenavo.

En plus, "Mes bibliothèques" est disponible dans mes bibliothèques !
Impeccable, je l'emprunterai sous peu !

Je vais aller y voir aussi. Peut-être que ça me donnera le courage de enfin me lancer dans Chalamov!

ce livre est tellement à part, j'ai bien peur que cela ne va pas te "préparer" pour ses autres livres...
en ce qui me concerne, je me suis retrouvée dans le reportage d'Arte d'Olivier Rolin, les prisons et les livres, ce sont des faits qu'on retrouve aussi dans la vie de Chalamov

Kenavo, tu sais trouver les mots pour convaincre !

Si vous lisez Chalamov -et il faut le lire- sachez que ses oeuvres sont dispersées ici et là, mais il
existe, je crois bien une édition qui contient ses oeuvres complètes.


Je viens de vérifier, c' est Verdier qui publie l'oeuvre complète de Chalamov.
Très bon éditeur, Verdier !

- Mes bibliothèques. Traduit du russe par Sophie Benech. Editions Interférences. 54 pages.
Varlam Chalamov a eu une vie mouvementée et douloureuse, tout d'abord résumée en deux pages qui permettront de mieux comprendre le contexte de l'oeuvre autobiographique, centrée sur son rapport aux livres et à la lecture.

Citation :

"Je ne me rappelle pas avoir appris à lire, et j'ai l'audace de croire que j'ai toujours su. À trois ans, âge auquel remontent mes souvenirs, je possédais la première et la dernière bibliothèque que j'ai jamais eue. Elle consistait en deux livres : Aïe, dou, dou ! et l'Alphabet de Tolstoï." (page 9).

Citation :

"La bibliothèque de la prison des Boutyrki était surprenante. Pour des raisons incompréhensibles, elle avait échappé aux innombrables contrôles et « purges » systématiquement infligés à toutes les bibliothèques de Russie." (page 20).

Il y trouve Le Racketteur d'Ehrenbourg, Le Conte de la lune non-éteinte de Pilniak, La Garde blanche de Boulgakov...

Citation :

"C'était comme si les autorités avaient décidé d'offrir aux inculpés une consolation pour la longue route, pour le chemin de croix qui les attendait. Comme s'ils s'étaient dit : « À quoi bon contrôler les lectures de gens condamnés ? »
On distribuait des livres tous les dix jours, à raison d'un volume par occupant d'une cellule. Nous étions quatre-vingts dans une cellule prévue pour vingt-cinq personnes. Lire quatre-vingts livres en dix jours est chose impossible.
La lecture en prison a ses particularités : là-bas, on ne retient rien.Toute l'attention, toute la force de l'esprit sont concentrées sur les interrogatoires, sur l'instruction de l'« affaire », sur l'adaptation psychologique à la prison, à son mode de vie, à ses habitudes et à ses maîtres.
Il était impossible d'avoir une occupation sérieuse dans une cellule commune. [...]Il est possible que les autorités soient conscientes du caractère éminemment fugace de la lecture en prison, peut-être est-ce pour cela qu'elles ne se préoccupent guère du contenu criminel des bibliothèques de prison." (pages 21-25).

Après, pendant quatre années, c'est le travail dans la mine.

Citation :

"[...] chaque heure qui passait nous apprenait combien fragile est le vernis dont la civilisation revêt l'être humain. [...]
Nous avions oublié les livres. Il n'y avait pas de place pour eux dans nos pensées, ni dans notre lexique d'une vingtaine de mots - « lever », « travail », « repas » , « pic », « pelle », « escorte », « répartiteur », « gardien », etc." (page 24)

Les livres, les journaux et les radios sont interdits dans les baraques.

Citation :

"Un jour, près de la baraque du coiffeur, j'ai trouvé un morceau, un lambeau de journal ayant servi à envelopper du savon. Délicatement, j'ai gratté le savon et j'ai lu à voix basse ces mots étranges : « Léon Blum a formé un cabinet » [...]" (page 25).

Des années plus tard, il a un livre en main.

Citation :

"C'était La Chute de Paris d'Ehrenbourg. Je l'ai ouvert en rabattant la page de mes deux mains, je l'ai regardé attentivement et immédiatement, j'ai su que j'avais perdu mon ancienne faculté de lire. J'avais toujours lu extrêmement vite, je saisissais d'un seul coup d'oeil quinze à dix-sept lignes que ma conscience et ma mémoire assimilaient aussitôt. Ce jour-là, je regardais les lignes et je ne comprenais rien." (page 30).

Encore des années plus tard, il reviendra dans le monde de la lecture.
Et, dans un minuscule village de tourbières, il va trouver une bibliothèque remarquable.

Le texte se finit par ces mots :

Citation :

"Les livres sont ce que nous avons de meilleur en cette vie, ils sont notre immortalité.

Je regrette de n'avoir jamais possédé ma propre bibliothèque." (pages 53-54).

Un texte sobre, très fort, qui permet de bien réaliser la chance que l'on a, nous.

Merci à Kenavo pour la découverte de cette oeuvre (je ne connaissais - sans les avoir tous lus, très loin de là - que les Récits de la Kolyma).

Allez...cette fois-ci je le note dans ma LAL!
Merci à vous Kenavo et eXPIe notamment.

J'aime beaucoup les extraits que tu as mis.

eXPie a écrit:

Un texte sobre, très fort, qui permet de bien réaliser la chance que l'on a, nous.

eXPie a écrit:

Merci à Kenavo pour la découverte de cette oeuvre

oh, je ne viens de voir ton commentaire que maintenant, contente que tu as eu autant de plaisir avec ce petit bijou que moi

Je veux bien le proposer comme auteur du mois et pourquoi pas en LC ?

tu pourras bientôt puisque nous ferons les oubliés au portail