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 Hjalmar Söderberg [Suède]

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Burlybunch
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MessageSujet: Hjalmar Söderberg [Suède]   Hjalmar Söderberg [Suède] EmptyJeu 14 Jan 2010 - 22:39

Hjalmar Söderberg

Hjalmar Söderberg [Suède] A542
1869-1941


Hjalmar Söderberg est un des écrivains suédois majeurs du XX° siècle, ce tant par l'originalité de son écriture et la variété de ses productions – où se mêlent à la fois poésie, nouvelles, romans, drames, critiques littéraires, réflexions politiques et historiques ou encore traductions – que par leur fraîcheur et leur modernité, qui demeurent encore actuelles près de 70 ans après la mort de l'écrivain qui, de fait, continue à ce jour à jouir d'une grande popularité, d'abord dans son pays natal où ses œuvres, régulièrement rééditées, demeurent des succès de bibliothèque et ne cessent ainsi d'attirer un lectorat considérable; mais aussi à l'étranger où il est aujourd'hui traduit dans une vingtaine de langues.

Söderberg a, depuis ses débuts, toujours été fermement rattaché à une image discutée de flâneur sombre, sceptique et désabusé, sur laquelle il a d'ailleurs souvent joué, se qualifiant lui-même à plusieurs reprises de « littérateur immoral ». A la différence de ses contemporains nittitalister (cad écrivains des années 90), et bien qu'il ait pour beaucoup été attaché à ces derniers, on ne trouve pas chez Söderberg ce même goût pour le mythe, l'exotisme ou l'épopée. Loin de l'Achéron d'Oscar Levertin et des labyrinthes dans lesquels Heidenstam entraîne Hans Aliénus au Vatican, Söderberg ne connaît d'autre paysage que celui de Stockholm, capitale mondiale réduite ici aux dimensions d'une ville, voire d'un quartier, où les cafés sont nombreux et les visages rencontrés, tous familiers. Les descriptions qu'il en a tirées, qu'elles s'attachent visuellement au milieu ou à son atmosphère (plus particulièrement dans la pénombre crépusculaire) – et à travers ceux-là à l'essence même d'une époque – sont exemplaires de justesse, et ont à ce titre progressivement contribué à sa reconnaissance. On peut ici citer l'écrivain Helge Krog qui, en 1915, soulignait cette « volonté solide et inflexible de dire et de s'accrocher à la vérité exactement telle qu'elle est. » La prose de Hjalmar Söderberg est une prose sans artifice ni coquetterie où rien n'est dit qui n'ait sa place. Il fut un analyste à la fois passionné et sans illusion, observant les hommes et leur société avec un ton singulier – par ailleurs souvent qualifié d'« artistique » - marqué par un esprit vif et mordant, un goût pour l'ironie et la polémique, un sens de l'atmosphère et de l'intensité, mais aussi par une capacité à déstabiliser par l'humour les réflexions les plus graves, caractère d'autant plus manifeste lorsqu'il s'accorde aux exigences du format court de la nouvelle, comme c'est le cas pour les Historietter.

Ses modèles littéraires sont avant tout danois et français. On peut d'un côté citer Herman Bang et sa prose « impressionniste » où se lit le même souci de vérité totale et J. P. Jacobsen pour le lyrisme et la sensibilité; et de l'autre, la force réaliste de Maupassant et l'écriture d'Anatole France, empreinte d'ironie et de scepticisme. Ces exemples sont d'autant plus significatifs qu'on les retrouve parmi les premiers choix de traductions de Söderberg, aux côtés de poèmes de Baudelaire et de Heine. Notons que ces traductions achèveront de révéler le talent de Söderberg et sa maîtrise stylistique, jusqu'aux yeux de critiques tels que Fredrik Böök, ferme détracteur des travaux romanesques de l'écrivain. Toutefois, en dépit de cet accueil critique partiellement réservé, l'ascension littéraire de Söderberg apparaît être relativement courte et aisée. Il parviendra au printemps 1888, avant même d'avoir quitté le lycée, à faire publier ses premiers poèmes, et dans les mois suivants, à faire accepter sa première nouvelle par le quotidien Dagens Nyheter, suite à quoi ses publications dans divers journaux deviendront de plus en plus régulières, lui permettant dès le milieu des années 1890 d'écrire à plein temps, en tant que journaliste et écrivain. Söderberg se présente très tôt comme un écrivain au style solidement forgé, même si l'on peut sur ce plan observer d'un écrit à l'autre une évolution sensible. Avec la publication en 1895 chez Bonniers d'un premier roman, Förvillelser (« Égarements »), d'abord proposé sans succès aux éditeurs Wahlström & Widstrand, Söderberg perça à la fois à travers la scène littéraire et l'opinion publique, non sans y provoquer des débats agités. Si en effet des critiques comme Per Wästerg n'hésitent pas aujourd'hui à y voir « le roman le plus frais et le plus moderne des années 1890 », beaucoup n'en ont à l'époque considéré que l'ardent potentiel polémique, dû notamment à une tension érotique omniprésente – d'ailleurs par la suite qualifiée de pornographique et amorale – pour en occulter les qualités plus profondes et l'art littéraire à proprement parler. Il est à remarquer que Söderberg n'a lui-même jamais tenu ces « Égarements » pour un véritable roman, mais plus simplement pour une « histoire » (berättelse), sous-titre qu'il apposera au livre – de même que, plus tard, à son deuxième « roman », La jeunesse de Martin Birck (« Martin Bircks ungdom », 1901). De fait, ces récits présentent une construction libre et quelque peu lâche, l'écrivain privilégiant par rapport à celle-ci l'impact sur le lecteur, qu'il retranscrit au préalable à travers des courbes d'intensité très minutieuses. Le premier de ses roman qu'il considéra comme tel fut Doktor Glass, publié en 1905 sous la forme particulière d'un journal intime. Il est à la fois son travail le plus discuté et le plus exporté à travers le monde, récit de l'issue tragique de la défaite d'un amour devant la cruauté humaine et la tromperie. Ce thème apparaît être l'un des plus récurrents de l'œuvre romanesque de Söderberg, entraînant autour de lui un certain nombre de questions existentielles liées à la religion et à la morale, qu'on retrouve naturellement développées à nouveau dans Le jeu sérieux (« Den allvarsamma leken »), dernier de ses romans, publié en 1912 et aujourd'hui tenu pour l'un des rares récits amoureux significatifs de la littérature suédoise.

En marge de ces publications, Söderberg investit également les scènes théâtrales scandinaves où il rencontra un grand succès, d'abord avec Gertrud (1906) puis avec Aftonstjärnan (« L'étoile du soir », 1912). Le drame amoureux Gertrud, qui a sans doute connu un regain populaire grâce à l'adaptation cinématographique du danois Carl T. Dreyer en 1964, fut inspiré, comme il le sera révélé près de 60 ans plus tard, par la propre passion de l'écrivain pour Maria von Platen, laquelle a contre sa volonté donné visage aux plus grandes figures féminines peintes pas Söderberg. Cette pièce fut pour lui l'occasion d'extérioriser ses réflexions sur l'amour et les conditions nécessaires à sa réalisation, ce notamment à travers un grand nombre d'aphorismes éloquents. Vient enfin en 1922 une troisième et dernière pièce, Ödestimmen (« L'heure fatidique »), conçue autour d'une analyse politique des mécanismes conduisant à une guerre – en l'occurrence, la Première Guerre mondiale, arrière-plan qui demeure évident derrière la transposition dramatique et l'essai de généralisation de l'auteur. Elle ne sera montée en Suède qu'en 1945, dans un nouveau contexte mondial qui en rendra le contenu obsolète. Cette pièce permet toutefois encore de traduire l'engagement ferme de Söderberg dans les causes de son temps, son attachement aux idées de justice et de conscience morale, ainsi que la rigueur et l'inflexibilité de son jugement. Cet engagement se reflète dans les faits par de nombreux exemples, qu'il s'agisse de la participation de l'écrivain aux manifestations en faveur de Hjalmar Branting lorsque ce dernier fut condamné à la prison pour blasphème en 1889; de sa prise de position par rapport aux fondements de l'affaire Dreyfus en 1898 ou surtout, de son intérêt vif pour la guerre et son évolution qui le poussera très tôt, et ce jusqu'à sa mort en 1941, à dénoncer l'avancée inquiétante du nazisme.

Enfin, une dernière facette importante de son œuvre est celle consacrée à la critique de la religion, qui est d'abord un thème d'époque, mais surtout un thème que l'on retrouve, dans diverses mesures, dans chacune de ses productions – articles, poèmes, nouvelles, romans etc., – et sous des formes variées (réflexions ponctuelles, portraits satiriques de pasteurs, analyses critiques du savoir historique etc.). L'intérêt de Söderberg pour l'histoire religieuse grandira progressivement jusqu'à le voir se consacrer au cours des dernières décennies de sa vie à de véritables études théologiques, dans lesquelles il prendra le contrepied de la plupart des recherches contemporaines en développant des hypothèses controversées, relativisant ainsi le statut de fondateur de la religion juive traditionnellement accordé à Moïse (Jahves eld - « Le feu de Yahvé », 1918); ou mettant encore en question l'épisode de la crucifixion du Christ (Jesus Barabbas, 1928) – thèse par ailleurs déjà évoquée par Jacobsen en 1882 dans la nouvelle « La peste à Bergame », – jusqu'à considérer que Jésus et Barabbas étaient la même personne et qu'ainsi, « Barabbas » aurait bien été libéré de la croix, ce sur quoi convergent une série de recherches théologiques, à la fois antérieures et postérieures au propre apport de Söderberg sur la question (Den förvandlade Messias - « Le Messie transformé », 1932).


Voilà pour une vue d'ensemble. clown
Citation :
Sources:
Spoiler:
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MessageSujet: Re: Hjalmar Söderberg [Suède]   Hjalmar Söderberg [Suède] EmptySam 23 Avr 2011 - 21:36

Hjalmar Söderberg [Suède] 41hg5w10 / Hjalmar Söderberg [Suède] 41hfbr10
J'aime mieux la couverture de mon exemplaire allemand Wink
Égarements / Verirrungen
Citation :
Présentation de l'éditeur
C'est le début du printemps à Stockholm. Thomas vient d'obtenir sa licence en médecine ; il déambule dans les rues de la ville, près du port, à l'affût de l'air nouveau, de l'aventure, des rencontres imprévues, avec un but unique : dépenser au plus vite l'argent que son père lui a offert pour son succès. Il s'est acheté une paire de gants rouge, et la jeune fille qui les lui a vendus hante agréablement sa rêverie... Egarements est un roman de la sensation. Il va se dérouler sur une année, quatre saisons, le temps que le héros, ou plutôt l'anti-héros, Thomas Weber, devienne un homme et que les soubresauts de sa jeunesse et de sa mince personnalité - face à l'obligation d'entrer dans l'âge adulte, d'en accepter les immobilismes et la résignation - se donnent libre cours.
Ce roman, devenu un classique de la littérature scandinave, déclencha un scandale lors de sa parution en 1895, et Söderberg fut accusé d'indécence, voire même de pornographie

Cette 'indécence' voire 'pornographie' est aujourd'hui.. plus de 115 années après la première publication naturellement plus d'actualité. Mais ce roman n'a pas pris une ride.

En effet c'est un très beau tableau des moeurs et coutumes de la bonne société de Stockholm, fin de siècle.
Un roman qui est ficelé tout à fait merveilleusement. Du choix des saisons pour montre le changement de Thomas, de l'utilisation des couleurs que l'auteur fait (le vert p.ex. joue un rôle important) et même une constellation de personnes mises ensemble lors d'un dîner joue un rôle.

Quelle bone idée cette LC sur les auteurs des pays nordiques et d'avoir fouillé les fils existants sur Parfum. Je ne sais pas si j'aurais découvert Söderberg de si tôt sans ce fil de Burly et sans cette LC.

Un autre roman de lui, Le jeu sérieux se trouve dans ma PAL Very Happy


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Franz von Stuck, Die Sünde / Le péché
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MessageSujet: Re: Hjalmar Söderberg [Suède]   Hjalmar Söderberg [Suède] EmptySam 23 Avr 2011 - 21:42

Cela a l'air bien tentant.

Et Burly nous manque. jemetate
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MessageSujet: Re: Hjalmar Söderberg [Suède]   Hjalmar Söderberg [Suède] EmptyLun 5 Sep 2011 - 18:50

Le jeu sérieux


Une villégiature, des rencontres, une histoire d'amour qui ne dit pas son nom. Mais qui va poursuivre ses protagonistes toute leur vie. Une vie qui se déroule par à-coups, au gré des évènements, et qui à un moment aurait pu prendre une tout autre direction. Mais on choisit rarement, et un choix fait à un moment, peut avoir des conséquences très longtemps après d'une façon inattendue. Arvid, le personnage principal voit d'une certaine façon sa vie se dérouler devant lui, la subit, se laisse pousser dans telle direction ou une autre. Et simplement à certain moment, les sentiments, les sensations, surgissent et font commettre des actions non programmées mais inévitables.

Un beau roman, tout en finesse, qui parle du quotidien, du temps qui passe, qui fuit et qui emporte à chaque instant un petit bout de vie. Des moments forts, dont on ne pressent pas l'importance lorsqu'ils se déroulent, et qui décident du cours d'une vie. De l'usure des choses qui s'installe, et de soudaines flambées de vie qui poussent vers l'avant. D'amour et de son manque, de la passion et de l'indifférence.

Cela rappelle l'univers de Gertrud, même si je ne connais que le film de Dreyer, mais là je voudrais lire la pièce de Söderberg pour comparer. Un auteur très intéressant.
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MessageSujet: Re: Hjalmar Söderberg [Suède]   Hjalmar Söderberg [Suède] EmptyLun 5 Sep 2011 - 18:57

contente de lire que tu as aimé.. j'étais presque certaine que ce serait un auteur qui pourrait te plaire
et tout comme toi je le trouve intéressant.. au point de vouloir lire d'autres livres de lui Very Happy
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MessageSujet: Re: Hjalmar Söderberg [Suède]   Hjalmar Söderberg [Suède] EmptyLun 5 Sep 2011 - 19:06

Merci de me l'avoir fait découvrir Kena bisous
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MessageSujet: Re: Hjalmar Söderberg [Suède]   Hjalmar Söderberg [Suède] EmptyDim 15 Avr 2012 - 21:37

Hjalmar Söderberg [Suède] Soderb10

Gertrud. (Gertrud, 1906). Pièce de théâtre traduite du suédois par Vincent Dulac. Préface de Maurice Druzy. Editions Esprit ouvert. 147 pages.

En exergue à la préface se trouve une citation du livre : "« Je crois à la volupté de la chair et à l'irrémédiable solitude de l'âme. »". Acte III, scène 2.

La préface de Maurice Drouzy est très intéressante. Bien sûr, il ne faut la lire qu'après la pièce pour ne pas gâcher son plaisir de lecture et mieux la comprendre.
Il résume et analyse très bien les motivations de chaque personnage ; il met en évidence la structure de la pièce ; il parle également du caractère autobiographique du texte et de la différence avec le film de Dreyer qui, lui, "a pu utiliser les renseignements publiés par Sten Rein et, dans un épilogue, illustrer et confirmer la justesse des intuitions de Söderberg [...]".

Il y a quatre personnages principaux, le pivot étant Gertrud, la femme de Gustav Kanning.

Au début, nous sommes dans le cabinet de travail de Kanning.

Citation :
"KANNING
Gertrud !
[...] C'est un homme d'une quarantaine d'années. Crâne chauve, yeux clairs et froids, traits réguliers et distingués.
Gertrud apparaît dans le cadre de la porte qui donne entrée dans le salon. Elle est grande et svelte. Sa chevelure est brune et abondante.


GERTRUD
Que veux-tu ?

KANNING
Je voulais seulement te dire bonjour." (page 26).
En fait, Kanning a quelque chose à annoncer à sa femme, mais il tourne un peu autour du pot. Ils parlent de choses et d'autres, et en viennent à évoquer un compositeur.
Gertrud, qui s'y connaît en musique - elle était chanteuse classique - dit de lui : "Je suis sûre que c'est un génie." (page 29).
Citation :
"KANNING
... Les génies forment une race à part. Dieu sait si j'en ai rencontré, mais je n'ai jamais pu les comprendre. On parle avec une certaine irrévérence du bon sens comme d'une chose très ordinaire, une chose qu'ont en commun tous les gens instruits et comme il faut... c'est au contraire la chose la plus rare qui soit - bien plus rare que le génie. Je suis à tu et à toi avec au moins quinze génies, mais c'est à peine si j'en connais un qui ait du bon sens. Si. Un, peut-être. Un, tout au plus." (page 30).
C'est à la fois sarcastique, amusant et sans doute pas totalement faux, quoique je ne puisse me prononcer sur le sujet : je ne suis pas sûr d'avoir un entourage aussi débordant de génies que notre ami Kanning.

On apprend tout aussitôt le retour de Gabriel Lidman, un écrivain qui fut l'amant de Gertrud avant qu'elle ne se marie avec Kanning. Il était en Italie pendant des années. Une réception est prévue en son honneur.

Citation :
"KANNING
[...] Quant à sa liaison avec toi... oui, c'était avant notre rencontre. C'est si loin, à présent. C'est une affaire réglée, finie, une bonne fois pour toutes. C'est ce que tu as toujours dit, et je te crois, sans réserve. En cela comme en tout... en tout." (page 34).

Dans le fait même de préciser qu'il la croit en tout, cette insistance, on sent qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Et, plus loin :
Citation :
"Je cherche ta bouche et tu me donnes ta joue. Et cela fait bientôt un mois que la porte de ta chambre m'est fermée.
Gertrud se tait." (page 41)

Kanning intellectualise beaucoup, notamment ses sentiments. Il ne se veut pas jaloux.
Dit-il.
On sent que Gertrud veut lui dire quelque chose, mais elle a du mal. Elle qui, d'habitude, est d'une franchise assez désarmante.

Sur ces entrefaites arrive la mère de Kanning. On parle de choses et d'autres. Il paraît que le vieux poète Harald Vigert, sans doute un ancien amant de Madame Kanning, n'est pas au mieux.
Citation :
"MADAME KANNING
Ah ! Seigneur Dieu... Harald Vigert. Il n'y a plus personne aujourd'hui pour composer des poèmes comme les siens.

KANNING
Mais ce n'est plus nécessaire, maman, puisqu'ils sont déjà écrits. En revanche, il semble que les jeunes chanteurs d'opéra chantent tout aussi bien qu'avant.

MADAME KANNING
Oh ! ne m'en parle pas ! Il y a une grande différence entre aujourd'hui et hier. Les choses ne sont plus ce qu'elles étaient." (page 45).


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MessageSujet: Re: Hjalmar Söderberg [Suède]   Hjalmar Söderberg [Suède] EmptyDim 15 Avr 2012 - 21:37

Kanning, qui a un cabinet d'avocats, annonce finalement qu'il va sans doute devenir ministre.
Réaction de sa mère :
Citation :
"MADAME KANNING
Combien gagnerais-tu ?

KANNING
Douze mille.

MADAME KANNING
Ah ! mais c'est une misère ! C'est moins que tu ne gagnes actuellement. Tu vas refuser, j'imagine.

KANNING
Chère maman, l'intérêt général demande des sacrifices.

MADAME KANNING
N'y pense plus, Gustav, tu n'en retireras que de l'ingratitude." (page 47).

C'est souvent spirituel. Il y a des considérations qui restent très pertinentes sur la politique, l'armée, la nécessité d'avoir un ennemi extérieur qui ait une certaine crédibilité (un grand moment de cynisme réaliste), et puis des discussions sur la musique, l'art en général, ainsi ce passage où plusieurs messieurs discutent :
Citation :
"LE PALE
A propos, es-tu allé à l'Exposition ?

LE GROS
Je ne vais jamais aux expositions. Je ne suis pas fou. On ne peint que des paysages en ce moment. J'en ai par-dessus la tête de ces sempiternels paysages - tout de même, la campagne, on sait de quoi ça a l'air ! Non, moi si j'étais un artiste, je peindrais des femmes nues.

LE PALE
Ça aussi, on sait ce que c'est. Mais si nous prenions un cigare ?" (pages 74-77).
Ah oui ! Comme l'écrivait Kipling dans un poème, "And a woman is only a woman, but a good Cigar is a Smoke".

Tout ce petit monde n'a plus beaucoup d'illusions.

Citation :
"LIDMAN
On a fait beaucoup de beaux discours, du reste. Dieu merci, l'art de mentir n'est pas encore oublié dans cette vieille Suède." (page 88).

Il y a beaucoup d'humour triste, de phrases bien écrites qui font mouche.

Du côté des indications scéniques, elles sont très précises. A tel point qu'on a même : "LIDMAN, souriant intérieurement" (page 90) ! Il doit falloir un sacré acteur pour que ce sourire intérieur soit perceptible même au dernier rang.

Du côté du texte français, il y a de nombreuses petites fautes d'orthographe ("et" au lieu de "est"...), et il y a même une note fausse (pour ne pas dire une fausse note) : lorsque Gertrud dit qu'elle veut chanter "Ich grolle nicht", une note explique qu'il s'agit d'un "Lied de Schumann, extrait de Frauenliebe und Leben - L'Amour et la vie d'une femme 1840".
Mon exemplaire emprunté à la bibliothèque comporte une note un peu énervée d'un lecteur ou d'une lectrice écrite au stylo : "non mais de la Dichterliebe opus 48 7° Lied".
Eh oui.

"Une lecture superficielle de la pièce pourrait laisser supposer qu'elle est à classer dans la catégorie « théâtre de boulevard ». [...]
Ses contemporains du reste ne s'y sont pas trompés qui, tout de suite, ont compris que Gertrud n'était ni un drame de boulevard ni du sous-Strindberg, mais faisait entendre des harmoniques - et des dissonances - inconnues jusqu'alors. Immédiatement la pièce connaît un immense succès." (préface, pages 8-9)

Succès mérité, la pièce est excellente.


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MessageSujet: Re: Hjalmar Söderberg [Suède]   Hjalmar Söderberg [Suède] EmptyLun 16 Avr 2012 - 7:46

Merci de ton commentaire. Encore un texte qui je veux lire depuis des années. dentsblanches
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MessageSujet: Re: Hjalmar Söderberg [Suède]   Hjalmar Söderberg [Suède] EmptyDim 3 Jan 2016 - 5:46

Hjalmar Söderberg [Suède] A305 / Hjalmar Söderberg [Suède] A306
Docteur Glas
Citation :
Présentation de l‘éditeur
Docteur Glas est écrit sous la forme d'un journal intime qui serait tenu justement par le docteur Glas, jeune médecin de Stockholm, qui se trouve devenir le confident de la femme du révérend Gregorius, un de ses patients. Elle lui raconte son désespoir quant à son mariage et le fait qu'elle soit obligée de subir les assauts d'un mari qu'elle exècre. Fou amoureux d'elle, Glas tentera de mettre sur pied un plan pour tuer Gregorius alors qu'il n'est même pas l'heureux élu dans le cœur de la dame.
Amour, haine, manigances, tromperies, mais également droits de la femme, suicide et avortement sont les sujets qui tissent ce livre à la fois classique et très moderne, dans une Suède toujours en avance sur le reste de l'Europe.

Dans l’adaptation du livre 84, Charing Cross Road de Helene Hanff, la protagoniste dit après la lecture d’un recueil de textes d’un auteur : « Le cellier est vide ».
J’ai toujours cette phrase en tête quand il s’agit d’un auteur que j’aime et dont je sais qu’il ne me reste plus beaucoup de livres à lire.
Hjalmar Söderberg n’a écrit que quatre romans et après cette lecture il ne me reste plus qu’un de lui à lire. Le cellier va bientôt être vide Wink

Mais ce fait n’a pas diminué mon plaisir lors de la découverte de celui-ci.

Un journal intime, n’importe s’il s’agit d’une forme de roman ou le vrai journal publié, ne se lit pas d’une traite. En tous cas moi je ne peux pas le lire ainsi. J’ai donc lu tous les matins plusieurs pages… et après quelques jours je me suis réjouie de ces ‘rendez-vous’ avec le docteur Glas… bien qu’il soit un personnage déplorable.

J’ai eu de la compassion pour lui et ses idées, la philosophie avec laquelle il s’explique sa vie et le monde autour de lui.

Sur certains aspects j’ai même pu le comprendre, pour d’autres j’ai trouvé la justification, même si je ne pourrais pas les approuver.

Ce texte a été écrit en 1905… et l’écriture reste fraîche et moderne jusqu’aujourd’hui.

Un très bon moment de lecture !

J’ai lu la version allemande; le poche français, dont j’ai posté l’image de couverture, est paru le 1er janvier 2016.

Hjalmar Söderberg [Suède] A307

Sir Max Beerbohm par Sir William Newzam Prior Nicholson
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MessageSujet: Re: Hjalmar Söderberg [Suède]   Hjalmar Söderberg [Suède] EmptyJeu 10 Mar 2016 - 17:55

Docteur Glas

Le docteur Glas, est un personnage plutôt solitaire, qui rêve plus sa vie, entre souvenirs et projections dans la vie des autres. Le jour où Mme Gregorius, la jeune et jolie femme du pasteur, se confie à lui, il est poussé à passer à l'action, et changer le cours du destin.

Hjalmar Söderberg a une très jolie écriture, poétique et impressionniste. Et raconte par touches légères ce personnages, en marge, qui regarde les autres, mais qui agit peu, surtout pour lui-même. Même s'il ne semble pas juger la société, il en montre les hypocrisies et injusices, l'air de rien. Inapte au bonheur, le docteur pense pouvoir changer le cours de la vie des autres, et au final en voit l'inanité.

Je suis très curieuse maintenant de lire Gregorius de Bengt Ohlsson pour voir comment l'auteur a imaginé l'envers du décor et comment il fait parler le pasteur, pas très sympathique de Hjalmar Söderberg.

Et encore un grand merci à Kenavo pour la découverte de l'auteur, et de ce livre.
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MessageSujet: Re: Hjalmar Söderberg [Suède]   Hjalmar Söderberg [Suède] EmptyVen 11 Mar 2016 - 5:35

j'étais -pratiquement- sûre que tu allais passer un bon moment avec ce livre Wink

Arabella a écrit:
Je suis très curieuse maintenant de lire Gregorius de Bengt Ohlsson pour voir comment l'auteur a imaginé l'envers du décor et comment il fait parler le pasteur, pas très sympathique de Hjalmar Söderberg.
ah, je suis curieuse de ta lecture... en tout cas, je peux te garantir que tu vas découvrir un autre pasteur... bien plus sympa Very Happy

Arabella a écrit:
Et encore un grand merci à Kenavo pour la découverte de l'auteur, et de ce livre.
c'est un plaisir de partager mes coups de coeur
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MessageSujet: Re: Hjalmar Söderberg [Suède]   Hjalmar Söderberg [Suède] EmptyVen 11 Mar 2016 - 22:24

Tu connais bien mes goûts, Kenavo. Gregorius est déjà emprunté, la lecture devrait suivre d'ici pas trop longtemps.
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MessageSujet: Re: Hjalmar Söderberg [Suède]   Hjalmar Söderberg [Suède] Empty

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