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 Thomas Pynchon

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MessageSujet: Re: Thomas Pynchon   thomas - Thomas Pynchon - Page 2 EmptySam 25 Oct 2008 - 18:25

Marie a écrit:

Au sujet de la traduction, n'est ce pas toujours Christophe Claro qui traduit Pynchon? Comme Vollmann et Mark.Z. Danielewski?
Un des meilleurs traducteurs actuel, dit-on..
Le blog de Claro ici
Oui, c'est bien Claro. Il a une activité débordante... traducteur et écrivain...

Stell_A a écrit:
Il semblerait que le plus accessible, plus court et linéaire soit Vente à la criée du lot 49 ... ? Je vais vais tenter.
Normalement, parmi ses oeuvres "accessibles" il doit y avoir également L'Homme qui apprenait lentement, qui est un recueil de nouvelles.
Je ne sais pas si quelqu'un, ici, l'aurait lu...
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MessageSujet: Re: Thomas Pynchon   thomas - Thomas Pynchon - Page 2 EmptyLun 27 Oct 2008 - 11:12

Contre-jour

Cet auteur est considéré comme un des plus grands romanciers américains de son temps, rien de moins. Réputé pour son érudition et sa complexité narrative, encensé par les critiques, je ne pouvais qu’être tentée d’y voir d’un peu plus près, d’autant plus que son dernier roman vient de paraître dans la foulée de la rentrée littéraire : « Contre-jour », un pavé de 1200 pages. Décidément, la démesure semble être une marque de fabrique chez Pynchon.

Et bien mon incursion dans son grand œuvre n’aurait été que de courte durée : j’abandonne après 150 pages à peine. Trop c’est trop ! Trop de personnages, trop de sujets engagés, trop de contrées survolées, ce n’est plus foisonnant, c’est tout simplement brouillon et inutilement bavard. Le magazine littéraire « Lire » dit de lui qu’il a inventé un nouveau genre : la littérature de l’épuisement. Je cite « un pot-pourri d’espionnage et de polar, de roman historique et de road movie, de pastiches et de satires, de folklore populaire, de sociologie, d’embardée érudites, de gaudrioles, d’hommages au rock et à la contre-culture californienne, le tout arrosé par un incontrôlable déluge de références scientifiques très pointues – astronomie, maths, cybernétique, physique. » Quant à moi, pour faire court, je dirai simplement un récit parfois aussi illisible que difficilement digeste. Je ne doute pas que ce roman cache quelques merveilleuses pépites dans tout ce foisonnement littéraire, mais le prix à payer pour les débusquer me semble trop cher payé.

Il m’est également arrivé de lire des passages absolument incompréhensibles. Pas que cela m’irrite outre mesure de reconnaître mes limites à ce niveau – je ne suis ni astronome, ni ingénieur, ni physicien, ni… enfin bref, rien de tout ça (la liste à énumérer serait vraiment trop longue), mais j’avais comme l’impression que l’auteur obscurcissait volontairement certains passages pour démontrer je ne sais quelle érudition. Le pire est que le recours d’un dictionnaire ne m’aurait été d’aucune utilité, car outre l’emploi de notions incompréhensibles, les tournures de phrases alambiquées l’étaient tout autant.

J’ai donc pris la décision d’abandonner ce roman, ne voyant pas trop l’intérêt de poursuivre ce genre de lecture sur 1200 pages. Une question demeure toutefois : où se situe la littérature -telle que je la conçois – dans ce grand joyeux foutoir ?

Alors Pynchon, tout simplement génial ou un imposteur de haut vol ?
Que ceux qui auront la pugnacité d’aller jusqu’au bout de « Contre-jour » n’hésitent pas à se prononcer, je les attends avec impatience, histoire de savoir si cela aurait valu la peine de poursuivre malgré tout ma lecture.


Dernière édition par sentinelle le Lun 27 Oct 2008 - 11:48, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Thomas Pynchon   thomas - Thomas Pynchon - Page 2 EmptyLun 27 Oct 2008 - 11:26

Eh ben. C'est marrant, après lire toutes les méga trop bonnes critiques sur cet auteur révolutionnaire, de lire les avis plus que mitigés des Parfumés. Je vais faire monter illico mon
  • Vente à la Criée du lot 49
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MessageSujet: Re: Thomas Pynchon   thomas - Thomas Pynchon - Page 2 EmptyLun 27 Oct 2008 - 17:24

J'avais pourtant bien aimé au début : il y avait du Jules Verne et du Dumas dans l'air mais j'ai désenchanté assez rapidement, ce roman est vraiment too much, on s'y noie tellement facilement que je n'ai pas réussi à y retrouver cette lecture jubilatoire et jouissive dont parlent certaines critiques. Peut-être faut-il lire ce roman comme un feuilleton, vingt pages par jour tout au plus, avec le risque d'oublier complètement les personnages entraperçus cent pages avant ? Ce livre me semble trop "globalisant" dans le sens où il embrasse trop de thématiques à la fois, c'est épuisant à suivre pour le peu que l'on sache encore suivre...


thomas - Thomas Pynchon - Page 2 Arton110

Pour mieux s'y retrouver, il faudrait peut-être lire avant un ouvrage collectif qui est paru sur Pynchon : Face à Pynchon.
Citation :
Il existe un mystère Pynchon : aucun entretien, aucune apparition publique. Soit le lot commun des trois quarts de l’humanité. Pynchon voulait-il effacer son visage ? Son regard ? Ou, simplement, la crispation en une identité dépourvue de fondements, dont l’écriture cherche à se débarrasser ? Invisible et libre, Pynchon a changé la littérature avec des romans comme V. ou L’Arc-en-ciel de la gravité. À l’occasion de Contre-Jour, son dernier roman, le collectif d’auteurs de Face à Pynchon revient sur son oeuvre et les motifs qui l’irriguent, ainsi que sur l’auteur, jusqu’ici sans biographe. Tous essaient de tracer, à leur manière, les contours flous de ce continent littéraire déraisonnable et jubilatoire.
Cet ouvrage a été écrit avec la participation de plusieurs auteurs dont Elfriede Jelinek, Richard Powers, Michael Moorcock, Brice Matthieussent, Brian Evenson, Don DeLillo, Percival Everett etc
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MessageSujet: Re: Thomas Pynchon   thomas - Thomas Pynchon - Page 2 EmptyLun 27 Oct 2008 - 17:53

Ca faisait un petit moment que je tournais autour de Pynchon sans me décider mais là, c'est sûr, Senti, tu m'as découragée et j'abandonne l'idée, en tout cas pour le moment, pas envie de me prendre la tête sourire
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MessageSujet: Re: Thomas Pynchon   thomas - Thomas Pynchon - Page 2 EmptyLun 27 Oct 2008 - 17:58

Pas envie de te prendre la tête ? Alors c'est certain, Contre-jour n'est pas pour toi en ce moment sourire
Mais je n'ai aucune idée de ce qu'il en est de ses autres romans jypeurien
conciliabule Pour te dire, je ne suis même pas curieuse de le savoir, Contre-jour m'a suffit pour me faire une idée de son style innocent
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MessageSujet: Re: Thomas Pynchon   thomas - Thomas Pynchon - Page 2 EmptyMar 28 Oct 2008 - 13:17

Citation :
Pour mieux s'y retrouver, il faudrait peut-être lire avant un ouvrage collectif qui est paru sur Pynchon : Face à Pynchon.

Je suis a la moitié de cet ouvrage assez pointu (certains articles aussi difficiles à lire que Pynchon lui même), et justement, au sujet de la complexité des textes de Pynchon, Tommaso Pincio (amusant...)écrit:

"On pourrait objecter que Pynchon ne parvient pas à faire tomber juste les résultats de l'équation "livre égale lecteur". Au fond, la complexité du roman peut s'avérer décourageante, voire même repoussante. Si le roman se déplace dans cette terre du milieu que sépare le "nous" lecteurs du "moi" écrivain, n'est-ce pas l'occasion de faire quelques concession à la lisibilité du texte? Pynchon nous répond par une question: "Qui a dit que les choses doivent être simples?", ce qui n'implique pas un goût gratuit pour les complications inutiles mais sous-entend simplement que derrière chaque simplification il y a une réduction, un principe de systématisation qui exclue des parties de la réalité pour déterminer un point de vue. Le monde n'est pas simple mais plein de choses. Le monde contemporain contient peut-être même une quantité de niveaux de perception égale à sa propre multitude. Essayer d'y remédier signifierait mettre sur pied une structure semblable à celle de la "Firme" qui fait face à l'inévitable perte d'ordre et d'énergie en convertissant la mort en système opérationnel."

Comme je l'ai dis dès le départ, je suis assez apeuré devant la somme d'articles ou analyses qui exposent la complexité des textes pychonniens; peur qui m'a fait commencer par ses romans les plus courts, et, semble-il, les plus intellectuellement abordables. Or, je trouve que, déjà, Vente à la criée du lot 49 offre plusieurs niveaux de lectures et demande une culture générale fouillée pour comprendre, ou plus exactement, apprécier certains passages. Il se trouve, en outre, que le collectif "Face à Pynchon", dont plusieurs articles traitent de "Vente du lot 49", propose encore divers niveaux d'explications dont quelques uns ne m'étaient pas apparus à la lecture.

J'ai ensuite commencé V., apparemment moins "ambitieux" que L'arc-en-ciel de la gravité et Contre-jour (peut-être aussi, dans une moindre mesure, que Mason&Dixon), et même si je ne suis pas encore assez avancé pour prétendre à quelque analyse sérieuse, il me semble déjà être dans un registre proche de celui de Vente du lot 49, sur le plan stylistique, au moins, sur le développement de l'intrigue, aussi. Je pourrai en dire plus quand j'aurai achever l'ouvrage (650 pages quand même, en parallèle avec le Collectif, 500 pages...)

Pour ce qui est de mon point de vue sur la complexité de tels ouvrages, je dirais que, d'une certaine façon, j'éprouve une certaine fascination pour ce que j'ai du mal à comprendre, si tant est que le tout ait une valeur esthétique séduisante (Les sciences, et les mathématiques surtout, me passionnent, par la perfection qu'elles représentent, alors que je fais figure de néophyte dans ce domaine). Or, même lorsque que je suis obligé (dans V. surtout) de revenir, parfois, quelques pages en arrière pour retrouver le fil des choses, je n'en reste pas moins séduit, souvent même ébloui, par la qualité d'écriture de Pynchon. Et je crois que, par dessus tout, c'est cette fascination pour "la belle phrase" qui me passionne le plus.

Ce qu'il y a ensuite autour de cette "belle phrase" (ces...) se divise à mon sens en deux catégories: les belles histoires (ce que je serais tenté d'appeler "l'esthétique fictionnelle"), et les livres encyclopédiques, ou livres-mondes dont font partie L'arc-en-ciel. et Contre-Jour. (Dans cette catégorie doivent rentrer A la recherche du temps perdu de Proust, Le Zarathoustra de Nietzsche...)
Pour ma part, j'appréhende ces deux types de lecture de façon assez différente, et, au final, j'en retire un plaisir, simplement différent.
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MessageSujet: Re: Thomas Pynchon   thomas - Thomas Pynchon - Page 2 EmptySam 1 Nov 2008 - 19:47

Queenie a écrit:
Eh ben. C'est marrant, après lire toutes les méga trop bonnes critiques sur cet auteur révolutionnaire, de lire les avis plus que mitigés des Parfumés. Je vais faire monter illico mon
  • Vente à la Criée du lot 49
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Je viens de le démarrer et il me plait beaucoup... à suivre
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MessageSujet: Re: Thomas Pynchon   thomas - Thomas Pynchon - Page 2 EmptyDim 2 Nov 2008 - 14:39

markofr a écrit:
Queenie a écrit:
Eh ben. C'est marrant, après lire toutes les méga trop bonnes critiques sur cet auteur révolutionnaire, de lire les avis plus que mitigés des Parfumés. Je vais faire monter illico mon
  • Vente à la Criée du lot 49
tout en haut de ma PAL et voir si le petit est plus digeste que le gros.

Je viens de le démarrer et il me plait beaucoup... à suivre

Idem.
Je le trouve très bon pour l'instant.
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MessageSujet: Thomas Pynchon   thomas - Thomas Pynchon - Page 2 EmptyDim 2 Nov 2008 - 14:48

Je n'ai lu que 2 livres de Pynchon : San Francisco cry -traduit sous un autre titre depuis- et V.
V est le 1er livre -son 1er ?- qui l'a fait connaitre. Je l'ai lu il y a longtemps
et j'en ai gardé un assez bon souvenir.
Pour etre tout à fait juste -mais on n'est pas forcé- peut etre faudrait il lire chronologiquement un auteur pour respecter son évolution et donc commencer par V...
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MessageSujet: Re: Thomas Pynchon   thomas - Thomas Pynchon - Page 2 EmptyVen 14 Nov 2008 - 9:14

"Il y a plus derrière V. et dans V. qu'aucun d'entre nous n'a jamais soupçonné."

"Pourquoi les choses devraient être simple", demande Pynchon, sous entendu, en littérature, alors que rien ne l'est dans la réalité ? Ayant lu V. entre La route (McCarthy), épuré à l'extrême, et L'étranger (Camus), au ton monocorde, la question prend tout son sens.

Dans V., les personnages se multiplient. Qui est réellement la figure centrale de l'intrigue? Herbert Stencil selon la 4e de couverture. Il apparait en réalité assez peu. Benny Profane -le reflet inversé de Stencil- beaucoup plus. Mais d'autres personnages ont au moins autant d'importance, de Fausto Maijstral qui se voit consacré un chapitre de 60 pages, à la tierce des paumés, en passant par Paola, Godolphin etc... Pynchon, peut être, en tant que narrateur omniscient -s'adressant parfois directement au lecteur- est le personnage principal, spectateur et manipulateur des odyssées de Profane, qui se cherche à travers ses expériences, et de Stencil, qui se cherche -ainsi que l'image de sa mère qu'il n'a jamais connue- à travers l'obsession de son père pour V. dont il ignore tout, dont il suppose tout.
Stencil veut-il trouver V.? Sans doute pas, d'ailleurs. La recherche de V. le défini, l'anime, et il suit (inconsciemment?) les pistes les moins pertinentes, pour toujours avoir à chercher.

"[il] posa sa botte sur sa nuque et poussa la tête sous la mer jusqu'à ce que son sens du minutage l'eût averti qu'il était temps de lui laisser reprendre de l'air"

"Je suis Hedwing Volgelsang, lui annonça-t-elle, et le but de ma vie est de torturer tous les hommes et de les rendre fous"

Est-ce aussi le but de Pynchon? A travers ce maelström de personnages, de retour dans le temps, de digressions, à travers les changements de style d'écriture qui accompagnent les diverses histoires extravagantes -un prêtre qui entreprend de convertir les rats des égouts new yorkais puisque les hommes vont disparaitre, Profane discutant avec un mannequin de crash test automobile, un dentiste succédant aux psychanalystes ayant succédé aux prêtres, un Kilroy spectateur d'un pugilat... et la liste est loin d'être exhaustive- à travers les discours de physique moléculaire, de géopolitique et historique dont une partie est inventée; à travers tout cela donc, on à tendance à se perdre, à avoir la tête sous l'eau, avant que V. -son mystère- finisse par nous faire relever la tête (avant de replonger) pour ne pas couler.

"J'aime les livre qui essaient de pousser le lecteur à un état d'esprit ou il faut tout réapprendre" Joseph McElroy

Certes, moi aussi, à condition que ce réapprentissage serve un récit absorbant, qui, ici, semble promis par la 4e de couverture.
A ce sujet (et à chaud), je suis un peu mitigé, et partagé entre diverses impressions: l'impression d'avoir lu un recueil de nouvelle ayant un fil conducteur commun (Stencil et Profane). L'impression de n'avoir pas pris la pleine mesure du roman dans sa globalité (je n'ai en revanche jamais eu le sentiment que Pynchon cherchait à déverser son savoir pour se donner de la hauteur, ou pour rabaisser le lecteur). L'impression d'avoir, cependant, rit en permanence. L'impression d'avoir eu à retenir une phrase dans chacune des 630 pages du roman, dont voici quelques exemples:

"Il alla, voir Maijstral, mais seulement le lendemain, et après une explication avec la bouteille de Whisky, entrevue que dura toute la matinée et s'acheva par la défaite de la bouteille"

"Pour cet instant, tout au moins, ils semblaient avoir renoncé à tout plan extérieur, à toute théorie, à tout code, même à l'inévitable et romantique curiosité l'un de l'autre; et se contentaient d'être jeunes en toute simplicité et en toute pureté, de partager cette conscience de la douleur universelle, ce chagrin refluant devant le spectacle de notre condition humaine qu'on a tendance, à cet age là, à considérer comme une récompense ou une prime pour avoir survécu à l'adolescence. Pour eux la musique était douce et poignante, les colonnes mouvantes des touristes comme la danse macabre. Ils s'étaient arrêtés sur le bord du trottoir, les yeux dans les yeux, bousculés par les marchant forains et les estivants, perdus, sans doute, tout autant dans la communauté de la jeunesse que dans la profondeur des yeux que chacun contemplait."

"Pendant d'innombrables matinées, pendant ces heures ou l'inertie de la passion les emportait si vite que le sommeil ne pouvait les rattraper, elle lui avait déversé des projets, des désespoirs, tous minuscules, et de pertinentes amours."

"Il y avait deux relèves de huit heures, l'une tôt, l'autre tard (bien que Profane, dont la marche du temps obliquait vers le passé, préférait dire, l'une tard, l'autre tôt)"

"- Tu es belle, disait Schoenmaker
- Shale, est-ce bien vrai?
- Non pas, peut être, telle que tu es, mais telle que je te vois."

"Poltron de nature et, de ce fait, gourmet de la peur..."

"Le lieutenant travesti s'était fait une raie au milieu et avait tartiné ses cils de mascara; ses cils, en battant contre les verres des lunettes, traçaient de sombres traits parallèles, si bien que chaque oeil vous regardait à travers sa propre fenêtre de prison."


L'impression, enfin, d'avoir lu quelque chose de grand, qui ouvre de nouvelles perspectives à ma vision de la littérature, sans toutefois entrer dans le cercle de "mes romans préférés". J'aime beaucoup -le style, l'écriture, l'originalité, la langue- mais l'histoire en tant que telle ne m'a pas touchée, entrainée, évadée. J'aurai du mal donc, à rejoindre Elfriede Jelinek qui affirme, dans Face à Pynchon, que V. "est le meilleur premier roman de l'histoire de la littérature", quand, sur le même plan, se trouve Voyage au bout de la nuit ou l'attraque-coeur, qui m'ont marqué bien au-delà. Toutefois, V. est un objet fascinant, en tant qu'expérience littéraire, linguistique et stylistique.

"J'étais en train d'écrire des textes publicitaire pour des pneus de camions quand un ami m'a donné un exemplaire de poche de V. Je l'ai lu et j'ai pensé, d'où est-ce que ça pouvait bien venir?
[...] C'était comme si un jour, selon une étrange loi de la nature, Hemingway mourait et, le lendemain, naissait Pynchon. Une mutation de la littérature trouvait son origine dans une autre. Pynchon a rendu la littérature américaine plus ouverte, plus intense. Il a discerné des murmurs et des apparitions à la lisière de la conscience moderne sans amoindrir la dimension physique de la prose américaine; la vigueur d'un fusil à pompe, l'humour de la rue, les fluides du corps, la présence."
(Don Dellilo)


J'ajoute quelques autres citations extraites, entre autre, du collectif Face à Pynchon:

"L'arc-en-ciel de la gravité est le livre le plus important que j'ai jamais lu. J'ai enseigné presque tous les romans de Pynchon à des étudiants de tous les cycles qui n'en avaient pas envie. Et j'ai également écrit un jour: "rien de tel que l'excès". Tout ça pour dire que je ne suis pas un James Wood prêt à descendre en flèche tout ce qu'écrit Pynchon. Mais Contre-jour manque de la férocité et de la peur qu'exprime L'arc-en-ciel de la gravité, de la profondeur des personnages et de la dimension comique de Mason&Dixon. Les seuls lecteurs (à l'exception des critiques responsables) que je peux imaginer finir Contre-jour sont les pynchoniens, les collectionneurs fétichistes des moindres mots de Mr.P." (Tom Leclair)

"Il n'est pas improbable que Contre-jour soit l'un des plus grand exploits réalisé par un des rare géants des belles lettres américaines" (David Mills Williamson)

"Il y a des livres qui sont une vie, L'arc-en-ciel de la gravité est plusieurs vies. On ne sait pas combien." (Bastien Gallet)

"A chaque début d'hiver,[...] je lisais à voix haute, pour moi-même ou quiconque se trouvait dans les parages, un passage de ce livre qui m'avait fait abandonner ma carrière toute tracée et m'avait poussé à devenir écrivain" (Richard Power, parlant de L'arc-en-ciel de la gravité)

"Mais l'œuvre... ce travail superbe et ajusté à la virgule prés, fait sens quand nous l'espérons et plus encore ensuite. Lire Pynchon revient à faire de la spéléologie. Vous pourrez vous perdre, vous serez trempés, vous devrez amener votre propre lampe torche et trouver votre propre sortie. Qu'est-ce qu'on peut demander de plus à l'art?" (Percival Everett)

Peut-être y a t-il plus derrière Pynchon et dans Pynchon qu'aucun de nous n'a jamais soupçonné...
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MessageSujet: Re: Thomas Pynchon   thomas - Thomas Pynchon - Page 2 EmptyVen 14 Nov 2008 - 10:06

Vente à la criée du lot 49

ça commençait bien, vraiment bien. Puis après, dès que l'enquête commence sur cette histoire de réseau postier clandestin, j'ai complètement décroché, et trouvé ça ennuyant au possible.
Est-ce parce que j'ai pas un goût prononcé pour les policiers en règle générale ?
Parce que Pynchon ne parvient pas à captiver avec son histoire de timbres ?

J'ai bien vu qu'il essayait de montrer comment son personnage sombrait peu à peu dans une sorte de paranoïa obsessionnelle (quelques passages sont vraiment bien écrits), mais je me suis royalement ennuyée sur les 3/4 du livre.

Parce que c'est tellement érudit que j'y comprends keud??

J'ai trouvé que les digressions "érudites" n'apportaient pas grand chose, et était donné tellement brut de décoffrage qu'elles manquaient de style et d'intérêt. Elles semblaient trop se détacher du reste alors que ça aurait dû en faire pleinement parti.

BofBof.
Peut-être tenterais-je autre chose un jour.
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MessageSujet: Re: Thomas Pynchon   thomas - Thomas Pynchon - Page 2 EmptyVen 14 Nov 2008 - 10:42

Je me retrouve assez bien dans ce que tu dis Queenie. Ca commençait bien aussi pour moi et puis… j’ai commencé à m’ennuyer, trop de personnages, trop d’éruditions qui n’apportent pas grand-chose et qui ne m’intéressaient pas vraiment, j’ai eu du mal à y trouve mon plaisir de lectrice au final, raison pour laquelle j’ai abandonné après 150 pages. Et je pense que je ne tenterai pas un autre roman de Pynchon, je me suis fait une idée de son style, son phrasé, son érudition, et force est de reconnaître que tous ces ingrédients mis ensemble ne me conviennent pas.
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MessageSujet: Re: Thomas Pynchon   thomas - Thomas Pynchon - Page 2 EmptyVen 14 Nov 2008 - 10:59

Personne n'a lu les nouvelles (L'Homme qui apprenait lentement) ?
Peut-être que là, Pynchon n'a pas le temps d'ennuyer son lecteur ?
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MessageSujet: Re: Thomas Pynchon   thomas - Thomas Pynchon - Page 2 EmptyVen 14 Nov 2008 - 17:10

Queenie a écrit:
Vente à la criée du lot 49

ça commençait bien, vraiment bien. Puis après, dès que l'enquête commence sur cette histoire de réseau postier clandestin, j'ai complètement décroché, et trouvé ça ennuyant au possible.

Et bien moi je dis bravo! car je n'ai même pas eu envie de continuer à ce stade et malgré ce début effectivement assez intriguant... Il faut dire que le Sabato est tellement plus prenant (sur le thème de la paranoia) !


Dernière édition par Marko le Ven 2 Jan 2009 - 23:06, édité 1 fois
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