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 Ismail Kadaré [Albanie]

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MessageSujet: Ismail Kadaré [Albanie]   Ismail Kadaré [Albanie] EmptyVen 27 Juil 2007 - 19:25

Ismail Kadaré [Albanie] _4121110

Ecrivain albanais fort d’une quarantaine de livres, sa vie est fortement marquée par le régime communiste albanais. Faisant ses études à Moscou il repartira à Tirana lorsque Enver Hoxha, qui dirigeât l’Albanie pendant près de 40 ans, considéra que L’URSS s’écartait trop de la doctrine Stalinienne, forçant le rapatriement des albanais.
Kadaré, dans ces romans n’est souvent pas tendre envers le régime, sans être toutefois considéré comme un ennemi du peuple, il fut même nommé député (quoique sans pouvoir réel) et ses livres simplement censurés. En 1990, il partira en exil en France, avant de revenir en Albanie suite à la chute du régime.

Le Palais des Rêves

Sa critique la plus virulente du régime communiste albanais. Il s’agit d’une dystopie ayant la particularité que pour contrôler ses citoyens la dictature en place contrôle les rêves de ses citoyens. Ainsi chaque habitant décrit ses rêves avant de l’envoyer au palais central.
Là-bas, une gigantesque organisation bureaucratique se charge de les traiter. D’abord elle les recueille, puis repère ceux qui peuvent présenter un intérêt, pour enfin les étudier et agire en conséquence.
Le héros fait parti de cette organisation, et va gravire peu à peu les échelons quoique sans vraiment le vouloir. Il va s’apercevoir que les rêves, ne sont souvent que des rêves et l’interprétation une décision arbitraire et aléatoire.

Avril Brisé


On pourrait croire que la Vendetta est une particularité Corse ou Italienne, mais il semble bien que l’Albanie remporte le pompon. L’histoire suit au départ un jeune albanais qui tue un de ces voisins comme dernier acte d’une vengeance qui dure depuis 70 ans et 40 tombes. Etant avec son père le dernier membre de sa famille, cette mort entraînera aussi la sienne selon le Kunun. Selon ce code instauré au XVème siècle il permet à la famille d’un membre assassinée de pouvoir tuer un membre de la famille de l’assassin en échange entraînant ainsi une spirale meurtrière.

On suivra aussi de jeunes mariées de la capital parti en voyage sur ces hauts-plateau traditionalistes cherchant l’authenticité des régions reculées. Et aussi un intendant du sang, qui récolte le prix du sang que les assassins doivent payer pour accomplir leur meurtre, et dont les affaires dépendent donc de ces crimes.
Un livre qui glace le sang finalement, se déroulant au début des années 1900 il pourrait se passer bien plus tard sachant que la constitution albanaise ne date que de la fin du XX ème siècle. L’on voit la terrifiante application d’un droit coutumier meurtrier et absurde qui fait vivre toute une population cloîtrée chez elle, ou ne pouvant s’éloigner de chemins que le droit défini comme asile.
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MessageSujet: Re: Ismail Kadaré [Albanie]   Ismail Kadaré [Albanie] EmptyMar 16 Oct 2007 - 14:53

je vais plutôt parler de "Les Tambours de la Pluie" de Ismail Kadaré:
"Au XV° siècle l’Empire Ottoman, très puissant, s’installe dans les Balkans et se prépare à envahir l’Europe. Parmi les nations colonisées figure la petite Albanie. Elle va cependant résister farouchement sous les ordres de Georges Castriota Skanderbeg. Ismail Kadaré raconte dans les Tambours de la Pluie une des campagnes de reconquête des Ottomans : le siège d’une formidable citadelle tenue par les Albanais."

C'est une allégorie de la situation en Albanie en 1945.

Je dois dire que j'ai trouvé ce livre, touchant bouleversant même, et s'il m'a été donné d'esquisser l'Albanie, le profond respect que l'auteur à pour sa culture, m'a plus encore envie donner d'y séjourner.

C'est un des auteurs majeurs de la littérature contemporaine européenne. Auteur malheureusement très inégale, mais néanmoins ce livre, restera à mon avis dans les mémoires.
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MessageSujet: Re: Ismail Kadaré [Albanie]   Ismail Kadaré [Albanie] EmptyDim 18 Nov 2007 - 13:38

Je suis un grand fan de Kadaré, que je considère comme un des deux ou trois plus grands écrivains vivants, et dont l'absence de prix Nobel est sans doute un oubli des jurés de Stockholm...

Je l'ai beaucoup lu, et à l'occasion je vous livrerai des commentaires sur son oeuvre, c'est un auteur merveilleux, que j'adorerais rencontrer.
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MessageSujet: Re: Ismail Kadaré [Albanie]   Ismail Kadaré [Albanie] EmptyDim 18 Nov 2007 - 14:31

Je n'ai lu qu'un roman de Kadaré : "Le concert" que j'avais vraiment bien aimé. Depuis, les lectures s'accumulant, je n'ai pas récidivé mais je n'oublie pas la belle plume de cet auteur!

Résumé trouvé sur le site du Livre de Poche:

Citation :
Dire de ce chef-d'œuvre du grand romancier albanais qu'il évoque la rupture entre Tirana et Pékin au début des années 1970 serait exact, mais un peu court.

Autour de cet événement dérisoire - une piqûre de moustique sur le crâne du président Mao ! -, Kadaré déploie une fresque immense et passionnante, où la vie quotidienne sous la chape de plomb communiste, les intrigues dans les hautes sphères du PC chinois, la satire impitoyable des maoïstes occidentaux, les destinées entrecroisées de multiples occidentaux, les destinées entrecroisées de multiples personnages, nous font passer de la farce au tragique, de la psychologie à la métaphysique, sur fond d'Histoire tumultueuse, shakespearienne, insensée peut-être, telle qu'elle est encore à l'Est.
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MessageSujet: Re: Ismail Kadaré [Albanie]   Ismail Kadaré [Albanie] EmptyLun 19 Nov 2007 - 19:25

La fille d’Agamemnon
Livre de poche

"Ismaïl Kadaré, en bon albanais, connaît à la fois sur le bout des doigts les mythes grecs et les mécanismes de l’oppression terrible qui maintint une chape de plomb sur son pays pendant 40 ans.

Dans ce très court récit, condensé en presque un seul personnage et une seule journée, il démonte et démontre comment le régime communiste parvenait à maintenir une telle terreur sur la société. Tout est vu au travers des réflexions du narrateur, lors d’une unique journée, celle qui voit sa séparation d’avec la femme qu’il aime, et son accès à la tribune du défilé du premier mai. Cette femme, il a dû la quitter, elle a sacrifié leur amour sur l’autel de la raison d’Etat. Pour permettre au père de cette fille de devenir numéro deux du régime et successeur du tyran. Le père n’a pas hésité. Iphigénie, c’est Suzana.

Bien sûr, comme toujours chez cet auteur, que je place plus que jamais parmi les très très grands contemporains, derrière une langue claire et simple, et un second degré très politique souvent (là, ce degré est explicite), se greffe encore un degré de lecture supplémentaire, philosophique.

Assurément un très bon roman, malgré sa brièveté. A noter que ce récit a été écrit en 1985 et est arrivé en France au nez de la censure. A priori, il constitue la première partie d’un diptyque complété par « le successeur » (que je n'ai pas lu)."

Citations :
« En vérité, je n’étais pas du tout sûr d’être disposé à échanger contre quoi que ce soit d’autre, fût-ce Vienne, ce corps dont la lisse blancheur tenait autant de l’adolescente que de la femme. »
p.16

« On racontait qu’il était l’un de ceux qui avaient rigolé, le jour de la mort de Staline, ce qui avait eu pour effet de briser définitivement une carrière scientifique qui s’annonçait brillante. »
p.23

« Amis avec les Yougoslaves au temps de leur rigorisme le plus exacerbé, nous leur avions tourné le dos dès le premier signe de redoux. Nous avions été alliés des Soviétiques durant les pires années de la terreur stalinienne pour nous en détourner dès qu’ils avaient prudemment fait montre d’un soupçon de civilisation. Et la même chose était en train de se produire avec les Chinois. Tous, les uns après les autres, avaient fini par se détourner du mal et de l’obscurantisme. Tandis que nous, nous en demeurions les ultimes défenseurs. Nous étions devenus les chantres de la calamité, la honte de l’univers. Existait-il un autre pays comme celui-ci ? Maudit pays, trois fois maudit ! »
p.57

« Mais qu’est-ce qu’a à voir le peuple albanais avec les principes du marxisme-léninisme, puisque, comme tu le reconnais toi-même, le monde entier y a bel et bien renoncé ? En vertu de quoi ce peuple de crève-la-faim, martyrisé, devrait demeurer le seul et unique défenseur de principes qu’il n’a même pas forgés ? »
pp.58-59

« Je savais combien durable serait la douleur de la perdre, mais, ce jour-là, elle était proprement insoutenable. »
p.67
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MessageSujet: Re: Ismail Kadaré [Albanie]   Ismail Kadaré [Albanie] EmptyLun 19 Nov 2007 - 19:28

Les tambours de la pluie

"Ismaïl Kadaré est, selon moi, l'un des deux ou trois auteurs majeurs en Europe. Cet albanais de 66 ans, réfugié en France depuis 1990, a connu le dangereux privilège d'être un écrivain reconnu sous l'une des pires dictatures au monde, celle de l'Albanie d'Enver Hoxha, de sinistre mémoire. Ecrivain reconnu sous une dictature est un atout à double tranchant. A tout moment, la dictature peut vous broyer. Depuis la libération des régimes communistes, Kadaré peut s'exprimer directement, et non plus à mots couverts. Véritable mythe national dans son pays, Kadaré représente depuis plus de 30 ans à lui seul presque toute la littérature albanaise. C'est un grand auteur contemporain, un des meilleurs d'Europe encore en activité, avec Vaclav Havel et Saramago. Voilà pour l'auteur que, vous l'aurez compris, j'apprécie particulièrement.

Pour le livre ensuite.
Les tambours de la pluie narre le siège en 1448 de la citadelle albanaise de Kruja (que Kadaré ne cite jamais, il dit juste: «la citadelle») par les troupes du puissant empire ottoman. Assiégés pendant tout l'été, les albanais tiennent bon, aidé par les troupes de leur chef Georges Kastriote, dit Skanderberg, qui harcèlent les turcs pendant les nuits. Une lutte acharnée, malgré les armes perfectionnées des turcs, le tunnel creusé sous la citadelle, la coupure de l'approvisionnement en eau, les rats pestiférés envoyés pour contaminer les puits, etc. Beaucoup d'albanais tombent au combat, mais quand, septembre arrivant, les tambours de la pluie résonnent, le pacha sait qu'il est perdu, et que les albanais ont gagné.

Roman dense et passionnant, les tambours de la pluie nous permettent de découvrir toute une galerie de personnages haut en couleurs, le pacha, le chroniqueur Mevla Tchélébi, les janissaires, Sarudja, etc.… Tout le livre se déroule dans le camp turc, hormis quelques passages rédigés par un albanais qui résume la situation.

Au-delà du simple intérêt historique, le roman est une longue métaphore de l'isolement total que connut l'Albanie dans les années 60-70, n'ayant aucune communication avec l'Occident, et soumise à un blocus terrible par les pays communistes.

Riche de symboles autant que de vérité historique, ce roman a une portée universelle par l'esprit de résistance qui s'en dégage. A lire d'urgence, comme toute l'œuvre de Kadaré."

Extraits:
Le siège dure depuis deux mois...
« Au matin du 18 juin, à la pointe de l'aube, une sentinelle annonça qu'un nuage jaunâtre était apparu dans le lointain. C'était la poussière de leurs chevaux ». p.16

« -Il s'en passera des choses, dit-il, la nuit où l'on prendra la citadelle ! Quel sabbat ! Quelles orgies ! Leur désir assouvi, les hommes échangeront leurs captives. Ils les garderont une heure, puis les revendront pour en racheter d'autres. Elles passeront de tente en tente. Il y aura des rixes. Peut-être même des meurtres ! Oh! sûrement !
Le janissaire écoutait, l'air triste ». p.68

« Le 26 juillet, nous décidâmes de faire effondrer a galerie. Nous nous étions assurés qu'ils ne creusaient plus. Cela signifiait que cette nuit-là, ou au plus tard le lendemain, ils tenteraient une sortie. [...] Nous plaçâmes donc dans un trou profond un baril de poudre que nous fîmes exploser ». p.173

« Leur plan semble clair. Après avoir coupé l'eau, ils nous demanderons une nouvelle fois de nous rendre. Puis, quand nous aurons refusé toute négociation, ils se résoudront à prendre la place de vive force. [...] C'est sur ce dernier assaut, qui sera sans doute le plus furieux, qu'ils ont fondé tous leurs espoirs.
Le siège dure depuis deux mois. Nos yeux se sont fatigués de leur vue. Ils sont des dizaines de milliers qui se meuvent là-bas, dans la plaine ; une multitude innombrable qui remue, remue, sans arrêt. On se demande d'où sortent ces hordes sans fin, comment elles se concertent, s'ordonnent, pour suivre le même chemin, où elles vont, quel est leur but, et qui leur donne le jour. Ceux qui ont visité leurs contrées disent que les femmes y sont très rares, qu'on en rencontre presque jamais. Alors qui les enfante ? Le désert ? » p.188
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MessageSujet: Re: Ismail Kadaré [Albanie]   Ismail Kadaré [Albanie] EmptyLun 19 Nov 2007 - 22:07

Le Dossier H.

"Max et Willy sont deux irlandais, spécialistes d’Homère (un clin d’œil à Joyce), qui décident de partir au cœur de l’Albanie profonde à la recherche des derniers rhapsodes, ces poètes-chanteurs ambulants, afin de recueillir leur chant et de mieux comprendre si l’épopée homérique est une œuvre originale, ou une compilation pure et simple de diverses légendes. Arrivés là-bas, ils tombent sur une foule de personnages croquignolets : un sous-préfet soupçonneux, sa femme en mal d’aventures, un espion qui soigne ses rapports, un ermite fou qui tient le magnétophone pour un engin diabolique. Les forces hostiles leur mèneront la vie dure. Car en voilà un engin intrigant, le magnétophone, dans cette Albanie des années 1930, ce petit royaume du roi Zog, qui, sous la plume de Kadaré, porte déjà en germe tous les vices de celle d’Hoxha.
Et comme toujours chez Kadaré, alors que l’écriture paraît simple, souple et coulant d’elle-même, elle est fignolée pour parvenir à un tel résultat. Une écriture que l’on aimerait posséder. Je ne me lasserai décidément jamais de cet auteur."

Extrait:
Un rapport au sous-préfet
"comme Monsieur le sous-préfet devait le savoir, l’agent était capable de discerner les mots prononcés par un individu ayant dans sa bouche non seulement une brosse à dents, mais n’importe quel autre objet, pipe, cigare, etc., voire même, dans le cas de Maria K… qui avait l’habitude ou plutôt le vice de l’y tenir au cours de ces ébats amoureux – que Monsieur le sous-préfet veuille bien l’excuser – un organe sur lequel il n’oserait mettre un nom dans le cadre du présent rapport…"
p. 46
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MessageSujet: Re: Ismail Kadaré [Albanie]   Ismail Kadaré [Albanie] EmptyLun 19 Nov 2007 - 23:09

Je vais m'y remettre à la lecture de Kadaré cat Merci Alfred flower
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MessageSujet: Re: Ismail Kadaré [Albanie]   Ismail Kadaré [Albanie] EmptyDim 25 Nov 2007 - 16:00

L'hiver de la grande solitude, Livre de poche



Les années grises

Peut-être le plus grand roman de Kadaré. Sorti voici 25 ans en France, « L’hiver de la grande solitude », l’une des pièces maîtresse de l’œuvre de Kadaré, ressort enfin, dans une nouvelle édition, fidèle à la première version que l’auteur avait dû remanier sous la pression du pouvoir de l’époque.
Il nous est donc donné enfin de lire, en format poche, ce pavé impressionnant, que j’ai dévoré en quelques jours…

Kadaré passe souvent par les détours de l’histoire ancienne, par les mythes, pour critiquer en filigrane le régime oppressant connu pas l’Albanie communiste. Cette fois-ci, pas d’Homère ou de Skanderbeg. Mais une plongée entomologique au cœur du régime à l’époque de sa pleine mutation.

En effet, à l’hiver 1960-1961, l’Albanie du jovial Enver Hodja (c'est lui, juste au dessus), jusque là docile satellite de Moscou, amorce une rupture brusque avec le bloc soviétique, pour se rapprocher de la Chine maoïste, au point de subir un véritable blocus économique de la part des pays du pacte de Varsovie. C’est donc ce « long hiver » que nous décrit Kadaré, avec tout son talent habituel. Des plus hautes sphères du pouvoir aux plus humbles « camarades » de Tirana ou d’ailleurs, il détaille avec une précision redoutable et une écriture toujours réjouissante et fluide, les petits travers de cette époque et de la société. Focalisé sur le personnage de Besnik, sympathique traducteur, et ses proches (famille, fiancée, voisins déchus, etc), l’histoire nous mène dans tous les endroits où se fait l’Histoire, petite grande, Moscou, Tirana ou la base de Pacha Liman…

Véritable épopée réduite à quelques mois, « L’hiver de la grande solitude » est une histoire formidablement riche, qui mêle avec un talent exceptionnel l’Histoire des puissants et les petites vies des humbles. Emouvant, passionnant, riche, Kadaré nous ouvre une fois de plus une fenêtre inégalée sur son petit pays, en épargnant personne, ni soviétiques surpuissants, ni albanais entêtés, ni occidentaux guettant la faille parmi l’unité froide du bloc, ni les trahisons ni les lâchetés, ni le désarroi. Chaque page recèle des trésors. Je repense notamment aux pages 475 à 479, où il s’attarde sur les visions psychotiques d’un nostalgique de l’ancien régime, qui prévoit méthodiquement de quelle façon et dans quel ordre, avec quels divers raffinement de cruauté devront être massacré les partisans du régime communiste et les membres du parti. Effrayant. L’Histoire n’est donc que l’affaire des vainqueurs ?




Une formidable leçon d’Histoire et de vie en tout cas. Comme à chaque livre de Kadaré que j’achève, deux réflexions se présentent à mon esprit ; tout d’abord, qu’il est, définitivement, l’un des plus grands auteurs européens contemporains, et ensuite qu’il me faut rapidement en lire encore un autre et me replonger avec délice dans cette écriture si plaisante. Et aussi, comme toujours, l’envie de faire découvrir cet auteur si enthousiasmant.
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MessageSujet: Re: Ismail Kadaré [Albanie]   Ismail Kadaré [Albanie] EmptyDim 25 Nov 2007 - 16:01

La pyramide


Tyrannique pyramide

Attention, ceci n'est pas vraiment un roman historique ! Les fans de Christian Jacq peuvent passer leur chemin. Le grand écrivain albanais prend la construction de la pyramide de Chéops comme sujet de son livre, mais surtout comme prétexte pour montrer le fonctionnement des rouages d'une dictature, d'un totalitarisme, peut importe son nom, seule importe son but et sa fonction : broyer l'être humain dans une masse tournée vers l'adoration du chef, le fin du fin étant de parvenir à ce que cette adoration ne soit plus inspirée par la crainte mais spontanée. Mais je m'égare…
Mais avant tout, Kadaré dénonce ce qu'il connaît, et entre les lignes, on sait que l'Egypte décrite est en faite l'Albanie. Asservissement, délations, suspicions, purges et rumeurs autour d'une entreprise mégalomaniaque et délirante, tout est réuni pour faire penser à la "meilleure" époque des Hodja, Ceaucescu ou Kim-Il-Sung.
Cette construction de pyramide me fait surtout penser à ces immenses slogans de pierre que le régime albanais faisait ériger sur les montagnes.
Ce roman n'est pas le meilleur de Kadaré, mais il est celui qui montre le mieux, à travers la métaphore de l'Egypte antique, l'organisation du totalitarisme et l'écrasement de l'humain dans cette effroyable machinerie. L'auteur en démonte chaque ressort, mais le plus difficile à croire, c'est de voir Chéops (dans le rôle du "dictateur"), être encore plus malheureux que quiconque. On imagine alors sans peine, (au moins en ce qui me concerne), en lieu et place de Pharaon, Ceaucescu, tournant en rond dans son immense palais de Bucarest, en proie en une angoisse extrême et irraisonnée et au désespoir solitaire né de sa mégalomanie.
L'un des derniers chapitres quitte l'Egypte pour traiter de cette pyramide de crânes élevée en Asie Centrale, comme en écho aux semeurs de terreur et d'oppression.
Ce chapitre, intitulé "Crânaille" est impressionnant à bien des égards. Par sa terrifiante force d'évocation, il justifie à lui seul l'investissement de quelques euros dans ses 150 pages."

Extrait:
Dangers
"Pour ce qui était du risque de payer de sa vie la moindre erreur, un autre groupe était encore plus en droit de le redouter : celui qui s'occupait des plans de l'aménagement intérieur de la pyramide, en particulier les entrées et les sorties secrètes du procédé de fermeture hermétique de la chambre funéraire, ainsi que des faux accès destinés à fourvoyer les pillards. Dès l'époque des premières pyramides, nul n'ignorait qu'aucun des membres de ce groupe ne ferait de vieux os. On découvrait toute sorte de prétexte pour les condamner ou les supprimer, mais le véritable motif de ces mesures était bien connu : le secret devait être enterré en même temps que ces détenteurs". (page 39)


Un lien avec une analyse autrement plus pertinente et développée que la mienne:
http://www.philagora.net/monde/pyramide.htm
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MessageSujet: Re: Ismail Kadaré [Albanie]   Ismail Kadaré [Albanie] EmptyJeu 20 Déc 2007 - 1:35

Le concert
traduit de l'albanais par Jusuf Vrioni
Editions Fayard

D'abord, d'abord ( et là, Alfred Teckel se roule par terre devant tant d'ignorance de l'histoire mondiale), il faut dire que j'ignorais pratiquement tout de l'histoire de l'Albanie....et en particulier le contexte dans lequel s'inscrit ce roman, qui est celui-ci:
L'Albanie et la Chine ayant le même point de vue, vers la fin de l'année 1960, le gouvernement albanais se rapprocha de celui de Pékin. En décembre 1961, l'Union soviétique rompit toute relation diplomatique, après avoir cessé tout soutien. La Chine dépêcha aussitôt des experts chargés de remplacer les conseillers soviétiques retirés du pays et fournit des crédits à intérêts peu élevés. La petite Albanie put ainsi braver la puissante Union soviétique
La réorientation de la politique étrangère chinoise au début des années 1970 et le rapprochement sino-américain qui s'ensuivit furent à l'origine du refroidissement des relations entre l'Albanie et la Chine. L'Albanie, ayant normalisé ses relations avec la Yougoslavie, puis ayant à plusieurs reprises condamné publiquement la politique étrangère de la Chine, Pékin cessa de soutenir son ancien allié en juillet 1978.

J'ai donc été très déconcertée au début de la lecture de ce gros roman qui dresse face à face deux puissances ,la Chine et l'Albanie, à la fin d'une époque.Au début du livre, un Albanais marche sur le pied d'un Chinois et l'Histoire en sera bouleversée....

UNE famille est au centre du roman , et quand il débute, Gjergj, le père, est parti vers Pékin porteur d'une lettre émanant du ministère des affaires étrangères dont il ignore la teneur . A Tirana, on sait que Mao veut recevoir- horreur- le président des Etats Unis et les rumeurs vont bon train.
Rumeurs, simplement, car il règne, comme dans tout bon pays à régime totalitaire, un climat de méfiance, de peur, de suspicion, et de trahison...
Et les traducteurs, passés du russe au chinois, se demandent quelle langue il va leur falloir apprendre pour continuer à nourrir leur famille...

Pendant ce temps là, le brave Mao Zéong retiré dans une grotte, se remémore quelques épisodes sympathiques de son règne...
Et le roman se terminera par un concert grandiose et sinistrement bouffon donné à Pékin en présence de Pol Pot concoctant un nouveau massacre, d'un admirateur parisien de Mao et d'une délégation albanaise piégée par les idéogrammes....

Tout le monde en prend pour son grade,en particulier les sinophiles de tous bords et c'est une vision de l'histoire qui ne manquerait pas d'humour si ce n'était pas si triste...
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Isidore Ducasse
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MessageSujet: Re: Ismail Kadaré [Albanie]   Ismail Kadaré [Albanie] EmptyMer 2 Avr 2008 - 22:37

Je ne connaissais pas du tout, mais vous m'avez vraiment donné envie, comme ça arrive parfois. Je le marque sur ma liste, et j'irai me renseigner un peu près de mes connaissances pour en savoir plus. Merci, en tous cas!
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MessageSujet: Re: Ismail Kadaré [Albanie]   Ismail Kadaré [Albanie] EmptyMer 2 Avr 2008 - 22:50

Isidore Ducasse a écrit:
Je ne connaissais pas du tout, mais vous m'avez vraiment donné envie, comme ça arrive parfois. Je le marque sur ma liste, et j'irai me renseigner un peu près de mes connaissances pour en savoir plus. Merci, en tous cas!

Oui, moi aussi...
Et j'ai découvert aussi qu'il est un desauteurs fétiches de Philippe Claudel qui lui rend hommage dans son film avec la présence à l'image de son livre Qui a ramené Doruntine?
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MessageSujet: Re: Ismail Kadaré [Albanie]   Ismail Kadaré [Albanie] EmptyMar 8 Avr 2008 - 12:12

Le Dossier H.

Citation :
Quatrième de couverture
En 1935, deux jeunes chercheurs débarquent dans une petite ville albanaise avec un magnétophone. Ils ont pour projet de recueillir les récits et chants traditionnels albanais, et d'étudier leurs rapports avec la poésie homérique.
Mais leur entreprise, pour innocente qu'elle paraisse, leur vaudra bien des aventures. Tandis que la femme du sous-préfet, en mal de mondanités et d'amourettes, organise une soirée de bienvenue, la police tatillonne et (déjà) bureaucratique du roi Zog Ier entreprend de surveiller ces « espions ». Quant à la poésie des rhapsodes traditionnels, l'histoire l'a tant malmenée qu'il est bien difficile de savoir ce qui y surnage encore de l'héritage antique...
L'auteur du Général de l'armée morte mêle ici le picaresque à l'épique, et l'ambiance de roman policier à une réflexion sans cesse approfondie sur l'identité culturelle, l'éternel et l'éphémère en art.

Cela fait un drôle d'effet quand un livre me laisse tout à fait indifférent.
Au début j'ai cru qu'il allait écrire une farce qui débutait vraiment très drôle et avec des ingrédients politiques et moraux que j'aime bien.
Mais tout à coup cela devient une saga des théories homériques et des rhapsodes traditionnels albanais.
Je dois dire que tout cela ne m'a plus trop attaché.
J’en ressors donc mitigé.
Je suis tout à fait d'accord que ce livre peut être une lecture agréable, pour moi ce n’était probablement pas le bon sujet.
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Cachemire
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MessageSujet: Re: Ismail Kadaré [Albanie]   Ismail Kadaré [Albanie] EmptyMar 8 Avr 2008 - 14:43

Chatperlipopette a écrit:
Je n'ai lu qu'un roman de Kadaré : "Le concert" que j'avais vraiment bien aimé. Depuis, les lectures s'accumulant, je n'ai pas récidivé mais je n'oublie pas la belle plume de cet auteur!

Moi aussi ! Exactement la même experience et impression ! tchintchin
Il faudrait que nous lisions autre chose de lui Chatperlipopette !
Quel titre choisirais-tu ?
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MessageSujet: Re: Ismail Kadaré [Albanie]   Ismail Kadaré [Albanie] Empty

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